Depuis toujours ou presque, qu'il ait eu à enfoncer des portes, à dégrafer un soutien-gorge ou à hypnotiser une foule indécise, le jeune président n'avait connu dans sa vie qu'un modèle : Big Banger, roi du cosmos, commandeur de La République Bilunaire et dieu vivant pour les ados qui comme lui avaient vécu les dernières années du communisme devant leur télé.
Qu'est-ce que Big Banger aurait fait à ma place ? Cette martingale lui permit d'être propulsé à la tête du pays à pas même quarante ans.
Seul, devant le bureau de Napoléon, que celui-ci avait rapporté de la campagne d’Égypte, apprenant qu'il eût appartenu au grand Hannibal, le jeune président soupesait une décision dont l'énoncé était fort simple : fallait-il ou non rayer Washington de la carte en représailles ?
"Monsieur le Président, l’équilibre du monde est similaire à celui d’une maison. C’est la raison pour laquelle on ne peut pas abattre le mur américain, c’est un mur porteur, tout risquerait de s’effondrer si on y touchait"
Ainsi avait parlé le chef d’État-Major la veille au soir. Une voix forte, une vision claire : une fois de plus, la France devait privilégier l’aplaventrisme. Ses conseillers politiques les plus proches ne disaient pas autre chose. Il fallait résoudre la crise par la voie diplomatique. Même le va-t’en-guerre Arthur Ducroc n’avait pas moufté.
Le cerveau du président, pourtant des plus habiles pour déchiffrer, interpréter et sublimer la petite musique de l’information, se trouvait comme paralysé. S’il lançait l’attaque aujourd’hui, chaque jour qui viendrait l’exposerait davantage, il allait se retrouver dans l’œil du cyclone, face au tourbillon incertain de l’Histoire en marche. Aucune garantie d’en sortir indemne. Or, le plus important à ses yeux, et ce n’était pas négociable, c’était d’éviter à n’importe quel prix de contrarier sa postérité future. Mais il était dos au mur, et il devait trancher sans tarder. Le soulagement fut immense quand enfin son esprit invoqua le mot magique : BIGBANGER ! Face à cette situation critique, quelle décision le roi du cosmos aurait-il pris ?
-------------------------------------
BIGBANGER – Épisode 77
Contre toute attente, BIGBANGER renverse une situation désespérée. Les Synergiens déferlent sur la Terre depuis 44 lunes. Mais grâce aux lumières toxiques, BIGBANGER plonge la planète dans le noir absolu pour mille ans. La vie étant devenue impossible sur la planète bleue, les Synergiens n’ont d’autre choix que d’abandonner leur projet expansionniste. Une fois de plus, la maitrise légendaire de BIGBANGER a payé.
-------------------------------------
Le jour se levait. Le président de la France devait voir grand. Sourire aux lèvres, il se saisit du téléphone rouge.
Et pour un premier écrit lu ici, bah, putain, c'tait court mais bonne "introduction" ! J'aime particulièrement le fait que tout ce qu'il y a de drôle dans cet écrit ne vient pas avec des sabots XXL mais est plus subtil, que l'écriture soit très sérieuse et que ça contraste avec les événements ici, comme une bonne couche de légèreté sur une histoire qui semble moins l'être au premier abord (parce que oui, la réunion présidentielle a l'air quand même très accurate... enfin, p'têt que c'est parce que question politique, j'suis très pessimiste).
Donc, ouais, j'ai vraiment bien aimé, c'était très cool !
Un grand merci pour ton retour, et j'aime bien l'usage du mot "accurate" pour décrire ce meeting de pieuvres.
Hâte de découvrir ton univers
Peace
Je trouve que c'est net et sans bavure, bien écrit :)
S'il me manquait quelque chose, c'est peut-être une raison plus explicitée pour laquelle le président se demande s'il veut rayer Washington de la carte, plutôt que de l'imaginer nous-mêmes. Ca permettrait d'imaginer ce que peut signifier la fin plus facilement aussi.
C'est une très bonne remarque. Je vais réfléchir à la façon dont je pourrais préciser les événements qui conduisent le jeune président dans l'impasse.
Merci 🙏
J'aime beaucoup ce genre d'histoire très ramassée. Pas de fioriture, direct à l'essentiel.
J'avoue moi aussi être assez féru des formats courts et directs. Écrire une histoire qui se tienne avec une débauche de mots limitée est un exercice hyper intéressant je trouve.
Merci pour ton mot, au plaisir de te lire!
salut grande!
grande!