La vie banale d'Elianandre

Notes de l’auteur : Bien le bonjour à tous, une petite parodie que j'avais écrit pour un défi d'écriture. La ressemblance à tout personnage de roman ou de film est tout à fait fortuit. Bonne lecture !

Une magnifique jeune femme se nettoyait délicatement le visage, se déhanchant sur du Shakira, lorsqu’elle remarqua une présence dans le miroir…

 

Oh, bonjour ! Je ne vous avais pas remarqué plus tôt, suis-je sotte ! Vous étiez là depuis longtemps ? Oh, non, ne partez pas, je parle régulièrement à des voix dans ma tête. En plus, je ne fais rien de très spécial, comme vous pouvez le constater… j’ai une vie terriblement ennuyante de pauvre adolescente banale, alors, vous savez, un peu de compagnie ne me ferait pas de mal. 

 

Tandis que je m’apprêtais tout bonnement à quitter la salle-de-bain, après m’avoir séché le visage, mis de la crème et repositionné mes horribles lunettes sur mon nez, je m’apperçois que vous êtes interloqué. Me maquiller ? Ah, j’aimerais bien, mais voyez-vous, je suis d’une telle maladresse, armez-moi d’un eye-liner et je me crèverai un œil… hihihi.

 

“Mais avec qui tu parles encore, chérie ?!”

 

Oups. Je lance un coup d'œil embarrassé à mon miroir. C’est ma mère. J’ai la fâcheuse tendance à penser tout haut, surtout quand je parle avec les voix dans ma tête.

 

“Euh, non, à personne ! Je chante ! menté-je avant de chantonner, whenever, wherever…”

 

Bon, où en étions-nous ? Ah oui, le maquillage ! Donc, je vous disais, non, malheureusement, ce n’est pas possible pour moi… En plus, croyez-moi, je suis trop moche pour ça. Quoi ? le  maquillage, c’est surtout pour les moches ? Mais puisque je vous dis que je suis encore plus moche que ça ! Non mais c’est agaçant à la fin !

 

Ma mère passe sa tête au visage froncé par la porte.

 

“Bon, Elianandre, tu vas arrêter oui ? Tu me fais peur, là, quand même !

-Oui, maman…,” maugrée-je.

 

Ah, vous êtes surpris par mon prénom ? Elianandre ? Vraiment, ça ne vous dit rien ? Première fois que vous l’entendez. Et vous dites que je suis bizarre ? Elianandre, y’a pas plus commun, comme prénom. Suivez un peu, je suis une fille lambda, ma vie est nulle à chier. 

 

Je me dépêche de rassembler mes cheveux -couleur miel, avec des nuances d’acajou, ondulés naturellement, que je n’ai même pas besoin de coiffer…- en une queue de cheval à moitié défaite. Vous savez, avec ce petit air coiffé-décoiffé très dur à maîtriser. Hm, c’est joli ? Arrêtez de me mentir, je sais que je suis moche.

 

 Puisque ma mère n’arrête pas de m’appeler, je me dépêche de la rejoindre en bas avec mon sac de cours et elle me pousse dehors sans ménagement. 

 

“On va être en retard et c’est ton premier jour ! Et faut que tu te fasses des amis, maintenant qu’on a déménagé à l’autre coin du monde, dans un bled paumé… en plus, avec la mort tragique de ton père…”

 

Une douleur intense se réveille dans ma poitrine. Ah non, ne me forcez pas à vous raconter cette histoire… non, c’est trop douloureux, trop frais… 

 

 

 

C’était un jour très triste, nuageux et froid, de mi-juillet. Mon père était tout semblable à moi, une personne banale. Un aventurier, chercheur, scientifique, qui menait des expéditions dans la forêt amazonienne ou dans les glaciers du Groënland. Et en ce jour terrible, venteux et neigeux, de mi-juillet, il est mort, écrasé. Au fond d’une bouche d’égout. 

 

Non, pas dans la forêt Amazonienne, ni au Groënland ! Cultivez-vous, ouvrez un livre, je ne sais pas, moi !  Sur un trottoir, comme tout le monde. Quelqu’un avait mal refermé la trappe et paf… enfin, plouf…

 

 

 

Bon, cessez de me forcer à en parler, je vous ai dit, c’est trop douloureux, trop frais…

 

“On est arrivé, me dit ma mère d’une voix blasée. 

-Ah bon ? demandé-je du bout des lèvres.

-Oh, oui, depuis dix minutes.”

 

Ah, ça m’arrive souvent de me perdre dans mes pensées si profondément que j’en oublie le monde extérieur. Mais non, ne culpabilisez pas, ce n’est pas parce que vous parlez trop… je vous dis, je me sens si seule…

 

Après que ma mère m’ait sortie de la voiture, y soit retournée en claquant la portière derrière elle et soit repartie en trombe, me voilà à nouveau, seule et abandonnée. Il n’y a plus que le vent pour caresser ma peau douce et soyeuse… hm, qu’est-ce que je raconte ! bref, ma peau et mes cheveux d’une commune couleur miel, dorée, acajous, comme un champ de blé d’été. Ouf, c’est long à dire, hein… passons...

 

Je lève le pied pour monter sur le trottoire, mais mon pied rippe et je me vautre lamentablement. Ma vie est si nulle, je suis si nulle, je n’arrive même pas à monter sur un trottoir. 

 

Vous vous demandez si je me sens moins seule, maintenant que j’entends l’entièreté de ce gigantesque lycée, 4 étoiles au guide michelin, perdu dans la cambrousse profonde, se rire de moi ? Mais attendez une seconde… vous aussi, vous trouvez ça drôle ?!

 

“Bah alors, binoclarde, on fait déjà le trottoir ?!”

 

Les rires redoublèrent et je lève les yeux pour tomber sur le plus bel adonis, apollon, don juan, bad boy, qu’il m’ait été donné de voir. Alors, bon, petit topo, là, vite fait, on arrête le temps genre une seconde… écoutez bien, hein, ça va aller vite…. 

 

Grand… je sors mon mètre, deux secondes... 1m88, brun, tatouages, yeux bleus profonds comme la Mer Méditerranée, musclé -euh, bah oui, quand même les gars, la base. Il fume, il se drogue, il a un passé dark caché que je peux voir brûler au fond de son regard ténébreux couleur ciel d’été. Il a aussi une moto, une belle, noire qui brille, siège en cuir. Je pense qu’il est orphelin… à vérifier. Ok, vous avez tout bien noté ? Ok, c’est bon, on peut continuer.

 

Il ramasse mon téléphone qui était tombé et après un clin d'œil ô combien sexy, il s’en va avec, suivi de sa cours d’adulatrices. Ah, moi, bien sûr, non, je ne dis rien… bah non, pourquoi ? Enfin, s’il a besoin d’un téléphone, hein… non, non, il faut aider les gens dans le besoin.

 

“Bouge pas, je vais t’aider, beauté.”

 

Oh, non, non, je ne bouge pas. Je suis bien par terre. Ah oui ? Vous croyiez que j’aurais pu déjà me relever, depuis les bonnes trentes secondes que je suis étalée sur le trottoir ? Ah tiens, quelle drôle d’idée. Bah, croyez-moi, croyez-moi pas, j’y ai pas pensé !

 

Bon heureusement, on m’a attrapée et relevée, et je me retrouve non plus contre le trottoir dur et froid, mais dans les bras chauds et musclés d’un autre bel adonis, apollon, mais cette fois-ci… oh, clairement un nice guy, plus vous voyez, esprit libre, charmeur, mais doux comme un agneau. Je cerne rapidement les gens ? Ah oui, oui, je sais…

 

Ah mais, oui, le rapido-topo ! Merci de me le rappeler, j’allais oublier. On met pause…

 

Grand aussi, mais je ressors mon mètre… ah, 1m91 -on a un vainqueur !-, musclé aussi -passons les bases vite fait, je ne veux pas vous ennuyer-, blond cette fois-ci, yeux bleus mais plus comme l’Océan Atlantique, plus froid, plus clair… je pense qu’il joue d’un instrument, mais je ne sais pas duquel pour l’instant, et il est un grand poète assurément !

 

On peut reprendre. Oh, que dites-vous ? Vous pensez que je vous ai menti, parce qu’il m’a appelée “beauté” ? Ah mais non. Non, c’est embarrassant, mais je me dois de vous le dire… vous n’y connaissez rien… ah bah oui, mais non, c’est comme ça… quand un garçon vous appelle “beauté” après vous avoir ramassée à même le bitume, c’est qu’il se moque de votre intolérable mocheté. Bah je le sais, quand même, ça m’arrive régulièrement.

 

“Ne fais pas attention à lui, poursuit-il alors que je baisse timidement le regard, c’est mon pire ennemi depuis le bac à sable, quand je lui ai piqué et sa sucette, et sa chérie, je le connais comme on connaît un frère qui est devenu notre ennemi juré. Au fait, je m’appelle Orpheus."

 

Ah bah tiens, encore un prénom terriblement commun.

 

Il me lâche et après m’avoir lancé lui aussi un clin d'œil, il s’en va. Je soupire… quelle vie terriblement ennuyeuse se promet à ma triste personne… vous comprenez un peu mieux ce que j’endure, jour après jour, maintenant, non ?

 

 

...

 

Pourquoi vous ricanez ?

 

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