Je veux bien apprendre à voler, mais à condition d’atterrir toujours dans l’urgence.
Les falaises abruptes de l’obscure blessure, parfois, n’ont pas de fond, et y basculer, attiré vers le vide, sans y sombrer, n’est pas toujours facile. Ce qui compte, c’est d’en ressortir, même mouillé jusqu’à l’os. Comme l’albatros, il faut prendre son envol, décoller de nouveau et s’éloigner, couvert de son odeur âpre, objectivement porté par les courants ascendants.
Le vent d’altitude, glacé et pur, en effacera les derniers relents, et peut-être même quelques sentiments. Voler, planer au-dessus de ces pittoresques déconvenues, puis finir par s’en éloigner et n’en garder que le souvenir olfactif, pour qu’aux premiers effluves, on apprenne à ne plus s’en approcher, à s’envoler.
Mes failles m’ont appris à être comme l’albatros : utiliser les courants porteurs pour m’éloigner de mes torpeurs et ne me poser que si je suis sûr que l’atterrissage ne sera pas plus douloureux que le décollage.
Comme Corneille, l'Albatros m'a tout de suite fait penser au poème de Baudelaire (c'est inévitable, je pense ;-)
Ce petit texte rejoint le sujet, je trouve, mais de manière très différente. C'est plus abrupt, et la manière dont tu parles des falaises, de l'odeur aussi, c'est très beau.
Je suis totalement d'accord que ce qui compte, c'est d'en ressortir. Même mouillé.
Oh, et j'adore les courants porteurs / torpeurs, au dernier paragraphe. Bien trouvé !
En tout cas, bravo, ce texte est réussi =)
Qui hante la tempête et se rit de l'archer ;
Exilé sur le sol au milieu des huées,
Ses ailes de géants l'empêche de marcher."
(Baudelaire)
Très joli texte, j'aime beaucoup la métaphore.
Juste un remarque, le "objectivement" premier paragraphe sonne un peu bizarrement et n'a pas un sens très clair.
Bonne écriture :)