Vous connaissez certainement cette histoire,
Que certaines petites roues ressentent,
Celle d’une rencontre sur leur trajectoire,
Que, trop souvent, la morale réfute :
Des mains habiles avaient donné vie,
Dans le tout petit atelier d’un artisan,
A la petite roue et à sa jolie fratrie,
Pour venir en aide à de petits enfants.
Montées sur un joli vélo,
Deux paires de roues jumelles,
Pour ravir les marmots
Et leur faire pousser des ailes.
Mais, bien vite, l’enfant grandit.
Désormais, assez débrouillard,
Il laissa, ainsi, derrière lui,
Les petites roues dans le placard.
Détachée de sa sœur adorée,
Dans une grande benne,
Les jumelles furent jetées,
Amplifiant, ainsi, encore leur peine.
La petite roue, désormais, orpheline,
Fut récupérée, malgré ses cabosses,
Et déposée dans le coffre d’une berline,
Comme la cinquième roue du carrosse.
Après quelques années,
Une grande roue sans rayons,
Vint, enfin, illuminer
Sa vie pour de bon.
Mais comment pouvaient-elles,
Jugées trop incompatibles,
Pour être relier par une selle,
Exprimer cet amour impossible ?
Heureusement, un funambule bipède,
Qui avait bien cerné leur problème,
Construisit un très joli vélocipède,
Afin que les roues puissent se dire je t’aime.
Désormais sans leur pneumatique,
Bien au-dessus des toits,
Perchés sur un fil métallique,
Ils vécurent leur amour à trois.
Peu importe les différences, de quelques natures soient-elles, l'important est de trouver celui ou celle qui vous donne des ailes.
Coquilles et remarques :
L’irrégularité des vers ne trouble pas la fluidité de ton poème, contrairement aux trop nombreuses virgules, surtout les doubles virgules (qui sont des sortes de parenthèses).
— Celle d’une rencontre sur leur trajectoire, / Que, trop souvent, la morale réfute [Ce serait préférable d’enlever la virgule avant « Que », puisqu’il y en a une juste après.]
— A la petite roue et à sa jolie fratrie, [À ; selon l’Académie française, la plupart des grammairiens et l’Imprimerie nationale, il faut accentuer les majuscules, parce que les accents ont pleine valeur orthographique.]
— Désormais, assez débrouillard, / Il laissa, ainsi, derrière lui, [Pour la fluidité, j’enlèverais la virgule après « Désormais », ainsi que la double virgule qui encadre « ainsi ».]
— Détachée de sa sœur adorée, [« Détachées de leur sœur adorée » s’il y a trois roues, « Détachées de leurs sœurs adorées » s’il y en a quatre.]
— Les jumelles furent jetées, / Amplifiant, ainsi, encore leur peine. [Sans la double virgule qui encadre « ainsi », le vers serait plus fluide. Mais il y a une faute de syntaxe : le sujet sous-entendu de « Amplifiant » n’est pas « Les jumelles » ; la phrase est donc disjointe. Je propose « Ce qui amplifia encore leur peine ».]
— La petite roue, désormais, orpheline, / Fut récupérée, malgré ses cabosses, [Pour la fluidité, j’enlèverais deux virgules : après « désormais » et après « récupérée ».]
— Une grande roue sans rayons, / Vint, enfin, illuminer [Il faudrait enlever la virgule après « sans rayons » parce qu’elle sépare le verbe de son sujet.]
— Jugées trop incompatibles, / Pour être relier par une selle, [Il faudrait enlever la virgule après « incompatibles » parce qu’elle sépare l’adjectif de son complément. / Pour être reliées.]
— Afin que les roues puissent se dire je t’aime [se dire « je t’aime »]
— Perchés sur un fil métallique, / Ils vécurent leur amour à trois. [Tu parles de trois roues : il faut donc écrire « Perchées sur un fil métallique, / Elles vécurent leur amour à trois ».
— Peu importe les différences, de quelques natures soient-elles, [« de quelque nature » est invariable, parce que ça veut dire « quelle que soit leur nature »]
— l'important est de trouver celui ou celle qui vous donne des ailes. [Dommage de mettre « l’important » alors qu’il y a « Peu importe » dans la première partie de la phrase ; « l’essentiel », peut-être ?]
Tout plein de tendresse même quand la petite roue se retrouve seule.
C'est très bien trouvé d'avoir écrit de ce point de vue la !
De nouveau, j'ai adoré ce texte ** (plus que le 4, que je viens de commenter).
Mon cerveau lent vient tout juste de remarquer que tu débutes toujours de la même manière et suis le même schéma, mais avec un objet différent à chaque fois (oui, je suis une personne un peu limitée, parfois xD)
Il y a juste ce vers : "Que, trop souvent, la morale réfute :", avec le mot "réfute" (le son -te, surtout), qui me semble casser l'harmonique.
J'ai vu que tu avais ajouté des genres de morales à la fin (je crois ?), et c'est une super idée ! J'aime beaucoup, et ça apporte vraiment quelque chose de plus !
Oui, oui j'ai ajouté des petites "morales" pour essayer de me rapprocher du genre des fables. Contente que cela te plaise.
Un grand merci
Quelle belle interprétation ! Je ne pensais pas m'attacher aux petites roues d'un vélo aujourd'hui, comme quoi.
Le chemin jusqu'à l'image de la carte se fait sans difficulté, on suit les mésaventures de la petite roue jusqu'à une résolution toute douce. Tes rimes sont délicieuses, surtout celle entre "bipède" et "vélocipède", c'est un plaisir de te voir jouer avec les mots.
J'ai hâte de voir ce que tu vas faire avec les prochaines cartes ♥
Je te remercie encore une fois.
Et maintenant lorsque tu croiseras un vélo équipé de petites roues peut-être repenseras-tu à cette petite roue et à ses péripéties...