La robe

La rentrée est dans une semaine.

C’est l’anniversaire de Lena, elle fait une fête chez elle avec plusieurs amis. Il y aura Zamba que je vais pouvoir rencontrer. Maman me dépose et revient me chercher à minuit. Elle a briefé Lena sur mes crises, qui doit l’appeler dès que je commence à partir en vrille. Elle se tiendra prête, et au cas où, en 5 min, elle pourra être la. J’ai mis la robe dos nu pour faire plaisir à Lena, elle est vraiment trop décolletée. Maman a mis des paillettes vertes, dorées et bleu sombre sur ma peau de dragon. C’est très joli. J’ai l’impression d’être une sorte de sirène. 

« Aaaah ! Stella ! Je t’attendais » dit avec entrain Lena en m’ouvrant la porte, un large sourire aux lèvres. « Tu m’appelles si besoin » esquissa ma mère avant de m’embrasser, de donner son cadeau à Lena et de repartir. 

« Wahou ! Tu es magnifique ! Je savais que cette robe t'irait comme un gant ! » « Nathan, Hugo, Zamba, Azekielle venez voir qui est la ! » 

Ils s’avancèrent tous vers moi pour m’embrasser et me complimenter. Leurs regards étaient si bienveillant…J’en étais toute perturbée. Zamba s’est présenté. Il est très mignon.

La sonnerie de l’entrée retentit de nouveau. Deux nouveaux convives s’avançaient. Youcef et sa sœur Rita. Quand il me vit, Youcef s’immobilisât aussitôt et lâcha son paquet qui heurta le sol dans un bruit sourd. Rita regarda son frère interloquée puis salua Lena avant de s’avancer vers moi pour me saluer et me demander comment ça allait.

Ce fut le tour de Youcef, il s’avança timidement vers moi. « Bonjour Youcef » dis-je mal à l'aise en entourant ma poitrine de mes bras. Il resta silencieux quand il se pencha sur moi pour m’embrasser sur la joue.

« Bonjour » dit-il d’une voix rauque. « Je ne pensais pas te voir ici ». J’eu un mouvement de recul. Ok…

« Je ne reste pas longtemps, je suis juste passée pour Lena. C’est ma meilleure amie »

« Je sais » « Je suis content de te voir » dit-il en se pinçant les lèvres. Je lui fis oui en détournant la tête pour lui signifier qu’il pouvait passer aux autres convives. Mais il resta là à me dévisager de haut en bas.

Lena nous rejoignit « Alors, elle est pas sublime dans cette robe? »

« Oui, sublime, c’est le mot » dit Youcef en arrêtant son regard dans le mien que je détournais immédiatement .

« Tu m’accordes un peu de temps avant de partir » « Stella? » Je relevais la tête surprise.

« Pardon? »

« Tu m’accordes un peu de temps seul à seul avant de partir? »

« Pourquoi? »

Lena s’éclipsa doucement à reculons comprenant qu’elle était de trop.

« J’ai besoin de te parler »

« Ah...euh, oui, ok, oui bien sûr ».

Son regard se posa sur mon épaule et délicatement il releva la bretelle de ma robe qui s’échappait. Sa main s’attarda à la base de mon cou. Et tout revint dans un flash. Son câlin tendre dans le parc, le baiser hésitant, puis sa bouche possessive sur la mienne…Et je vis dans son regard qu’il savait parfaitement ce qui venait de me traverser l’esprit. Il se pencha de nouveau sur moi et déposa un baiser suave sur ma joue puis murmura à mon oreille «  A tout à l’heure ».

La soirée était très chouette, tout était joie. De temps à autre, j’epiais Youcef du coin de l’œil et je le surprenais à baisser les yeux en souriant. Il sait que je le regarde. A d’autres moment, c’est moi qui me sentait mal à l’aise, me rendant compte qu’il était en train de me dévisager de loin. Je détournais la tête en rougissant comme une pivoine.

Il était bientôt minuit. Maman n’allait pas tarder. Alors je lui ai fait un signe de la tête et il m’a rejoint, posant la main sur mon omoplate nue, me guidant vers le fond du couloir et la salle de bain. Une fois la porte fermée, je me tournais vers lui.

« Alors, que voulais-tu me dire? »

« je…je…je veux dire...tu... » Les mots ne sortaient pas...Alors je pris les devants...

« Écoute, je sais ce que c’est de perdre la tête à certains moments…d’oublier le réel et de se perdre dans un autre monde » « un monde qui n’existe pas » « je sais que tu n’as pas voulu faire ce que tu as fait » « que tu es quelqu’un de bien » « je suis contente de m’en souvenir » « c’est un beau souvenir, vraiment » « et tu ne me dois rien » « et a l’inverse je te suis redevable par trois fois » «  tu as pris des risques pour me sortir du pétrin par deux fois » « et ce moment de folie dont je te promets qu’on n’en parlera plus jamais a été le plus joli moment de mon année » « alors merci, c’est oublié, c’est du passé, tout va bien ».

Il resta interdit à me dévisager. La colère semblait gronder en lui. Il m’attrapa par les épaules brusquement puis me relâcha aussitôt comme si le contact de ma peau lui avait brûlés les doigts. Il pris une grande inspiration. Et il remit les mains sur mes épaules délicatement cette fois.

« Stella…tu ne comprends pas… »

De quoi il me parle, qu’est-ce que je ne comprends pas.

« Tu me rends fou... »

« Oui, je sais tu me l’as déjà dit ! C’est bon ! Ce n’est pas grave. Je ne suis pas une amie idéale, j’ai plein de problème, je suis compliquée…» Il leva les yeux au ciel « Stella…vraiment? » J’allais lui répondre agacée mais il attrapa mon visage et m’interrompit de ses lèvres sur les miennes.

« Je suis fou de toi, peau de dragon, je suis juste fou de toi » murmura-t-il avant de prendre ma bouche complètement. 

« Stella…ta mère est là », la voix de ma Lena.

Je me détachais doucement de Youcef. Ses yeux était immense, il baissa la tête et me fit oui en arrangeant ma robe qui avait glissé deci delà.

« J’arrive Lena, dans 2 min »

« Qu’est-ce que tu as compris Stella? Qu’est-ce que tu comprends de tout ça? » me demanda Youcef un peu timidement en me caressant le visage. Je levais les yeux vers lui.

« Je comprends que tu m’aimes bien » il m’a souris puis ma repris dans ces bras.

« C'est bien au delà…mais c’est un bon début »

« Je dois y aller Youcef » murmurais-je en me dégageant.

« Répond moi »

« A quelle question? »

« Sort avec moi »

« … »

Est-ce ce que je peux ? Est-ce que c’est raisonnable avec mes crises? Il sentit mon hésitation et se referma.

« Bien entendu, je ne t’oblige à rien. Et je serais toujours ton ami si tu me dis non » dit-il en reculant. « Stella, ta mère s’impatiente » « oui, oui », la pression montait et avec elle la panique et le manque d’air. Ça va pas le faire, il faut que je parte, maintenant!

« Non »

Et je sorti de la salle de bain au pas de course pour rejoindre ma mère. Elle comprit tout de suite que la crise n’était pas loin. Elle a fais un signe à Lena qui a comprit aussi et ne s’est pas formalisée de mon départ précipité.

Je su plus tard que quand Youcef est sorti de la salle de bain, la mine sombre, elle est allée le voir et lui a expliqué les derniers mois, le traitement, le retour, les crises de plus en plus rares mais toujours présentes.