Le plongeon

Par Miyuki

C’est en ouvrant ce livre que tout commença… Le temps est un traître. Tout se mélange. Le rouge, le rose et le vert… L’âme, l’esprit et le cœur. Et le corps. Le corps qui perd sa densité. Qui s’enfonce par-delà le réel, le palpable. Comme une tentative d’escalade non-anesthésiée sur des barbelés, le plongeon est dangereux. Le corps. Ton corps tangue au gré des mots. Le rythme est inscrit sur la page. Ton cœur suit le mouvement de ton regard. De gauche à droite. De droite à gauche. Le plongeon. Volutes de fumées. Trouble sans contours. Commencement, fin, milieu et milieu, fin, commencement. Tu nages dans l’eau nébuleuse. L’opuscule t’accroche. Tu es doucement poli par l’énergie du vide.

La bulle éclate. L’air rentre à nouveau dans tes poumons. Tu émerges. Arrachement non-voulu de ta lecture. C’est en fermant le livre que tout finit. Ce nouveau monde. Ce nouveau toi. Ils t’attendront à la croisée du réveil et du rêve. Tu relèves la tête. Ton ami est là. Sans ménagement, il t’a secoué l’épaule gauche pour manifester sa présence.

— Salut. Je vais aux bandes-dessinées.

Il chuchote. Il est vrai que tu te trouves à la bibliothèque municipale. À défaut de ne pas respecter ton plongeon littéraire, il respecte les règles primaires de l’établissement. Il trottine joyeusement et tu le perds de vue. L’esprit embrumé. Des fragments demeurent. Un coup d’œil à travers de vieux carreaux te fait comprendre que la journée est déjà bien entamée. Les rayons du soleil ne touchent plus le clocher de l’église de la place centrale, juste en face de toi. Telle que la neige cachant les couleurs de l’Hélianthe, les collines cachent l’étoile lumineuse. Fermeture imminente. Une remise en question du temps. Un traître. Que de questions. Le plongeon annihile le temps. La lecture est vorace. Les yeux se ferment sans s’en rendre compte. Les muscles se détendent. Les traits se relâchent. La lumière fait place à l’obscurité. Tu rouvres les yeux. Ta lecture ne t’a pas encore tout à fait lâché. Tu regardes quelques instants les êtres chimériques peints sur le haut plafond en bois. Une tête de chèvre sur des pattes d’aigle. Une tête de truite séparée de son corps félin par la poutre centrale. Étrange. Autant réel qu’onirique. Comme les rêves. Comme les plongeons perpétuels que tu effectues dans les livres poussiéreux. Ces derniers que tu parviens à dénicher dans les coins les plus isolés des sections et autres étages de la fondation.

Tu te lèves. Paresthésie. La douleur est secondaire. L’esprit est libre. Le parquet qui craque soutient le corps. La douleur s’intensifie. Le plongeon embrigade le corps. La lecture est une occupation de l’âme. Une occupation du corps. Une occupation de tout ton être. La bibliothécaire te regarde. Comme une statue qui vient de prendre vie. Comme un fantôme mystérieusement apparu. Tu déambules. Tu t’embrouilles. La lecture déplace l’embrouille. Tu n’es pas plus serein. Les soucis disparaissent un moment mais finissent par réapparaître quand la bulle éclate. L’intime. L’esprit intérieur. Ressource inépuisable mais friable. Tu avances. Tu nages encore dans ton subconscient. Le temps se dilate. Les gestes sont lents. Plus rien n’a d’importance que la quête que tu te prépares à entreprendre. Tu pars à la recherche d’un autre plongeon. D’un autre opuscule. D’un in-quarto. La taille t’importe peu comme le nombre de feuillets, de mots ou de caractères. Le seul plongeon t’intéresse. Retrouver les sensations. Les décors. Le silence. La beauté de ton propre monde. Tu fermes les yeux. Tu connais ces lieux. Tu laisses le hasard décider. Un pas après l’autre, tu te diriges vers la cage d’escalier pour accéder aux étages supérieurs ou inférieurs. Tu décides de monter. Le noir. Le noir d’encre des yeux fermés. Des formes commencent à se former dans les ténèbres. L’inconnu présupposé devient manifeste. Les marches en marbre sont inscrites dans ton esprit et tu les vois. En noir et blanc. Brouillées. Imprécises. L’ascension commence. La balustrade en fer forgé. Ses motifs classiques. Floraux. Les doigts effleurent la froideur de la construction. Comme des milliers de doigts auparavant. Cette cage d’escalier devient le symbole des cercles temporels qui se mêlent. Le passé se superpose au présent. Entre-ventre de l’humanité. L’affranchissement en montant. La servitude en descendant. Métaphore plus moderne de la caverne de Platon. L’Homme est le synonyme de l’escalier.

— Qui mène où ?

C’est surprenant de se surprendre à voix-haute. Ces considérations de l’esprit sont si fortes qu’elles s’emparent de ton corps. De ton esprit. De ton âme. De tes cordes vocales. Les yeux fermés. Tu te reconcentres sur ta quête. Tu as tendance à t’éparpiller lorsqu’une chose attire ta curiosité. Les effets du plongeon prennent du temps à s’évaporer. Comme le givre, ils saisissent. Ils ne blessent pas. Le plongeon est ton monde. Tu l’as trouvé. Une immensité d’eau froide. Et chaude. Une bulle d’un bleu ciel. Une bulle à la texture de la peau du ciel. Qui roule comme une perle. Qui balance au gré de ses envies comme la soie. Le rouge, le rose et le vert… L’âme, l’esprit et le cœur. Tout se mélange. Voilà ce qu’est le plongeon. Ton plongeon. Ton monde intérieur. Ton état de lecteur.

Le troisième palier s’ouvre devant toi. Comme les choix. Le silence est de plus en plus présent. Il grandit à mesure que les étages défilent. Peu de lecteurs s’aventurent dans les hauteurs de la bibliothèque. Il en va de même pour les sous-sols. Ceux qui se trouvent ici ne parlent pas. Ne bougent pas. Font comme toi. S’évanouissent du présent pour renaître. Dans leur propre monde. Ils font partie des lieux. Les hantent. Les possèdent. Ils ont trouvé leur chacun et s’y abandonnent. Plongeon solitaire. Plongeon similaire. Le voyage est le même mais la destination diffère. Ta vision est toujours close. Le fil d’Ariane n’est pas utile. Le dédale est déchiffré. Tu le connais. Tu te déplaces lentement. La moquette à formes géométriques engloutit les pas. Infiltration tout en finesse. Tel un petit félin, tu frôles les murs pour marquer ton odeur. Marquer ta présence. Personne ne te remarque pour autant. Pas de connexion aux autres. La bibliothèque est le lieu de rencontres asynchrones. On voit. On entend. On ne parle pas. Pas d’échanges. Tu le vois sans qu’il puisse te voir. Tu te laisses voir sans savoir qui te regarde. Les mondes intérieurs ne se mélangent pas malgré leurs similarités. Les lecteurs. Là, sur une chaise. Ici, assis au milieu d’un rayon. Là-bas, allongé dans une alcôve. Ils vivent à travers toi. Ils sont actualisés au moyen de ton regard. L’individualisme de l’autre est capté. Tu le sens. Tu le vois. L’aura jaune de la spiritualité enveloppe les corps. Du jaune pâle. Du jaune brillant. Les différents états d’esprit. Les différents états qu’un lecteur peut adopter. Consciemment. Inconsciemment. Tu rouvres les yeux. Tu veux en connaître davantage sur l’individualité des trois lecteurs qui sont parvenus à cet étage. L’âme est en mouvement. Les volutes qu’elle produit autour du corps auraient pu t’aiguiller sur la nature des mondes intérieurs de ces personnes. Pourtant, les yeux sont les fenêtres de l’âme. C’est au travers d’eux que les altérités peuvent être observées. Le rouge, le rose, le vert et le jaune… L’âme, l’esprit, le corps et les yeux. Tout se mélange. Ici, assis au milieu du rayon. Jaune pâle. Il tente de comprendre sans réussir à comprendre. Son âme est instable. Il lit sans lire. Il perd les mots. Il perd le sens. Son intériorité s’écroule.

— Pourquoi ?

Tu chuchotes. Sans vraiment l’avoir voulu. Tu as tendance à réfléchir à voix haute ces temps-ci. Les questions se bousculent dans ta tête. Pourquoi a-t-il perdu de vue sa rêverie lucide ? La lecture doit toucher. Ce qu’elle ne fait plus. Le jaune vacille. Tu entrevois les abords de son monde intérieur auquel il essaye de se raccrocher. Clairière lumineuse mais non moins mystérieuse. Les oiseaux chantent au loin. Un calme apparent. Du vert à perte de vue. Une légère brise. Quelques feuilles tombent prématurément et finissent leur chorégraphie ventée sur l’herbe fraîche. La demeure de son esprit s’écroule. Il ne trouve plus la force d’avancer. La croisée du réveil et du rêve est passée. Le plongeon a été infructueux. Tu connais cette sensation. Ne pas se laisser aller. Se laisser distraire par l’extériorité. Être démuni face au réel. Renoncer. Tu le sais. N’est pas synonyme d’abdication. Le plongeon est un éternel recommencement. Un exercice quotidien. Parvenir à rencontrer l’auteur au travers des mots. Parvenir à en comprendre les enjeux. Parvenir à en saisir son âme, son esprit et toucher du doigt son propre monde, sa propre spiritualité. La tâche est ardue. Les essais sont nombreux. Le jaune a disparu. Il est devenu un lambda parmi tant d’autres. L’expérience à cet étage est terminée. Il redescend. Ta quête se poursuit. Tu as besoin de te ressourcer. De replonger. De retrouver ton intégrité. Le moment n’est pas venu.

— Attendre… quoi ?

Là, sur une chaise. La lecture parait plus tranquille. Stable. La position est propice au plongeon. Simplement assis. Tes yeux s’arrêtent sur le jaune. Brûlant. La destination est là. Le plus dur est passé. Tu peux toucher son intimité de lecteur. Le voir. Le sentir. Tu sens l’expérience. L’assiduité. Tout se mêle. Ton corps quitte le présent pour rejoindre l’immobile. L’arrêt. Un chalet suisse. Un paysage immaculé. De la buée trahissant la vie. Crépuscule. L’astre disparaît derrière les collines enneigées. Une chauve-souris pousse son cri. Un monde s’endort tandis qu’un autre s’éveille. Un cours d’eau, à moitié gelé, chante au loin. Un grincement d’une balançoire rouillée. Un souvenir oublié. Un souvenir nostalgique. Un monde abandonné. No man’s land. Presque vierge. Les Hommes sont passés mais ont fini par partir. Un monde en reconstruction. Un monde qui reprend ses droits. Le chalet craque, tangue. L’ambiance est mystérieuse mais agréable. Synonyme d’une concentration poussée. D’un contrôle absolu. Tu t’arraches à contre-cœur à cette vision. Ce partage inconscient. L’expérience est inédite. Tu souffles. Vivre dans la lecture d’un autre. Paroxysme. La limite de l’art est atteinte. Peut-on éradiquer la violence de ce monde grâce à la lecture ? Peut-on la supprimer en s’ouvrant aux mondes intérieurs de l’altérité ? Tant de questions apparaissent dans ton esprit. Tu ne peux pas t’attarder. Ta quête doit reprendre. Tu déambules. Cherche l’inspiration. La fortune guide tes pas. Tu croises des aguerris. Des lecteurs qui méritent cet étage. Les mondes intérieurs se mêlent avec la proximité corporelle. Les expériences personnelles deviennent plurielles. Le rouge, le rose, le vert et le jaune… L’âme, l’esprit, le corps et les yeux. Tout se mélange. Vision délectable. Le nouveau plongeon est proche. Un ouvrage attire l’œil. Posé sur un présentoir. Neuf mais les pages ne sont plus compactes. Déjà lu. La curiosité attire davantage. Bulle qui se crée au fond de ton cœur comme après avoir servi le premier verre d’un grand rouge. Un sourire se forme sur ton visage. Il est là.

— Ah, tu es là !

Les mondes s’écroulent. Ces mots ont réveillé l’étage. Le vert, le jaune, le rouge et le rose… L’esprit, les yeux, le corps et l’âme. Tout disparaît. Tout s’embrouille. La concentration est brisée. Tu déglutis. Tu avais tort. Les règles primaires de l’établissement lui sont inconnues. Le silence est demandé dans les étages supérieurs pour permettre le plongeon littéraire. Il a l’air de comprendre son erreur. Visage fermé. Tête basse. Il prend la fuite. Ses pas résonnent dans la cage d’escalier. Il redescend. Tu la ressens à nouveau. Cette bulle. Qui te définit. Qui te ressemble. Le livre est en main. Rien que la caresse de la couverture t’ouvre des champs innombrables. Le temps est traître. Fermeture imminente. Le plongeon ne doit pas être précipité. Deux minutes se sont écoulées. Les vieux carreaux dévoilent le jour qui se couche et le crépuscule qui se réveille. La croisée du réveil et du rêve. Du coucher et de l’assoupissement. Le refuge de l’intériorité. Le meilleur moment pour plonger et se donner corps et âme. Plonger en soi-même. En découvrir les rouages et les mécanismes. Mieux se connaître. Apprendre. S’apprendre. Se décoder. Prendre un chemin. Avancer. S’arrêter. Prendre conscience de ses erreurs. Faire marche arrière. Prendre un autre chemin. Et recommencer. Jusqu’à toucher son identité propre. Par la lecture. Tu pourrais alors croire qu’il s’agit d’une occupation élitiste. Il n’en est rien. Un livre. Rien de plus. Même pas besoin de savoir lire correctement. Les mots suffisent. L’esthétique des phrases. La longueur des paragraphes. Les majuscules. La ponctuation. Les pages sont des mondes qui ne demandent qu’à être découvert. Un appel à l’aventure.

Tu cherches la solitude. Un endroit paisible. Isolé. C’est peut-être le seul défaut de ton plongeon. Chaque lecteur a des conditions à remplir pour se retrouver dans un environnement propice. Il te faut le silence. Le silence le plus total. Ton monde intérieur est empreint de ce silence. Apaisement. Ressourcement. Évasion. Là. Une pièce large. Orangée sous le soleil couchant. Tu retrouves ces êtres chimériques. Une tête de cheval accrochée à un corps d’aigle. Les ailes d’un papillon poussent sur un daim. Un saumon à queue de castor. Des apparitions qui poussent à l’imagination. À l’interprétation. À l’onirisme. Tu aimes ces pièces. Marquées de mille couleurs. Ces hybridations t’animent. Te perturbent. En réalité, tu aimes car tu ne sais pas comment réagir. L’incertitude. Alors que tu penses tout savoir de toi, tu te rends compte que certaines choses te poussent dans tes retranchements. Te poussent dos au mur. Tu apprécies être démuni. Ton regard se perd dans la contemplation. Mauvaise. Bonne. Tu ne saurais le dire. Tu te sens comme ces êtres peints sur le haut plafond. Habité par différentes choses qui font de toi un être unique. Tu t’assoies dans une alcôve en bois. Les jambes repliées contre ton torse. Recroquevillé. Emmitouflé. En sécurité. Ton pouls ralentit. Tes battements de cœur se calment. Ton visage s’éclaircit. Toutes les tensions accumulées depuis quelques minutes s’envolent. Appréhender le plongeon est un exercice de méditation. Le livre est fermé. Les effets commencent à surgir du fond de l’être. Le corps qui perd sa densité. Le réel, le palpable ne sont plus. Tu n’es plus. Ton âme a presque quitté ton enveloppe charnelle. Partir et s’évanouir dans l’esprit. Dans les cercles. Se perdre. Le plongeon est toujours aussi dangereux mais tu t’y apprêtes. Tu caresses la couverture de l’opuscule. Tu tentes de déchiffrer le titre. D’imaginer le contenu. De prévoir le monde qui s’offre à toi. D’envisager les possibilités. Tu le sais. Envisager ne sert à rien. La surprise est toujours là. Tu ne sais pas. Et pourtant tu rêves de savoir. Tu aimerais posséder le pouvoir de voir à travers la couverture. D’entrevoir le monde des mots sans l’ouvrir. Mais cette idée te rebute. Lire les mots et les phrases pour en comprendre l’atmosphère. Pour en sentir une odeur. Pour en apercevoir un paysage. Pour en entendre un son. Pour en découvrir une nouvelle saveur. Pour toucher du doigt l’immensité des mondes. C’est ta raison de vivre. Le temps s’arrête. Le temps s’accélère. Tu ne sais pas. Le temps est un traître. Il joue avec toi.

Tu es happé par le néant. L’inconscient prend le dessus sur le reste. La tentation est trop grande. Le plongeon est imminent. Le rouge, le rose et le vert… L’âme, l’esprit et le cœur. La bulle prend forme. L’eau nébuleuse est visible. Tu t’attends à un voyage des sens. Le silence de l’étendue bleutée. Ton monde intérieur évolue avec tes lectures. Ces dernières prennent le pas sur ton intériorité et modifient ton être. Volutes de fumées. Trouble sans contours. L’immersion est totale. Goutte d’eau qui glisse nonchalamment sur la vitre. Chute à n'en plus finir. Tu es prêt. Commencement, fin, milieu et milieu, fin, commencement. C’est en ouvrant ce livre que tout commença…

Vous devez être connecté pour laisser un commentaire.
Lys
Posté le 07/10/2019
Coucou Miyuki. Tu as ajouté mon "Histoire" à ta pile à lire récemment alors je voulais te connaitre aussi (à travers tes écrits). Ton "plongeon" a été une véritable surprise. Je crois que c'est ce que j'ai lu de plus troublant sur cette plateforme. Le rythme, les figures de styles, je me croyait en plein rêve et lorsque je le lisais à l'oral je me sentais presque nauséeuse. Mais c'est pas quelque chose de négatif, j'ai adoré. J'ai regardé le com de lionne blanche. Depuis la première ligne je savais que le plongeon n'avais pas besoin de suite, que tout serait dit dans l'esprit d'un one shot... X) Mais je suis d'accord sur le fait que c'était long et que ça se répétait. Et pour ces points la c'est pas négatif non plus. Ca m'a fait penser à la langueur d'un livre, au rythme lent mais aussi très dynamique d'un bon bouquin. Et les répétition me renvoyaient au rêve. Merci beaucoup pour cette lecture nauséeuse. J'espère relire du Miyuki très bientôt.
Miyuki
Posté le 07/10/2019
Coucou Lys ! Que je suis contente que tu aies pris le temps de lire ma nouvelle. *-* Ton commentaire m'a fait vraiment plaisir, je suis touchée qu'il t'est atteint aussi fortement. Je comprends ce que tu veux dire à propos du "nauséeuse", ça m'arrive également lorsque je m'y replonge ahah.
J'essaye rapidement de commencer à lire ton récit, tu me retrouveras donc sans doute dans les commentaires. (;
LionneBlanche
Posté le 03/10/2019
Coucou joli papillon :D

Eh bien ! Ton chapitre a un côté hypnotique, apaisant, et c’est un thème qui me parle, comme sans doute à beaucoup de lecteurs et d’apprentis auteurs ; cette plongée dans l’imaginaire, et la lecture.
Il y a vraiment quelque chose dans ton style, dans ta manière d’écrire. Tu parles d’âme, à un moment, eh bien tu as réussi à toucher la mienne. J’ai eu l’impression de revoir une version plus jeune de moi tracer ces mots, je devine ton état d’esprit en écrivant. Je te vois bien l’avoir fait d’une seule traite, dans cette sorte de fièvre qui, parfois, donne l’impression que l’on va s’envoler, et qu’on est capable de tout comprendre. La grâce de l’auteur. D
Je ne voulais pas commencer de nouvelles histoires avant un moment : il y en a beaucoup qui me tentent, qui m’attendent. Mais j’ai tellement de retard:/ Pourtant, voilà que je me retrouve piégée : je te sens toute en instinct et en sentiments, c’est fou ce que ça résonne en moi.

En commençant à te lire, j’ai eu l’impression d’une voix qui murmurait à mon oreille. Il s’agit de mon premier texte à la deuxième personne du singulier. On se sent tout de suite interpellé, car c’est à nous qu’on parle. :D Toutefois, attention, car si ça offre cet avantage, il a aussi un gros inconvénient. À plusieurs reprises, ton chapitre a affirmé des choses :
« Tu as tendance à t’éparpiller lorsqu’une chose attire ta curiosité. »
« Tu as tendance à réfléchir à voix haute ces temps-ci. »
J’ai noté ces deux cas en particuliers, car, en ce qui me concerne, c’est faux. Je ne m’éparpille pas quand quelque chose attire ma curiosité ; je n’ai pas tendance à réfléchir à voix haut ces derniers temps. Du coup… Dissociation. Ton histoire me parle à moi directement, mais comme ça ne me correspond pas, il parle aussi à un autre « tu », et je sors de l’immersion. Réfléchis à l’emploi de ce pronom, à ce qu’il implique. Est-ce le meilleur choix ? Tu ne pourras jamais affirmer quelque chose qui correspondra à 100 % de tes lecteurs. C’est impossible.

J’ai noté quelques petits soucis au fil de ma lecture. Oui, il y en a toujours. ^^
« Un pas après l’autre, tu te diriges vers la cage d’escalier pour accéder aux étages supérieurs ou inférieurs. »
Je prends cette phrase pour illustrer mon propos, mais, en réalité, j’aurais pu en choisir un autre. À un moment, tu annonces la fermeture imminente de la bibliothèque. Or, ton personnage (ou moi, tu) ne semble pas s’en soucier. Il monte à l’étage, continue son vagabondage entre les rayons, si je peux dire. ^^ Le camarade vient, mais il est renvoyé. Attention, si la bibliothèque ferme, il faut en tenir compte, ou alors, elle ne doit pas fermer.
« Tu rouvres les yeux. »; « « Tu le voit sans qu’il puisse te voir »
Attention : à ces moments-là, « tu » avais les yeux fermés, donc, impossible de voir…
« Le vert, le jaune, le rouge et le rose… »
Ce rapport aux couleurs revient assez souvent, malheureusement, c’est plutôt abstrait, philosophique (je ne sais pas si j’utilise les bons mots » et je n’ai pas très bien compris.

Ce qui suit ne sont que des propositions, des phrases sur lesquelles j’ai bloqué, mais par pure question de forme. Je vais donc te dire comment moi, je l’aurais écrit, mais c’est bien à toi que revient le choix. Il s’agit de ton histoire. :D
« Telle que la neige cachant les couleurs de l’Hélianthe, les collines cachent l’étoile lumineuse. »
Telle la neige cachant les couleurs de l’Hélianthe, les collines dissimulent l’étoile lumineuse. Note : Le « que » me paraissait de trop et « dissimulent » élimine la répétition.
« Autant réel qu’onirique. »
Aussi réel qu’onirique ?
« de la fondation. »
Du bâtiment ? C’est moins joli, mais fondations, ça m’évoque vraiment la base du bâtiment, la chape de béton, et elle seulement, non tout le reste.
« de se surprendre »
De s’entendre ?

Ton histoire est envoûtante et j’ai reconnu un peu de cette magie qu’il y a à errer dans une bibliothèque. Moi aussi je me laisse porter par cet étrange instinct, moi aussi je voyage entre les rayons, à la recherche d’une fenêtre vers un autre monde où je me sentirais bien, ou je pourrais plonger pour oublier la réalité.
Cela fonctionne bien donc :D mais il y a toutefois deux choses qui, principalement, m’ont gêné à la lecture. Et la première, ce sont les répétitions (rien que décrire ce mot j’ai mal au cœur, entre elles et moi c’est un long combat, je passe mon temps à les chercher entre mes pages.) Parfois, elles sont un effet de style, et j’en use aussi, pour appuyer sur un point. Mais elles sont assez présentes dans ce chapitre, notamment le mot ‘’plongeon’’. Je crois comprendre ce que tu as voulu faire : rappeler le titre du livre, du chapitre, le thème de toute l’histoire. L’intention est louable, mais à forte dose, cela donne l’impression de relire la même chose. Rien de bien méchant, je pense qu’il s’agit juste d’ajustement, de trouver là ou ce mot et les répétitions en général sont nécessaires, et là où il est possible de les retirer pour gagner en fluidité.

J’aime beaucoup comment tu conclus ton chapitre, car il s’agit d’une sorte de boucle. La phrase de fin est celle du début. C’est le genre de chose que vraiment j’apprécie. Et puis je trouve que ça fonctionne, j’ai très envie de lire la suite !
Attention toutefois à un certain effet de longueur. C’est un avis purement personnel, mais je pense que réduire ce premier chapitre le rendrait d’autant plus percutant. Ta plume est belle, mais n’hésite pas à la dompter.

À bientôt ;)
Miyuki
Posté le 04/10/2019
Ça, c’est ce que j’appelle du commentaire. Merci beaucoup pour avoir pris le temps de répondre et me donner ces nombreux conseils, sur lesquels je ne peux qu’être d’accord. Cet essai est la preuve écrite de ce que peut donner l’écriture automatique dont je parlais dans ma présentation. Je l’ai évidemment retravaillé depuis, mais j’ai souhaité garder le plus possible l’authenticité de ma pensée sur l’instant. Après, ces répétitions à gogo reflètent sûrement l’amour que j’éprouve pour elles. Je ne les utilise pas dans des écrits plus « classiques », mais lors d’essais comme celui-ci, j’ai tendance à me lâcher ahah.

Je comprends très bien ce que tu me dis sur le fait que tu n’aies pas réussi à te « reconnaître » à certains moments. Néanmoins, mon but n’était pas que le lecteur se reconnaisse dans le « tu ». C’est un « tu » qui me concerne, c’est une introspection de moi-même, c’est un « je » déguisé en « tu ». Mais je suis honorée que tu te sois identifiée à mes propres réflexions, c’est gratifiant.

Malheureusement, c’est un chapitre unique (une petite nouvelle), et je ne souhaite pas écrire de suite. Mais cette petite histoire peut très bien se transformer en chapitre dans une histoire beaucoup longue. En tous cas, tes retours sont très précieux et je te remercie encore. <3
LionneBlanche
Posté le 04/10/2019
Et j'ai du le réduire un peu pour qu'il passe... ^^

Oui, j'avais bien senti cet effet d'écriture automatique, en effet. :)

Mais c'est cruel ce manque de suite ! ^^
Fifrou
Posté le 03/10/2019
Honnêtement, je me suis toujours interdit de faire autant de phrase si courte car l'instant et l'espace s'en retrouve saccadés MAIS, maintenant, j'y vois et j'y ressens un style particulier, celui justement d'un instant présent et d'une âme dictée.
ça me donne envie de rêver d'Être dans cette bibliothèque, dans une bibliothèque et en ressentir toute cette atmosphère (je n'ai lu que rare livre dans ma vie, et surtout pas dans un endroit où l'affluence se permet d'être)
merci pour cette découverte d'un point de vue et d'un auteur !
Fifrou
Posté le 03/10/2019
s'en retrouvent* (sorry il est tard)
Miyuki
Posté le 03/10/2019
Si ça ne tenait qu’à moi, tous mes projets adopteraient ces caractéristiques d’écriture. Néanmoins, je peux comprendre que c’est très vite fatiguant et difficile à lire, même pour moi. Merci beaucoup pour ton commentaire qui me fait chaud au cœur. Je suis ravie de t’avoir plongé dans mon monde ! (;
Fifrou
Posté le 03/10/2019
après une nuit d'écriture et une lecture autonome à cinq heure et plus du mat, j'pense pas que la difficulté soit si présente, mais en gardant ce style pour la majorité de tes textes ça le deviendra forcément oui.
et c'est avec plaisir que je m'y suis laissé porter. :)
(ce sont les majuscules qui fatiguent)
Miyuki
Posté le 03/10/2019
Quand je le lis à voix haute, je me dis presque que je pourrais remplacer les points par des virgules. Je me rends compte que je ne fais pas un temps de pause suffisant pour honorer les points... Ainsi, je pourrais facilement retirer une grande partie des majuscules. C'est une piste à creuser.
Fifrou
Posté le 03/10/2019
Personnellement je vois en le "." une marque choc ; c'est à dire que je termine ma phrase en te regardant dans les yeux avec un intonation particulière, histoire de bien véhiculer l'importance de ces fins de mots.
à creuser évidemment, ça ne tient maintenant qu'à toi et je sais qu'une redirection voire une réitération de tes mots en gardant une certaine variable reste compliquée, alors je te souhaite un bon courage !
Vous lisez