M'as tu oubliée ?
Je n'étais pas sortie du ventre de ma mère, que déjà tu tissais des fils, les attachants à mes membres de nouveau-né.
Enfant, tu me murmurais le poison qui me faisait oublier les liens que tu tenais entre tes doigts ridés. Pour autant, je te regardais avec un amour enfantin, persuadée que jamais tu ne me ferais aucun mal. Je m'abreuvais du son de ta voix, de tes histoires passées et des secrets qui façonnaient l'illusion de notre complicité. Je portais tes cicatrices, je pansais tes plaies, je soulevais ta douleur sur mes épaules trop frêles.
Je suis tombée.
A terre, j'ai vu les fils qui enserraient mes chevilles et mes poignets. J'ai tenté de les couper, de me libérer de leur poids. Je me suis écorchée à force de tirer sur les liens.
Alors j'ai fuis.
J'ai courru à en perdre haleine, m' éloignant de tes mains qui me controlaient mais toujours tu me rattrapais.
Finalement, le temps fit son oeuvre. Les fils se sont distandus, se deliant d'eux-même.
J'ai fini par rentrer.
En passant le pas de la porte, Marionnettiste, tu m'avais oubliée. Tu avais oublié mon nom. Tu avais oublié qui j'étais. J'ai déposé les fils à tes pieds et dénoué mes liens. Les larmes ont embué tes yeux tristes perdus dans le passé. Les larmes ont embué les miens soulagés tournés vers l'avenir.
Tu as été mon bourreau. Tu m'as fait porter le poids d'un passé trop lourd à soutenir. Tu as confectionné mes robes à ton image, tu as taché mon sourire de ta peine, tu as façonné mon esprit à l’image de ceux qui sont partis, memprisonnant dans les limbes de ton coeur meurtri.
J'ai trouvé la sortie.
Je me suis déshabillée de ta souffrance. Et me voilà libre et légère. Je suis prête à me mouvoir, sans chaînes pour me retenir.
On devine ta souffrance enfantine derrière tes mots. J’aurais aimé en avoir plus.
J’ai vraiment aimé ton texte.