Roland Donald (car son père aimait beaucoup les dessins animés) Martin était un homme ordinaire. Il n’était ni beau, ni moche ; ni grand, ni petit. Il avait un peu d’embonpoint et un sommet de crâne qui commençait à se dégarnir. Rien que de très normal pour son âge. Sa voiture était des plus ordinaires également, le genre de voiture que la majorité des gens ne peuvent décrire que par sa couleur : blanche, et son aspect : usagé. Sa famille ordinaire se composait de sa femme, Marie-Élise, de ses deux enfants, Ludo et Léna et de lui-même bien sur. Marie-Élise, malgré son prénom composé qui sentait le vieil argent, était une femme ordinaire dont les parents avaient simplement voulu honorer deux grand-mères prévenantes et aimantes en donnant leurs deux prénoms à la première née.
Mais revenons à Roland, il avait pour sa femme et ses enfants un amour ordinaire, fait de bon et de mauvais moments, de disputes et de réconciliation. Il avait un emploi ordinaire, puisqu’il était technicien de contrôle qualité dans une entreprise d’électroménager. Tous les jours il se rendait à l’usine, il prélevait un lave-linge ou un four micro-onde, il le branchait et vérifiait que tout allait bien. Son travail bien que monotone n’était pas désagréable, il aimait plaisanter avec ses collègues, prendre une pause café et même s’il ne fumait plus, il se joignait parfois au groupe de fumeurs pour grappiller quelques minutes de pause, par-ci, par-là. Son jour préféré était, très ordinairement, le vendredi, puisque non content d’annoncer le week-end, le CE de son entreprise invitait chaque semaine monsieur Chaquin, le fermier d’à côté, à vendre ses nuggets de poulet fermier directement sur le parking. Les nuggets de poulet fermier de monsieur Chaquin accompagnés de sauce barbecue, Roland les rangeait dans son top cinq des nourritures les plus délicieuses et ce malgré les protestations des végans, qui venaient parfois jusqu’ici pour empêcher les employés de profiter de leur meilleure journée.
Roland menait la vie la plus ordinaire qui soit, il n’avait pas de maîtresse, pas de lourd secret, pas de passé sombre. Il ne prenait pas de drogue, il n’était pas malade et il payait ses impôts en râlant comme tout le monde.
Par un jeudi des plus banal, Roland monta dans sa voiture en sifflotant. Ce jour-là il avait découvert juste à temps une faille sur les mixeurs Mixo-fruits, la sécurité empêchant la lame de tourner si le couvercle n’est pas fermé ne fonctionnait plus depuis une modification du produit par ces jean-foutres de la task force : cost-reduction. Il avait pu prouver l’origine du problème et empêcher l’envoi de produits défectueux. Demain ce gros naze de Stéphane devrait retirer sa modification et expliquer pourquoi il n’avait pas demandé une vérification aux experts qualité avant de la mettre en œuvre et cette fois il ne pourrait pas se cacher derrière son ridicule rideau de cheveux blonds. Roland rit sous cape en mettant la clé sur le contact. Le moteur toussota avant de s’arrêter. Roland se concentra sur sa clé, la ramena en arrière avant de tenter un nouveau démarrage. Une nouvelle fois le moteur fit un bruit étrange avant de s’arrêter. À présent, il ne riait plus du tout. Il fit une troisième tentative qui se solda par un nouvel échec. À l’autre bout du parking, ce gros nul de Stéphane venait de monter dans sa voiture tunée et fit ronfler le moteur au premier tour de clé. Il accéléra au point mort pour faire un maximum de bruit avant de quitter le parking.
Roland, ulcéré par son comportement de débile, observa les divers voyants de son tableau de bord pour essayer de voir s’il n’y en aurait pas un allumé de plus que d’habitude. Il chercha pendant de longues minutes le petit levier pour ouvrir le capot. Lorsqu’enfin il entendit le déclic il sortit et leva la plaque métallique rendue brûlante par une journée passée au soleil. Il observa le moteur un moment, pendant que le soleil lui tapait sur le crâne.
- Hé ! Tu as besoin que j’te dépose ? demanda Sabine.
- Heu … non, répondit bêtement Roland.
- Ok, à demain alors.
“Mais pourquoi j’ai dit ça ???” se demanda Roland en se rappelant qu’il n’avait pas la moindre notion de mécanique automobile. Il soupira avant de refermer le capot et retourna s'asseoir dans sa voiture quelques instants. Le parking se vidait, une voiture après l’autre. Après une ultime tentative, comme si ouvrir le capot avait pu magiquement réparer le moteur, il dut accepter l’idée de laisser sa voiture sur le parking. Il attrapa son sac et ferma la voiture à clé. S’il se dépêchait il pourrait encore choper l’express de 18H11.
L’arrêt était à cinq minutes à pied. Il envoya un message à Marie-Élise pour la prévenir : “Voiture HS, je rentre en bus. Je t’aime.”
C’est alors qu’il remarqua que son téléphone n’avait presque plus de batterie. Génial, un trajet en bus sans même pouvoir jouer à Soul-Crusher.
- Monde de merde, murmura-t-il en franchissant la barrière du parking.
La route qui le séparait de l’arrêt de bus passait entre un bois et la ferme de monsieur Chaquin. Il n’y avait pas de trottoir, juste une bande d’herbe un peu boueuse en hiver coincée entre la route et le fossé. Une odeur d’animaux, de terre mouillée et de fumier flottait dans l’air. Les délicieux poulets couraient librement entre les divers bâtiments agricoles dont la ferme était composée. Roland n’avait jamais pris le temps de les observer en détail jusqu’alors. Certains étaient en bois, d’autres étaient recouverts de tôles métalliques, d'autres encore n'étaient que de simples abris en plastique transparent et ondulé. Tandis qu’il essayait de deviner le rôle de chaque bâtiment, il sentit son téléphone vibrer dans sa poche. À peine eut-il ouvert le message de Marie-Élise que l’écran devint noir.
- Batterie de mes deux ! maugréa Roland en rangeant l’appareil devenu inutile.
Il continua sa route à grandes enjambées et tout à coup il entendit :
- Hé mec, fais-moi sortir s’te plait ?
Étonné, Roland tourna la tête à droite et à gauche mais ne vit personne. Il fit un pas de plus mais la voix supplia derechef :
- Allez, tu vas pas me laisser comme ça !
À nouveau, il fit un tour d’horizon, mais il n’y avait personne :
- Qui est là ? demanda-t-il timidement.
- C’est moi, Franck. S’il te plait aide-moi à sortir.
Roland reprit son téléphone en main pour vérifier qu’il n’était pas en train de se faire mener en bateau par le haut parleur de son appareil, mais il était bien éteint et impossible à rallumer.
- Je connais personne qui s'appelle Franck en plus, maugréa-t-il en remettant l’appareil inutile dans sa poche. Bon, allez tu as eu une sale semaine, tu vas rentrer chez toi et ne plus penser aux voix désincarnées qui hantent le bord de route entre chien et loup.
- Mais mec, je suis pas une voix désincarnée, je suis juste là, regarde.
Cette fois Roland sursauta singulièrement effrayé.
- Merde ! s’écria-t-il. Qu’est-ce que tu me veux ?
Ses yeux, qui cherchaient désespérément la source de la voix, tombèrent sur un poulet qui, contrairement aux autres, tout occupés à manger des vers ou des grains répandus sur le sol, le regardait fixement.
- Tu me vois mieux là ? demanda le poulet.
Roland se retint de crier, mais il sentit son équilibre vaciller. Il s’agenouilla, puis s’assit à même le sol.
- Ça y est j’ai pété les plombs, murmura-t-il pour lui-même.
Il posa sa main à même le sol boueux, d’après le livre de chevet de Marie-Elise, le contact avec la terre devrait l'aider à reprendre ses esprits. Il était douloureusement conscient de l’eau tiède qui imbibait son pantalon et mouillait ses mains, ainsi que de la sueur qui coulait le long de son cou. Il se sentait étonnamment léger, comme si la gravité consciente de son malaise s’était décidée à lui accorder une petite pause. Il leva les yeux au ciel et se cramponna à une touffe d’herbe craignant d’être aspiré par le vide au-dessus de lui.
- Mon gars, quand t’auras fini ta crise existentielle, tu pourrais me donner un coup de main, j’ai vraiment besoin que tu me fasses sortir de là.
Roland ramena son regard sur le poulet.
- C’est pas que je veux te presser, mais j’ai pas toute la journée.
- Tu parles ? demanda-t-il à l’animal.
- Soit je parle, soit tu entends des voix. Choisis ton poison, répondit le poulet sans le lâcher du regard.
Roland avait le tournis, un millier de questions se bousculaient dans sa tête :
Suis-je fou ?
Les poulets ont'ils toujours parlé ?
Combien de poulet parlant ai-je déjà mangé ?
Peut-on savoir si l'on est fou ?
Combien de familles de poulets ont été brisées par mon goût pour la viande ?
Les végans auraient-ils finalement raison ?
Y a-t-il un cercle de l'enfer réservé spécialement pour les gens comme moi ?
Ceux qui sont bien contents d'ignorer que les poulets parlent pour continuer à les manger ?
Est-il trop tard pour changer ?
Le souffle court, il sentit sa vision se troubler. Avait-il finalement atteint sa limite ? Il savait qu’il jouait avec le feu en arrêtant la cigarette et le café alors qu’il était si fatigué. Serait-ce la fin ?
Non. Hors de question d’accepter ça. Roland se gifla, répandant de la boue sur son visage et sa chemise. Il allait s’attaquer à ce problème comme l’homme rationnel qu’il savait être.
Il respira lourdement et sa vision s'éclaircit quelque peu.
- Depuis quand les poulets parlent ? demanda-t-il finalement à son improbable interlocuteur.
- Les poulets ? répéta ce dernier. Non y'a que moi, mais ma grand-mère était un perroquet, c’est elle qui m’a tout appris.
- Ok, donc ça va, dit Roland en hochant la tête, rassuré. Et pourquoi tu ne veux pas rester ici avec ta famille ?
Le poulet tourna la tête à droite, puis à gauche.
- C’est pas vraiment ma famille. Je squatte depuis un bail, ils m’ont pris pour un oncle qu’ils avaient perdu de vue depuis longtemps. Tu penses bien que je les ai pas détrompés. Non seulement la bouffe ici c’est à l'œil, mais en plus les poulettes sont chaudes comme la braise. Je leur fais leur fête à tour de rôle ! et elles sont même pas jalouses.
Le poulet rit de bon cœur à l’évocation de ses souvenirs.
- Rien que d’en parler ça me donne envie d’en griller une. T’as pas une clope ?
- Non j’ai arrêté.
- Merde, pas grave. Bon alors tu me ferais sortir ?
Roland analysa sa situation. Si ce poulet disait la vérité, alors il lui suffisait de le faire sortir et il s’en irait. Après ça il ne resterait qu’un bus à attraper et quelques habitudes alimentaires à changer. Pourquoi je suis couvert de boue Sabine ? J’ai glissé comme un idiot ! Ha Ha Ha Ha !
- Ok ! Ok, dit Roland rassuré. Je te fais sortir.
Il se releva difficilement et manqua de glisser dans la boue. Il essaya de se pencher par-dessus la barrière, mais elle était trop haute, ou ses bras trop courts pour atteindre Franck.
Il recula pour réfléchir, une branche d’une belle taille traînait au sol de l’autre côté de la route. Comme dans un rêve il s’avança.
Le bruit violent d’un klaxon le fit sursauter. Une voiture déboula en trombe et passa si près de lui qu’il sentit l’air poussé par cette dernière souffler sur son visage. Roland ravala un juron, prit le temps de vérifier la route des deux côtés et se hâta de traverser. De retour, la branche en main il l’abaissa de l’autre côté de la barrière. Franck s’y cramponna avec ses serres et Roland prenant appui sur la barrière fit levier pour soulever le volatile. Alors qu’ils étaient presque parvenus à leur fin, une voix pleine de colère s’écria :
- Voleur !
Roland tressaillit et Franck glissa puis se rattrapa de justesse la tête en bas. À quelques dizaines de mètres de là, monsieur Chaquin marchait difficilement pieds nus dans leur direction.
- Qu’est-ce qu’on fait ? demanda Roland les bras crispés de peur. Il voyait déjà sa vie se terminer en prison, Marie-Elise effondrée de tristesse trouvant le réconfort dans les bras d’un autre pendant que Ludo et Léna lui rendaient visite en cabane de moins en moins souvent.
- Mais fais-moi sortir, grand couillon ! s’écria le poulet la tête en bas, battant inutilement des ailes.
Tremblant de tous ses membres, Roland remonta la branche puis saisit l’animal.
- Lâchez ce poulet ! Rabouin ! Voleur ! Franck tu finiras en poule au pot espèce de fils de pute ! s’écria monsieur Chaquin qui avait renoncé à les poursuivre, mais avait attrapé son fusil.
Roland traversa la route en courant, manquant de peu de se faire tailler un short par un camion qui klaxonna généreusement à son égard. Il entra ensuite dans le bois au moment où une puissante détonation retentit. Roland se lança à corps perdu entre les arbres. Il évita les troncs et branches basses de justesse, accrochant ses vêtements dans les ronces. Il tordit sa cheville et fut forcé de ralentir.
Hors d’haleine il s’appuya contre un arbre.
- Pas si fort, tu m'écrases ! dit Franck dans un murmure étouffé.
Roland desserra sa prise sur son compagnon et le posa sur une souche avant de s’effondrer au pied de l’arbre.
- Mec, faut vraiment que tu fasses quelque chose, on a couru cent mètres et t’es au bout de ta vie.
Roland essuya la sueur de son front et répondit :
- Ça a bien failli être le bout de ma vie ! Il nous a tiré dessus ce cinglé. Pourquoi il te déteste tellement le fermier ?
- Ha c’est une longue histoire, mais je vais pas t’embêter avec ça. Si on marchait un peu histoire de ne plus être à portée du fusil ? proposa Franck en sautant dans les bras de Roland.
Ce dernier se releva et marcha quelques minutes de plus pour finir de traverser le bois et rejoindre la route. Ils progressèrent en silence vers l’arrêt de bus le plus proche. Roland reprenait son souffle, mais insista :
- Je voudrais quand même bien savoir pourquoi on m’a tiré dessus.
- Ho ! Tu vas pas faire une fixette parce qu’un mec t’a tiré une bastos ?
Roland lui lança un regard sidéré.
- Bon ça va, il m’accuse d’avoir violé le chien.
Roland eu l’impression de marcher dans le vide pendant quelques pas avant de demander :
- Et c’est vrai ?
- Bah évidemment que non, je suis pas PD !
- Mais alors pourquoi il t’accuse ? demanda Roland.
Franck tourna la tête à cent quatre-vingt degrés pour lui faire face.
- Ha ça, c’est que mercredi, il avait laissé une fenêtre de la maison ouverte, et le whisky sur la table. Faut me comprendre j’avais pas bu un coup depuis super longtemps. Bon j’ai commencé à boire des coups et le lendemain je me suis réveillé sur la table de la cuisine avec une gueule de bois de tous les diables et le chien était roulé en boule sous la table, à trembler comme une feuille morte.
Au loin, ils aperçurent les phares d’un bus. Roland se mit à courir. Le bus arriva presque en même temps qu’eux à l’arrêt et il dû puiser dans ses dernières forces pour atteindre la porte avant qu'elle ne se referme. Il monta et fit bipper sa carte de transport en commun en saluant le chauffeur d’un bonjour essoufflé. Ce dernier le dévisagea en ramenant une dreadlock en arrière. Roland eu besoin de suivre son regard pour se souvenir de l’improbabilité de sa situation :
- Il faut payer une deuxième place pour les animaux domestiques ? demanda-t-il en rougissant.
Le chauffeur soupira et fit non de la tête en lui indiquant d’entrer :
- Par contre, s'il salope un siège, vous nettoyez !
L’heure de pointe était passée, il fut donc aisé de trouver une place isolée. Roland s’assit et regarda le poulet qu’il portait toujours. L’animal était silencieux. “Pourquoi avez-vous volé ce poulet ? C’est lui qui me l’a demandé monsieur l'agent”. Comment avait-il pu se laisser emporter par une telle folie ? “Il me faut une clope” pensa-t-il. Il tâta ses poches en vain, lorsqu’il avait arrêté Marie-Élise avait jeté tous ses paquets. L’animal tourna la tête à cent quatre-vingt degrés pour le regarder droit dans les yeux.
- Putain j’y crois pas ! tu nous as fait monter dans le bus d’un nègre.
Roland étouffa un cri, mais ressentit un étrange soulagement. Tant que Franck continuait de parler il pouvait prouver qu’il n’était pas fou.
- Attends … quoi ? On parle pas comme ça, s’offusqua Roland.
- Ho ça va. Ça veut juste dire noir c’est pas une insulte, minimisa Franck.
- Mais qu’est-ce que tu as contre les noirs ?
- Ce que j’ai contre, ben c’est des mangeurs de poulet. Tu as vu celui-là comme il me regardait en léchant ses grosses lèvres, une seconde de plus et il m’aurait bouffé tout cru.
Roland était sur le point d’argumenter, mais il renonça et changea de sujet :
- Du coup tu es sûr de ne pas avoir touché ce chien ?
- Sûr … t’en as de bonnes toi ! J’étais bourré. Ce dont je suis sûr c’est que je suis pas PD, répondit Franck.
- Et pourquoi il ne t’a pas zigouillé tout de suite le fermier ? demanda Roland avec une pointe de regret qu'il ne parvint pas totalement à supprimer de sa voix.
- Il a essayé, mais je me suis planqué, quand je t’ai vu passer, j’ai saisi ma chance.
La lumière du jour diminua lorsque le soleil disparut derrière les montagnes. Roland resta silencieux. Quelques minutes plus tard, alors qu'ils passaient devant de grand champs bordés d'arbres, Franck annonça :
- C’est mon arrêt, porte-moi vers les arbres là-bas, à côté du maïs.
Roland descendit du bus en remerciant le chauffeur. L’abri bus était situé dans une zone agricole enclavée entre la zone industrielle où se trouvait son usine et la petite ville où il habitait avec sa famille. Il porta Franck jusqu’aux arbres qui bordaient un champ de maïs et le posa sur le sol. Il recula d’un pas attendant que ce dernier le remercie, mais Franck s’attela à couper une tige de maïs. Le bruit d’un animal sauvage résonnait. Un sanglier sortit du champ et continua d'avancer en reniflant bruyamment.
- Hé retourne chez toi sale voleur ! s’écria Franck.
Comme l’animal ne répondait pas et s’approchait toujours du maïs, Franck saisit un caillou dans sa serre et le jeta sur le sanglier.
- Casse-toi connard ! s’écria-t-il.
Le sanglier touché à l'œil par le caillou retourna sa grosse tête velue vers Franck et lui fonça dessus.
- Ho merde ! Ho merde ! S’écria Franck en se réfugiant dans un arbrisseau tout juste assez haut pour échapper à son poursuivant.
Le sanglier se mit à cogner contre le frêle tronc et plusieurs feuilles tombèrent.
- Aide-moi ! Tu vas pas me laisser crever comme ça, s'égosilla Franck.
Roland attrapa un bâton, mais s’arrêta brusquement.
- Non, d’abord je veux savoir ce qu’il s’est passé avec ce chien.
- Mais puisque je te dis que je m’en souviens pas. Allez, fais pas ta pute, donne moi un coup de main.
Le sanglier cogna à nouveau et l’arbre trembla.
- Tu parles, ou tu te débrouilles avec le sanglier, répondit Roland.
- C’est toi qui m’a amené ici, tu dois me sortir de là ! Après je te dirai tout ce que tu veux ! hurla Franck qui avait glissé et était maintenant dangereusement proche de son ennemi.
- Bon, je vais y aller, dit Roland en faisant mine de retourner vers l’abri bus.
- Ok ! Ok ! c’est vrai, j’ai niqué le chien. Mais c’était juste une fois, pour voir, je suis pas PD. Voilà t’es content ?
Roland frappa le sol de son bâton pour attirer l’attention de la bête. Le sanglier lui fonça dessus sans prévenir. Il faucha sa jambe gauche, le jetant à terre. L’animal se retourna et se prépara à lui porter un nouveau coup en visant cette fois sa tête. Roland parvint à se relever juste à temps pour l’éviter. Le sanglier fit un nouveau pivot, mais désorienté, il hésita à charger une fois de plus.
Pris d’une soudaine inspiration, Roland cria de toutes ses forces, frappa le sol avec son bâton comme un fou et finalement fonça sur l’animal. Ce dernier tourna les talons et s'enfuit sous les arbres.
Roland épuisé s’assit au pied d’un arbre et observa sa jambe. La défense du sanglier avait déchiré son pantalon et griffé sa peau tout le long du tibia. Il avait de la chance de ne pas avoir une jambe cassée.
Franck monta sur son torse et demanda :
- Ça va ?
- Oui, je me repose une minute et ensuite je m’en vais et je ne veux plus jamais te revoir, répondit Roland.
- D’accord, parfait, murmura le poulet les yeux fixés sur sa propre serre. Il y a juste un problème, continua-t-il sur un ton plus sombre. Personne ne peut savoir que j’ai niqué un mec.
Il empoigna brusquement le cou de Roland dans ses serres et écrasa de toutes ses forces.
- Je peux pas prendre le risque que tu racontes ça à tout le monde. Je suis pas PD, cracha-t-il.
Les lumières de la ville s’allumèrent alors que la nuit tombait. Une brise légère poussa l’odeur d’un feu de cheminée. Sur la voix rapide, à quelques distances de là, les voitures ronroraient dans l'air du soir.
- Qu’est-ce que tu crois être en train de faire ? demanda Roland, pas le moins du monde incommodé par la vaine tentative de Franck.
- Je te tue, alors crève, répondit le poulet.
- Non ! Toi tu crèves ! Il saisit le cou de l’animal entre ses deux mains et se releva. Je veux pas d’un salopard dans ton genre à proximité de mes enfants.
- Non, déconne pas ! On peut s’arranger ? supplia Franck. Je pourrais …
D’un geste sec il étira le cou du poulet. Un craquement sinistre se produisit et le corps de l’animal devint flasque dans ses mains.
Roland laissa tomber le poulet mort au sol et retourna vers l’arrêt de bus.
- Qu’est-ce que je vais dire à Marie-Élise moi ? se demanda-t-il.
FIN
Et bonne année !
Je ne sais pas si ton texte souhaite "tordre le cou" à tout ce que représente ce poulet pour nos sociétés (on se demande pourquoi ce poulet est si cru et borderline d'ailleurs), en tout cas je l'espère :)
Merci pour le partage !
...
Et si vous vous demandez pourquoi j'en ai écris un texte c'est car je pense que l'argument (pro végan) présenté dans la vidéo en lien ci-dessous est fallacieux :
https://www.youtube.com/watch?v=PKduzmo1aNs&t=9s
Et non, du coup, le poulet ne représente pas vraiment un problème de la société, même si chacun est libre d'interpréter le texte comme il le souhaite.
Bonne journée
Sa voiture était des plus ordinaire => ordinaires
malgrè son prénom => malgré
fait de bon et de mauvais moment => moments
au groupe de fumeur => fumeurs
Mr Chaquin (plusieurs occurrences) => M. Chaquin
poulet fermiers => fermier
monsieur Chaquin => écrit monsieur et Mr (M.), il faudrait choisir une écriture
de cheveux blond => blonds
il dût accepter => dut
Les délicieux poulets courraient librement => couraient
fait moi sortir => fais-moi
aide moi à sortir => aide-moi
une voix désincarné => désincarnée
tout occupé à manger => occupés
murmura-t-il pour lui-même.Ç => Supprimer le "Ç"
la gravité consciente de son malaise s’était décidé => décidée
les yeux aux ciel => au ciel
craignant d’être aspirer => aspiré
que tu me fasse => fasses
demanda-t’il à l'animal => demanda-t-il
Roland avait le tourni => tournis
Les poulets ont'ils => ont-ils
Combien de famille de poulet ont été brisée => familles, poulets, brisées
Y-a-t'il un cercle => Y a-t-il
Ceux qui sont bien content => contents
y'a que moi => y a
je les ai pas détrompé => détrompés
qu’il sentit l’air poussé par cette dernière soufflait sur son visage => souffler
Roland ravala un juron, pris le temps => prit
prenant appuie => appui
Alors qu’ils étaient presque parvenu => parvenus
Marie-Elise effondré => effondrée
fait moi sortir => fais-moi
Franck tu finira => finiras
Monsieur Chaquin => écrit avec et sans majuscule, et Mr (M.)
Ils nous a tirés dessus => Il, tiré
évidement que non => évidemment
cent quatre vingt degrés => quatre-vingt
et dû puiser => et il dut puiser (sinon le sujet est le bus)
mais ressenti => ressentit
il ne t’a pas zigouiller => zigouillé
je t’ai vu passé => passer
portes-moi => porte-moi
Hé retournes chez toi => retourne
s’écria-t-il => il manque un point
Aller fais pas => Allez
donne moi => donne-moi
de ne pas avoir pas une jambe cassée => supprimer le deuxième "pas"
déconnes pas => déconne
un craquement => Majuscule (début de phrase)
En espérant que ça t'aide !
Je n'attend rien de particulier des lecteurs, j'espère que quelqu'un en rira c'est tout.
Merci pour ton commentaire, merci encore pour la relecture assidu et bonne journée.
Merci encore Tizali pour votre aide.