Le Dieu de Kingfool Abbey University

Notes de l’auteur : Cette nouvelle s'intègre dans le cadre du concours "Octobre imaginaire".
Tranche d’âge du lectorat ciblé : plus de 14 ans, déconseillé aux plus sensibles.

— Que tu es ridicule, avec ta tête penchée en avant, à scruter ce texte comme s’il avait une quelconque importance pour ton existence. Pourquoi avoir ouvert ce livre ? Pourquoi choisir celui-là, et pas un autre, tout aussi dépourvu d’intérêt que l’ensemble de la littérature de basse-cour que l’on nous propose ? Referme ça ! 

Le ton du professeur Giling trahissait une colère profonde qu’il tentait d’intérioriser avec peu de réussite. Son regard était éteint ce soir-là, ses yeux autrefois verts semblaient s’assombrir au point de devenir presque bruns. Ou peut-être était-ce la faible luminosité des lampes à huile de la bibliothèque qui leur donnait cette coloration ? Il marchait d’un bout à l’autre des deux rangées qui se tenaient de part et d’autre de son bureau. Ses mains osseuses aux ongles mal coupés tremblaient dans son dos. 

— Comment peux-tu croire qu’un jour, ces charabias débiles de la modernité t’offriront un savoir infini ? Les connaissances qui reposent dans ces écrits n’ont aucune valeur, elles ont été véhiculées par des fous, des idiots, des pédants dont la plupart ont été corrompus par les révolutionnaires de l’autre côté de la Manche ! Que lis-tu ? 

Corey se mit à déglutir, il ne comprenait absolument pas le soudain changement de comportement de son professeur. Certes, le temps passait sur lui avec toutes les affres que la vieillesse comporte : fatigue, sénilité, aigreur etc, mais jamais, il n’aurait imaginé une dégénération si rapide. 

— L’Encyclopédie de… 

— Quelle immonde saloperie… 

Sa voix grave résonnait dans tout l’édifice dont le silence pesant faisait régner une atmosphère angoissante. Le jeune homme fut surpris d’une telle vulgarité qui n’avait jamais souillé le langage du savant. 

— Ces gens n’ont aucune morale, ni aucun respect pour la Nature pour oser imposer leur vérité crasse au petit peuple, pourvu d’ignorants et de crédules, des hommes comme toi ! Aucun humain ne peut comprendre, écrire et théoriser sur la Création, comprends-tu ? 

— À vrai dire, je crains de ne pas…

— Tout saisir, oui je sais, et à vrai dire cela ne m’étonne pas d’un gamin de ton rang, cher Corey… Fils d’ouvrier dont le sang a été pourri par des racines françaises, sorti du ventre d’une… “Mère”, qui aujourd’hui le laisse se remplir au gré des clients de Burden Avenue. Un enfant de pauvre, intellectuellement et matériellement parlant. Tu as eu bien du courage, et peut-être sûrement beaucoup de chance d’entrer dans cette université, mais tu n’es pas capable de comprendre ce que nous, lettrés, hommes de haut rang percevons avec clairvoyance. 

Professeur Giling se retourna à nouveau pour plonger son regard dans l’allée sombre de la bibliothèque, n’offrant à l’étudiant  que ses cheveux gris, longs et ondulés. Corey pinçait ses lèvres pour calmer son ego humilié. Quel était donc l’intérêt de l’avoir fait venir jusqu’ici ? Etait-il devenu le souffre-douleur de son professeur ? Si promptement ? Jamais Monsieur Giling n’avait été odieux avec lui, d’où son esprit si embué. 

— J’ai fait une découverte, magnifique ! déclara alors le professeur.  

— Je n’en doute pas… Quelle est-elle ? osa-t-il demander d’une voix presque brisée.

— Dieu… Dieu, il… Existe. 

Corey remontait légèrement sa tête en arrière, fronçant les sourcils pour manifester son incompréhension. Il n’était guère surpris de cette “révélation” qui n’en était pas. Au vu de la méfiance de son professeur pour la science moderne, cela trahissait une foi très oppressante. L’étudiant se risqua à répliquer. 

— Bien… Je crois que nous sommes beaucoup à penser qu’il existe. 

— Silence… chuchota-t-il, ferme ta sale gueule de scélérat ! finit-il par hurler, faisant sursauter Corey ainsi que quelques livres.

Une fureur ardente semblait bel et bien le consumer, un brasier enflammait son regard. Quoi que tu dises, tu offenses cette Terre, quoi que tu penses, tu déformes la vérité, quoi que tu songes, tu insultes la réalité. Dieu existe, parce que je l’ai vu ! Je l’ai vu ! 

Le professeur commença alors à rire, tel un fou, il gigotait, content de sa trouvaille. Ce changement d’humeur, cassant son habituel stoïcisme, faisait frémir le jeune étudiant qui sans s’en apercevoir avait reculé sa chaise en bois. 

— Il est matériel, il est physique, il est cosmique, mais bien réel, reprit-il d’une voix presque chevrotante. Il m’est apparu, hier soir. Il était si grand, si majestueux, si imposant, à la hauteur des récits qu’on lui voue. Il existe, oh ! Ce mot est un euphémisme ! C’est plus qu’une existence, c’est véritablement une manifestation suprême. 

Corey regardait avec horreur la folie de son professeur qui prenait possession de son être tout entier. 

— Et… Comment est-il ? 

La question, paraissant si insolente, fit grimacer le savant qui prit sa tête en ses mains en marmonnant des insanités contre l’étudiant. Il tournait en rond, ne sachant plus où aller, où diriger ses gestes devenus brusques et hasardeux. Professeur Giling se calma alors ; ses yeux grands ouverts témoignaient d’une révélation qui s’était manifestée dans son esprit. Il se pencha sur le bureau de Corey et remonta sa manche pour lui offrir une vue horrifique. Celui-ci retint un cri de stupeur. Le bras gauche du vieil homme présentait les cicatrices d’une large morsure. La marque des dents n’était pas humaine, mais certainement pas animale non plus. Son bras était rouge sang, et en émanait d’une odeur pestilentielle. 

— Mais ! Monsieur ! 

— Me crois-tu maintenant ? Comprends-tu que le monde que nous connaissons ne deviendra qu’un lointain souvenir ? Désormais, notre Maître est arrivé, il va nous prendre sous son aile, nous guider loin de cette technologie déferlante et de cette modernité répugnante. Il faut que tu le voies toi aussi. 

Corey se leva si brusquement qu’il en fit tomber sa chaise, dont le bruit raisonna dans la bibliothèque mortifère. Ses yeux brillaient de peur, ses jambes chancelantes lui intimaient de s’enfuir, son cœur battait à tout rompre. Dans un craquement osseux, la tête du professeur plongea en arrière. Le jeune étudiant fut horrifié de voir le cou du vieil homme se déformer de l’intérieur. Un long râle de douleur témoifgnait de la souffrance qu’il endurait tandis que son corps se transformait. Le professeur redescendit le menton, et de vastes tentacules (du moins, cela y ressemblait) noirs s’agitaient en dehors de sa bouche, dont la mâchoire s’était complètement déchaussée. La pupille de ses yeux était devenue blanche, à l’image de sa peau cadavérique. Le jeune homme tenta de s’enfuir, mais il sentit les mains griffues et glaciales de la Bête lui saisir les chevilles. La pression fut telle qu’elles se rompirent sous les hurlements de douleur de l’étudiant dont les larmes ruisselantes lui brûlaient les joues. 

— Monsieur Giling ! 

La bibliothécaire apparut accompagnée d’un gardien, les mains devant la bouche à la vue d’une telle créature monstrueuse, en train de baver sur le dos du jeune Corey au sol, pleurant pour qu'on vienne l’aider. Le frêle et âgé gardien se jeta courageusement sur le professeur qui lâcha prise. 

— Sortez-le de là Madame Sadd ! Appelez la police ! 

La vieille femme aux cheveux pâles vint relever l’étudiant qui ne pouvait plus marcher. Elle le traîna de toutes ses forces vers la sortie de la Grande salle, jetant parfois un œil sur le gardien qui se débattait avec la créature. Ils furent bientôt cachés derrière une rangée, et seul le cri strident du sauveur de Corey retentit derrière la double porte qu’avait refermée Madame Sadd. Elle sortit en vitesse dans la rue pour entrer dans une cabine téléphonique afin de joindre la police, laissant Corey ramper pour se cacher derrière un buisson. Il se sentait devenir fou, la peur nouait son estomac.

Dieu existe.  

  

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Elodie
Posté le 19/10/2020
Bonjour,
Comme pour le dernier commentaire, c’est en lisant l’ensemble des messages publiés que je me suis rendue compte que j’étais passée un peu à côté du texte, me connaissant pas l’univers de Lovecraft. Ça explique peut-être le sentiment d’étrangeté que j’ai eu en finissant la lecture de ta nouvelle. Je me suis un peu dit: « heu... et? »
Par contre, il y a deux choses que j’ai particulièrement bien aimées dans ma lecture: la première, dans le tout premier paragraphe. J’ai d’abord cru que les propos étaient adressés au lecteur et je me suis sentie agressée d'entrée, ce qui m’a surprise puis fait rire. C’était, dans tous les cas, très accrocheur!
La deuxième chose qui m’a plue dans ta nouvelle est le traitement que tu as fait de cette espèce de progression dans la folie (enfin, c’est un peu comme ça que je l’ai lue). J’ai moins été touchée par les dialogues (je n’aime pas trop l’usage de « vilains mots » dans les récits, je ne les trouve pas nécessaires en général) mais plutôt par le cheminement intérieur, c’était top!
Suturiae
Posté le 27/10/2020
Salut Elodie,

Merci pour ton commentaire, je suis content que tu ais aimé l'apostrophe au lecteur en début de texte. Oui en effet, il y a quelques grossièretés, mais je trouve qu'elles collent bien dans la dégénérescence du personnage.
Tac
Posté le 18/10/2020
Yo Suturiae !
J'ai parcouru les commentaires des précédentes lecteurices et la moitié citent Lovecraft, dont je n'ai absolument pas la référence, je suis un peu attristée de rater quelque chose ! Mais bon, célavie.
Je n'ai pas grand-chose à dire sur ta nouvelle, de fait. Je l'ai trouvée bien construite, les mécanismes de l'intrigue fonctionnent, en tout cas à mes yeux. Malheureusement, et c'est strictement personnel, je n'aime pas trop l'horrifique, et j'ai eu du mal avec la longueur de la nouvelle, que j'ai trouvée trop courte : à peine étais-je rentrée "dedans" qu'elle était finie. Donc je crois que je ne suis pas du tout le bon public ! Mais pour autant je crois que ta nouvelle est bien bricolée :)
Plein de bisous !
Suturiae
Posté le 27/10/2020
Salut Tac,

Merci d'avoir pris le temps de commenter et de lire ma nouvelle même si ce n'est pas ton style ! Ca fait toujours plaisir :)
Herbe Rouge
Posté le 12/10/2020
Bonjour,

Quelques passages pouvant être facilement améliorés gênent un peu la lecture, c'est dommage, mais à part ça, l'ambiance est bien rendue ! Et puis bon, Lovecraft quoi, j'adore :)
Pour la fin, elle me semble un peu faible en l'état, j'aurais ajouté un petit truc, par exemple "Dieu existe. Mais pas celui auquel il s'attendait". Histoire d'enfoncer un peu le clou.

Merci pour cette nouvelle ! :)
Suturiae
Posté le 27/10/2020
Salut Herbe Rouge,

J'ai fait quelques corrections (enfin !), merci pour ton retour. Pour la fin, j'ai laissé "Dieu existe" car je trouvais que rajouter quelque chose d'autre allait trop surcharger le tout.

Merci à toi
VavaOmete
Posté le 11/10/2020
Du Lovecraft pour un Octobre Imaginaire, quoi de plus approprié ? =D
J'ai vu que tu avais déjà eu pas mal de commentaires sur les corrections grammaire/orthographe à faire, du coup je ne rajouterai rien ^^ je pense que tout est dit.

Quand la nouvelle est arrivée, la lecture du titre m'a tiré un sourire presque tout de suite, en mode "ooooh ? Voyons voir !" mais une fois cette dernière terminée, je me suis demandé si un lectorat non connaisseur saisirait de quel dieu il s'agit La réaction de Kévin Gallot tend à me faire penser que non, puisque ta chute s'inscrit vraiment très bien le schémas d'un récit lovecraftien.
Dieu existe.
Et sa folie est sur nous =D
Peut-être que quelques indices de plus, ou la mention d'autres éléments, pourrait aiguiller tout ton lectorat vers l'information que le dieu en question est Cthulhu ?

En dehors de ça, c'est une nouvelle que nous avons grandement appréciée pour son ambiance, son atmosphère et pour la folie grandissante qui rend le professeur de plus en plus insupportable et impossible à arrêter, tant dans son monologue monocentré que dans ses actes de folie.

Merci d'avoir participé à cet AT !
Et "ph'nglui mglw'nafh Cthulhu R'lyeh wgah'nagl fhtagn" !
Suturiae
Posté le 11/10/2020
Merci beaucoup VavaOmete pour ce commentaire ! En effet, une petite sensibilité lovecraftienne est nécessaire pour comprendre les tenants et aboutissants de cette nouvelle.

Quand je transformerai cette nouvelle en récit, j'approfondirai la venue de ce Dieu tentaculaire ! Promis :)
Kevin GALLOT
Posté le 09/10/2020
Salut !
J'adore j'adore j'adoooore ! Super texte, bien écrit, glauque à souhait, intense, et ce malgré les quelques coquilles que Fannie à remarquablement détectées et énumérées.
Mon seul bémol : la chute. Ou l'absence de chute. Il y a bien "Dieu existe", mais on l'a déjà lu avant. Je m'attendais à une surprise, un choc.
A+
Suturiae
Posté le 11/10/2020
Salut Kevin,

Merci pour ton commentaire, ça me va droit au coeur. En effet, c'est une nouvelle avec une "non-chute", mais sans mentir, je ne savais pas vraiment comment la terminer autrement ahah
Fannie
Posté le 08/10/2020
Ce professeur hautain devait déjà être détestable dans son état normal.  :-) Dès le début, il agresse verbalement son élève. Indéniablement, il se croit supérieur, à la fois par la classe sociale dont il est issu et par sa science. Si sa haine de la modernité et de la technologie le pousse à dénigrer tous les ouvrages récents, il pourrait éventuellement vanter les anciens, à moins qu’il déteste tous les livres.
J’aime bien l’ambiance de cette nouvelle et cette progression qui part d’une colère encore presque normale, installe une atmosphère de plus en plus inquiétante jusqu’à ce que la folie du professeur éclate et que sa transformation s’opère.
Comme je vois que tu soignes ton vocabulaire et tes phrases, j’ai voulu te faire quelques petites remarques… et finalement, j’ai pondu toute liste. (*Sur ces mots, Fannie court se cacher*).
Coquilles et remarques :
— Pourquoi choisir celui-là, et pas un autre, tout aussi dépourvu d’intérêt que l’ensemble de la littérature de basse-cour que l’on nous propose. [Point d’interrogation.]
— Le ton du professeur Giling trahissait en lui une colère profonde qu’il tentait d’intérioriser [« en lui » me semble redondant]
— ses yeux autrefois verts semblaient presque s’assombrir au point de devenir bruns. [Je mettrais « presque » avant « bruns ».]
— Comment peux-tu croire qu’un jour, ces sobriquets débiles de la modernité t’offriront un savoir infini ? [Un sobriquet, c’est un surnom, généralement railleur. Ici, c’est une impropriété. S’agit-il de mots ? Néologismes, barbarismes, jargon… Ou de discours ? Amphigouri, galimatias, charabia, baragouin...]
— Les connaissances qui reposent dans ces écrits, n’ont aucune valeur, elles ont été édictées par des fous [Pas de virgule après « écrits » (elle sépare le verbe de son sujet) / on édicte des lois, pas des connaissances ; dispensées, peut-être ?]
— Certes, le temps passait sur lui avec toutes les affres que la vieillesse comporte : fatigue, sénilité, aigreur etc, mais jamais, il n’aurait imaginé une dégénération si rapide. [« toutes les affres de la vieillesse » suffirait / etc., / Je dirais plutôt « dégénérescence ».]
— qui n’avait jamais une seule fois émané du langage du savant [«  jamais une seule fois est redondant : « jamais » ou « pas une seule fois » / « émaner du langage » me semble impropre ; n’avait jamais émaillé, souillé, profané son langage, peut-être ?]
— A vrai dire, je crains de ne pas… [À]
— ce que nous, lettrés, hommes de haut-rang entrevoyons avec clairvoyance [ de haut rang / pour éviter d’avoir deux mots avec le même radical : « percevons » ou « discernons avec clairvoyance », peut-être ?]
— n’offrant qu’à l’étudiant ses cheveux gris, longs et ondulés [n’offrant à l’étudiant que ses cheveux gris, longs et ondulés]
— Corey pinçait ses lèvres entre elles pour calmer son ego humilié [« entre elles » est redondant]
— Etait-il devenu le souffre-douleur de son professeur ? [Était-il]
— Déclare alors le professeur / Osa-t-il demander / Chuchota-t-il / Finit-il par hurler [déclara ; passé simple / On ne met jamais de majuscules aux incises, quel que soit le signe de ponctuation qui précède, n’en déplaise aux correcteurs orthographiques  ;-).]
— L’étudiant osa répliquer. [Il y a déjà « osa demander » un peu plus haut ; « se risqua à répliquer », peut-être?]
— Une fureur ardente semblait bel et bien le consumer, et un brasier enflammait son regard. [Il faudrait passer à la ligne avant « Une fureur » / Je ne mettrais pas la virgule avant « et ».]
— Quoique tu dises, tu offenses cette Terre, quoique tu penses, tu déformes la vérité, quoique tu songes, tu insultes la réalité. [Quoi que (en deux mots) les trois fois ; à ne pas confondre avec la conjonction « quoique ».]
— Il m’est apparu, hier soir, devant moi. [C’est redondant : « Il est apparu, hier soir, devant moi. »]
— C’est plus qu’une existence, c’est une véritable manifestation suprême. [Les qualificatifs « véritable » et « suprême » s’affaiblissent mutuellement ; je propose : « c’est (véritablement) une manifestation suprême ».]
— Professeur Giling se calma alors, ses yeux grands ouverts témoignaient [Je mettrais un point-virgule après « alors ».]
— Il se pencha sur le bureau de Corey et remonta sa manche pour lui offrir une vue horrifique. Il retint un cri de stupeur. [Je propose : « Celui-ci retint un cri de stupeur ».]
— La marque des dents n’était pas humaine, mais certainement pas animale. [J’ajouterais « non plus » après « animale ».]
— il va nous prendre sous ses ailes, nous guider loin de cette technologie déferlante et cette modernité répugnante [sous son aile / et de cette modernité]
— Corey se leva si brusquement qu’il en fit tomber sa chaise, raisonnant dans la bibliothèque mortifère. [résonnant ; mais comme ce n’est pas Corey qui résonne, je propose « dont le bruit résonna »]
— son coeur battait à tout rompre [son cœur ; ligature]
— Un long râle de douleur illustrait la souffrance qu’il endurait [« illustrait » me semble impropre ; exprimait, manifestait, révélait, témoignait de ?]
— Le professeur redescendit le menton, et de vastes tentacules (du moins, cela y ressemblait) noires [noirs ; tentacule est masculin]
— les mains devant la bouche à la vue d’une telle créature monstrueuse, bavant sur le dos du jeune Corey au sol pleurant de venir l’aider. [Cette phrase me semble un peu bancale : syntaxiquement, « bavant » se rapporte à la bibliothécaire, les deux participes présents n’ont pas le même sujet et la construction « pleurer de venir » n’est pas correcte. Je propose : « créature monstrueuse en train de baver sur le dos du jeune Corey, qui pleurait (au sol) pour qu’on vienne l’aider ». ]
— jetant parfois un oeil sur le gardien [œil ; ligature / jetant parfois un coup d’œil]
— et seul le cri strident du sauveur de Corey retentissait derrière la double porte [seul le cri strident (...) retentit » ou « seuls les cris stridents (...) retentissaient; il faut que les cris durent pour employer l’imparfait]
Suturiae
Posté le 11/10/2020
Wow ! Merci pour ton travail de relecture ! Je vais m'efforcer de reprendre tout ça dès que mon emploi du temps me le permet :D

Merci beaucoup pour le temps que tu as accordé à cette nouvelle !
Luna
Posté le 07/10/2020
Salut Suturiae !

Quelle nouvelle surprenante ! J'ai adoré cette entrée en matière qui semble presque adressée au lecteur. C'est terriblement accrocheur et ça m'a tout de suite immergée dans ton récit.

Une toute petite remarque concernant ce passage : "Jamais Monsieur Giling n’avait été odieux avec lui, d’où son esprit si embué." Je pense que la fin de la phrase n'est pas nécessaire, car on ressent déjà le trouble de Corey qui transparaît dans ses réactions. J'irais même plus loin en disant que la phrase en entier pourrait être enlevée. C'est le fameux "show, don't tell" ;) à mon sens tu nous montres suffisamment bien l'état d'esprit de Corey sans qu'il soit nécessaire de le dire explicitement.

En tout cas j'ai beaucoup apprécié ma lecture, merci pour ce texte !
Suturiae
Posté le 07/10/2020
Salut Luna !

Merci pour ton message très positif ! En effet, j'ai un mauvais réflexe de décrire déjà ce qu'on voit de manière explicite ahah. Je modifierai ça une fois le concours passé, je préfère laisser la nouvelle telle quelle.

Merci beaucoup !
Soah
Posté le 07/10/2020
Une super ambiance, vraiment sympathique mais comme le texte est assez court, je reste un peu sur ma faim, haha ! J'étais embarquée et j'étais triste de voir la fin déjà arrivée !
Merci pour ce texte, c'était vraiment chouette comme lecture ! :D
Suturiae
Posté le 07/10/2020
Salut Soah !

Merci pour tout message, je compte écrire autour de cette nouvelle une oeuvre bien plus grande, donc je la retravaillerai !

Merci à toi
Isapass
Posté le 05/10/2020
Bonjour,
J'ai beaucoup aimé la mise en ambiance : tu nous plonges tout de suite dans le vif du sujet ! Les ingrédients sont aussi très bien choisis et les élucubrations du professeur sont prometteuses, quand il démarre sur une potentielle relation entre l'origine sociale et l'intellect, une idée de hiérarchie dans la valeur des humains, etc...
Du coup, j'ai un peu regretté que tu ne développes pas plus cette partie-là avant de lancer les hostilités et la "transformation" du prof.
Ceci dit, ta plume est riche et agréable à lire. Merci pour ce texte !
Suturiae
Posté le 07/10/2020
Bonjour Isapass,

Merci pour ton message ! Il me fait très plaisir. En effet, on est assez limité pour ce concours, mais promis je développerai une oeuvre bien plus grande tout autour de cet univers !

Merci à toi !
Nëlenia
Posté le 04/10/2020
Bon, du coup je depasse de cinq ans l'âge du lectorat recommandé. Mince. J'aime beaucoup l'ambiance, l'idée d'un professeur lettré, venant d'un monde où l'accès la culture et à la connaissance se fait par le sang et le rang et de fait, un élève qui viendrait d'un autre milieu. Classique mais redoutablement efficace, je ne peux qu'apprécier. L'idée que le savoir ( ou la révélation ici) puisse entrainer la folie ( mais pas que, on peut supposer que la blessure y est pour beaucoup) est quelque chose que j'aime aussi énormément. On retrouve ça beaucoup chez Lovecraft.
Concernant le style, je ne suis pas d'une grande aide, j'ai trouvé que l'on rentrait très facilement dans le texte et qu'on se laissait aisément captiver pour avoir la suite.
J'ai noté uniquement deux choses qui me sont apparus comme un curieuse :

- " un long râle illustrait la douleur ". Si j'aime l'image, illustrer et bruit forment pour moi, un duo déroutant qui peut éventuellement être considéré comme maladroit.
- " bavant sur le dos du jeune Corey au sol" j'ai un peu l'impression qu'on enfonce le clou, au vue de tes descriptions précédentes, surtout du fait qu"il a les chevilles brisées, on se doute bien qu'il est toujours par terre. C'est peut être un peu redondant.

En tout cas, j'ai hâte de lire la suite !
Suturiae
Posté le 04/10/2020
Bonjour Nëlenia !

Merci beaucoup pour ton retour, il est très instructif. Ne t'en fais pas pour l'âge, j'ai juste repris l'ordre de grandeur des tranches indiquées pour le concours, mais je modifierai ça.

Je ne sais pas s'il y aura une suite, du moins pas dans l'immédiat, j'ai rédigé la nouvelle spécialement pour le concours, et bien que j'aime beaucoup l'univers (que j'emprunte à Lovecraft, mais aussi au jeu Bloodborne que j'adore), je n'ai pas encore suffisamment travaillé dessus pour proposer une suite :)

Merci à toi !
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