Le distributeur automatique

Elle venait à peine de sortir de la salle P312.

Évidemment, elle était au troisième étage.

Elle dévala les marches deux à deux, ignorant toutes les connaissances qu’elle croisa sur son passage.

Même ce joli garçon aux yeux clairs et aux cheveux bruns.

Il était mignon et avait l’air gentil, mais la réalité, ce n’était pas vraiment son truc à elle.

Elle, elle préférait la facilité.

Elle arriva enfin devant le distributeur automatique, mais toutes ses pensées avaient entravé sa réflexion sur son choix de parfum.

Qu’allait-elle choisir ? Douce Nostalgie ? Désir Assouvi ? Pulsion Réciproque ?

Elle ne savait plus quoi choisir.

Habituellement, elle prenait Le Premier Baiser.

La surprise mêlée à l’excitation et à l’attente des premiers regards.

Elle y pensait depuis son premier cours de la journée.

Le premier baiser n’est pas juste excitant. Il est révélateur.
L’être embrassé est surpris, flatté ou outré, selon la situation ; avec ce petit bonbon, le désir est toujours réciproque, évidemment.
Mais celui qui embrasse, lui, mêle audace et pulsion. Il ferme presque toujours les yeux pour améliorer la simulation.

— Un choix complexe, dit une voix derrière elle.

C’était le beau brun de tout à l’heure.

— Oh oui ! Dis-moi, est-ce que tu pourrais me rendre un service ? demanda-t-elle.

— Évidemment, je t’écoute, répondit-il.

Sans réfléchir, elle se mit sur la pointe des pieds et l’embrassa à pleine bouche.

Puis, d’un ton neutre, elle se retourna vers le distributeur et tapa B26.

Douce Nostalgie, histoire de changer, précisa-t-elle.