Dès mon plus jeune âge, j'étais un enfant peureux, souvent en retrait, observant le monde avec une méfiance qui semblait faire partie de moi. Mon petit frère, lui, était mon protecteur, toujours prêt à défendre notre territoire, même quand il ne s'agissait que d'une cour d'école. Mais il y a un souvenir qui reste gravé dans ma mémoire, un souvenir qui a marqué le début de ma transformation.
C'était un jour ordinaire, mais mon cœur battait la chamade. En rentrant de l'école, j'avais l'œil au beurre noir, souvenir d'une bagarre dont je ne sortais pas victorieux.
Je me souviens de ce moment précis, de la lumière qui filtre à travers la porte, de l'odeur du bois que mon père travaille. J'avais peur de ce que j'allais découvrir en franchissant le seuil. J'ai ouvert la porte, il était là, dans cette pièce où se mêlaient outils et éclats de rire.
Mon père, cet homme imposant de 1,85 mètre et 90 kilos de muscles, avait une stature qui imposait le respect. Mais plus que sa taille, c'était son regard qui me transperçait. Il savait. Il savait ce qui s'était passé, la peur que j'avais de sa réaction me paralysait.
Dans un silence lourd, il m'a regardé et m'a dit d'une voix ferme : « Si ce soir, tu rentres de l'école sans avoir massacré celui qui t'a fait ça, c'est moi qui te mettrai le reste. »
Ces mots résonnent encore en moi, comme un écho qui m'a fait comprendre la première leçon de vie. Mon père, un ouvrier menuisier au tempérament nerveux, avait le cœur énorme, mais il ne supportait pas qu'on touche à sa famille. C'était un homme d'une autre époque, un homme de dignité, qui m'a appris que se relever après une chute était essentiel.
À ce moment-là, j'ai compris que je n'avais plus à avoir peur. Je suis sorti, déterminé. Cette confrontation, bien que difficile, a été le tournant de ma vie. Je suis rentré chez moi avec une nouvelle force. J'ai pris confiance en moi, je n'étais plus ce petit garçon craintif. Ce jour-là, mon père m'a façonné, et je lui suis reconnaissant pour cela.
Ce n'est pas seulement de la force physique que j'ai acquis ce jour-là. Mon père venait de m'apprendre que la famille passe avant tout.
Il me répétait sans cesse que je devais protéger mon frère Seb, quoi qu'il arrive.
« Quoi qu'il fasse, il aura toujours raison à tes yeux », me disait-il.
C'est ainsi que je suis devenu ce protecteur, non seulement pour mon frère, mais aussi pour tous ceux que j'aime. Quitte à me mettre dans des situations compliquées, je n'ai jamais hésité à venir en aide aux miens, peu importe les conséquences.
Je me suis battu, et je n'ai plus jamais eu peur. Grâce à lui, j'ai appris à défendre ce qui m'était cher. Son exemple, sa force, sa colère même, tout cela a forgé en moi un homme qui se tenait droit, qui ne se laissait jamais faire. Mon père était mon héros. Sa façon d'être, sa manière de protéger sa famille, m'ont inspiré à devenir l'homme que je suis aujourd'hui. Dans chaque geste, dans chaque décision, je cherche à lui ressembler, à honorer les valeurs qu'il m'a inculquées.
Il a été mon guide, celui qui m'a appris à me battre, à avoir de la dignité. C'est ainsi que j'ai compris que, dans la vie, il faut toujours se relever. La peur, je l'ai laissée derrière moi, mais l'amour et le respect que j'ai pour mon père, eux, restent à jamais gravés dans mon cœur