Le Frisson

Notes de l’auteur : Abandonne

Te voilà plongée dans la douceur de ta chambre, pour quelques heures, tu sombre doucement en t'endormant dans une étrange réalité forgée par ton imagination. Ton esprit abandonne ton corps et vagabonde dans de nouvelles contrées, patchwork de souvenirs et créations mentales. Bien que tes paupières soient closes, tu vois la lumière du soleil et sens sa chaleur sur ta peau. Allongée sur le dos, tu ressens le sable fuir légèrement sous toi à chacun de tes mouvements, tandis qu’une brise tiède effleure ta peau. Le bruit du ressac se mêle au crépitement des vagues s’échouant sur des millions de grains de sable.

 

Une plage de sable fin à perte de vue, une mer d’un bleu profond qui ondule à l’infini… Au loin, comme un mirage, une silhouette se dessine. Impossible de distinguer s’il s’agit d’un homme ou d’une femme, mais peu importe : la douceur du moment et la chaleur du soleil te semblent à cet instant bien plus importantes. Cette torpeur te transporte, et tu te sens intouchable.

 

Alors que tu caresses doucement le sable, un sentiment de panique te saisit soudain. Sur cette plage, alors qu’un inconnu s’approche, tu réalises que tu es nue. Tu te redresses, debout, la main en visière pour mieux distinguer la silhouette au loin. Mais ce n’est pas une seule personne : ce sont plusieurs silhouettes qui avancent. Il y a des hommes, des femmes, certains marchant seuls, d’autres en petits groupes.

 

Impossible de fuir ou de te dissimuler : dans quelques instants, ces inconnus pourront t’observer, sans que tu ne puisses rien leur cacher. Tu t’assois en tailleur, cherchant une solution pour échapper à leurs regards. Mais il n’y a qu’une option : te réfugier dans l’eau, en espérant qu’ils ne fassent que passer.

 

Tu te lèves et te diriges vers la mer. L’eau, glacée, t’atteint d’abord aux chevilles, mais tu avances encore, serrant les poings pour te donner du courage. Finalement, tu t’immerges entièrement, bravant le froid mordant. Les inconnus, maintenant à quelques dizaines de mètres, s’installent dans un joyeux brouhaha ponctué d’éclats de rire et d’incompressibles exclamations.

 

Depuis plusieurs minutes, tu te caches dans cette eau glacée, mais le froid t’envahit peu à peu, tétanisant ton corps. Tu comprends que tu ne pourras pas y rester. Sur la plage, les gens se sont installés : des couples allongés s’embrassent, des solitaires profitent silencieusement de la chaleur du soleil, tandis que d’autres jouent aux cartes en discutant bruyamment.

 

Ils sont une trentaine maintenant, tous vêtus au moins d’un maillot de bain. Frigorifiée, tu réalises qu’il te faudra sortir, t’exposer nue devant cette foule. Lentement, l’idée de transgresser cette règle commence à te séduire. Toi qui prends parfois plaisir à te changer dans des endroits où l’on pourrait te surprendre, tu es confrontée à une nouvelle étape : t’exhiber pour de vrai.

 

Tremblante, tu fais quelques pas vers la plage. L’eau ne t’atteint plus qu’à la taille, et ta poitrine se dévoile, raffermie par le froid. La partie de ton corps émergée se réchauffe rapidement sous le soleil, et tu marques une pause. Des regards croisent le tien, s’attardant sur tes seins. Ces regards, loin de te gêner, provoquent en toi une chaleur plus intense, plus profonde.

 

Parmi la foule, un regard se distingue : celui d’une femme, qui semble ne pas quitter ton corps des yeux. Chaque détail de toi, dégoulinante et frissonnante, est observé avec attention. Puis, dans un geste décidé, elle retire le haut de son maillot, dévoilant sa magnifique et opulente poitrine. Ses aréoles larges et ses tétons saillants, raffermis non par la morsure du froid mais par un autre feu, attirent ton regard. Il ne t’en faut pas plus pour te donner le courage nécessaire pour faire le dernier pas vers l’ultime étape.

 

D’un pas lent, tu sors timidement de l’eau glacée. La chaleur retrouve progressivement les endroits qu’elle avait abandonnés. La femme, désormais en monokini, n’en perd pas une miette et croise les jambes, comme pour contenir une envie. L’eau atteint ton nombril avant de dévoiler l’intégralité de ta nudité. La femme sourit et rougit.

 

Tu t’installes à quelques mètres d’elle, t’allongeant sur le sable pour profiter de sa chaleur. Les yeux mi-clos, tu essaies de l’observer discrètement pour voir de plus près sa réaction. Elle ne semble plus te regarder et fouille dans son sac. Pour ne pas être découvert, tu te redresses et fixes un instant l’horizon.

 

Tes émotions se bousculent. Tu réalises que tu es nue sur le sable, au milieu d’une foule d’inconnus. En te rallongeant, tu balayes du regard les gens qui t’entourent et remarques que plusieurs d’entre eux te fixent discrètement.

 

Ton attention revient sur la femme, qui semble apprécier la vue de ton corps nu. Elle ne fouille plus dans son sac de plage, tenant désormais une petite bouteille d’huile solaire. Elle verse un peu d’huile dans sa main gauche et commence à l’étaler doucement sur sa poitrine. Ses gestes sensuels, alliés à la vision envoûtante de ses caresses sur sa généreuse poitrine, éveillent en toi des sensations difficiles à contenir. Sans vraiment réaliser la portée érotique de ton geste, tu te mords la lèvre en la regardant.

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