L’appel de Témari

L'Entre-Monde est peuplé de bien des créatures étranges, n'est-ce pas ?

Si, vous, lecteur, vous ne savez pas ce qu'est l'Entre-Monde,, je puis vous l'expliquer.

 

Il y a quelques années, si vous espériez voyager entre les mondes, sachez que vous auriez forcément croisé la route de ce monde-ci. L'Entre-Monde était une passerelle, une étape obligatoire à mi-chemin du voyage.

Comme d'autres voyageurs avant vous, peut-être auriez-vous choisi de poser vos valises dans ce monde inconnu... Ou bien, espérant repartir dès le lendemain, vous vous seriez trouvé bien bête devant les Miroirs magiques éteints et impossibles à rallumer.

Les voyageurs coincés dans l'Entre-Monde ont bâti une ville, une merveille de magie et de technologie. Et il y fait plutôt bon vivre... Si on omet quelques monstres se baladant encore  ça et là.

L'Entre-Monde aussi possède une Histoire riche, un mythologie débordante et des contes. Des contes de légende, de héros et de terribles ennemis.

Bien plus récemment, à la demande de l’éminent archéologue Shah Poh, un groupe d’aventuriers est parti à la découverte d’anciennes ruines sous le temple du Dieu N’Hacyriv. Par mégarde, ils libérèrent les terrifiants arcturiens, des monstres immenses et immortels.

Pour les enfermer de nouveau, Témari appelle les habitants de l’Entre-Monde à lui prêter leur force pour rebâtir la prison magique des Arcturiens, en échange, elle leur racontera l’histoire du premier des Chasseurs de l’Entre-Monde...

C'est un conte que je vous livre. Un bout d'histoire et de magie...

 

*

 

Les larges avenues millénaires creusées par la lave et la main des habitants du pic étaient enfin redevenues praticables. L'air sentait le métal et la magie, il n'y avait pas une partie de la montagne qui ne soit occupée par des robots, des golems et bien d'autres créatures que l'air vicié ne pouvait tuer. Au milieu du chantier on apercevait des coulées de lave encore chaude malgré l'incompréhension des scientifiques. Autant dire qu'une batterie de magiciens satisfaits se frottait les mains face à leurs collègues cartésiens. La lave en flots épais formait un fleuve au plus profond du volcan. Vue d'en haut, son cours semblait paisible et régulier, mais vu de prêt c'était un bouillonnement brûlant. C'est non loin de là que se trouvait la prison maintenant vide des arcturiens. Les œufs de pierre éventrés avaient été nettoyés et la salle haute et large comme douze arcturiens ne servait plus que pour son acoustique fantastique.

Soudain, le fleuve gronda. Des raz de marée épais et grumeleux vinrent lécher les rives. Les entre-mondiens y travaillant appliquèrent la seule consigne de sécurité valant le coup d'être imposée dans le volcan : fuir.

Surgissant de la mer rouge, d'abord un bec pointu aussi blanc que le marbre, puis des yeux immenses et enfin le corps d'un grand dragon blanc. Son immensité menaçante les observait de sa fureur, ces travailleurs en fuite qui se massaient dans la seule issue de secours. La bête s'avança sur la berge, fumant encore dans les restes de son manteau de feu.

Une batterie de miliciens et de commissaires se fraya un chemin dans la cohue. Ils arrivèrent en trombe pour voir l'animal venu du fond du volcan. Il y avait une crainte sur leur visage : qu’un septième arcturien ne se soit caché dans le volcan lorsque la prison fut ouverte. Les soldats et chasseurs arboraient tous les fusils de Cerclon, prêts à paralyser la bête. Entrainés, ils la mirent en joug.

—  Baissez vos armes !

Leur lançait un jeune homme arrivé en dernier. Toujours accompagné d'Ayame, son second, le maître de miroir K'ouen fit une entrée remarquée et se tint face au dragon blanc sans ciller.

Jeune et pourtant le plus ancien des dirigeants en poste dans l'Entre-Monde. Il n’avait pas encore l’allure d’un tel rang, Wergeld gardait sur lui l’image d’un chasseur, et non des moindres. Un rire amusé l’accueillit au-dessus du fleuve. Ni K'ouen ni son second n'était très impressionnés par la scène et le dragon se mua en jeune femme.

Tous pouvaient reconnaître la terriblement joviale Témari. Cette créature magique qui précédait souvent les évènements improbables survenant dans ce monde aussi fou qu'elle. Témari affectionnait tout particulièrement cette apparence humaine rappelant par quelques détails, des dents, des ailes et même des cornes, à qui l'oublierait qu'elle était une arcturienne et non la plus petite.

—  T'as cassé mon effet théâtral !

Un rire salua sa moue faussement boudeuse. Les miliciens et les commissaires s'apprêtaient à les laisser discuter seuls, car K'ouen face à Témari n'était pas un environnement très sûr. Il devait exister quelque part une échelle du danger spécifique à Entre-Monde. Tout en haut, la présence d’un dieu dans la salle, juste après libérer des arcturiens voraces et encore juste après Témari. En quatrième position, les mauvaises langues ajouteraient le Maître de K’ouen lui-même. La dragonne et le chasseur ayant pour fâcheuse habitude d’être toujours cités dès lors que l’Entre-Monde semblait s’approcher de l’Apocalypse…

Les soldats allaient rebrousser chemin lorsque leur capitaine, le gentil, mais non moins imprévisible Ayame, les retint.

—  Merci Ayame.

L’arcturienne lui envoya un baiser déposé dans l'air.

—  Car j’ai une annonce à faire ! Relayez mon message ! Nous aurons besoin de l'aide de tout le monde.

Leur curiosité attisée, ils firent silence.

— La prison est enfin reconstruite et il ne nous manque plus que la magie pour la réveiller. Le pouls du volcan s'est affaibli avec le temps et la disparition des habitants d'arcturus. Faites venir à moi tous ceux qui ont de la magie en eux, dites-leur que c'est sans danger et que rien de ce qu'ils vivront ici ne saurait être réparé par une nuit de sommeil.

—  Et que vivront-ils au juste ?

K'ouen n'avait de manières pour personne pas même pour l'arcturienne. Celle-ci planait souvent plus qu'une raie volante sous psychotropes, il n'y avait donc que Ayame pour s'offusquer du comportement du chasseur.

—  Une méditation. Durant quelques minutes, je leur demande de s'asseoir au cœur de la salle des Échos et d'y écouter l'histoire d'Arcturus. Ils vivront le périple du guerrier et l'animeront à nouveau dans la pierre et dans le feu de la prison.

—  C'est tout ?

—  Évidemment, s'ils ont des soucis de santé et comme il se pourrait que ce voyage dans l'histoire soit épuisant, c'est probable qu'il dérègle les pacemakers et, tiens, il pourrait même te rendre aimable ! lui lançait-elle avec amusement.

Ayame qui eut la noblesse de ne pas glousser salua ce trait d'humour d'un sourire silencieux. Suite à quoi, il promit de transmettre le message et il fit sortir du volcan un jeune chasseur fulminant contre les arcturiennes frappadingues.

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Nyubinette
Posté le 20/11/2020
J'ai beaucoup aimé ton intro, le fait de t'adresser au lecteur pour ton prologue donne une dimension différente à ton récit. Tu y as mis pleins d'informations et j'ai hâte d'en apprendre plus au fils des autres chapitres.

Tes personnages ont l'air sympathiques ! Enfin... Dangereux surtout ! Il y a déjà des liens entre eux et une histoire que j'ai envie de voir.

Je passe directement au chapitre suivant, merci pour ta publication.
Dodonosaure
Posté le 20/11/2020
Merci à toi pour ton commentaire ! ♥
Eole
Posté le 17/11/2020
Salutations,
Pour commencer par quelques points fâcheux.
-| Le texte serait plus agréable en justifier :(
-| Il y a une virgule en trop dans la deuxième phrase :(
Voilà, maintenant qu'on a mis cela de côté, on peut vraiment commencer !

En premier point, je vais redire ce qui a été dit, le fait de s'adresser directement à nous est très sympathique. Il me rappelle le "Il était une fois", que j'aime utiliser. J'espérer revoir le narrateur par la suite ;)
La créature m'intrique également, bien qu'un dragon soit un peu classique. Mais quand on parle de Conte ou de Légende, on le retrouve souvent. Donc pourquoi pas. Par contre, le soin apporté par son entrée... Chapeau !
Dodonosaure
Posté le 18/11/2020
Témari fait toujours des entrées fracassantes... ;)
Merci Eole !
Benriya
Posté le 14/11/2020
Je trouve le choix de s’adresser directement au lecteur dans ce prologue intéressant, une façon de nous prendre directement à parti pour nous faire découvrir l’Entre Monde.
Pour le texte qui suit ce début, j'ai beaucoup aimé sa légèreté doublée d'humour, les piques de Temari à K'ouen.

Cependant, je pense que certaines tournures pourraient être revues. J'ai noté :
"Son immensité menaçante les observait de sa fureur, ces travailleurs en fuite qui se massaient dans la seule issue de secours", en supprimant le "les" et la virgule dans la première partie de phrase, elle devient plus fluide à la lecture.
Dodonosaure
Posté le 16/11/2020
Merci pour ton commentaire Benriya. Je prends bonne note des corrections.
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