Jour 17, 3e mois, an 1132 de l’Ère
Vous qui lisez cette lettre, ignorez probablement tout de moi. Sachez que j’ai écrit ces lignes ici, sur l’Âge de Dorelen. Je suis l’un des fondateurs de cet Âge destiné au recrutement des apprentis pour les guildes mineures. Cette œuvre est le seul acte de noblesse que je puis créditer à mon existence. J’ai longtemps trouvé refuge dans ce monde sans soleil, où j’ai veillé sur les mécanismes pour fuir mes remords, mais j’y renonce.
Lisez, jugez-moi si vous le souhaitez. Bien que quelques pages manquent à ce journal, j’y ai rassemblé l’essentiel de ma confession. Je vous demande seulement de transmettre ces feuillets aux autorités D’ni, pour que cette tragédie trouve sa conclusion.
Demaril, maître de la guilde des horlogers D’ni.
Premier jour dans l’Âge des guildes mineures, encore sans nom. Arrivé par la salle de liaison, j’ai ressenti le silence lourd des mondes nouveaux. Le quai de pierre, humide des brumes, m’a rappelé l’étrangeté de l’Art de l’Écriture des Âges : tout ici porte la marque de l’inachevé, du possible.
Le complexe central, entrelacs de galeries ouvertes sur l’eau, baigné par la lumière des algues, m’a accueilli. Mon bureau provisoire est modeste, mais apaisant, loin des tumultes de la Cité. Je resterai ici pour concevoir les salles de ma guilde, cette ambiance aquatique m’apaise.
Je dois aussi surveiller la stabilité des structures nouvellement Écrites afin de rapporter toute anomalie à l’Écrivain de la guilde. C’est un apprenti, Nirel, qui a accepté de nous épauler sur cet Âge pour parfaire sa formation.
J’ai esquissé quelques idées pour les mécanismes, mais j’attends Fay’rehm, maître architecte. Cela fait si longtemps que je n’ai pas collaboré que l’anxiété me gagne. Je dois revenir à des relations simples et sincères. Fay’rehm se dit heureux de notre association. Ce complexe lui tient à cœur, et à moi aussi, étrangement… J’aime cet âge, sa lumière dorée, cette étendue d’eau à perte de vue… et même les espèces vivantes qui se développent ici sous la protection du maître zoologue Meloahn.
Le complexe est en grande partie souterrain, conçu pour acclimater une algue luminescente du Lac d’Ae’Gura, dont la lumière douce rassure.
Pourquoi tant d’Âges D’ni sont-ils sans soleil ? Ce n’est pas un hasard. Nés dans la grande Caverne, loin de la lumière directe, nos yeux et notre culture se sont façonnés à l’ombre, à la lueur des algues. Un soleil éclatant serait pour beaucoup d’entre nous source, et même synonyme de douleur. J’ai compris récemment que l’Art de l’Écriture ne crée pas ces mondes, il tisse un lien vers un Âge déjà existant sur l’Arbre des Possibilités et ce sont les désirs secrets des Écrivains qui relient intuitivement des Âges clos, baignés d’une lumière diffuse, reflet de notre identité.
Meloahn vient de m’annoncer la découverte d’un squelette gigantesque sous la baie intérieure. Lorsque les lampes sont éteintes, une faible lumière émane des os, comme une arche blanche au-dessus de l’eau d’ambre. Jamais je n’ai vu de vestige aussi imposant : la colonne vertébrale mesure plus de cent vingt pas, certainement celle d’un animal de l’ancien écosystème. Meloahn propose d’ériger la salle commune autour de cette créature majestueuse, ce que j’approuve.
Depuis la découverte, mes compères et moi avons nommé notre Âge Dorelen, de dor lumière et elen croissance, préférant ce nom à Tesharen, « Lieu d’apprentissage ».
Nous avons aussi achevé la conception de l’épreuve initiale qui sélectionnera les apprentis. En tant que maître horloger et principal mécène, on m’a laissé cet honneur. Mais la tâche dépasse la seule horlogerie car mes Compères souhaitent que cette épreuve révèle aussi les aptitudes recherchées par les autres guildes. J’ai alors conçu un dispositif à plusieurs niveaux. D’abord la reconstitution d’un mécanisme complexe pour tester logique et minutie, puis un système de leviers et contrepoids, pour évaluer l’œil des bâtisseurs, et enfin, un compartiment secret, à ouvrir en identifiant les matériaux organiques, pour les zoologues. La mise en œuvre commence bientôt. Cette perspective me redonne un souffle auquel j’avais renoncé.
Il y a des rouages que l’on ne parvient jamais à remonter. Depuis la disparition d’Iledre, chaque battement de mon cœur résonne comme un engrenage brisé. Sa mort n’a jamais été un simple accident. Ce jour-là, sous la pierre effondrée, c’est la main invisible de la haute aristocratie qui a scellé son sort. J’ai cherché la vérité, mais à Ae’Gura, la justice s’arrête là où commence l’influence des puissants. Pire, je découvris que les manigances et les jeux d’ombre constants de Nagfald, le maître que je servais, avaient rendu possible ce sabotage dont mon épouse fut la victime innocente. Oh, comme je l’ai haï pour son inconséquence !
Si l’on a fait appel à moi pour la réalisation de ce complexe, je sais bien que c’est d’abord à ma fortune que je le dois. L’argent peut bien des choses… et bien des choses passent sous silence quand elles sont étouffées par un substantiel bâillon. La première fois que Nagfald, mon maître, me fit entrer dans la demeure très fermée de la plus vénérable famille de la Cité. Je l’accompagnais comme auxiliaire car un grand artisan ne se présente jamais seul… Officiellement, nous venions exhiber les talents de notre atelier à une Famille que nous espérions compter parmi nos mécènes prestigieux. Je devais aussi confier un pli scellé à un serviteur de la maison et attendre une réponse, on ne m’avait rien dit de l’affaire en question.
Mon maître avait conçu le plus bel objet de précision, un insecte mécanique, un superbe scarabée bleu irisé si délicat qu’il évoquait la vie même. Les mécaniques étaient les plus fines que j’aie vues, faites d’un métal incorruptible et léger : elles étaient si subtiles que la moindre imperfection aurait été fatale au fonctionnement… J’étais fier de le présenter, en compagnie du maître, à cet illustre aristocrate. L’objet se présentait sur un coussin de soie. Le noble D’ni avait soulevé le petit insecte entre l’index et le pouce, l’avait retourné pour l’examiner, puis l’avait tendu à son jeune fils qui arrivait, suivi d’un serviteur avec un animal tenu en laisse. Sans se départir de son austérité, il lui lut les instructions qui lui permettraient de faire fonctionner cette énigme mécanique. Le fils battit des mains, essaya plusieurs combinaisons, fronçant les sourcils, et finit par comprendre comment les pattes de l’insecte devaient être placées avant d’appuyer sur le déclencheur. Le scarabée émit un bourdonnement lorsqu’il agita ses ailes moirées. L’enfant sourit largement puis posa l’insecte frétillant à même le sol. Les yeux de son animal s’allumèrent et ses griffes s’abattirent sur le fragile mécanisme. L’enfant riait aux éclats. Chacun affichait un large sourire ; mon maître pâlit à peine.
Amer, je m’écartai discrètement du groupe pour remplir ma seconde mission. Derrière le mur, le serviteur me tira par la manche. Nous nous regardâmes quelques secondes, puis je lui tendis le message : « pour votre maîtresse ». Il plissa les yeux et disparut. Je guettais fébrilement pendant l’attente. Ce fut une servante qui revint, porteuse d’une lettre au papier veiné de rose et d’or qu’elle glissa en rougissant dans ma veste, puis me poussa vers la grande salle où la scène se prolongeait. Mon maître me consulta du regard, j’opinai, il prit congé. Le noble adopta un air affable et nous livra le contenu d’un petit coffre. Ainsi la richesse pouvait tout excuser. Et que dire des relations…
Peu de temps après, un messager apporta la nouvelle : le roi autorisait l’ouverture des guildes mineures. Nagfald rayonnait, déjà prêt à officialiser la Guilde des Horlogers. J’étais son second.
Notre atelier devint du jour au lendemain le cœur de la guilde, je supervisais le recrutement des puînés de la Noblesse, même les fils-à-papa pouvaient nous être utiles. Certains étaient des rejetons adultérins de Nagfald — je l’aurais juré ; il ne le nia pas — mais semblaient l’ignorer. Cela m’amusait. Honte à moi.
Ce matin, nouvelle lettre : Lerbat réclame de l’argent, étonnant…
Malgré moi le souvenir de ce terrible soir me revient comme le balancier d’une horloge régulière.
La Cité nous a commandé une horloge géante pour la place principale. Le jour de l’inauguration, les figures mécaniques devaient tenir des feux d’artifice et impressionner le public. Nagfald devait apparaître lors du premier tour de l’horloge, comme s’il était un automate. Son triomphe. Puis il remettait la symbolique clef de cette horloge au roi lui-même.
Modifier légèrement les réglages était si facile, cela aurait suffi à faire fuir la foule et à discréditer Nagfald. Je voyais déjà les visages effrayés du premier rang… je n’imaginais certainement pas Nagfald en feu !
Mais mon maître est revenu ce soir-là, sous le pavillon du chantier, alors que je venais tout juste d’achever mon remaniement. Je me précipite vite dans l’ombre d’une petite alcôve. Près de l’horloge, les caisses sont déjà ouvertes avec les feux d’artifices prêts à servir. D’un tour de clef, Nagfald entrebâille la trappe, prend la place qu’il occupera le lendemain. Le mécanisme s’enclenche… et au même instant, un engrenage de désastre me fige dans mon recoin sombre.
Alors j’entends la rotation des mécaniques, contrariée par mon intervention, qui cède sous la pression et propulse la roue principale sur les rouages secondaires, dont l’assemblage se bloque de nouveau, semble éternuer... Nagfald tente de sortir en catastrophe de ce piège, trébuche sur les caisses, la lampe qu’il tient s’écrase sur les explosifs… Qu’ai-je fait ?
Les yeux écarquillés, Nagfald auréolé de flammes porte la main à son cou transpercé, il ouvre et ferme la bouche comme un poisson sorti de l’eau. Ce visage grotesque… je le revois dès que je ferme les yeux.
Les funérailles furent discrètes. La Guilde devait susciter l’admiration, non la pitié. Les pièces remarquables épargnées par l’incendie furent recyclées. J’ai feint la surprise à l’annonce de la mort de mon maître. Un tragique accident, voilà ce que tout le monde a voulu voir.
J’ai revêtu la robe de maître sans tressaillir, ne ressentant ni joie ni peine, seulement un feu glacé.
Nagfald m’apparaissait sous les couleurs les plus sombres. Je l’avais envié, je le haïssais. Sa disparition me sembla justice. Je pris naturellement sa place.
Une semaine après ma nomination, la première lettre de Lerbat arriva. Je me rendis à Ae’Gura pour le confronter. Il m’a exposé ses preuves. Il savait que ce n’était pas un accident, que j’aurais pu empêcher une mort atroce, que j’ai profité de la situation.
Je ne peux tout risquer maintenant, il faut que Dorelen soit achevé. Mes compères y tiennent trop pour que je l’abandonne. Lerbat n’a pas le sens moral solide, je lui donnerai donc encore ce qu’il veut pour prix de son silence. Nul ne doit payer pour moi.
Lorsque fut mis au jour le squelette géant, il m’est apparu comme bien plus qu’une curiosité. Ses os luminescents, veillant sous la pierre, sont devenus le symbole de tout ce que notre peuple a tenté d’enfouir : fautes, secrets, culpabilité d’une aristocratie aveuglée par sa grandeur. Ce vestige colossal rappelle que rien ne demeure caché à jamais.
Que ce cogito éclaire le chemin des jeunes D’ni qui franchissent les portes de Dorelen. Puissent-ils, à la vue de ce géant endormi, se souvenir que chaque rouage mal placé, chaque secret dissimulé, finit toujours par reparaître. Que l’avenir des guildes se construise dans la transparence, la vigilance et l’humilité de l’ombre.
À présent que l’Âge de Dorelen a été inauguré, plus personne ne dépend de moi, il est temps de répondre de mon crime. Mon second Zarel, descendant des Kerathen, prendra avec habileté la tête de notre guilde.
J’ai rendez-vous ce matin près de l’allée de Tokotah, pour rencontrer mon maître-chanteur… Je me demande quand même où se trouvait ce Lerbat, lorsque j’ai modifié l’horloge : il a vu ce que je faisais, et n’a pas bougé… Je lui annoncerai que je suis prêt à avouer ce qui s’est passé ce soir-là. Je mets fin à mon imposture.
Le seul soleil dont je veux me souvenir est le sourire d’Iledre.
Ton texte m'a donné envie d'en savoir plus sur le jeu Myst qui semble proposer un univers riche. J'ai particulièrement apprécié la présence du squelette géant et le symbolisme que le narrateur y attache.
Bonne continuation
Quelques remarques au fil de ma lecture :
« Le quai de pierre, humide des brumes, m’a rappelé l’étrangeté de l’Art de l’Écriture des Âges : tout ici porte la marque de l’inachevé, du possible. » -> intriguant...
« J’ai compris récemment que l’Art de l’Écriture ne crée pas ces mondes, il tisse un lien vers un Âge déjà existant sur l’Arbre des Possibilités et ce sont les désirs secrets des Écrivains qui relient intuitivement des Âges clos, baignés d’une lumière diffuse, reflet de notre identité. » -> okay, je comprends mieux ce qu’il se passe x)
« Depuis la disparition d’Iledre, chaque battement de mon cœur résonne comme un engrenage brisé » -> j’aime bien la métaphore horlogère, ça colle à ton personnage !
« mais à Ae’Gura, la justice s’arrête là où commence l’influence des puissants » -> comme souvent.. :’))
« La première fois que Nagfald, mon maître, me fit entrer dans la demeure très fermée de la plus vénérable famille de la Cité. Je l’accompagnais comme auxiliaire » -> j’aurais lié les deux phrases avec une virgule...
« Nagfald devait apparaître lors du premier tour de l’horloge, comme s’il était un automate. » -> je sens le sabotage... (par contre, j’ai pas trop compris pour le narrateur voulait le discréditer ? (*))
« Je me demande quand même où se trouvait ce Lerbat, lorsque j’ai modifié l’horloge : il a vu ce que je faisais, et n’a pas bougé… » -> haha, oui, ça l’incrimine aussi...
Hihi, copine d’inspiration tirée d’un jeu x)
(*) après avoir écrit ça, je me suis dit que c’était par vengeance pour le rôle que Nagfald avait joué dans la mort d’Iledre, c’est ça ? Mais en fait, y a un petit souci, je crois, au niveau de la concordance des temps : on oscille entre passé (imparfait / passé simple) et présent (+ passé composé), et du coup il est assez difficile de savoir à quel moment dans le temps on se trouve avec chaque passage... J’aurais aimé, je dirais, un fil conducteur plus clair (raconte-nous-t-il la création de l’Age du recrutement, ou de sa relation avec son maître, suivi du sabotage / meurtre ?) et des scènes / évènements qui s’enchaînaient plus logiquement, du coup...
Au-delà du concept de base de ce monde souterrain (enfin, je crois bien qu’ils sont en sous-sol ?? vu que tu dis, et dans le texte et dans les notes de l’auteur, que ce peuple fuit le soleil) c’est vrai que le thème du concours n’est pas forcément très explicite, mais il y a aussi une dimension un peu métaphorique sur l’ombre et la lumière, mensonge et vérité, gloire et discrétion... et puis la dernière phrase, avec le sourire de celle que le narrateur aime / aimait. (D’ailleurs, il dit que « Cette œuvre est le seul acte de noblesse que je puis créditer à mon existence » en parlant de l’Âge qu’il a créé, mais son amour, alors... ?)
J’admire aussi la clarté avec laquelle tu nous introduis ce qui semble être l’univers bien complexe de ce jeu (que je connais pas) : j’ai eu un peu peur au début quand tu parlais des Âges, mais du coup c’est une ode au pouvoir de création de l’esprit, c’est un peu ça ? Des gens « écrivent » et inventent un système, et ce système est greffé à ce qui existe déjà... Ici, donc, le narrateur a en fait créé un système de recrutement, si je ne m’abuse. Mais tout le vocabulaire autour de ça, c’est vraiment intéressant ; ça permet de faire naître une culture différente de la nôtre, puisqu’ils ne considèrent pas les choses de la même façon...
Merci du partage !
Merci beaucoup pour ton commentaire analytique, c'est très précieux 😊
« okay, je comprends mieux ce qu’il se passe x) » : l'explication a du être écourtée faute de place, j'espérais qu'on comprendrait à peu près (ce qui semble être le cas) ☺️
« j’aurais lié les deux phrases avec une virgule... » : --> bien vu pour la virgule, c'est ce qui arrive quand on reformule sans se relire à fond 😅
« Hihi, copine d’inspiration tirée d’un jeu x)»: --> oui, j'ai vu 😁 Personnellement ça peut m'inspirer autant qu'une autre oeuvre d'art 🥰
« y a un petit souci, je crois, au niveau de la concordance des temps : on oscille entre passé (imparfait / passé simple) et présent (+ passé composé), et du coup il est assez difficile de savoir à quel moment dans le temps on se trouve (...) » : --> oui, je craignais qu'on ne comprenne pas bien le souvenir douloureux de la mort d'Iledre, un passage que j'ai maintenu pour constituer un mobile, et qui lui revient au moment où il reprend goût à la vie. Après coup je l'aurais déplacé après le récit des manigances de Nagfald, pour un enchaînement chronologique plus aisé, et j'aurais précisé en une phrase pourquoi le narrateur se sent également coupable de sa mort. Ce qui explique que seul l'Âge qu'il finance et conçoit puisse être sa fierté. J'ai aussi fait l'erreur d'enlever les dates du journal.
« c’est vrai que le thème du concours n’est pas forcément très explicite, mais il y a aussi une dimension un peu métaphorique sur l’ombre et la lumière, mensonge et vérité, gloire et discrétion... et puis la dernière phrase, avec le sourire de celle que le narrateur aime / aimait. » : --> exactement ! le thème du soleil est partout, avec un jeu de contraste entre notre perception du soleil (lumière, vérité) et celle des D'ni (souffrance, arrogance). Après voilà, j'ai choisi une interprétation a-dynamique du thème, le "pas de soleil" est un état, pas une transformation. Et je vois bien que c'est à l'opposé de la plupart des textes qui l'ont interprété comme un manque.
Merci pour tes remarques et ta lecture attentive. D'après ce que tu dis, j'ai pu faire passer l'essentiel du concept, ouf soulagée 🤗😅
Je ne connais pas ce monde et malheureusement je suis restée un peu en dehors de cette histoire. Je ne me suis pas attachée à ce qu'il se passait, restant spectatrice de ces fragments.
Par ailleurs, je n'ai pas retrouvé le thème du concours dans l'histoire (hors dans le paragraphe d'avant-propos) ?
Néanmoins, ce monde semble intéressant !
Merci pour le partage ! :)
Merci beaucoup pour ton commentaire impressif. 😊
Le texte est très réussi, et me donne envie de creuser le monde qui le soutend. Qu'est ce que c'est que ces écrivains ? Les âges, etc...
Je regrette de ne pas avoir bien compris deux trois détails (la lettre ?), mais pour ce qui est de l'immersion c'etait très bien exécuté. Le seul petit bémol pour moi est que le thèmz me parait lointain, car assez peu présent dans le récit, après d'autres auront d'autres avis.
Merci pour cette découverte et à bientôt !
Merci pour ta lecture et ton commentaire favorable 😊
Comme il y a deux lettres, je vais ajouter des précisions à propos des deux 😄
Mon idée de départ, c'est qu'on (=lecteur-ice) se rend sur l'Âge de Dorelen (on est un-e des étudiant-es, ou un-e explorateur-ice d'aujourd'hui, comme dans le jeu «Uru Ages Beyond Myst»), et qu'on trouve la lettre qui forme l'incipit du texte, laissée par un D'ni disparu au moment où on la lit. Il nous demande de transmettre sa confession afin qu'on sache toute la vérité au sujet de ce qu'il a fait. Le reste du texte est son journal de bord, qui devient peu à peu un journal intime dans sa retraite solitaire.
On y apprend qu'après le crime involontaire qu'il a commis avant son arrivée sur l'Âge, il reçoit des lettres d'un certain Lerbat qui le fait "chanter" durant plusieurs années. Et qu'il accepte de le payer jusqu'à ce que l'Âge en cours d'Écriture soit fini et inauguré.
En tant que co-concepteur de l'Âge (aidé par un Écrivain) il a imaginé un Âge sans soleil par tradition, car c'est un lieu destiné à la formation de jeunes D'ni (pas de raison d'être innovant, puisqu'il s'agit de les former à prendre la relève de la tradition D'ni). Dans ce contexte, l'absence de soleil est plutôt une norme qui respecte les anciennes formules, pas de quoi en rajouter dans le journal à ce sujet, ça aurait été peu logique 😉 en revanche j'ai essayé de glisser ça et là des éléments pour qu'on comprenne comment ils s'éclairaient sans soleil.
N'hésite pas à découvrir Myst et Riven, ces jeux ont été entièrement refaits par le studio Cyan il y a peu de temps. 🤗
Je je connais pas du tout cet univers, mais tu le retranscris très bien, il est très riche et tu arrives bien à y mettre les détails qu'il faut pour qu'on s'immerge dedans.
Je regrette que le thème du concours ait été assez peu développé, j'aurais aimé plus d'anecdotes sur comment faire à l'ombre. L'anecdote avec l'insecte métallique est très clichée, je pense l'avoir déjà vue ou lue plusieurs fois dans d'autres récits ou films. Peut être qu'une anecdote plus en rapport avec le manque de lumière de ce monde aurait été mieux à cet endroit (une anecdote autour du squelette par exemple).
Dans tous les cas j'ai apprécié cette lecture, merci pour le partage et pour l'effort pour que ceux qui ne connaissent pas l'univers réussissent à le visualiser !
Concernant mon traitement du thème du concours, j'ai opté pour une interprétation "passive", à l'opposé du «soudain, pas de soleil», plutôt un «il existe un monde où les gens s'en fichent». Les D'ni vivent loin du soleil par choix et par culture, de ce fait l'adaptation à l'absence de soleil n'est pas un sujet pertinent car ils ne s'adaptent pas. Certains D'ni Écrivent des âges avec un soleil mais c'est rare. Globalement le soleil n'est pas apprécié dans les lieux de vie, même s'ils conçoivent que d'autres espèces en ont besoin. En revanche, plusieurs allusions à des soleils de substitution sont disséminés dans le texte 😉
Et si l'on comprend que pour les D'ni soleil = souffrance, cela donne un autre sens à la dernière phrase.
J'ai privilégié la scène du scarabée mécanique, plutôt qu'une scène autour du squelette (j'aurais bien mis les deux, mais pas de place 🙈), car : le scarabée est un symbole solaire dans de nombreuses civilisations, dont l'égyptienne, et il est important dans l'univers de Myst (c'est même un peu une star 😁), je voulais aussi montrer à la fois que Nagfald avait du talent (mais qu'il préférait le pouvoir) et que les D'ni étaient friands d'énigmes.
Ceci dit, je comprends que ça ne paraisse pas original (je me rappelle d'un insecte mécanique tueur dans la Croisée des mondes de Pullman), mais ce n'est pas par paresse 😅
Merci encore pour ta lecture attentive et à bientôt 😊
Bien que je ne connaisse pas Myst, j'ai vite été imprégnée par l'univers de te nouvelle. Tu es toujours aussi douée pour les univers complexes. ;)
C'était aussi un plaisir de découvrir ta plume à la première personne, en narrateur interne.
J'ai particulièrement apprécié la chute !
Bravo à toi,
Em
Merci pour ton gentil commentaire et tes compliments ☺️
La narration à la première personne c'est une option parfaite pour une nouvelle, je trouve, car on peut faire passer plein d'informations complètement subjectives, c'est donc rapidement immersif (dans le principe). Avec un background déjà riche comme celui de Myst (et ses suites, et les livres, plus tous les débats sur les forums... 😅) c'est plus aisé de faire ressentir un univers complexe, c'est pour ça que j'ai fait ce choix aussi.
Em 🌸
J'ai enfin eu le temps de lire ton histoire sans interruption. Contrairement à Paul, je ne connais absolument rien de ce jeu vidéo mais je n'ai eu aucune difficulté à me représenter l'esprit général de l'univers que tu décris. Sans doute avec beaucoup d'écart par rapport à la fiction d'origine, mais c'est le "jeu", en 2000 mots c'est difficile de fixer quelque chose de précis !
Le côté journal permet une fluidité pour sauter du coq à l'âne donc je n'ai pas été déstabilisée. Bon, c'est jamais vraiment le coq ni l'âne mais - tu m'avais prévenue - ça aborde vraiment beaucoup d'événements importants : le squelette luminescent qui est - métaphoriquement - le squelette de l'histoire, l'organisation des âges (chose qu'il faut expliquer sinon on ne comprendrait rien), deux meurtres (liés entre eux), et la posture morale du narrateur (sur la place de l'argent, le fait d'assumer ses fautes...) : en tous cas bravo pour ça, et comme je sais que la version longue dort dans tes tiroirs j'irais volontiers la lire :)
Je n'ai pas trouvé de remarques pertinentes pour accompagner une éventuelle réécriture, merci de nous faire découvrir cet univers :)
Effectivement , j'ai prévu de réécrire cette histoire en développant les différents thèmes que j'ai dû limiter pour "gagner de la place", comme la relation du personnage principal avec ses deux collaborateurs tout au long de l'écriture de l'Âge, et l'avancée de la construction, qui le fait évoluer vers plus d'humanité, moins de rancoeur et de méfiance. Je voudrais amplifier l'obsession qu'il nourrit pour ce squelette géant qui est littéralement sous ses fenêtres, et qui lui arrache des souvenirs enfouis. Je voulais ajouter aussi plus de détails techniques sur la façon dont les Âges sont écrits, le fait qu'il doive fournir des notes et des plans au maître Écrivain. Enfin, il faudrait selon moi même si c'est la part que j'ai privilégiée dans ce texte, ajouter quelques épisodes à sa relation avec son ancien maître, pour en montrer toute l'ambiguïté, et le sentiment de trahison qui le hante.
Pour le côté journal : j'ai dû retirer les dates (toujours pour gagner de la place), et j'ai pensé trop tard que j'aurais pu en faire des chapitres. C'est une idée que je mettrai peut-être en pratique avec la réécriture.
J'ai vu aussi (trop tard) que je pouvais me servir du chapitrage pour créer des entrées du journal (j'ai retiré les dates pour gagner en nombre de mots🙈), bref c'est la première fois que je participe à ce genre de "concours", pas évident de penser à tout 😂
- le peuple D'ni dont les Écrivains de la guilde majeure des Écrivains écrivent des Âges (ou mondes) qu'on peut relier grâce à un livre de liaison. Ils se sont rassemblés dans une sorte de Caverne dont la capitale a pour nom Ae'Gura.
- Dans le jeu Uru on découvre l'arrière-plan "historique" de l'univers avec toute une généalogie de rois. On y découvre aussi plusieurs Âges (Er Cana, Teledahn, Todelmer...)
- D'après cette chronologie, le roi autorise la création de guildes mineures en l'an 1130 de l'Ère.
Mon histoire se place dans ce contexte. Les personnages et l'intrigue sont tous inventés, de même que l'Âge de Dorelen. 😊