Elle faisait de somptueux gâteaux. C’était sa grande spécialité. Aucune recette n’était trop dure pour elle. Avec un fouet à pâtisserie elle avait toutes les audaces. Pièces montées, fraisier, forêt noire, tropézienne, Moka, elle savait tout faire. Et dans des temps records.
Elle devait ces talents de pâtissière à ses parents, des coureurs perpétuels que seule une part de gâteau pouvait arrêter.
Ils courraient sans cesses, au travail, aux courses, aux compétitions de sport de l’ainé, aux spectacles de danse de la benjamine. Pour se faire une place dans cet emploi du temps elle n’avait trouvé que ça. Une part de gâteau. Une pâtisserie à partager en famille. Un futile moment, petite brèche dans laquelle elle se dégotait un peu d’amour parental.
Alors aujourd’hui, au moindre air de solitude, elle pâtissait. Et dans le regard de l’insolent, elle se dégotait un peu d’amour propre.