La fin

Par ML74

Je pensais exister mais il n’en est rien.

Au yeux de mes bourreaux, je ne suis qu’un défouloir.

Plus le temps passe et plus les menaces s’effacent. Pour laisser place à la violence physique.

Au début, un bruit, une rumeur.

Je n’ai rien fait pour la démentir. Après tout, avec le temps tout passe.

A chacun de mes passages, mes camarades s’écartent le plus possible de moi.

Comme si j’étais contagieuse.

La rumeur colle à ma peau.

Je sais que mes professeurs sont au courant, je les ai entendus en parler au détour d’une conversation. Ils me fuient du regard et ignorent mes larmes.

J’ai envie de crier que je ne suis pas celle que vous croyez mais à quoi bon ?

Personne ne m’écoutera. Il parait que je suis une menteuse.

Je n’en dis rien à mes parents non plus. Ils ont déjà assez de problèmes comme ça.

Alors je suis seule . Ne dit-on pas que l’être humain est un animal social, que le contact est nécessaire à sa survie ?

Qu’en est-il de ma survie ?

Pour évacuer toute cette souffrance, je m’en inflige encore plus.

Et lorsqu’un de mes camarades s’en aperçoit, il en profite. C’est vrai, si je me scarifie, c’est que je le mérite. C’est que je suis folle.

Je suis devenue la folle après la menteuse.

Maintenant, on me pousse dans les couloirs car j’inspire du dégoût.

Puis, on me fait trébucher dans les escaliers, on me met des claques, on me verse de l’eau dessus en plein cours. Personne ne fait rien. En fait si, on détourne le regard.

Je fais un premier aller à l’hôpital. J’explique à mes parents que j’ai été maladroite. Ils soupirent et lèvent les yeux au ciel, exaspérés. Comme s’ils n’avaient pas déjà des choses à gérer.

Mon deuxième sera sans retour.

Après des mois de persécution, j’ai juste voulu me reposer. Trouver un cocon doux, chaud et apaisant. Je culpabilisais d’être un fardeau pour mes parents.

Juste du silence. Du calme. Le néant.

Mes camarades me regrettent presque maintenant. Elle n’était pas si méchante. Comment a-t’elle pu faire ça à ses parents ? Il faut être vraiment égoiste. De toute façon elle était folle. La pauvre.

Mais je suis en paix maintenant.

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Mnémosyne
Posté le 02/10/2022
Que dire après la lecture d'un tel texte... Les mots me manquent. C'est criant de vérité, de réalisme. J'aimerais me dire que ce n'est qu'un texte, qu'une histoire. Mais tant de personnes ont déjà vécu tout cela. Quelle cruauté de faire vivre tout cela à une personne. J'aimerais pouvoir dire à ce personnage de ne pas en finir, de tenir, de venir. J'aimerais l'aider. Parfois, la fin semble être la meilleure issue. Et c'est tout sauf normal. Courage à celles et ceux qui vivent ou ont vécu cela.
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