Le jour où la Lune éteignit le Soleil

Il aura fallu quatre ans à Estelle pour revenir sur les lieux où la Lune avait éteint le Soleil. Tous les ans depuis cet été-là, elle s’efforçait d’oublier l’anniversaire funèbre, mais les images ne s’effaçaient pas. La tristesse non plus.

La maison de vacances des parents de Célian trônait toujours au milieu de cette même prairie verte, ondoyante sous la brise. Estelle se gara devant l’entrée. L’angoisse lui étreignit la gorge. Il était encore temps de faire demi-tour. Elle posa la main sur la poignée de la portière et se força à sortir de la voiture avant de perdre tout courage. Cet endroit lui avait semblé idyllique, il y a quatre ans. Mais aujourd’hui, la maison était trop grande, vide, plongée dans l’obscurité, comme si personne n’y avait habité depuis des millénaires. La rivière courait toujours à quelques dizaines de mètres de la terrasse et créait un bruit de fond constant. Estelle avait adoré ce murmure apaisant. Elles s’y étaient éclaboussées en riant avec Aurélie. Ses jambes tremblèrent à l’idée qu’elle devrait retourner sur la rive. Mais pas tout de suite. Ce n’était pas le bon moment. Elle n’en avait pas la force.

Il y a quatre ans, comme aujourd’hui, elle s’était sentie comme une étrangère en arrivant devant cette maison, et elle s’était demandé si elle avait fait le bon choix. Tout s’était décidé très vite. Aurélie l’avait appelée la veille, encore plus enthousiaste qu’à son habitude. Elle s’en souvenait comme si ça s’était passé hier. Elle avait à peine eu le temps de décrocher que son amie s’était exclamée :

On va à la maison de vacances des parents de mon copain ce week-end ! C’est l’endroit parfait pour voir l’éclipse ! Tu m’avais dit que tu avais envie de la voir, tu viens avec nous ?

Comment aurait-elle pu lui répondre non ?

C’était la première fois qu’elle rencontrait Célian. Aurélie lui en avait beaucoup parlé, avait décrit ses yeux si bleus, ses cheveux si doux, son parfum, sa peau, son sourire, si bien que lorsque Estelle l’avait enfin vu en vrai, elle l’avait trouvé ordinaire. Mais Aurélie était amoureuse, alors pour elle, le moindre de ses gestes était un tableau, le moindre de ses mots était un poème. Estelle ne l’avait pas apprécié, sans le détester non plus. Quelque chose l’avait dérangé, elle n’avait pas su dire quoi. Peut-être était-elle un peu jalouse. Toujours était-il qu’en voyant leurs regards mielleux et leurs baisers passionnés, elle avait regretté d’avoir accepté de tenir la chandelle tout un week-end. Elle ne s’était pas sentie à sa place, mais au moins, Aurélie était là. Ce n’était plus le cas aujourd’hui.

Quelque chose s’était passé dans cette maison. Quelque chose qu’elle ne pouvait pas concevoir, mais qu’elle ne pouvait pas sortir de son esprit. Plus elle restait là, à la regarder, plus elle avait la nausée, plus son estomac se tordait, plus elle serrait les dents. Elle s’éloigna, mais elle sentait toujours sa présence, comme une ombre froide dans son dos. Elle pressa le pas pour rejoindre le prochain lieu, le seul où elle s’était sentie bien ce week-end-là. Le lieu d’observation.

 

Pour observer l’éclipse, ils avaient choisi de s’installer au sommet d’une petite colline un peu plus loin. Ils avaient étalé des couvertures sur l’herbe avec des coussins, des paquets de chips, des boîtes de bonbons, et des bouteilles de soda. Elle avait sorti de son sac les lunettes de protection qu’elle avait achetées pour l’occasion. Aurélie les avait chaussées et avait fait un défilé en riant. Même avec ces lunettes en carton, elle était radieuse. Estelle et elle s’étaient assises l’une à côté de l’autre alors qu’une ombre ronde et noire commençait à grignoter le Soleil.

– Il faut qu’on se fasse un tatouage, après ! avait soudain déclaré Aurélie. Un tatouage d’éclipse, pour qu’on se rappelle de celle-là pour toujours !

Elles avaient débattu de l’endroit où elles aimeraient se faire tatouer, et s’étaient décidées pour le poignet droit, toutes les deux. Pour pouvoir l’avoir toujours sous les yeux. Alors qu’Estelle arrivait en haut de la colline, elle ne put s’empêcher de regarder son poignet nu. Elle s’assit dans l’herbe fraîche et leva les yeux. Le Soleil déclinait derrière les pins et le ciel se parait d’orange et de rose. Il était orange aussi il y a quatre ans, mais un orange différent ; l’orange surréaliste d’une nuit qui tombait en plein jour.

La Lune gagnait du terrain sur le Soleil à toute allure. Elles avaient fixé cette bataille perdue d’avance pendant de longues minutes, impressionnées par la vitesse à laquelle tout ça se produisait. L’éclipse totale était pour bientôt. Estelle se demandait s’il ferait totalement noir, si les étoiles apparaîtraient quelques temps avant qu’enfin le Soleil ne réapparaisse et n’illumine de nouveau la clairière, la maison, la rivière. Le temps semblait suspendu et elle se prit à espérer que l’éclipse ne se produise jamais, que la Lune arrête ici sa course et qu’elles restent ainsi, toutes les deux assises côte à côte, dans l’attente du spectacle le plus incroyable de leur vie.

– Je sais pas ce que fait Célian, avait soudain dit Aurélie. Il va finir par rater l’éclipse. Je vais le chercher.

Elle avait enlevé les lunettes, s’était levée et avait couru vers la maison.

Le ciel s’assombrissait à vue d’œil, comme il s’était assombri cet été-là. Estelle se sentit aussi seule qu’après le départ de son amie. Elle avait continué à regarder la tache noire qui grignotait inexorablement le Soleil, mais ça ne paraissait plus si incroyable. Ça semblait même un peu terrifiant. Le vent se levait, agitait les pins et les brins d’herbe en un bruissement léger. Il faisait plus froid qu’il y a quatre ans. Peut-être était-ce parce que la nuit était presque tombée. On distinguait à peine une dernière lueur orange derrière les arbres. Les étoiles n’étaient pas encore visibles, mais la Lune trônait dans son royaume d’ombres. Estelle se releva en réprimant un frisson. Il était temps d’affronter le passé. Elle se dirigea vers la rivière.

 

Cet été-là, il y a quatre ans, alors que le Soleil n’était plus qu’un croissant rouge derrière la masse noire de la Lune, Estelle s’était relevée en soupirant. Aurélie et Célian n’étaient pas revenus, et s’ils ne se pressaient pas, ils allaient finir par manquer l’éclipse. Elle s’était dirigée vers la maison en maugréant qu’elle leur ferait la peau s’il lui faisait manquer ce qu’elle n’aurait jamais l’occasion de revoir. Alors que la maison n’était plus qu’à quelques mètres, elle avait vu une silhouette courir, s’enfuir de la maison par la terrasse, à l’arrière. Dans l’obscurité grandissante, elle avait reconnu son amie. Une silhouette la poursuivait. Estelle était restée interdite, puis s’était mise à courir.

Estelle arriva sur la rive. Il faisait nuit maintenant, et les eaux sombres grondaient sous elle comme si elles voulaient l’attraper. Le reflet de la Lune se déformait au gré des remous. Elle se tenait à l’endroit exact où ça s’était passé. Elle avait souvent revu cet endroit, en pensées, en cauchemars. Il lui semblait irréel. Elle avait cru avoir inventé ce qu’elle avait vu, ce qu’il s’était passé. Une larme roula sur sa joue sans qu’elle ne s’en aperçoive. Ce soir-là, la Lune avait fait disparaître le Soleil.

Il y a quatre ans, elle n’avait pas atteint la rive. Elle était encore loin lorsqu’Aurélie s’était arrêtée sur le bord, et que Célian l’avait rattrapée. Il faisait sombre, elle avait du mal à bien distinguer leurs gestes. Mais ils lui semblaient brutaux. Ça ne ressemblait pas à un jeu. Quelque chose la dérangeait. Ce n’était plus la jalousie, elle en était certaine. Plus elle s’approchait, plus cela lui semblait clair : Célian maintenait ses poignets, se pressait contre elle, et elle lutait, tirait, pleurait.

Estelle ressentit la même urgence qu’elle avait ressenti ce jour-là. Cette pointe dans la poitrine, ce retournement d’estomac, ces fourmillements dans les membres. Ses jambes faillirent et elle tomba à genoux. La boule la suffoquait. Elle aurait voulu hurler, mais elle ne put que pleurer en silence.

Lorsqu’elle était arrivée à quelques mètres d’eux, après ce qui lui avait paru une éternité, elle avait crié quelque chose. Peut-être son nom, peut-être un ordre, un avertissement, ou quelque chose qui n’avait pas de sens. Elle ne se souvenait pas. Célian avait sursauté, avait desserré sa poigne. Aurélie s’était dégagée, avait fait un pas en arrière. Elle se rappelait ses yeux, si grands, écarquillés de terreur et brouillés de larmes. Dans l’obscurité, elle avait parfaitement vu son regard. Il hantait encore ses nuits d’insomnie. Le cœur d’Estelle s’était arrêté.

En une fraction de seconde, Aurélie avait disparu. Elle n’eut pas le temps d’émettre un son. Il n’y eut que le bruit de son corps tombant dans l’eau. Puis ce silence écrasant, ce vide, ce grand rien. Le monde semblait s’être arrêté. La rivière s’était tue, le vent ne soufflait plus, les souffles étaient coupés. La Lune avait éteint le Soleil.

La suite n’était qu’un rêve fiévreux, un souvenir vague d’un film durant lequel on aurait somnolé. Estelle ne savait plus qui avait appelé les secours, mais ils étaient arrivés trop tard. C’était un accident. Était-ce un accident ? Qui l’avait tuée ? Elle n’était plus là. Le Soleil n’était plus jamais reparu.

Vous devez être connecté pour laisser un commentaire.
Syanelys
Posté le 25/07/2025
Coucou clairdeplume !

Triste nouvelle, magnifique récit. J'ai adoré les métaphores entre le passé et le présent puis le soleil avec la lune. Beaucoup de mélancolie perçue dans cette romance teintée de jalousie : l'amour est vraiment bien éclipsé dans tes lignes :)

Un récit nerveux, angoissant, mais qui tend vers une chute assez atypique, ce qui remplit le rôle premier d'une nouvelle. Je n'ai pas eu le temps de m'ennuyer en parcourant tes mots, les émotions de tes personnages et un style très prenant.

Au plaisir de découvrir davantage de tes textes :)
Maud_
Posté le 25/07/2025
Salut clairdeplume, tout d’abord merci pour ce magnifique texte !

Au début j’ai cru à un récit fantastique, un monde post apocalyptique, bref j’ai pris le titre au premier degré alors autant dire que la suite m’a surprise :p

J’ai aimé les allers-retours entre passé et présent, je les ai trouvé bien incorporés dans l’histoire, fluides, tout ça animé par ta belle écriture aux figures de style sobres mais efficaces.

L’angoisse monte peu à peu, on se doute de ce qui arrivera bientôt, c’est une douce ironie dramatique que tu nous proposes là. La fin est floue, on ne comprend pas bien comment Aurélie est tombée après le cri d’Estelle, on ne fait que le deviner, à l’image du trouble dans lequel l’héroïne a été plongée.

La métaphore du soleil éclipsé est belle. Aurélie est le soleil (je vois que je ne suis pas la seule à avoir interprété la jalousie d’Estelle comme un chagrin d’amour romantique, (quoi qu’amical n’enlèverait rien au désastre) rajoutons du drame y en a pas assez T-T) par contre j’ai eu un peu plus de mal à identifier la lune. Représente-t-elle Célian ? Ou bien la culpabilité d’Estelle ? En fait, je trouve ça difficile de faire le parallèle entre Célian et la lune (même si je comprends la métaphore). Je crois que c’est parce que la lune ne m’évoque rien de terrifiant ou d’aussi bas et dégoûtant qu’un agresseur, mais plutôt une force tranquille, majestueuse et bienveillante…

En tout cas merci beaucoup pour ce partage et cette lecture agréable :)
arcadius
Posté le 23/07/2025
Bonsoir clairdeplume,

C'est bien écrit, le style sobre met en relief la force de l'histoire proposé. Comme constaté dans les autres commentaires, le jeu entre l'éclipse et la perte fonctionne bien. On comprend assez vite dans quel direction va la fin, cependant je ne crois pas que cela affaiblisse le texte, je dirais plutôt que cela atténue le choc.

Bonne continuation
Paloma Chataig
Posté le 22/07/2025
Bonjour Clairdeplume, merci pour ce récit. Ton écriture est agréable. Le jeu entre l’éclipse physique et l’éclipse d’aurelie est bien trouvée. J’ai trouvé très juste le passage sur la mémoire qui ne sait plus ce qui a été vu ou pas. À bientôt !
Chris Falcoz
Posté le 15/07/2025
Bonjour,
Une histoire difficile à lire. On devine rapidement qu'il va se passer un drame, et qu'ici, ce n'est pas juste le soleil qui va disparaitre.
La chute a néanmoins réussi à me surprendre par son ambiguïté, parce que finalement, c'est un accident, et pourtant, il y a deux coupables.
Raza
Posté le 12/07/2025
Bonjour,
Une nouvelle dure comme la pierre, je n'ai pas été surpris, mais bien sûr ému par ce trauma et cette histoire si triste. Je dirais que j'ai été perturbé par les temps, entre passé et présent, mais que j'ai raccroché les wagons.
Je note que marfois tu sautes des lignes, sur PA c'est subtil à cause de la mise en page. Je te conseille de carrément mettre des * quand tu veux sauter d'idée (je faisais comme ça aussi mais les gens se perdaient).
Merci pour le partage et à bientôt !
clairdeplume
Posté le 13/07/2025
Merci pour ton commentaire et pour les conseils ! Je voulais effectivement que le passé et le présent se mélangent un peu, j'espère que ça ne dérange pas trop la lecture !
RoseDL
Posté le 12/07/2025
Salut !
Merci pour cette texte qui plonge immédiatement dans l'ambiance, un espèce de noir et blanc, passé et présent et bien entendu la lune et le soleil. Pas vraiment de surprise à la fin, mais l'histoire est bien retransmise. J'aurais peut-être préféré quelque chose plus en lien avec l'éclipse, qu'elle ne soit pas secondaire dans l'histoire.
clairdeplume
Posté le 13/07/2025
Merci pour ton commentaire !
Rimeko
Posté le 10/07/2025
Hello Clairedeplume !
Ah bah, mon commentaire suit de près celui de Maeghan ^^ Mais d’abord, quelques remarques au fil de ma lecture :
« Il aura fallu quatre ans à Estelle pour revenir sur les lieux où la Lune avait éteint le Soleil. » -> ah ! eh bien, ça pose bien l’ambiance...
« si bien que lorsque Estelle l’avait enfin vu en vrai, elle l’avait trouvé ordinaire » -> haha, oui, c’est ça d’avoir un regard d’amoureux... ^^
« Estelle ne l’avait pas apprécié, sans le détester non plus. Quelque chose l’avait dérangé, elle n’avait pas su dire quoi. Peut-être était-elle un peu jalouse. » -> oh, intéressant détail...
« Même avec ces lunettes en carton, elle était radieuse. » -> J’aime beaucoup ce rapprochement entre Aurélie et le soleil... même si, vu le pitch, ça présage le pire.
« Alors qu’Estelle arrivait en haut de la colline, elle ne put s’empêcher de regarder son poignet nu. » -> Ouille... C’est sobre, c’est efficace ; ce vide est éloquent.
« l’orange surréaliste d’une nuit qui tombait en plein jour » -> Très belle description, je l’ai « vu » tout d’un coup, ce ciel d’éclipse...
« Elle avait continué à regarder la tache noire qui grignotait inexorablement le Soleil, mais ça ne paraissait plus si incroyable. Ça semblait même un peu terrifiant. » -> J’aime bien comment, en très peu de mots, et même sans cette dernière phrase, tu as réussi à faire basculer l’ambiance d’une attente fébrile mais sereine à la fois, aux côtés de son amie (dont Estelle semble un peu amoureuse, d’ailleurs...), à ce moment de malaise...
« Elle s’était dirigée vers la maison en maugréant qu’elle leur ferait la peau s’il lui faisait manquer ce qu’elle n’aurait jamais l’occasion de revoir. » -> J’aime beaucoup cette phrase, à la fois le « maugréer » qui est très banal, rien de tragique encore, et en même temps y a le « jamais » qui déjà appelle l’idée du deuil...
« Ce soir-là, la Lune avait fait disparaître le Soleil. » -> Tiens, je me demande si au-delà de la métaphore évidente, tu as choisi des prénoms qui collent... ? Aurélie j’aurais dit que ça voulait dire « or » ou un truc comme ça, Estelle ça fait « étoiles » (qui tiennent la chandelle entre les deux astres...), mais pour Célian je sèche.


Si je voulais chipoter, je dirais qu’il y a peut-être un petit souci dans la concordance des temps :
Le présent (quand Estelle revient sur les lieux) est au passé simple et à l’imparfait, rien que de très classique ici, mais le passé (le jour de l’éclipse) oscille entre plus-que-parfait (« elle s’était sentie »), imparfait aussi, et quelques incursions de passé simple (« Elle n’eut pas le temps » par exemple). Alors oui, les temps antérieurs au passé sont super lourds et/ou instaurent une distance avec les évènements (« elle n’avais pas eu le temps... »), mais là du coup il y a une certaine confusion entre les deux périodes.
Et, d’un côté, j’ai l’impression que cette confusion est voulue ? D’ailleurs elle fonctionne plutôt bien, j’aime bien les constantes comparaisons entre le maintenant et « il y a quatre ans » (la répétition est tout à fait pertinente). Le fait que ça se mélange souvent dans un même paragraphe, ça renforce l’idée qu’Estelle n’arrive pas à sortir de ce jour fatidique, ça fait presque un côté « flashbacks » au sens psychiatrique... Mais du coup, pour moi en tous cas, la confusion m’a parfois forcée à relire des passages pour être sûre d’avoir compris, et ça peut couper un peu l’immersion...
(Je vois d’ailleurs que Maeghan a eu un ressenti similaire, haha)

Mais au-delà de ça, j’ai beaucoup aimé le texte. Ta plume est fluide, ça se lit aisément ; on sent monter la tension en même temps qu’Estelle se force à rentrer plus loin dans ses souvenirs.
On sait que quelque chose de tragique s’est passé, on en devine les contours, donc ce n’est pas une surprise quand Aurélie bascule dans la rivière, ni vraiment que ce soit Célian qui l’ait « tuée » (entre guillemets parce que c’est quand même un peu un accident), mais ce n’est pas pour autant trop... attendu ? C’est le genre de texte, je trouve, où on sait au fond ce qui s’est passé, mais on a besoin de le lire, et ça ne perd pas de son impact pour autant.
Et comme je l’ai souligné dans mes remarques ci-dessus, j’aime beaucoup comment tu parviens à retranscrire les ambiances – le deuil dans le présent, cette sensation de solitude et d’impuissance rétrospective, comme si Estelle n’avait pu s’extraire de ce endroit, de ce drame, de ce moment « sans soleil » — et puis, dans le passé, le plaisir teinté d’une léger sentiment de malaise déjà, et puis, la nuit métaphorique... Non, vraiment, un très beau texte !
clairdeplume
Posté le 13/07/2025
Merci Rimeko pour ton commentaire si détaillé haha ! Très contente que ma nouvelle t'ait plu !
Effectivement je voulais créer une légère confusion entre le passé et le présent, mais j'ai vu plusieurs commentaires disant que ça gênait un peu la compréhension, ce serait à retravailler.
Et oui, le choix des prénoms est en accord avec la métaphore ;)
Maeghan
Posté le 10/07/2025
Salut Clairedeplume !

C'est une nouvelle très agréable à lire, j'ai bien aimé ton style fluide qu'on lit sans mal !

"si bien que lorsque Estelle l’avait enfin vu en vrai, elle l’avait trouvé ordinaire" → c'est si vrai ahah
"le vent ne soufflait plus, les souffles étaient coupés" → répétition de "souffle"

Tu poses les bases d'une tension qui s'accentue de plus en plus. D'abord avec le mauvais feeling d'Estelle sur Célian, puis le fait qu'il ne soit pas là pour l'éclipse et qu'Aurélie parte à son tour... On se demande vraiment ce qui va se passer.
Tu décris très bien ces changements d'ambiance, on sent que quelque chose se prépare.

Si je devais juste émettre une petite réserve, c'est qu'on ne comprend pas tout de suite à chaque fois qu'il y a un changement de temporalité. Si j'ai bien compris, Estelle est dans l'instant présent au même endroit qu'il y a 4 ans, et ses pensées ravivent ses souvenirs que tu nous décris. Mais des fois j'avais du mal à savoir si elle était dans le présent ou dans le passé.

A partir du moment où on comprend que le soleil c'est Aurélie et la lune est Célian, on se demande le rapport avec l'éclipse. Etait-elle si nécessaire à l'histoire alors ?

Je ne m'attendais pas à une nouvelle aussi triste, tu décris bien les différentes émotions. Bravo !
clairdeplume
Posté le 13/07/2025
Merci pour ton commentaire Maeghan !
Tu as bien compris qu'Estelle retournait sur les lieux du drame et que cela ravivait des souvenirs, et même si une confusion passé/présent était voulue, elle a l'air d'avoir dérangé beaucoup de lecteurs et serait certainement à retravailler !
Vous lisez