« − Ce soir est un grand jour, notre chère Louvinya va quitter son enveloppe humaine pour ne plus faire qu’un avec la louve en elle. Sachez que chaque garou a cette possibilité. Mais le choix doit être mûrement réfléchi. Car tu n’auras plus de transformation possible dans les dix prochaines années à venir.»
Louvinya se rappelle de cette rencontre si décisive.
Elle avait onze ans quand les premiers symptômes se sont fait sentir. Ce jour-là, elle s’était, une fois encore, prise la tête avec sa mère. Cette mère si importante pour le royaume qu’elle n’a jamais le temps pour sa fille. Pourtant Louvinya avait un besoin urgent de lui parler à cause des rumeurs qu’elle venait d’entendre en ville. Malgré son empressement et son acharnement, personne n’a avait voulu que Louvinya n’entre dans le cabinet de la conseillère du roi, Johanna Flamel. Et ce, malgré ses hurlements à sa porte, sa mère n’était pas venue ne serait ce que lui adresser un mot !
Sa fille avait alors quitté le palais en courant avec un goût de sang dans la bouche. Une sensation de fourraillement parcourait sa peau et plus son irritation montait plus ces symptômes prenaient de l’ampleur. Ne sachant pas quoi faire, Louvinya avait poursuivi sa course jusque dans les bas fond de la ville. Elle n’y connaissait personne ce qui lui offrait un sentiment de liberté d’expression. Alors qu’elle était sur le point de laisser libre court à sa frustration. Une main puissante saisie son poignet et l’entraîna au-delà de la muraille d’enceinte de la ville. Louvinya regarda celui qui l’incitait à poursuivre sa course. C’était un garçon un peu plus âgé qu’elle au teint pâle, aux cheveux bruns en bataille et aux yeux d’un vert sombre très atypique. Elle ne le connaissait pas. Elle remarqua seulement que son intervention avait fait redescendre légèrement son agacement et son besoin d’hurler.
Arrivés sur un petit chemin de campagne, le garçon lui lâcha le poignet. Louvinya se courba pour reprendre sa respiration alors que son compagnon n’était pas le moins du monde essoufflé. Elle respira profondément en attendant qu’il prenne la parole.
« − Salut, moi c’est Buck Thorton ! Tu m’as fichu la trouille. J’ai cru que tu allais te transformer au milieu de la ville, te donner en spectacle. Il ne faut jamais que ton secret soit découvert.
− Mais qu’est ce que tu me racontes ? J’allais rien faire à part hurler un bon coup car je suis énervée contre ma mère. Au fait, moi c’est Louvinya Flamel.
− T’as quel âge, Louvinya ?
− Onze ans, pourquoi ?
Les yeux écarquillés de Buck étonnèrent la demoiselle, elle l’observa se mettre à faire les cents pas sans rien dire. Était-ce parce qu’elle avait donné son nom de famille ? Elle ne comprenait rien de ce qu’il racontait. Son air très sérieux lui faisait craindre le pire. Et puis d’abord, pourquoi restait elle avec lui ? Un coup d’œil vers le ciel lui appris que la journée touchait à sa fin. De toute manière, elle allait devoir rentrer chez elle. Louvinya prit le chemin du retour.
− Attends, tu ne peux pas rentrer ce soir ! Il faut que tu restes avec moi.
− Pourquoi demanda Louvinya d’un ton hargneux
− Parce que tu vas te transformer en louve cette nuit.
− Si c’est un jeu de mot pourri par rapport à mon prénom, tu peux t’abstenir.
− Non, je te jure que je ne plaisante pas et je veux t’aider. Tout de suite, tu ne ressentirais pas un fourmillement dans tout ton être, en plus de ton envie d’hurler ? Cela fait plusieurs jours que tu as de nouvelles capacités : par moment, tu entends loin, tu vois loin et tu repères des tonnes d’odeurs. Toutes ces capacités ne durent que quelques secondes, une minute tout au plus ?
Incrédule Louvinya hocha la tête. Buck savait donc vraiment quoi faire pour lui venir en aide ?
− Tu peux m’expliquer plus amplement ? Les métamorphes ont été éradiqués du royaume si mes souvenirs d’histoires sont bons.
− Ils ont été surtout exilés dans les pays limitrophes et naturellement les expulsés ont fini par revenir chez eux, dans la clandestinité et nous vivons sereinement et en toute discrétion depuis des décennies. En tout cas, ma meute est fiable et à l’abri, tant qu’elle suit mes directives.
− Il y a une meute ? Et c’est toi le chef ? Mais tu es à peine plus vieux que moi.
− Étonnant, n’est ce pas ? Même si je suis jeune, je suis un bon chef. Je sens les garous, c’est grâce à ce don que j’ai pu te trouver à temps. Alors tu viens avec moi ?
− Si je viens, je ne pourrais jamais plus retourner dans ma vie d’avant ?
− Si, bien sûr ! Je veux juste te voir régulièrement le temps que tu acceptes ta condition de louve et que tu apprennes les codes des garous.
− D’accord, je te suis de toute façon, il est probable que personne ne remarque mon absence cette nuit.
Les deux jeunes se dirigèrent vers le bois en faisant connaissance. Buck était intrigué par cette demoiselle à la peau mat et à la longue chevelure noir. Elle possédait déjà un regard de loup avec ses yeux bruns tachés de jaune fauve. Il se demandait quelle allure, elle aurait en louve. À l’orée des arbres, Louvinya consciente des tiraillements dans son corps, s’arrêta nette.
− Comment puis-je me transformer ?? Il n’y a pas de pleine lune.
Buck éclata de rire.
− T’inquiètes. Le mythe de la pleine lune n’est là que pour rassurer la population lambda. Elle serait beaucoup trop nerveuse si elle apprenait que les garous se transforment quand ils le désirent.
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Louvinya s’intéresse de nouveau au discours de Buck :
«Ton apprentissage de tes capacités de garou est maintenant terminé et complet.»
C’était quelques mois après sa première expérience de métamorphose, Louvinya avait entendu l’appel de Buck et y avait répondu. La découverte du monde des garous la stimulait et lui faisait oublier le poids des exigences associées à la vie aristocratique dans laquelle elle se trouvait contrainte au quotidien. Ce nouveau monde était une soupape importante pour Louvinya, alors lorsque Buck venait la trouver ou l’appelait elle rappliquait sans se faire prier.
Ce jour-là, la meute avait été réunie sous forme humaine et en milieu de journée afin que Louvinya puisse synchroniser sa mutation avec le groupe. C’était un exercice un peu compliqué car les habitués devaient prendre leur temps pour accompagner leur dernière recrue. Buck exigeait que tout le monde sache se fondre dans le loup en lui en même temps car cela pouvait être utile parfois.
La meute d’une petite dizaines d’individu s’était retrouvé en cercle dans une clairière à l’abri des regards. Buck placé devant Louinya avait demandé une démonstration. Tous les membres présents s’étaient retrouvé dans leur peau de loup en quelques minutes. Louvinya s’était affolée à l’idée de ne pas pouvoir être aussi rapide. Elle savait changer de forme, mais c’était long et lui réclamait une très grande concentration. Elle s’était entraînée à de trop peu nombreuses occasions, n’osant pas essayer dans sa chambre au palais. Louvinya n’ignorait pas la présence d’espions un peu partout dans ce lieu de pouvoir. Si elle avait été en confiance, elle aurait pratiqué dans une des pièces les plus délaissés du château. Buck, lui ayant imposé férocement le secret sur sa véritable nature, elle ne s’était pas résolu à prendre le moindre risque. D’ailleurs cette obligation au secret était compliquée à gérer pour la fille de la conseillère royale : sa mère détenait tellement de secrets qu’elle détestait le principe même de cacher des informations à son sujet. La révélation de sa nature profonde, Louvinya avait envie de l’exposer aux yeux de tous. Rien que pour prouver à sa mère qu’elle n’était pas aussi efficace qu’elle le pensait car elle ignorait l’existence de meutes de garous disséminés à travers toute la ville et à des postes parfois importants.
La main de Buck sur son épaule avait sorti Louvinya de ses pensées. Il était temps de se prêter à l’exercice.
− Allons-y doucement, mes amis. Louvinya, tu vas y arriver !
L’interpellée inspira profondément. Elle ferma les yeux et se figura, dans une image mentale la louve qui habitait, qui était elle. Elle était là tapie dans un coin de son esprit. Sa part humaine devait laisser la place à la louve dans son esprit pour pouvoir amorcer la métamorphose physique. Quand, elle se sentait loup de cœur et d’esprit, alors le corps pouvait prendre l’identité avec laquelle Louvinya communiait. Sa plus grande difficulté était de faire taire toutes pensées humaines et mettre de coté toutes les contrariétés. Vu le climat familial, la louve en devenir avait tout le temps l’esprit parasité par les derniers échanges. L’étape la plus longue restait de faire le vide dans son esprit.
Louvinya, les yeux fermés se concentrait sur l’envie d’être une louve, elle voulait courir sur ses quatre pattes, se chamailler avec les autres. L’envie était présente pourtant elle ne percevait pas les chargements dans son corps et ce constat alimentait son agacement. Elle savait que l’agacement ne l’aiderait pas. Il fallait qu’elle le chasse. Elle grogna et fut étonné d’entendre un grognement animal sortir de sa gorge. Elle ouvrit les yeux. La meute la regardait, la complimentant de battements de queues joyeux. Louvinya déroutée, n’avait pas sentie le changement opéré. Dans son esprit, Buck lui parla :
« − L’envie de gambader en forme de louve t’a suffit. Et tu as maintenant l’habitude que tu n’as pas prêter attention au processus, simplement parce que elle et toi ne faites qu’une, Louv-inya. Ton prénom t’était prédestinée. Allons nous dégourdir les pattes. »
Louvinya avait lancé un hurlement de joie avant de suivre la meute sur la piste d’un gibier à l’odeur alléchante.
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« − Tu seras louve avec un esprit et une longévité humaine. Profites de cette expérience pour appréhender le monde d’un autre point de vue.»
Il avait fallu un long hiver rigoureux, totalement limité en déplacements, pour que Louvinya comprenne combien la liberté lui était précieuse. Sa mère avait décidé de lui faire découvrir son métier. Bien que heureuse du geste de sa mère, Louvinya n’avait pas mis longtemps à comprendre qu’elle abhorrait le métier de conseiller du roi. D’ailleurs où était-il ? Sa mère tenait séance pour lui à chaque fois et ce n’était que des palabres pendant des heures à ergoter avec les marchands mécontents, les paysans malheureux. Johanna avait réagit en invitant sa fille à suivre plutôt les préparatifs des festivités hivernales. Louvinya avait trouvé ce monde pire que le précédent. Totalement injuste. Tant dis que certain souffrait de la faim, le palais se goinfrait avec des repas en sept services !
Cet hiver l’avait déprimé, Louvinya avait réalisé à quel point elle aimait être parmi les loups. Leur société était plus simple. Les conflits se réglaient facilement et surtout les loups veillaient les uns sur les autres. Buck réussit à venir la voir quelques fois. Ces visites lui faisaient un bien fou. La meute ne l’oubliait pas. Le chef lui donnait des nouvelles des autres membres. Louvinya chapardait pour eux dans les cuisines afin de participer à la survie de la meute. Elle craignit que ce ne fut pas suffisant. Buck lui en était très reconnaissant pourtant.
Louvinya comprit surtout que la famille n’était pas obligé d’être celle dans laquelle nous sommes nés. Elle aimait et aimerait sa famille biologique, toujours, par contre, elle se rendit compte qu’ils n’avaient plus d’intérêts communs. Il était donc plus difficile de passer des moments riches ensemble. Louvinya finissait invariablement par s’ennuyer. Alors que la meute lui offrait une liberté, des découvertes et des profils vraiment variés parmi lesquels il était possible d’avoir de véritables atomes crochus, un sentiment de fraternité ou de sororité aussi authentique que celui de ceux qui ont été élevé ensemble. Louvinya fut rassurée par cette découverte. Même si elle s’éloignait inexorablement de sa mère et son monde hyper codifié, elle ne serait pas pour autant sans soutien. Dans la meute, elle avait des amis très proches, à commencer par Buck. Un vrai grand frère pour elle. Il lui avait tant appris sur elle même et sur la réalité du monde. Il était protecteur et intraitable en cas de mauvais comportements. Il l’aidait à canaliser son caractère querelleuse.
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« − Jamais tu ne dois dévoiler ta capacité de métamorphose. Le secret est primordial.»
Dans l’esprit de la femme-louve, une scène des mois passés se matérialise.
Louvinya faisait les cents pas dans le cabinet de travail de sa mère en attendant son retour. Une fois de plus le conflit avait fusé entre elles. Cette fois, il n’avait pas éclaté mais, avait explosé. Une colère sans précédent rongeait l’enfant. Sa mère avait enfin remarqué ses absences et commençait à lui dicter ses fréquentations. Au lieu de se réjouir de cette attention soudaine, Louvinya se sentit bridée. Le début d’apaisement, lié à sa double vie, qu’elle ressentait, avait volé en éclat. La virulence de sa contrariété était exacerbé par des bruits qui circulaient en ville. Le nom de sa famille revenait souvent dans des termes peu élogieux. Des rumeurs de pactes avec des forces occultes se murmuraient craintivement alors que la population commençait à souffrir de froid et de faim alors que un hiver extrêmement rigoureux s’installait dans le pays. Louvinya ne se souvenait pas avoir connu des frimas aussi précoces. Alors les voix inquiètes des pauvres hères se questionnaient sur les capacités des dirigeants à les sauver de la famine. Certains allaient jusqu’à espérer un nouveau pacte diabolique si ça devaient leur permettre de survivre. Malgré les mystères dont sa mère faisait preuve, Louvinya avait réussi à glaner quelques informations: sa famille, descend de l’illustre Tully Flamel, la fille illégitime de Nicolas Flamel. Alors que le père avait réalisé des travaux d’alchimie majeurs et respectés, sa fille avait choisi la voie de la démonologie, elle l’avait étudié dans l’idée de combattre les créatures malfaisantes parcourant le monde. Cette proximité avec le monde occulte avait perduré à travers ses enfants. Et l’arrière grand père de Louvinya avait fini par céder aux avances d’un démon et conclure un pacte obscur au lieu de le bannir. Impossible pour Louvinya d’en découvrir le contenu, que ce soit avec quelle entité ou le bénéfice et le payement réclamé. Ainsi les Flamel étaient devenus des conseillers royaux. Mais Louvinya sait que sa mère est devenue conseillère car elle est douée et avisée.
Certes Johanna et Louvinya n’étaient pas issu de la meilleure branche des Flamel mais, il était toujours désagréable d’entendre son nom traîné dans la boue. Elle ne pouvait se défaire d’une volonté de défendre sa famille contre les mauvaises langues. Derrières les relations tumultueuses, il y avait de l’amour entre elle et sa mère. C’était simplement compliqué à montrer. Ne parvenant pas à faire descendre son agressivité, Louvinya sentait sa part de louve s’éveiller et s’agiter. Dans le fond, elle voulait lui laisser la place. Évidement, elle se rendait compte que c’était une stratégie de fuite. Affronter frontalement sa mère, qui se démenait pour le royaume, n’était pas la solution. Malgré ses onze ans, elle se sentait trop jeune pour que ses paroles aient du poids.
La porte s’ouvrit, Louvinya sursauta. Buck venait d’entrer. Elle s’affola complètement, elle le tira par la manche et le coinça dans le coin le plus sombre de la pièce au cas où sa mère arriverait.
« − Qu’est que tu fais ici ?
− Je viens empêcher une catastrophe ! Tu es sur le point de tout raconter à ta mère ?
− Qu’est ce que tu en sais ? Et comment tu as pu arriver jusqu’ici sans être arrêter ?
− Je suis un gamin insignifiant aux yeux des adultes et au lieu de m’en agacer, comme toi, je m’en sers pour circuler. Je te cherchais puisque cela fait un moment que je ne t’ai pas vu. Je me doutais que tu avais des soucis. Je ne sais pas lesquels, mais je sens à quel point tu es instable mentalement et cela joue sur ta métamorphose. Je veux que tu me raconte ce qui ne va pas, après avoir vu ta mère.
− Nous ne sommes pas prêt de nous voir. Je suis privée de sortie. C’est justement mon problème car soit ma mère se contrefiche de ce que je fais de ma vie, soit elle s’en préoccupe un peu trop. Elle ne connaît pas de juste milieux. Et sous prétexte que la vindicte gronde dans les rues, elle juge préférable de m’enfermer ici.
− S’il faut que je t’attende quelque part dit moi. Je peux me faufiler partout. Par contre par pitié Louvinya, tu ne dois pas te dévoiler à ta mère. Nous sommes des clandestins et pour notre bien être, nous devons le rester. Je t’en supplie, calme toi. Je suis là pour toi et tu sais que tu peux tout me raconter. Je suis ton ami. Je me dois de protéger les autres. Comprends aussi que en tant que chef de meute, j’ai le devoir d’assurer leur sécurité ainsi que la tienne. Je sais à quel point tu détestes les secrets. Celui que je te demandes de garder à une raison d’être que tu ne peux pas remettre en doute.
− Excuses-moi Buck. Tu peux m’attendre dans les cuisines. Je descends dès que j’ai fini ici. J’ai une faim de loup. Merci d’être venu à moi. lança Louvinya avec un clin d’œil espiègle.
Calmée, la demoiselle attendit la conseillère royale pour les inévitables remontrances.
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« − Sache que la meute est ta famille. Tu en es un membre unique et important. Toujours, elle répondras à ton appel si tu as besoin et ce où que tu sois ! »
Impossible pour Louvinya d’oublier ce souvenir. Celui qui la menait ici et maintenant à quitter les humains pour de bon. Si le monde est cruel au point qu’elle ne soit qu’une marionnette pour les désirs de grandeurs de sa famille, il n’y a plus rien à espérer des humains.
Pas plus tard que la veille, Buck s’était une nouvelle fois introduit dans le palais pour venir la voir. Il était totalement affolé et lui avait demandé de fuir sur le champ car il craignait qu’il lui arrive malheur. Louvinya avait tenté d’obtenir plus d’informations avant de le suivre. Elle n’en avait pas eu le temps car Johanna était entrée sans prévenir dans sa chambre surprenant ainsi Buck. Avant qu’elle ne lui ait adressé la parole, il avait sauté par la fenêtre en laissant échapper un grognement de sa voix de loup. La louve tapie en elle avait elle aussi réagit: un intense désir de fuite l’envahissait alors que de sa mère émanait une puissance noire et menaçante.
« − Qui était ce jeune homme ? Et que faisait il dans ta chambre ? l’apostropha la conseillère
− C’est un ami. Que me vaut l’honneur de cette visite ?
− J’ai besoin que tu viennes avec moi. Maintenant.
− Non !
− Tu es ma fille, tu me dois obéissance. Viens avec moi, Louvinya.
− Qu’est ce qui t’arrives, Maman ? Tu n’es pas dans ton état normal. Je sens une perturbation, je sens un danger.
− Viens avec moi, ne m’obliges pas à employer la manière forte. »
D’un pas autoritaire, Johanna avait avancé sur sa fille, l’avait empoignée par le poignet. Louvinya s’était débattue et une peur viscérale l’avait inondé. Celle qui se tenait devant elle, n’était pas vraiment na mère. Sans comprendre de quoi, il s’agissait Louvinya ressentie de la terreur pour elle et pour sa mère. Elle sut alors qu’elle ne devait à aucun pris la laisser l’emmener.
« − Alors la rumeur ne mentait pas, la famille fricote encore avec les forces occultes ?
Un éclair d’étonnement passa dans le regard de la femme. Elle vacilla une seconde avant que l’entité reprenne l’empire sur elle.
− Je ne comprends pas pourquoi tu accordes de l’intérêt aux ragots.
− J’y prête l’oreille surtout parce que mon nom y est souvent associé. Cela fait des années que je me demande ce qui se trame derrière mon dos. D’ailleurs, je ne comprends encore moins que tu aie besoin d’un recours aussi extrême. Tu es douée pour ce que tu fais. Tu as la patience d’écouter tout le monde, sauf moi. Tu diriges le royaume, c’est toi la femme la plus puissante et à mon avis c’est simplement car tu es compétente. Bon selon moi, certains efforts pourraient être fait pour aider les plus démunis. Mais tu m’as montrer ta vie et je saisis toutes les difficultés qui t’accablent. Aucun gouvernement ne sera parfait. Tu fais au mieux et c’est suffisant. Nul besoin d’en appeler à je ne sais quel démon.
− Je suis touchée, Louvinya. Pourtant tu as tord. Je ne peux pas faire machine arrière avec ce pacte. Il a été contracté, il y a bien longtemps et le jour du payement est arrivé. Je suis obligée de te sacrifier. J’ai essayé de me protéger et de ne pas m’attacher à toi quand j’ai su que ma fille devrait s’allier au démon Purflas afin de ne pas tomber dans la disgrâce. Tu vas devenir générale de ses légions démoniaques. Mais cela n’a pas vraiment marché. Je t’aime. Tu es ma fille et bien que nos relations soient houleuses, je ne te veux pas de mal. Je n’ai juste pas le choix. L’heure du payement est venu Maintenant, viens.
− Non !
Louvinya s’était débattue en faisant appel à la force de la louve. Prise au piège, elle avait mordu avec ses dents de loup. Si tôt libre, elle avait fuit loin dans les bois en maîtrisant son envie de se changer en loup. Elle craignit qu’il y ait du monde à ses trousses. Ces derniers échanges avaient scellé son choix.
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Louvinya sourit à la ronde. Elle s’approche de Buck, le prend dans ses bras pour un long dernier câlin humain.
« − Dites au revoir à ma forme humaine mes amis, j’ai fait mon choix et grâce à la louve je suis heureuse et à l’abri des menaces. Il est bon que je me fasse un peu oublier par certains humains. Alors je vais me fondre en elle : pour vivre pleinement avec cette nouvelle famille bigarrée et aimante. Je fais le choix de la meute ! »
La louve au pelage noir d’encre et aux yeux fauves prit la place de la jeune femme en quelques secondes. Après un hurlement de joie, elle tourne le dos à la ville qui l’a vue naître et s’élance suivie de la meute, vers des terres inconnues par delà la forêt.
J'ai trouvé que tu décrivais bien la colère et la peur de Louvinya. Je me suis sentis comme elle. En colère.
J'ai trouvé le récit simple à lire. Prenant.
C'était génial.
Tout d'abord, j'aime bien la thématique que t'abordes dans ce livre. Tu en parles sur ton profil de ce désir d'explorer la complexité des relations humaines.
Sinon, j'ai un peu les mêmes remarques à faire que Bleiz, dans la mesure où ton word-building peut-être allégé étant donné qu'il sert de cadre pour une histoire qui n'est longue que d'un seul chapitre.
Par rapport à ton écriture, c'est un avis personnel, mais je trouve qu'à certains moments ça fait un peu plus "jeunesse" que "young adult". C'est pas vraiment un problème, dans la mesure où tu peux feuilleter des bouquins young adult pour t'imprégner un peu de ce style et apprendre de nouvelles tournures de phrases pour changer ça.
Ensuite, un conseil plus général. Tu aurais pu rendre la thématique de la famille et de l'incapacité de l'héroïne à se sentir à l'aise dans celle dans laquelle elle est née plus sous-jacente. Et là, c'est juste une question de goût plus qu'autre chose, mais je trouve que ta nouvelle aurait gagné à laisser certains thèmes plus discrets, afin que le lecteur ne comprenne vraiment la morale qu'à la fin.
Sinon, continue d'écrire, je vais de ce pas aller voir ton autre bouquin !
Merci pour ton retour. J’ai omis de mentionné le contexte d’écriture de cette nouvelle. Je l’ai écrite pour la fille d’une amie qui a 10 ans, donc si la lecture sonne jeunesse , et bien je suis ravie de l’entendre. Je vais retravailler la nouvelle prochainement donc je note les remarques !
Merci de m’avoir lu !
J'aime bien ton histoire. On sent un univers plutôt bien défini, et les personnages sont intéressants. Je trouve presque dommage que ton histoire ne dure qu'un chapitre !
En revanche, si je peux me permettre quelques remarques : je trouve que l'idée des souvenirs, alors que la conclusion est en train de se dérouler, est bonne, mais la façon dont ils sont agencés rend la lecture un peu compliquée. Peut-être que rendre ton récit chronologique rendrait le tout plus fluide.
Je trouve également qu'il y a pas mal de détails au début de ton histoire, par exemple avec les forces occultes, qui seraient parfaits pour une histoire plus longue mais qui là, me laisse sur ma faim. J'aimerais que tous ces éléments soient développés !
Cela dit, ça reste une histoire agréable, avec un concept intéressant :)
Merci pour ton retour. Mon challenge personnel est de réussir à maitriser le format de la nouvelle. Donc je me contraint à faire cours. Le dosage entre le trop ou pas assez révélé n’est pas encore au poil.
J’aimais bien l’idée d’un récit anté chronologique mais si cela ne facilite pas la lecture, je vais sans doute faire machine arrière.
Merci de m’avoir lu.