C'était un jour d'hiver que mon père a perdu la vie. Il a laissé derrière lui une famille, un peuple et un devoir. Cette responsabilité m'a été imposée, je ne l'ai jamais voulue, je n'y ai jamais participé mais ce jour-là j'en suis devenu le commandant. On m'a donné les rennes et on m'a posé un casque sur la tête. Un casque beaucoup trop grand et des rennes beaucoup trop fragiles mais je les ai serré fort dans mes mains et j'ai gardé le casque en équilibre sur mon crâne. Tous les jours au front je pensais à mon père, ma famille et mon peuple mais tous les jours le combat était rude.
La guerre m'a détruit à petit feu, chaque coup reçu devait être contré, chaque attaque que je lançais emportait une partie de ma force. Ma détermination disparaissait peu à peu, l'épuisement et la douleur étaient de plus en plus forts et prenaient le dessus. Le champ de bataille était le même, l'ennemi aussi, mais pourtant le combat lui semblait de plus en plus dur et je commençais même à croire qu'il était impossible de continuer. Je connaissais parfaitement le champ de bataille et mon ennemi mais c'est ce qui rendait cette guerre abominable: comment pouvais-je continuer de perdre en connaissant parfaitement tout ça ?
Alors aujourd'hui je continue, je me lève, je me prépare et je me bat. Je vaincrais et je reignerais comme un prince le ferait.
Pardon pour les larmes
Pardon pour les blessures
J'ai beau avoir les plus belles armes
Chaque jour je constate les usures
Je me relève malgré les attaques
Infligées par moi même ou le passé
Excuse chacune de ces marques
Qui ne semblent pas t'arranger
Je reviens de l'horreur que tu n'as pas vu
Même si tu me dis l'avoir vécu
Aucun combat ne se ressemble
Mais j'entends que ton coeur tremble
Je t'en prie pardonne les larmes
Je te promet de laver mes armes
Pardonne aussi mes blessures
Car elles me promettent un avenir pur
Une bien triste destinée pour ce prince qui se voit soudain projeté suite à la mort de son père dans des responsabilités militaires. D'un air assez détaché il observe le monde de la guerre qui ne lui plait pas, mais dans lequel il est obligé de vivre et d'agir à cause de son héritage.
J'ai bien aimé le terme d'usure, qui montre combien la guerre peut détruire aussi à petit feu. Le prince cherche la rédemption à la fin du poème, ce qui est un bon point pour lui.
Juste une petite remarque : le mot renne = les rennes du père Noël. Ce que tu veux dire ce sont les rênes.
Merci pour cette lecture;
Un très beau texte qui met bien en avant la douleur et la complexité des émotions du prince ! Il y a quelques fautes toutefois, mais ça se corrige facilement (je pense notamment à : " donné les rennes"--> rênes). Quelques confusions entre passé simple et imparfait aussi (j'ai la même difficulté).
Ta plume est agréable et directe, et j'ai hâte de voir tes prochains textes ! :)