– Je vais tout couper !
Jihane envoya valser sa brosse à cheveux à travers la salle de bain. Elle rebondit bruyamment contre le bord de la baignoire et atterrit sur le tapis avec un son étouffé. Tous les matins, c’était la même galère. Tous les matins, sans exception, depuis vingt-six ans.
Toute petite déjà, c’était la crise avant de partir à l’école. Sa mère s’évertuait à dénouer ce qui ne pouvait pas l’être, à arranger des mèches rebelles qui ne se laissaient pas faire. A grands renfort de chouchous, de bandeaux et de barrettes, elle arrivait à faire tenir le tout une bonne minute trente avant que les couettes ne s’affaissent, que les bandeaux ne glissent et que les barrettes ne se retrouvent bouche béante. La nature reprenait inexorablement ses droits et cela finissait le plus souvent avec une Jihane en pleurs, deux tresses maladroites pendouillant de chaque côté de son visage.
Le jour de sa rentrée en classe préparatoire, elle s’était retrouvée seule devant la glace avec sa brosse à cheveux et ses barrettes. Sa mère ne pouvait plus supporter les sempiternelles jérémiades matinales de sa fille, mais Jihane y croyait encore. En mouillant ses cheveux avec sa brosse, elle arrivait à les dompter assez longtemps pour faire ses deux petites tresses sans avoir à tirer trop fort sur les nœuds. Malheureusement, les rhumes à répétition faisaient que ce n’était pas une très bonne idée en hiver et les nœuds étaient tout de même régulièrement plus forts que sa patience. Lassée des pleurs de frustration de sa fille, la mère de Jihane avait fini par reprendre les choses en main à l’aide d’une bonne paire de ciseaux. Pendant toutes ses années d’école primaire, Jihane avait donc porté la même coupe au carré en dégradé, ses frisottis à la proie du vent lui tombant dans les yeux et lui valant le doux surnom de « petit caniche » de la part de ses camarades de classe.
Arrivée au collège, la petite fille s’était rebellée. Entrée dans sa phase de préadolescence, fatiguée de son surnom et de la boule au ventre qu’elle ressentait tous les matins devant la glace, elle avait décidé de tenter la psychologie inversée. Pendant quatre ans, elle avait laissé ses cheveux pousser, pousser, pousser, jusqu’à finalement atteindre le bas de son dos. Après tant d’années à porter les cheveux courts, c’était son moyen à elle de prendre le taureau par les cornes. À l’aide d’une tonne de gel et de barrettes qui tentaient vaillamment de maintenir un volume acceptable, elle arborait désormais des coiffures diverses et variées : chignon serré, une tresse, deux tresses, voire, jour de fête, une tresse en chignon ! Mais si cela lui avait donné l’impression de regagner un peu le contrôle de sa tignasse, il n’en était rien. Des cheveux plus longs, c’était certes des cheveux au volume plus plat, puisque tirés par la gravité, mais cela signifiait aussi des cheveux plus lourds ! Ainsi, un chignon trop haut s’affaissait rapidement et, pour peu qu’il ait été un peu trop serré, c’était le mal de tête assuré pour la journée. Quant aux tresses, elles restaient jolies pendant une heure ou deux, mais les frisottis reprenaient invariablement leurs tentatives d’escapade et bientôt, on aurait dit qu’un chat s’était amusé à en faire sortir chaque mèche avec ses griffes.
Finalement, c’était sa marraine qui avait trouvé la solution miracle : pour son quinzième anniversaire, elle lui avait acheté un fer à lisser. Les trois années de lycée qui ont suivi ont alors été rythmées par une même routine : se laver les cheveux, les laisser sécher à l’air libre (surtout pas de sèche-cheveux, vade retro satana !) puis, le lendemain, vaporiser du sérum protecteur et lisser une mèche après l’autre, en prenant soin de ne pas appliquer le fer trop longtemps au risque de sentir le cochon grillé toute la journée. Cela prenait littéralement deux jours pour aplanir ses boucles et enfin retrouver des cheveux maniables. Certes, ils frisottaient toujours à la moindre transpiration, certes cela la forçait à réduire le nombre de lavages de cheveux dans la semaine, mais mieux valait avoir des cheveux gras que des cheveux frisés ! Enfin, c’était ce que Jihane croyait, jusqu’à ce fameux été de sa deuxième année de licence. Il faisait chaud, vraiment chaud. Tellement chaud que tous les journaux télévisés ouvraient leur édition avec la même annonce « c’est la canicule ! », au cas où un petit chanceux enfermé dans une grotte bien fraîche depuis deux mois aurait loupé l’info. Mais Jihane ne l’avait pas loupée, elle. Avec une telle chaleur, son unique lavage de cheveux hebdomadaire s’avérait plus qu’insuffisant. Avec la transpiration, le gras et les pellicules, son cuir chevelu était à bout de forces. Pire, le lissage était devenu quasi inutile. Avec un taux d’humidité qui dépassait les 80%, c’était peine perdue. Ses cheveux avaient déclaré la sécession. Plus rien ne les arrêterait dans leur déclaration d’indépendance.
Jihane avait donc fini par abandonner, comme sa propre mère l’avait fait trente ans plus tôt. Là où elle avait décidé de se faire une coupe à la garçonne, Jihane avait simplement pris le parti de ne plus s’en occuper. Elle laissa donc ses cheveux faire tout ce qu’ils désiraient puisque de toute façon, ses efforts restaient vains. Elle les démêlait régulièrement à chaque lavage et était revenue au traditionnel combo chignon-tresse, sans plus chercher pour autant à mater les frisottis rebelles. Un style plus proche du « chignon fait à la va-vite » que du tendance « chignon mi-défait » des magazines de mode, mais elle avait perdu tout espoir d’un jour pouvoir arborer l’une de ces superbes coiffures présentées dans les tutos beauté par des demoiselles aux cheveux bien blonds et bien lisses.
Elle laissa ses cheveux pousser à leur guise, demandant à sa mère de les lui couper de temps en temps. Hors de question de retourner chez le coiffeur, depuis ce sombre samedi quelques années plus tôt où elle s’était laissé convaincre de s’en remettre à une coiffeuse-visagiste qui n’avait visiblement aucune idée de la manière dont on coiffe des cheveux comme les siens. Bref, Jihane vivait sa vie, ses cheveux vivaient la leur, et c’était très bien comme ça. En tout cas, c’était ce qu’elle répétait mécaniquement quand on lui proposait un énième produit de beauté miracle qui lui coûterait un bras et s’ajouterait à la liste beaucoup trop longue de ses déceptions et faux espoirs passés.
Sauf que voilà, penchée au-dessus de son lavabo, des larmes de frustration dans les yeux, Jihane se prenait de nouveau la réalité en pleine face. Non seulement elle n’avait pas véritablement réussi à faire la paix avec ses cheveux mais vraisemblablement, ils arrivaient encore, malgré tout ce temps et ce travail sur elle-même, à la pousser à bout. Tout cela parce qu’elle commençait à enseigner dans un nouvel établissement le surlendemain. Et pas n’importe lequel, un lycée professionnel. Bien qu’elle n’ait eu aucune intention de tomber dans les préjugés et les a priori, ses professeurs de facs lui avaient tellement répété de faire attention à bien asseoir son autorité dès le premier jour, à ne montrer aucun signe de faiblesse et à bien marquer une distance avec les élèves malgré son jeune âge qu’elle ne pouvait s’empêcher d’appréhender la rencontre avec ses futurs élèves. Avec ses cheveux qui n’en faisaient qu’à leur tête, quoi de mieux pour perdre toute crédibilité à peine passé le pas de la porte ! D’autant plus qu’elle commençait lundi à 9 heures avec une classe de bac pro coiffure. Elle en aurait ri si elle n’était pas au bord du burn-out. Elle se voyait déjà arriver en face d’une trentaine d’élèves armés jusqu’aux dents et prêts à la clouer au pilori pour crime capillaire. Non, vraiment, elle ne pouvait pas se permettre d’arriver en classe en ayant l’apparence d’un clown.
***
Jihane poussa la porte du salon de coiffure, résignée. Elle était fin prête à tout couper une bonne fois pour toutes. Elle craignait un peu de finir par ressembler à sa mère mais si c’était le prix à payer pour un look plus décent, elle l’accepterait. Et puis, si cela lui donnait réellement quelques années de plus, ce ne pouvait être que bénéfique pour « mettre de la distance avec les jeunes du lycée pro’ ».
— Bienvenue ! l’accueillit énergiquement un jeune coiffeur avec un grand sourire. Tenez, installez-vous là, j’arrive !
Il lui tendit un magazine, s’attendant probablement à ce qu’elle y choisisse une coupe de laquelle s’inspirer pendant qu’il terminait avec la dernière cliente. Jihane le feuilleta rapidement par acquit de conscience et le reposa, peu convaincue. Il fallait reconnaitre que des efforts avaient été faits en matière de représentativité de couleurs et de textures. Néanmoins, la jeune femme n’était pas dupe. Comme d’habitude, c’était bien beau sur le papier mais dans la réalité…
— Alors alors, qu’est-ce qui vous ferait envie ? demanda le coiffeur qui commençait à lui laver les cheveux.
— Eh bien, c’est simple, je veux tout couper !
Le coiffeur émit un petit rire.
— On me la fait tous les jours celle-là ! Précisément, qu’est-ce qui vous plairait ? Une frange, une couleur, un carré dégradé ?
Jihane sentit son cœur se soulever à la mention du fameux carré dégradé qui avait traumatisé son enfance.
— Non non, vraiment, je veux tout couper, affirma-t-elle avec moins de conviction dans la voix qu’elle ne l’aurait souhaité.
L’eau s’arrêta de couler, une serviette tamponna délicatement ses cheveux pour absorber l’eau. Puis le visage du coiffeur réapparut devant ses yeux, visiblement chagriné.
— Vous êtes sûre ? Ce serait vraiment dommage quand même, de si beaux cheveux comme les vôtres…
Jihane se rembrunit. De si beaux cheveux ? Il devait bien se moquer d’elle ! Et puis, de quel droit se permettait-il d’objecter ? Elle ne lui avait rien demandé ! Il n’avait sûrement aucune idée de ce que c’était que de devoir vivre avec une telle tignasse. D’une part, c’était un homme et il y avait fort à parier qu’on avait toujours été beaucoup plus clément avec sa coiffure à lui qu’on ne l’avait été avec elle. D’autre part, il était actuellement complètement chauve, ce qui résolvait tout de même bien le problème.
— Vraiment, j’insiste, persista Jihane en tentant de masquer sa contrariété.
— Bon, dans ce cas… Quitte à tout couper, qu’est-ce que vous diriez de les donner ?
Jihane ne comprit pas immédiatement ce qu’il voulait dire. Les donner ? À qui ? Et pour quoi faire ? Quelle idée ! Face à son désarroi, le coiffeur pointa une grande affiche à l’entrée qu’elle n’avait pas remarquée. Disposée comme elle l’était, c’était pourtant la première chose qu’elle aurait dû voir en arrivant.
— Nous sommes partenaires d’une association qui récolte des cheveux pour les vendre à des perruquiers et ainsi financer l’achat des prothèses capillaires de personnes atteintes d’un cancer, expliqua-t-il en pointant son crâne chauve.
Jihane ne savait plus où se mettre. Dire que deux minutes auparavant, elle s’était permise de penser que le coiffeur n’avait pas de quoi se plaindre. Des années qu’elle se sentait maltraitée par ses cheveux et pas une seule fois elle n’avait pensé à la chance qu’elle avait de simplement en avoir. Jamais elle ne s’était sentie aussi ridicule de se mettre dans des états pareils pour une chose aussi comparativement superficielle.
—Avec la longueur que vous avez là, c’est jouable si vous êtes d’accord. Et si vous me faites confiance, ajouta-t-il avec de la malice dans les yeux, je pourrai même essayer de vous arranger le reste.
***
Lundi matin, 9 heures. Jihane inspira profondément, passa une mèche de cheveux derrière son oreille et posa la main sur la poignée de la porte de la salle 213, derrière laquelle se trouvait sa nouvelle classe de bac pro coiffure. Elle se répéta une énième fois qu’elle n’avait aucune raison d’être aussi stressée. C’était un nouvel établissement avec un public dont on lui avait raconté plus de mal que de bien, mais cela aurait été idiot de se laisser influencer par la mauvaise expérience des autres. Si elle ne pouvait s’empêcher de ressentir une certaine appréhension, en aucun cas elle ne souhaitait se faire une mauvaise idée des élèves avant même de les avoir rencontrés. Elle ouvrit la porte. Les lycéens, qui avaient eu cours dans cette salle l’heure précédente, étaient déjà installés. Ils ne réagirent pas à son entrée, à l’exception d’un jeune homme au premier rang qui se redressa sur sa chaise et la fixa du regard, droit dans les yeux, comme s’il tentait d’évaluer le pourcentage de bienveillance dont elle disposait.
— Bonjour à tous ! lança gaiement Jihane en déposant ses affaires sur son bureau. Je suis–
— Et à toutes ! la coupa une jeune fille au fond de la salle en appuyant bien sur la syllabe finale.
— Euh, oui, bien sûr, tu as raison de faire la remarque, répondit Jihane avec un grand sourire, sans se formaliser de l’interruption.
Elle ignora la voix d’un de ses anciens professeurs de fac qui lui soufflait dans l’oreille qu’elle était déjà en train de perdre de son autorité en acceptant de se remettre en question.
— Bonjour à toutes et à tous, reprit-elle en insistant à son tour sur le féminin, à la grande satisfaction de la jeune fille au fond de la salle. Donc, je serai votre professeure d’histoire cette année. Je vais commencer par faire l’appel. Je vous prie d’avance de m’excuser si j’écorche vos noms, corrigez-moi si cela arrive.
Et voilà, elle venait d’envoyer balader une deuxième règle en reconnaissant qu’elle n’était pas infaillible. Cependant elle avait bien fait, car le temps des prénoms choisis sur le calendrier était bel et bien révolu, et il ne lui fallut pas longtemps avant de mal prononcer un nom atypique. Elle s’excusa et nota la bonne prononciation sur la feuille d’appel.
— Eh ! Vous écrivez quoi ? J’ai rien fait !
Jihane releva la tête, étonnée. L’élève en question avait pris l’air renfrogné d’une personne victime d’une injustice.
— Je note juste la bonne prononciation pour être sûre de ne pas me tromper la prochaine fois.
— Ça sert à rien, madame, c’est pas comme si vous alliez vous souvenir de comment on s’appelle, de toute façon ! lança un autre élève, approuvé par ses camarades.
— Moi, je pense que c’est important de connaitre chacun de vous et je m’en souviendrai, Elliot.
Le dénommé Elliot resta bouche bée. Les autres élèves se retournèrent vers elle, plus attentifs.
— Bien, continuons.
Après l’appel, Jihane enchaina sur une brève présentation du programme puis demanda s’il y avait des questions. Elle donna la parole à une jeune fille au nez percé et au maquillage prononcé.
— J’aime beaucoup vos cheveux madame. Votre coupe est cool !
Ce n’était pas une question, mais Jihane sourit. Il y avait peut-être de l’espoir, finalement.
Je pensais lire une nouvelle humour et il y en a mais je trouve que ça va vraiment au-delà de ça. J'ai trouvé cette histoire vraiment très cool, avec plein de messages positifs. Ça fait plaisir de voir la narratrice sur la voie de la reprise de confiance en elle, j'ai la sensation qu'elle le mérite. On rentre facilement en empathie avec elle et ses problèmes de cheveux. La scène chez le coiffeur est vraiment super, je l'ai trouvée vraiment touchante, toute en simplicité.
La "confrontation" avec la classe était également très chouette, ça fait plaisir de la voir évoluer en se détachant petit à petit des préceptes, en essayant d'être elle-même.
Vraiment un très bon moment, avec des messages chouettes et inspirants sans tomber dans la caricature.
Un plaisir,
A bientôt !
Aaaaaaaaaah....les cheveux. Un des pires ennemis de l'existence. On sent un peu le vécu dans ce texte et j'espère que tu as également trouvé la coupe qui te convient et avec laquelle tu es à l'aide et que personne ne t'as jamais enquiquiner avec cela.
J'aime beaucoup cette histoire avec son humour discret et le message fort et important qu'il transmet. J'espère que d'autres personnes qui ont ce "problème" pourront le lire et se sentir mieux après en ayant compris que tous les cheveux sont beaux et que, comme le dit Jihane, c'est déjà une chance d'en avoir ^^
Ecris-bien ;))
Les miens sont ondulés mais je n'avais jamais soupçonné que pour les cheveux frisés, les chouchous et les pinces ne se maintenaient pas;
Après, il y a le fameux problème de la pluie avec les biquettes sur le côté impossibles à remettre en place et les gens qui mettent leurs mains dedans sans qu'on n'ait rien demandé.
Un texte joliment écrit.
Je vous souhaite un excellent week end.
J'ai été attirée par le titre de ta nouvelle et ton style fluide m'a accrochée. J'aime beaucoup ! Cette obsession pour un truc en apparence anodin et superficiel, qui pourrit la vie alors que personne ne se doute de rien, c'est si ironique, et ça sonne tellement juste ! Et Jihane est tout de suite attachante et sympa.
Pour tout dire, j'ai cliqué sans me renseigner et je pensais que j'avais sous les yeux le début d'un roman. J'ai compris seulement en regardant les commentaires... Je suis un peu déçue d'apprendre que je n'aurai pas la suite de l'histoire de Jihane hihi. Ça passerait très bien comme premier chapitre en tout cas :D
Bisous !
C'est vrai que ce n'est pas précisé clairement qu'il s'agit d'une nouvelle, outre le nombre de chapitre. Je suis contente que le personnage t'aies plu au point de vouloir connaitre la suite de ses aventures en tout cas, elle fera peut-être une nouvelle apparition un jour, qui sait...
Que le texte est bien écrit ! Les mots s'enchainent parfaitement et les phrases me semblent de très bonnes longueurs. Bravo !!! Pas de répétitions et un humour qui donne envie de connaitre la suite du prochain paragraphe ... Et la chute est agréable et sensée. Bravo encore !!
Même si tu n’es pas Jihane, ça sent le vécu ! Personnellement, avec mes cheveux ondulés que les coiffeuses (contrairement à moi) trouvent dociles, je suis rarement satisfaite de ma coupe après un ou deux lavages. Mais bon, je m’en accommode parce que je suis bien loin de la galère que tu décris. Tu arrives à nous faire comprendre comme c’est pénible avec légèreté et humour, ce qui rend ton récit sympa et facile à lire.
Mais après toutes ces tribulations, je regrette que tu n’aies pas dit à quoi ressemblait la coupe de Jihane à la fin ; tu parles juste des mèches violettes.
Coquilles et remarques :
— à travers la salle de bain / sur le tapis de bain [Je pense que « sur le tapis » suffirait.]
— A grands renforts de chouchous [À grand renfort de ; cette expression s’emploie au singulier.]
— Sa mère ne pouvait plus supporter les sempiternelles jérémiades matinales de sa fille mais Jihane y croyait encore. [Virgule avant « mais ».]
— avait fini par reprendre les choses en mains [reprendre (…) en main ; cette expression s’emploie au singulier.]
— Après tant d’années à avoir porté les cheveux courts [Je dirais « Après tant d’années à porter les cheveux courts » ou « Après avoir porté tant d’années les cheveux courts ».]
— A l’aide d’une tonne de gel [À l’aide]
— voire même, jour de fête, une tresse en chignon ! [Bien que cet usage soir mentionné dans le dictionnaire de l’Académie française, il reste critiqué : « voire même » est un pléonasme.]
— elles restaient jolies pendant une heure ou deux mais les frisottis reprenaient [Virgule avant « mais ».]
— Les trois années de lycée qui ont suivi ont alors été rythmées par une même routine [Comme partout ailleurs, tu emploies l’imparfait, le plus-que-parfait et le passé simple, le passé composé détonne. Je propose le passé simple.]
— vade retro satanas ! [Normalement, c’est « satana » ; le vocatif ne prend pas de « s ».]
— cela la forçait à réduire le nombre de lavage de cheveux [de lavages]
— Mais Jihane ne l’avait pas loupé, elle [loupée ; on parle de l’info]
— son cuir chevelu était à bout de force [à bout de forces ; on emploie cette expression au pluriel]
— que du tendance « chignon mi-défait » des magazines de mode mais elle avait perdu tout espoir [L’enchaînement « du tendance » sonne comme une faute ; « tendance » n’est pas censé être un adjectif (voir ici : http://www.academie-francaise.fr/cest-tendance. / Virgule avant « mais ».]
— présentées dans les tutos beautés par des demoiselles [les tutos beauté]
— depuis ce sombre samedi quelques années plus tôt où elle s’était laissée convaincre de donner la main à une coiffeuse-visagiste [elle s’était laissé convaincre ; le participe passé ne s’accorde pas parce qu’« elle » n’est pas le sujet de « convaincre ». En revanche, on accorde « Elle s’était laissée tomber sur son lit » parce que c’est elle qui tombe. / L’expression « donner la main » est ambiguë, mais tu ne peux pas dire « laisser la main » à cause de la répétition ; il y aurait éventuellement « passer la main », ou il faut trouver une autre formulation.]
— qui n’avait visiblement aucune idée de la manière dont coiffer des cheveux comme les siens [« la manière de coiffer » ou « la manière dont on coiffe »]
— à bien assoir son autorité [Comme tu ne mets pas non plus les accents circonflexes sur les « i », j’imagine que tu emploies volontairement la graphie rectifiée.]
— D’autant plus qu’elle commençait lundi 9h avec [J’écrirais plutôt « lundi à 9 heures ».]
— à tout couper une bonne fois pour toute [pour toutes]
— Jihane le feuilleta rapidement par acquis de conscience et le reposa [par acquit de conscience ; ça vient du verbe « acquitter », pas du verbe « acquérir »]
— des efforts avaient été faits en termes de représentativité de couleurs et de textures [en matière de ; « en termes de » veut dire dans le vocabulaire de (voir ici : http://www.academie-francaise.fr/en-termes-de)]
— Puis, le visage du coiffeur réapparu devant ses yeux [réapparut / il n’y a pas de raison de mettre une virgule après « Puis » ; ça découpe inutilement la phrase (voir ici : https://www.btb.termiumplus.gc.ca/tpv2guides/guides/clefsfp/index-fra.html?lang=fra&lettr=indx_catlog_p&page=99s3vC8rehnQ.html). Dans les ouvrages de grammaire, il est généralement dit que si le complément placé en début de phrase est très court, il n’y a pas besoin de le faire suivre d’une virgule.]
— Les donner ? A qui ? Et pour quoi faire ? [À qui ?]
— elle s’était permise de penser que le coiffeur n’avait pas de quoi se plaindre [elle s’était permis ; le pronom réfléchi « s’ » n’est pas COD mais COI (elle a permis à elle-même), donc il n'y a pas d'accord]
— dont on lui avait conté plus de mal que de bien mais cela aurait été idiot [Je trouve curieux d’employer le verbe « conter » alors que tu écris dans un style oral. / Virgule avant « mais ».]
— comme s’il tentait de d’évaluer le pourcentage [Tu as bégayé : « de d’ »]
— Cependant, elle avait bien fait, car le temps des prénoms choisis sur le calendrier était bel et bien révolu et il ne lui fallut pas longtemps [Je ne mettrais pas de virgule après « Cependant » ; c’est un complément très court et il y a une autre virgule peu après, ce qui morcelle la phrase. / En revanche, j’en mettrais une avant « et » parce que les deux verbes n’ont pas le même sujet, ne sont pas conjugués au même temps, et les deux propositions n’ont pas de lien direct.]
— Ca sert à rien, madame [Ça ; si tu travailles sur un traitement de texte, tu peux l’ajouter à la liste des corrections automatiques.]
— J’aime beaucoup vos cheveux madame, les mèches violettes, c’est cool ! [Ponctuation : « J’aime beaucoup vos cheveux, madame. Les mèches violettes, c’est cool ! ».]
— Ce n’était pas une question mais Jihane sourit . [Espace indésirable avant le point. / Je mettrais une virgule avant « mais ».]
En ce qui concerne la coupe finale de Jihane, j'ai volontairement omis sa description. En effet, je voulais justement montrer que finalement, peut importe sa coupe du moment qu'elle se sent bien avec (ce qui est symbolisé par sa bonne réception du compliment, alors qu'elle l'avait refusé de la part du coiffeur).
Si la ponctuation était une science exacte, ça se saurait. ;-)
C'est vrai que la ponctuation n'est pas une science exacte mais tu n'es pas la première à me le faire remarquer pour cette nouvelle donc c'est que c'était justifié ;)
Ton post dans ton JdB m'a rendue curieuse, donc me voilà sur cette nouvelle toute fraîche :P
Deux p'tites coquillettes :
"On me l’a (la) fait tous les jours celle-là !"
"Jamais elle ne s’était sentie aussi ridicule de se mettre dans des états pareils pour une chose aussi comparativement superficiel(le)"
Tant que j'en suis au chipotage, la troisième partie (l'arrivée devant les élèves), c'est la suite directe de la partie 2, ou y a eu une ellipse entre deux ?
Et puis, encore : "C’était un nouvel établissement avec un public dont on lui avait conté plus de mal que de bien(,) mais cela aurait été idiot de se laisser influencer par la mauvaise expérience des autres" et "Cependant(,) elle avait bien fait(,) car le temps des prénoms choisis sur le calendrier était bel et bien révolu et il ne lui fallut pas longtemps avant de mal prononcer un nom atypique" -> ces deux phrases bénéficieraient d'une virgule, à mes yeux... notamment, j'avais lu une fois qu'il faudrait toujours mettre une virgule avant un "mais", je ne le fais pas toujours (je crois), mais dans le cas d'une longue phrase comme celle-là, ça fait pas de mal :P (de même après "cependant" en début de phrase ^^)
A part ces détails, je trouve ton écriture vraiment cool, c'est fluide et on se sent immédiatement proche de Jihanne. Tu décris ses tribulations avec ses boucles d'une façon très "simple", très clair, j'ai pas vu les 2000 et quelques mots passer !
J'aime bien aussi comment tu oscilles entre "il faut s'accepter" et "c'est pas toujours facile", j'sais pas si je suis claire, mais je trouve que tu as bien réussi à ne pas tomber dans le côté très moralisant et "facile"... Du genre, à aucun moment tu ne "culpabilises" ton héroïne de se lisser les cheveux, de galérer... Parce que c'est vrai que des cheveux frisés, surtout quand les autres n'en ont pas, bah c'est dur de s'en occuper ! (j'ai des boucles à peu près coopératives, mais déjà y a toujours les fameux jours où c'est la galère haha)
Bref, une nouvelle bien sympathique, j'aime beaucoup ta plume ! Merci de la lecture <3
Je suis contente que aies apprécié la nouvelle et que ta lecture ait été fluide. Pour être honnête, c'est assez autobiographique (sauf la fin) et mon but était justement de montrer la galère que ça peut être d'avoir des cheveux bouclés, le travail sur soi pour arriver à les apprivoiser et les montagnes russes que ça représente en termes de haut (faut que j'accepte la nature) et de bas (je vais tout couper).
J'avais un peu peur de la fin et du message qui allait être reçu donc je suis rassurée par ton commentaire. Merci de ta lecture !