Je logeais quelques jours dans l'appartement d'une amie, partie en vacances. J'avais besoin de repos, de retrait, de solitude. Par la fenêtre, j'admirais une petite plume, blanche, voleter dans un rayon de soleil. Parfois immobile dans les airs, elle semblait léviter. Je ne me lassais pas de la regarder. Elle m'apaisait. Je n'étais pas la seule à être fascinée.
Sur le balcon d'en face, une petite fille souriait elle aussi. Si douce, cette petite plume. Si joyeuse. Si délicate.
Sur le balcon d'en face, la petite fille tira une chaise. Avec effort, elle l'apporta jusqu'au garde-fou. Si jouette, cette petite fille. Si jeune. Si curieuse.
Elle grimpa sur la chaise. Je tentai d'ouvrir la fenêtre pour lui parler, lui dire de faire attention, mais elle était condamnée. La fillette tendit le bras, la main, les doigts.
Je fis de grands gestes. Je frappai sur la vitre.
Attirer son attention, prévenir quelqu'un.
La petite plume s'éloignait et la petite se pencha un peu plus.
Je dévalai les escaliers, vite, plus vite.
Lui crier de s'arrêter.
J'ouvris la porte.
Trop tard.
Le thème est assez dur, un peu horrible, et pourtant c'est mené avec une certaine beauté dans la manière de tourner les phrases. On voit tout basculer, en moins de temps que ce qu'il n'en faut pour le dire. A mon avis c'est assez représentatif de tout évènement dans la vie, mais c'est mené avec une poésie très certaine. Bravo !
Merci beaucoup !
Je me demande si je ne dois pas allonger un peu encore ce passage à l'horreur. Une phrase de plus où on reste dans l'insouciance tout en sentant que quelque chose va mal tourner.