Cette... chose? est pratiquement le copier/coller de mon rêve du 15 septembre.
Pour retracer le truc: tout se passe dans un monde identique au notre à l'exception près que la grande majorité des gens ont des pouvoirs. Rien d'extravagent, hein, juste... de petits pouvoirs. Moi, j'incarnais une gamine capable de téléporter des objets et de se téléporter elle-même lorsqu'elle était en mouvement (plus elle devait se téléporter loin, plus elle devait prendre de l'élan).
Du coup, j'ai essayé d'écrire la chose pour que ce soit à peu près cohérant, mais ATTENTION LE DEBUT MET EN SCENE UN ACCIDENT SANGLANT.
Néroli regardait Antebes jongler avec les balles colorées. Les yeux mi-clos, elle s’amusa à en faire disparaître une.
– Hey, Néro, je sais que c’est toi ! C’est pas drôle, rends-la moi ! s’agaça le petit garçon.
Elle essaya de garder la balle le plus longtemps possible en voyage, se demandant où elle pourrait bien la faire réapparaître. Puis un écureuil traversa la parc et détourna son attention. La balle, sortie de nulle part, vint rouler à ses pieds sans qu’elle ne la remarque. Le petit animal grimpa à un peuplier, se cachant parmi les feuilles. Elle leva si haut les yeux pour le voir encore qu’elle en oublia son équilibre et tomba à la renverse.
– Tout va bien ? lui demanda Jéone, la voisine qui leur faisait office de baby-sitter.
– Oui.
Ce fut tout ce que Néroli répondit, à présent absorbée par la contemplation des nuages. Un instant, elle oublia qu’il ne fallait pas regarder le soleil, et ne s’en rappela que parce que le faire lui fit mal.
– Pff, toi alors, quelle tête en l’air ! s’exclama la jeune fille en retournant à son banc, son téléphone dans les mains.
Mais elle s’arrêta net sur sa route.
– Bah alors, toi aussi tu regarde le ciel, Antebes ?
Antebes était également allongé par terre, un peu plus loin, les yeux grands ouverts. En revanche, lui ne répondit pas.
– Antebes ?
Néroli se redressa et observa son compagnon de jeu, anormalement immobile.
Aucun des deux n’était turbulent : entre elle qui avait la capacité d’attention d’un chaton et lui, aussi posé que réfléchi, Jéone n’avait pas grand soucis à se faire lorsqu’elle les emmenait au parc. Mais la fixité d’Antebes l’alarma tout de même, et elle se rapprocha du petit corps.
Alors la panique la submergea. Antebes ne respirait plus. Jéone poussa un cri strident, s’effondra à genoux, tentant de trouver le pouls de l’enfant. Trop paniquée pour y parvenir, elle entreprit de le secouer frénétiquement pour le faire revenir à lui.
– Qu’est-ce qui se passe ? demanda calmement Néroli, plus parce que sa mère répétait tout le temps que « ça ne servait à rien de s’énerver » que parce qu’elle l’était vraiment.
– Antebes ne respire plus ! Il va mourir ! Va chercher quelqu’un… non, j’appelle les secours !
Néroli pencha la tête sur le côté, sans comprendre. Il n’y avait personne d’autre qu’eux dans le parc. Quant aux secours… elle n’avait aucune idée de qui il pouvait bien s’agir. Sa mère devait le savoir, elle. Néroli se mit en tête d’aller la chercher.
Ses parents et Hélion, le père d’Antebes, discutaient à dix minutes à pieds de là, dans la cuisine de l’un de leurs voisins, tout en observant une nouvelle fissure sur le mur de la cuisine.
– Le lotissement n’est pourtant pas si vieux !
– Ho, vous savez… les lotissements sont tous construis par-dessus la jambe, de nos jours. Aucun délai n’est respecté : séchage du plâtre, des joints, du carrelage… alors forcément, ça bouge avec le temps.
Alors que le propriétaire soupirait, Néroli fit son apparition parmi le groupe d’adulte. Pas par la porte. Elle apparut au milieu de la pièce, trottinant doucement. En les voyant, elle s’arrêta net et leva un visage rond et perplexe.
– Choupette ! s’exclama son père. On t’a déjà dit de ne pas utiliser tes pouvoirs sur les êtres vivants !
– Antebes est tombé.
– Ah…
Hélion se redressa instinctivement. Il n’était pas de nature inquiète, et les enfants jouaient, tombaient, se relevaient sans qu’il n’y ait eut grand mal. Mais Antebes était son fils unique, tout ce qu’il lui restait de sa compagne, Amélia, mortes quelques années plutôt dans un accident de moto, et il l’aimait plus que tout.
– Qu’en dit Jéone ? s’enquit-il en engloutissant sa dernière gorgée de café.
– Elle dit qu’il est mort.
Un silence sépulcral s’installa dans la cuisine. Le père de la petite s’agenouilla près d’elle.
– Tu ...es sûre ?
– Il ne respire plus.
D’un bond, Hélion se retrouva près d’elle.
– Appelez Jéone, et les pompiers. Je vais sur place.
Puis se tourna vers Néroli.
– Je suis désolé de te demander ça, mais emmène-moi au parc, Néroli.
La gamine lui offrit un grand sourire et lui prit la main. Elle avait déjà fait cela très souvent avec Antebes, avant que les adultes ne se rendent compte qu’en plus de distordre l’espace pour téléporter des objets, elle pouvait transporter d’un endroit à l’autre tout ceux qu’elle touchait.
– Non, Hélion ! s’écria la mère. Ne fait pas ça !
– On y va, Néro.
– Il faut courir, dit simplement la petite, obéissant comme à son habitude au dernier qui avait parlé.
Alors ils se mirent à courir vers le mur de la cuisine. Ils disparurent avant de l’atteindre, et Néroli les fit réapparaître là où elle s’était téléportée en quittant le parc, soit sur la route qui menait au lotissement. Lorsqu’elle avait voulu rejoindre ses parents, elle était d’abord partie à pied, avant de se souvenir du temps de route, et de la praticité de son pouvoir. Mais alors que ses petites chaussures foulaient le sol granuleux de la route, une vive lumière l’éblouit.
– NOOOOOOOONNNN ! cria Hélion à ses côtés.
La lumière fonçait sur eux, et dans la panique, leurs mains se séparèrent. Néroli fit un pas en arrière, retournant dans cet espèce d’entre-deux qu’elle traversait lorsqu’elle passait d’un endroit à l’autre. La voiture la traversa alors qu’elle n’était pas vraiment là, lui laissant l’impression de passer au travers d’un nuage collant et poisseux.
Un liquide chaud l’inonda tandis que crissaient les freins de la voiture. Perdue, Néroli chancela et s’affala sur la route à côté du parc. Au sol, une longue traînée rouge dégouttait, retraçant l’itinéraire de la voiture. Un peu plus loin, une jambe gisait au sol, séparée de son corps. La petite reconnu sans trop comprendre la chaussure d’Hélion.
L’automobile s’était arrêtée dans le muret d’un jardin. La conductrice en sortit en hurlant à la mort, les mains devant les yeux.
Un autre hurlement retentissait sans qu’elle n’en saisisse le sens, jusqu’à ce qu’une violente douleur ne lui écrase l’estomac. L’instant d’après, la forme fantomatique d’Hélion se découpait devant elle, furibonde, les vêtements plus sanguinolents que les siens.
– Espèce de petite idiote ! vociféra la fantôme. Qu’as-tu fait ? Que m’as-tu fait ?! Tu m’a tué !! Je suis mort, regarde, je suis mort !!
Les pupilles de Néroli s’étrécirent. Elle avait tué Hélion ?
Le spectre l’attrapa à la gorge et serra fort. Elle hoqueta de douleur, incapable de lui prendre les bras pour se défaire de cette étreinte.
– Pourquoi est-ce que tu m’a tuée ?! Réponds !
Mais Néroli était incapable de répondre quoi que ce soit. Elle avait tué Hélion.
Hélion se mit a pleurer et serra un peu moins fort. Il se tourna vers le carnage, sans pouvoir rien y faire. La femme avait fini de hurler et sanglotait, à genoux sur le trottoir. Elle ne semblait pas sentir les gravillons qui lui entaillaient la peau à travers ses bas. Deux petits vieux sortirent de leurs jardins respectifs et s’approchèrent pour tenter de comprendre l’origine de cette pagaille.
– Antebes…
Hélion s’était tourné vers le parc. Le visage ravagé par les larmes et le sang. Antebes, lui aussi, était dans une situation délicate.
– Emmènes-moi voir Antebes. Je veux voir comment il va.
Mais Néroli était incapable de bouger. Elle avait tué Hélion.
Hélion lui secoua brusquement l’épaule.
– J’ai dit : emmènes-moi voir Antebes.
La petite fille parvint à sortir de sa torpeur et avança mécaniquement et sans un mot jusqu’au bac à sable dans lequel était tombé Antebes.
Mais il n’y avait plus personne.
– Il… était… là, fit-elle piteusement en montrant le sable tassé et les traces de pas autour.
Hélion lui lança un regard méchant. Puis il s’éloigna sans un mot, cherchant un peu partout une trace de son fils. En vain. Le parc était vide, excepté la présence d’une petite fille couverte de sang et celle d’un spectre.
Alors Hélion voulut quitter le parc. Mais cela lui fut impossible : au bout de quelques pas, ils se sentit tomber à travers le sol. Puis, sans qu’il ne comprenne comment il était arrivé là, il se retrouva devant Néroli, qui regardait toujours la trace dans le sable, l’esprit vide de toute pensée.
– Qu’est-ce que tu viens de faire, là ?! enragea-t-il en lui tapant l’épaule.
Néroli sursauta et lui lança un regard implorant. Elle n’avait rien fait du tout.
Cette pensée naquit dans l’esprit du fantôme. Peut-être que…
À nouveau il s’éloigna, et à nouveau il se retrouva devant la gamine. De toute évidence il ne pouvait pas s’en éloigner.
– Où est Antebes ? lui demanda-t-elle.
La vue de cette idiote lui devint tout à coup insupportable. Non, ce qui lui arrivait était impossible…
Une troisième fois il essaya de s’en aller, mais au bout de dix mètres une découverte l’arrêta. Jéone était effondrée au sol derrière un buisson, un filet de sang perlant de ses lèvres et de son nez.
Les sirènes des pompiers retentirent, envahissant la rue et le parc. Complètement dépassée par les évènements, Néroli n’osa pas bouger d’un pouce. Elle avait tué Hélion. Antebes avait disparut. Jéone était peut-être morte elle-aussi. Sans qu’il n’y ait aucune explication logique, Néroli pensa qu’il ne fallait surtout plus qu’elle bouge d’un millimètre. Peut-être que si elle restait là les problèmes allaient s’arranger ? Peut-être que si elle faisait un pas en avant, elle allait mourir, elle aussi. Et que si elle reculait, elle ne reverrait plus jamais ses parents. Si elle s’asseyait, qui lui disait que le monde n’allait pas disparaître ? Si elle tournait la tête, peut-être que tout ces gens là-bas allait se transformer en fantôme et que ce serait aussi de sa faute.
Néroli était devenue parfaitement immobile, à l’exception de ses paupières qui se fermaient et s’ouvraient lentement, de son cœur et de sa respiration. Elle n’ouvrit pas la bouche, même lorsqu’Hélion s’agenouilla devant elle, inquiet de son état. Passée la rage, il ne lui restait plus que la peur et la tristesse. À présent il se rendait compte qu’il avait été imprudent de demander à une enfant de cinq ans d’utiliser ses pouvoirs sur lui. Tout était de sa faute, il s’en voulait terriblement, mais pour l’instant, il voulait avant tout retrouver son fils. Et pour cela, il fallait que Néroli bouge.
Mais elle n’esquissa pas non plus l’ombre d’un mouvement lorsque des passants vinrent lui demander comment elle allait, inquiet de tout le sang qui lui collait au visage et aux vêtements. Puis les pompiers arrivèrent, mais n’obtinrent pas non plus d’elle le moindre geste. Et même lorsque ses parents vinrent, elle n’eut pas un regard pour eux.
Et Néroli continue de vivre et de grandir, hantée par le spectre d'Hélion et la disparition de son ami, partagée entre l'envie de le retrouver et le désir de vivre normalement.
Voilà. C'était un rêve un peu violent, mais je me suis dit qu'à l'occasion il ne serait pas inintéressant à creuser^^