La promesse

Par Dan

J'te promets ! J'te promets ! Arrête ! J'te promets !

Je suis paralysée. Bien au chaud sous ma couette, aventurant une oreille au repli du drap, je garde les yeux grands ouverts, comme pour y avaler toute la nuit de ma chambre et attirer un rayon de soleil dans ce cauchemar.

J'ai le sommeil lourd. Lourd comme une pierre. Si lourd qu'en trois mois ici je n'ai jamais eu à me plaindre des fêtes de Loïc à l'étage inférieur, ni des va-et-vient en ascenseur aux petites heures du jour. Tambourinez à ma porte tant qu'il vous plaira, si l'aiguille de mon horloge interne n'a pas terminé son dixième tour de cadran je ne froncerai pas un sourcil. Et pourtant, pourtant, elle m'a réveillée. Tirée de mes songes innocents pour me planter face à ce mur de terreur épaisse. Et mes yeux écarquillés, blessés par cette obscurité sans faille, n'en finissent plus de chercher la lumière dans le studio.

C'est forcément un cauchemar. Secouée par un sursaut, comme frappée par la foudre, je me suis raidie dans le cocon chaud et rassurant de mon lit. Mais les bruits se sont tus. Les bruits qui ont troué le silence de la rue sont perdus dans mon esprit encore embrumé de fatigue. Je ne suis même plus certaine de les avoir entendus maintenant. En bas, les cris se sont tus.

Je vais me rendormir. Je dois me rendormir avant qu'ils ne résonnent à nouveau. Mais mon cœur ne cesse de cogner contre mes côtés, coinçant ma respiration craintive dans mes poumons alors que je garde les poings serrés autour de l'oreiller. Roulée en boule, c'est à peine si j'ose baisser les paupières de peur que la nuit m'engloutisse. Pourtant, si je veux m'enfouir encore dans les rêves (qui s'annoncent mouvementés désormais) il me faudra bien faire confiance aux ténèbres de mon appartement. Alors je couvre mon regard apeuré, une fois, puis deux, papillonnant des cils, redoutant de voir la gueule du monstre à chaque nouveau coup d'œil. Rien. Rien que les contours menaçants de mon bureau et le lointain gouffre du couloir conduisant à la porte d'entrée.

Lentement, je me détends. Muscle après muscle, je retrouve le calme du repos, forçant mes pensées à divaguer, loin, très loin, dans les histoires que je tisse d'ordinaire pour trouver le sommeil. J'y parviens difficilement, à grand renfort d'inspirations profondes et de couvertures serrées autour des épaules.

Arrête ! S'il te plaît ! J'te promets ! Arrête !

Je n'ai pas le courage de me redresser. À nouveau tétanisée, les yeux prêts à gicler de leurs orbites, je scrute les ombres, l'oreille tendue jusqu'à la route. Je n'ai pas eu le temps de m'assoupir.

Arrête !

Je ne rêve pas. Oh, mon Dieu... Pourquoi n'est-ce pas un rêve ? Je l'entends, cette fille ; je l'entends hurler à s'en déchirer la gorge. Sa voix rauque et sanglotante se répercute en échos sur les parois des immeubles, contre les volets fermés, les portes closes. Elle est si proche, si puissante, qu'elle me vrille les tympans. Et me transperce le cœur.

Mon cœur qui n'a probablement jamais connu pareille chamade. Ratant régulièrement quelques battements il se coince dans l'attente du prochain cri, du prochain appel. Et là, cinq étages plus bas, dans le froid déjà parfumé d'hiver, d'autres intonations y répondent. À peine un murmure à cette distance, à peine un feulement que je ne parviens pas à comprendre. Ce ronron est celui d'un homme et si je ne distingue aucun mot dans ce lointain grognement, j'y saisis bien pire : l'ironie.

L'homme rit. Et cette fille, cette fille qui reste là, continue à le supplier.

J'te promets ! J'te promets !

Mes voisins doivent avoir allumé leur lampe de chevet, maintenant. Je peux presque les sentir, aux aguets, dans les appartements alentours, tentant eux aussi de s'assurer que cette horreur n'est que le produit de leur imagination. Et je prie pour que l'un d'eux ait la force de regarder par la fenêtre, de se pencher à son balcon, car jamais plus je n'oserai quitter mes draps.

Il suffirait pourtant d'un geste. Me lever, glisser un œil entre les persiennes dans le fol espoir de ne rien découvrir sur les pavés. Et c'est sans doute pour cela que je n'esquisse pas le moindre mouvement : ils sont là, à quelques mètres, immobiles. Si je les vois, si je la vois en danger, comment supporterais-je de ne pas l'aider ? À quoi réduirais-je ma conscience, si je préférais la laisser entre ses griffes, plutôt que de la sauver ?

Je suis une fille. Petite, plutôt maigrichonne et pas franchement bagarreuse. Robert, mon voisin de palier, mesure lui plus d'un mètre quatre-vingt cinq et joue les videurs pour une boîte branchée depuis trois ans. Si quelqu'un doit se dévouer, si vraiment quelqu'un doit faire face à l'homme qui se trouve en bas, ce serait lui plutôt que moi. Je suis une fillette, minuscule et fragile. Je suis une lâche.

J'ai choisi de rester là, dans le noir de ma chambre, à guetter l'angoisse de la rue faute de l'affronter. Et chaque nouveau cri m'arrache un peu plus de bravoure, chaque plainte me pousse à me terrer plus profondément dans mes draps chauds. Je serai prête à l'écouter mourir. Pitié, qu'elle meure... Que ces hurlements cessent, qu'elle se taise, qu'elle me laisse plonger dans les limbes et croire demain que tout n'était qu'un cauchemar...

Arrête... S'il te plaît... J'te promets...

Ça pourrait être moi, cette pauvre fille. Je pourrais être à sa place, rentrant d'une quelconque soirée étudiante. Et si ça avait été moi qu'aurais-je crié à cet homme hilare, tournant autour comme vautour de mauvais augure pour m'empêcher de m'enfuir ? Que demande-t-on à celui qui va nous tuer ? La pitié ? La compassion ? L'espoir ? Est-on seulement capable d'un discours cohérent quand notre bourreau salive déjà à l'idée de notre sang inondant le caniveau ?

J'te promets !

Que lui promet-elle ? Se connaissent-ils ou la panique rend-elle ses paroles trop confuses pour avoir encore un sens ?

Et pourquoi dans l'immeuble aucune porte ne s'ouvre, aucun pas ne se précipite dans l'escalier, aucun cri d'alerte ne retentit dans la rue ? Je n'arrive pas à croire que nous en soyons tous là. Rats cachés au fond de leur trou, nous attendons que l'orage passe, fébriles. Il se peut que demain la voie soit envahie de policiers ; pourtant en cet instant rien ne saurait nous pousser à agir. C'est alors seulement que je prends conscience de la vérité. Cette vérité déformée dans les livres dont je m'enivre, cette vérité masquée dans les films qui nous assomment : il n'y a pas de héros.

C'est sa vie ou la mienne. Vaut-il vraiment le coût que je meure pour elle, pour cette malheureuse inconnue qui aura rencontré son tragique destin au détour de l'église ? Mérite-t-elle que je lui sacrifie mon bonheur, ma petite routine ? Mérite-t-elle seulement que j'en prenne le risque ? Mourir pour ses idées, mourir au nom de l'amour, mourir pour la justice, voilà qui n'existe que dans la fiction. Dans ce bas monde de créatures terrifiées, c'est chacun pour soi.

S'il te plaît... Non... Non ! Non ! Arrête ! J'te promets ! J't'en supplie ! Je...

Le silence retomba, lourd, compact, comme dégringolé du ciel chargé de nuage. J'aimerais croire qu'elle s'est enfuie mais aucun bruit de course ne m'est parvenu, aucun souffle, aucune tentative. Cependant l'homme, lui, semble un peu sortir de l'ombre. Il ne parle plus, non, ça n'est pas nécessaire. Car il rit.

Il rit fort, gras, grinçant. Et je frissonne. Ce rire se faufile dans les brèches du béton, les fissures du crépis, les recoins les plus sombres. Il vient se glisser dans mon lit et descend ma colonne vertébrale, électrique. Alors je l'entends. Je peux presque le voir tant j'ai aspiré la distance de mes yeux de chouette apeurée. Ça tranche l'oreille comme un coup de feu. Comme du carton froissé, une poubelle éventrée. Et il me faut serrer les dents pour retenir les nausées tandis que l'image agressive de ce corps désarticulé vient s'imprimer sur ma rétine.

Que lui a-t-il arraché ? Un bras, une jambe ? Dans ce concert humide, je l'épie, impuissante. J'aimerais éteindre mes sens, m'évanouir, ne plus avoir à imaginer quel spectacle morbide cette bête offrait à la nuit tranquille d'octobre. Combien de chances avais-je encore de me réveiller de cette horreur ? D'ouvrir les yeux sur un matin ordinaire, loin de ces bruits de papier mâché et ces ricanements qui me glacent d'effroi ?

Et les sons se taisent. Eux aussi. Mais je ne peux tout simplement plus fermer les yeux. Parce qu'en bas, cet homme, cette chose s'est mise en marche et a poussé la porte vitrée de mon immeuble. Cette foutue porte qui couine sur les derniers centimètres, cette foutue serrure qui ne se ferme jamais, laissant le passage dégagé pour le premier étranger venu. Et voilà que les gonds hurlent, fantômes de métal rouillé dans le calme tendu et terrifié du hall et des couloirs ; voilà que l'étranger, ayant pour cette fois revêtu le masque du monstre, avance entre les boîtes aux lettres.

Et appelle l'ascenseur. La cage descend pour le rejoindre, lentement, dans un cliquetis aussi inquiétant que familier. L'antiquité mécanique finit par ralentir et, dans un grand bruit, l'accordéon se replie sur lui-même pour accueillir la bête. Puis les chaînes se tendent à nouveau et le ballet des fantômes reprend, leurs silhouettes blanches traînant leur boulet à travers les étages. Je peux les compter, ces paliers qui nous séparent. À rebours, je compte les pulsations de sang à mes tempes, les dernières qui me secoueront, sûrement.

Pourvu qu'il descende, pourvu qu'il s'arrête.

Arrête...

Je peux presque entendre les soupirs de soulagement des gens enfouis sous leur couverture une fois l'ascenseur éloigné. L'orage est passé pour eux et gronde ailleurs. Plus haut, là, sous les toits. Les nuages viennent s'agglutiner dans les combles, nuée de spectres drapés de blanc.

S'il te plaît, arrête...

Mais il ne descend pas, pas encore. Que puis-je faire ? Il approche et je ne peux reculer plus loin dans ma caverne de coton. Dans la cage les câbles protestent, s'étirent, se relâchent, le hissent jusqu'à moi. Je prie. Je n'ai jamais cru en Dieu et puisse-t-il m'en pardonner. Car il est le dernier à pouvoir me sauver désormais.

L'angoisse me noue les entrailles et me serre la gorge, j'ose à peine respirer de peur que mes murmures affolés ne le conduisent à ma cachette de fortune. Et une première larme vient apaiser le brasier de mes yeux fous.

Le carillon tinte finalement et, dans le couloir étroit tapis de rouge, je crois voir la lumière glauque de l'ascenseur se dérouler sur le mur. Dans ce rectangle doré se tient une chose aux formes humanoïdes qui sent déjà l'odeur de la crainte se faufiler sous les portes, dans l'embrasure des fenêtres, pour venir lui exciter les sens. Il reste immobile. Qui de la proie ou du chasseur fera le premier geste ? Qui perdra ce premier combat ?

Il fait un pas, lourd, sur la moquette. Puis il ralentit, indécis. Gauche ou droite ? Le videur musclé ou l'étudiante frêle ? Peut-il seulement nous deviner derrière les centimètres de plâtre ? J'aimerais croire qu'il s'agit d'un hasard ; j'en ai besoin pour ne pas perdre la raison. Mais la raison, je crains l'avoir diluée dans ces minutes d'attente anxieuse, dans cette obscurité pâteuse qui enveloppe la pièce, dans les cris de cette fille qui aurait pu être moi. Qui va le devenir.

Il actionne la poignée, en vain, et je laisse échapper un petit cri noyé dans d'irrépressibles sanglots enfantins. Mais déjà la terreur devient trop forte, me coupe le souffle, paralyse la moindre fibre de mon être. Il s'attaque au verrou, minutieusement, par à-coups habiles. Et je l'entends céder, vis après vis, pour finalement tomber en pièces sur le carrelage du vestibule. Alors l'homme pousse le battant et, dans ma grotte lugubre, une lance de lumière blafarde vient cisailler le décor. Il est là, dans l'encadrement, le visage plongé dans la pénombre, et me regarde.

Arrête... Arrête !

Il entre de sa démarche caduque, presque animale, et referme derrière lui. À nouveau je suis plongée dans les ténèbres. Mais celles-ci ont changé : il y prend sa place, écartant l'air autour de lui, ramenant du dehors cette odeur de cendres et de gel qui annonce les premiers froids. J'entends le bruissement de ses vêtements alors qu'il approche, son souffle lent, bas, encore teinté de joie et de sang. Je crie.

Non ! Non ! Arrête ! Arrête ! Non !

Il se tient devant moi. Aux abois, il a l'attitude d'un fauve en chasse, acculant sa proie avec plaisir, se délectant un instant de sa victoire avant de porter le coup fatal. Je retrouve la force de bouger. Ça m'inonde, me transporte, me propulse. Tout ce que j'ai retenu explose en moi, tourbillon étourdissant d'émotions et d'instincts. Mais, dos au mur, je ne peux que lui faire face, cherchant la lueur démoniaque de ses yeux dans l'ombre de sa figure. Et sous ces deux étincelles jaunâtres une autre s'étire, large, trop large, traversant ses traits pour révéler une rangée de dents aux reflets changeants.

Non ! S'il te plaît !

Personne ne vient, personne n'entend. Le videur ne se lèvera pas cette fois. Ils resteront blottis dans leurs draps, priant pour que je sois la dernière, priant pour que cette chose ne vienne pas les débusquer ensuite. Combien de temps faudra-t-il que je hurle ? Qui devrai-je appeler pour voir mon sauveur apparaître ? N'y avait-il personne qui ait assez de courage pour me sortir de ce piège ? Pouvait-on rester insensible à l'injuste drame d'une jeune femme innocente ? Si je meure... Mon Dieu, je vais mourir... Si je meure, j'espère que jamais ce souvenir de les quittera. Je reviendrai les hanter pour les punir de m'avoir abandonnée...

Quand je serai morte. Pourquoi n'ai-je pas le cran de me battre ? Pourquoi n'essaie-je pas au moins de courir à la cuisine ? De tendre le bras vers ma lampe de bureau ? Pourquoi ma dernière énergie se contente-t-elle de me dresser, stupidement fière, sous le regard impitoyable de mon assassin ?

S'il te plaît...

Qu'est-ce que tu ferais ?

Je garde la bouche entrouverte, incapable du moindre son. Sa voix coule comme un miel amer, un roucoulement sadique.

Qu'est-ce que tu ferais pour que je t'épargne ?

Il ne m'épargnera jamais. Quoi que je dise, quoi que je fasse, sa décision est prise, et brille déjà dans sa gueule affamée.

Tout ! Je... Je ferai tout !

Tout ? Tu me le promets ?

J'te promets ! J'te promets ! Arrête ! J'te prom-

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JulienVillefort
Posté le 30/03/2024
Glaçant... Un véritable cauchemar poisseux...

Peut-être serait-il intéressant de mettre en italique les interpellations en discours direct. Cela renforcerait la première impression des lecteurs.
mehdib
Posté le 19/12/2023
Superbe histoire, le rythme et la plume sont impeccables, et on sent la tension monter. En plus, sur un thème assez effrayant de l'indifférence, de la survie, ça prend vraiment aux tripes !
Nascana
Posté le 06/07/2010
Traumatisant ! Comment je vais réussir à dormir cette nuit, moi, maintenant ?
Tu décris vraiment bien la peur. Je connais cette idée de rester éveillée, le ventre noué par la peur. En général, dans ce cas-là, je comptais. Bizarre.
Dire que je suis réveillée au moindre bruit depuis quelques années. Lorsque j'habitais encore avec mon beau-père, j'avais tellement peur pour ma mère, que je me réveillais au moindre son.
J'avais ma batte de base-ball à côté de moi. Il faut pas m'embêter.
Je vais faire une petite liste de truc utile pour dormir : couteau, batte de base-ball...
Dan Administratrice
Posté le 06/07/2010
Désolée de t'avoir empêchée de dormir XD
Merci pour les compliments, ça me fait vraiment plaisir !
C'est vrai, elle aurait peut-être dû avoir une batte de base-ball à portée de la main... quoi que je ne sais pas si ça aurait suffi pour la sauver :P
Merci pour ton commentaire.
La Ptite Clo
Posté le 31/10/2009
O_O Et bien Hadana... Euh, j'ai perdu le souffle là...
Ton texte était vraiment captivant et troublant, j'ai été hors d'haleine jusqu'au bout !
 
Bon, cette review est certes un peu tardive (j'assure pas, cette année, dis donc), mais le coeur y est ! Tu as amplement mérité ton titre de Reine des Sadiques, titre d'autant plus mérité que tes concurrents étaient très corriaces sur le terrain ! ;)
 
Comme pour les autres, tu as bien rempli ta mission en me foutant de sacrés jetons... Les paroles répétées en italique étaient vraiment les plus effrayants... En plus, c'est une histoire vraie ? Brrr... j'ai eu un peu de mal à m'en remettre. ^^"
 
En tout cas, je te renouvelle toutes mes félicitations, mais je ne te dis pas merci pour la grosse frayeur ! XD (je plaisanteuuh) ;)
Dan Administratrice
Posté le 31/10/2009
Ca n'est jamais trop tard pour dire des choses aussi gentilles !
Je suis vraiment contente que ça t'ait plu, et que tu ne te soies pas dit en lisant "oh mon dieu, pourquoi est-ce elle qui a été choisie ??" ^^' Mais il est vrai que les autres participants avaient fait de superbes textes, je ne comprends toujours pas le résultat du vote, d'ailleurs, mais n'allons pas s'en plaindre :)
Pour l'histoire vraie, rassure-toi, comme je l'ai dit à la fin, il me semble que personne n'est mort (pas moi en tout cas :p) J'espère qu'ils en auraient parlé si une fille s'était faite éventrée dans ma rue, quand même ><'.
Bref, un grand merci pour ton commentaire !
Seja Administratrice
Posté le 30/10/2009
Eh bien, eh bien, je viens de tomber absolument sous le charme de ton écriture. Faudra que j'aille explorer un peu plus à l'occasion.
J'aime les ambiances comme celle-ci. Oppressante. Tout le long du texte, on reste dans l'obscurité. Et pas seulement à cause de l'absence de lumière. Surtout à cause de l'absence d'explications, à vrai dire. On sait une seule chose - une fille hurle en bas, et personne ne vient l'aider. Puis on commence à distinguer l'autre. Cet homme - mais l'est-il seulement ? - qui se joue d'elle, de ses peurs, de sa vie.
Et pendant tout ce temps, la narratrice reste sous ses draps, paralysée par la peur, ne pouvant plus se fier qu'à son ouïe. C'est aussi une belle occasion pour une analyse sur la lâcheté humaine. Car c'est très vrai  - malgré tout ce qu'on peut en dire, très peu de personnes (voire pas du tout) se mettraient en danger pour des inconnus.
Et enfin vient la conclusion. Cette montée d'angoisse atteint des sommets. Mais à ça, on peut aussi rajouter un petite touche de fatalisme (coupineuh), d'inévitable. On sait - même si on veut se persuader du contraire - que ce meurtrier va arriver devant la porte de la narratrice. On sait que ça finira mal pour elle.
Bref, une très très chouette découverte de ce concours :))
Dan Administratrice
Posté le 30/10/2009
Un grand merci pour ton commentaire ! Je suis ravie d'avoir réussi à retranscrire tous les passages de ce moment, sans que ça soit cliché ou lourd. J'hésitais aussi quant à ce petit passage sur la lâcheté, je craignais que ça soit hors contexte, mais finalement ça al'air e s'être à peu près bien goupillé chez tout le monde, me voilà soulagée !
Très heureuse que ça t'ait plu !
Shaoran
Posté le 24/10/2009
Je ne dirais qu'une chose... Bravo. Belle maitrise de l'art d'instiller la peur.
Quand au fond de l'histoire... effrayant de vérité. Qui n'a jamais vécu une telle situation... Sans doute est-ce cela qui rend l'histoire si prenante  ^^
Dan Administratrice
Posté le 24/10/2009
Merci beaucoup !
Je ne te souhaite pas de la vivre, à vrai dire ^^'
Elka
Posté le 24/10/2009
oh ... pitaing...
Flippant, parfaitement cruel, sadique... 
Trés bien écrit, bien mené, haletant... Je te tire mon chapeau ><
Dan Administratrice
Posté le 24/10/2009
Merci Elka pour ce commentaire court et... concis :p
Je ne peux qu'être flattée ^^'
Cricri Administratrice
Posté le 24/10/2009
Cette nouvelle me conforte dans l'impression que j'avais eue en lisant le premier chapitre de Red Church : tu as une écriture incroyable oO Je suis tout simplement jalouse !
Ta façon de distiller le sentiment d'horreur, de faire monter la sauce, de décrire tout ce qui se passe uniquement depuis le point de vue de quelqu'un sous la draps de son lit, c'est fort ! Les bruits prennent des proportions dantesques, deviennent des images à part entière.
Et puis la thématique abordée : cette lâcheté, qui ne l'a pas vécue un jour ? C'est paradoxal, mais je trouve même courageux de ta part d'avoir tout tissé ta narration autour de ça... d'autant que d'après ce que j'ai compris, tu t'es inspirée d'une expérience réelle.
Il y a aussi un côté inexorable dans ton histoire, exactement comme dans les pires cauchemars : à partir du moment où l'homme entre dans l'immeuble, on SAIT qu'il se dirige droit vers ta narratrice. C'est la seule dimension "fantastique", d'ailleurs, si je peux appeler ça ainsi.
Encore une belle contribution au concours, jolie citrouille !
Dan Administratrice
Posté le 24/10/2009
Hey, merci pour ton commentaire, ça me fait vraiment plaisir !
J'ai eu peur d'en faire trop avec toute cette peur, j'ai vraiment eu du mal, parce que... Whouah, qu'est-ce que c'était terrifiant d'être réveillée par cette pauvre fille qui hurlait en bas de chez moi... ! Je ne pensais pas approcher d'un poil le sentiment que j'ai eu. Vraiment, j'ai compris quelque chose, cette nuit-là, en réalisant que malgré tout ce que je croyais savoir sur moi, sur les gens, j'étais même pas fichue de relever le volet, rien que pour être sûre...
Dans un sens, il fallait que je me décharge. Qu'on me confirme que je ne suis pas la seule à être si lâche, parfois (parfois, oui, parce que paradoxalement j'ai fait des choses stupidement courageuses...)
Pour la dimension fantastique, je ne voulais rien de plus. J'ai déjà une histoire d'affreux monstres mangeurs d'hommes, je voulais essayer autre chose.
Bref, je suis ravie que ça t'ait plu ! Et espérant que ça plaise aussi aux autres :p
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