Chefchaouen
La ville des chats
Ils gardent les portes de la ville,
Guident le passant,
Taxent l'habitant,
Passent le temps.
Dans les ruelles bleutées,
Une vieille valise finit par tituber.
Elle tombe d'usure et reste là, au milieu du chemin.
Un homme sort de la valise.
Silhouette noire sur mur blanc.
Il regarde la lune.
Sur la vieille valise apparaissent deux félins :
l'un est blanc et noir,
l'autre noir et blanc.
L'homme monte vers la Médina.
Des ruelles blanches et bleues s'élèvent des miaulements.
Les mille chats de la ville ont senti sa présence.
Et tous se dirigent, d'une patte lente et silencieuse vers le cimetière musulman ,
au-delà des murs d'enceinte.
Ocres.
Blancs.
La lune se reflète sur les tombes blanches qui parsèment le champ de pierres,
le chant du ciel.
L'homme franchit la porte de la ville
la porte du cimetière
Et le champ de pierres s'anime lentement.
Les pierres s'étirent, font le dos rond, écoutent la nuit.
Puis marchent vers l'homme,
sous la lune,
devant la porte.
L'homme ouvre une valise.
Il rentre dans la valise, suivit par les chats.
La valise qui tombe d'usure soupire.
Le chat noir et blanc et l'autre, blanc et noir, ferment la valise,
laissant la ville des chats,
en proie
aux rats.