Le Faucheur

Par LilyOtv
Notes de l’auteur : TW Mort Meurtre

C'était en plein hiver. Un hiver comme il n'en existe nul part ailleurs. De gros flocons s’abattaient sur la régions et partout le sol était recouvert d'un manteau blanc presque immaculé. Les enfants jouaient dans la neige sous le regard bienveillant de leur parents et malgré le froid mordant, la joie était au rendez-vous, réchauffant les cœurs. Partout, dans les foyers, dans la rue, à la campagne on sentait dans l'air cette agitation propre à la période de Noël où tout semble aller pour le mieux.

 

C'est dans cette ambiance festive que tout bascula pour la petite ville de Dalgimo. La nuit était tombée depuis peu et tout le monde vaquait à ses occupations. Dans une bourgade de cette taille où tout le monde se connaît, rien ne passe inaperçu habituellement; pourtant lorsque vers 18h monsieur Fragon quitta la vaste demeure où il résidait seul depuis la mort de sa femme et de sa fille, pas un voisin ne le salua. Personne ne remarqua la silhouette rabougrie au crane dégarni qui se traînait entre les ruelles sombres. Personne ne s’inquiéta, lorsque l'heure tourna et que tous le village se réunit à l'église pour la messe de minuit, de ne pas le voir comme à son habitude près du banquets, picorant dans chacun des 13 desserts.

 

Alors que l'heure approchait, le vent se leva. La neige clémente des dernières semaines se fit dure et se transforma en grêlons acérés. Les portes de l’église s'ouvrirent plus tôt que prévu et les villageois prirent place content d'échapper au temps, priant qu'il se calme rapidement.

 

Lorsque tout le monde fut installé et qu'un silence relatif se fit enfin, la messe débuta. Un éclair illumina les vitraux et le tonnerre gronda quasiment en même temps. Les voûtes de l'édifice lui firent échos mêlant la voix de l'orage à celle du prête qui officiait. Lorsqu'à nouveau la foudre s’abattit, le courant sauta, le prêtre se tut et les enfants se mirent à hurler de peur. Des rafales de vents d'une puissance inouïe déferlaient sur le bâtiments. Les minutes passèrent, angoissantes et très vite la panique se répandit. Quelques courageux enjoignirent leurs semblables au calme alors que tous sentaient dans l'air cette aura maléfique qui avait imprégné les lieux.

 

L'orage se déchaîna encore un moment, puis les immenses battants en chênes de la porte bougèrent, offrant un spectacle hors du commun. Debout au beau milieu des débris bringuebalés par la tempête, se tenait monsieur Fragon. Il portait une robe noire ornée de branches de ciguë, une cape de la même couleur, brodée de fils rouge ainsi qu'une faux accrochée dans son dos. Dans sa main droite tendue, une braise rougeoyante grésillait, à gauche, une tête se balançait au bout de la chevelure qu'il tenait fermement de son poing. Le maire reconnue le visage de sa fille et s'évanouit, blême. Il ne fut pas le seul à tourner de l’œil. Fragon, toujours prostré dans cette position, psalmodiait des paroles inaudibles. Lorsqu'enfin il releva la tête, on voyait qu'il avait perdu toute lucidité. Quelque chose de profondément malsain brillait dans ses yeux. Il hurla à la foule des phrases que personnes ne comprit, attrapa sa faux et se jeta dans la masse, dansant parmi les vivants, les réduisant à l'état de corps qui s'accumulèrent très vite. Ceux qui tentèrent de l'arrêter furent les premiers à tomber. Ceux qui tentèrent de fuir, n'échappèrent pas à leur destin. Lorsqu'il ne resta que le prêtre de vivant, il prit le temps de nettoyer son arme puis de savourer sa victoire en s'approchant de lui. Effrayée, sa victime ne chercha pas à fuir, encore moins à lutter. Il regarda la faux s’élever, promesse de mort et demanda juste à son bourreau : ''Pourquoi ?''. Sa seule réponse fut un rire machiavélique et le bruit que fit sa tête en dévalant les marches de l'autel.

 

Lorsqu'au petit matin, on découvrit le carnage, Fragon avait disparut. Seules restaient quelques branches de ciguë éparpillées dans l'église et une plumes géante de corbeau, ainsi que l'écho lointains du rire sans fin de l'Homme que la légende locale nomma plus tard le Faucheur.

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AlienaOfficiel
Posté le 06/07/2020
Salut :)
Très bon premier chapitre. Le vocabulaire, les structures de phrases sont juste parfaites ! J'ai hâte de voir la suite. Je suis une passionnée d'horreur et là, je suis servie ! Si vous n'avez rien à vous mettre sous la dent, votre critique sur mon histoire me ferait grandement plaisir. Après tout, toute critique est bonne à prendre. ^^
Alice Janes
Posté le 27/05/2020
Hello !!!
C'est un super début d'histoires, avec ce qu'il faut gore et de sang pour que ça soit passionnant et qu'on se demande ce qu'il va se passer ensuite. Tu as un style d'écriture que j'apprécie beaucoup, c'est rapide, fluide et assez rythmé pour accrocher l'attention du lecteur.

J'ai hâte d'en découvrir un peu plus ;)
Sarah B. Lila
Posté le 18/05/2020
Coucou,
J'adore l'ambiance de ta nouvelle.
Et je suis du même avis que d'autres, ça donne envie d'en connaître plus sur toi et ton univers.
Au plaisir de te lire une prochaine fois.
MadelinePerlef
Posté le 16/05/2020
Hello !
Texte très intéressant, j'aime beaucoup ta manière d'écrire et de planter un décors et une ambiance !
Je pense que tu pourrais facilement développer ton histoire autour de la traque de Fragon. En tout cas j'espère que j'aurais l'occasion d'en lire plus de toi (sur cette histoire ou sur une autre).
LilyOtv
Posté le 16/05/2020
Coucou :)

Je n'envisage pas forcément de "suite" pas dans l'immédiat en tout cas, mais c'est vrai que les fins ouvertes (et c'est souvent le cas sur les nouvelles courtes pour moi ^^) c'est toujours possible ! Par contre ça m'arrive régulièrement de faire des "séries" : plusieurs nouvelles avec le ou les mêmes personnages mais sans forcément de lien fort entre les histoire "juste" l'univers et les personnages :)
Affaire à suivre donc ^^

Merci pour ton retour qui fait plaisir et plein de bisous volants <3
SollyR
Posté le 16/05/2020
Hé ! :)

Super ton histoire, j’ai relu deux fois pour essayer de comprendre pourquoi monsieur Fragon avait commis cet acte horrible !

J’imagine qu’il avait un trouble mental lié à la perte de sa femme, ainsi que de sa fille ? Fais-moi savoir !

Texte court, mais complet ! J’ai adoré !
LilyOtv
Posté le 16/05/2020
Coucou :)
Concernant le flou autour du pourquoi, j'aimais bien l'idée de ne pas répondre à la question et de laisser l'interprétation libre avec des "liens" possibles :
-Le traumatisme de le perte de sa famille VS la (première) mort de la fille du maire
-La diable qui s'est emparé de lui VS l'église, la décapitation du prêtre
-La solitude VS Noël LA fête familiale
- etc.

Concernant la folie, c'est aussi une interprétation possible et initialement le mot était dans l'histoire, mais je l'ai retiré : l'histoire est déjà un peu borderline sur le côté stéréotype/psy-validisme du coup je voulais pas en remettre un couche :x

J'espère que ça complète (sans trop enlever à l'imaginaire) ta vision de l'histoire :)

Plein de bisous volants <3
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