C’est une histoire de dragons, autrefois immenses, féroces et régnant sur la terre comme dans les airs, désormais miniatures, jouant à cache-cache au fond des océans mais non moins puissants pour autant ; car ces dragons-là savent tout, ce qui s’est passé avant, que les hommes ont oublié ou voulu faire passer pour légende, et peut-être même ce qui viendra après. Pourtant, ce n’est pas l’étendue de leur savoir qui fait toute leur puissance mais ce qu’ils ne veulent pas que l’on sache, surtout les hommes, car ces dragons-là, aussi mignons soient-ils, ont un secret qui, s’il est découvert, pourrait bien faire chavirer l’Ordre d’en haut et rétablir celui d’Avant.
— Balivernes ! s’exclama Cornelius en remuant sa barbichette palmée. Qu’avons-nous à faire des hommes après tout ! Soit, l’Ordre d’Avant et celui d’Après n’ont en commun que nous, mais dois-je vous rappeler que nous avons bien changé depuis et que, ma foi, l’impermanence est notre plus grand salut.
— Ce n’est pas là ce que nous remettons en question mon cher Cornelius. La chose est que, malgré nos pouvoirs immenses, cette planète va à vau-l’eau, en particulier du fait des hommes, et qu’il est temps que nous les confrontions à ce sujet.
Rabaccahr avait parlé et elle avait le don d’amener en peu de mots tous les sujets qui fâchent. Cornelius explosa :
— Les hommes, les hommes, toujours les hommes ! Douteriez-vous de ces pouvoirs immenses, Dame Rabaccahr ?
A l’attaque de Cornelius, sable, algues et autres sédiments s’élevèrent en un nuage de fureur du plancher océanique. Si les hippocampes, fiers descendants des dragons, ont la capacité de mener toutes sortes d’activités télépathiques à distance, ils ont aussi en horreur le manque de respect pour la hiérarchie ; Dame Rabaccahr les avait sauvés de l’extinction et ils n’étaient pas près de l’oublier. Cornelius, lui, avait en mémoire les termes du contrat que Rabaccahr avait passé avec ceux qu’il haïssait de toutes ses écailles pour assurer leur survie : les hommes. La voix claire de Rabaccahr trancha dans la clameur et la tut :
— Nous n’avons rien perdu Cornelius ; rappelez-vous que le souffle d’un dragon ne meurt jamais.
Le Conseil se clôtura sur ces mots car l’agitation qu’il avait provoquée avait déjà changé la trajectoire des courants marins et perturbé les prévisions météorologiques ; il fallait se remettre à la tâche. Ces dragons-là n’avaient en effet rien perdu de leur souffle, par le biais duquel ils déplaçaient désormais l’eau comme autrefois ils crachaient le feu, contribuant ainsi à réguler les températures à la surface du globe ; la planète toute entière et son équilibre climatique reposaient donc sur le souffle des dragons.
A ce moment très ordinaire où les marées avancent et se retirent d’un bout à l’autre de la planète et où la lune se cache ici pour mieux s’offrir là-bas, Rabaccarh se laissait porter par les flots de son royaume apaisé et se remémorait. Elle se rappelait le Jour d’Avant, celui où de monstres sacrés ils étaient devenus infimes horlogers des temps nouveaux, au service d’un monde désormais aussi vaste qu’ils étaient devenus fragiles. Mais Rabaccarh n’avait jamais douté de son pouvoir, contrairement à ce que pouvait dire Cornelius. Les yeux ouverts sur sa flamme intérieure, comme toutes les nuits, elle allait revivre cette journée funeste.
La terre avait brûlé, pendant des jours, des nuits, des semaines entières. Elle était calcinée et recouverte de cendres noires, blanches et argentées. Perchés sur les montagnes, collines, châteaux et forteresses, les dragons l’avaient incendiée sans relâche, crachant leur colère et déréglant tout. Minute après minute, avec chaque flamme, le monde s’effondrait dans un abîme incandescent. Ils avaient abusé de leur pouvoir mais ils pensaient bien faire, ils pensaient punir ceux qui avaient osé les défier, ceux qui prétendaient pouvoir les contrôler, ceux qui voulaient changer l’Ordre du monde. Autant d’effronterie ne méritait probablement pas la panique et la rage qui les emportèrent. Mais, poursuivant la destruction et le massacre qu’ils avaient commencés, ils allaient bientôt être emportés dans des profondeurs qui faillirent bien donner raison à l’ennemi.
A cette époque-là, les hommes avaient pris résidence sous terre. D’une ingéniosité de maître ils avaient construit souterrains, tunnels, galeries et autres citadelles indétectables à l’œil de dragon. A cette époque-là, les sens des dragons n’étaient pas aussi développés qu’aujourd’hui : ils ne rataient rien de ce qui se présentait à découvert et en mouvement sous leur nez mais ça n’allait pas plus loin ; pas de télépathie non plus, sauf pour quelques élus ; ces dragons-là se connaissaient à peine. Par contre, ils agissaient déjà selon une certaine hiérarchie, dictée alors par Prius, leur gouverneur vénéré, aussi appelé clandestinement « le Saigneur de dragons » par ceux-là même qui lui prêtaient allégeance.
Rabaccarh semblait assoupie, perchée sur la plus haute tour du château de Noune qu’elle avait enlacée de sa queue noire et pointue. Elle brillait au soleil tel un diamant posé entre les ruines et les cendres. Elle n’avait pas pris part au massacre. Elle serait punie, par les siens plus que par Prius, mais cela lui était égal. Selon elle, Prius était devenu prétentieux, ce qui en faisait le plus dangereux des leaders. Il n’était plus, depuis longtemps, celui qu’elle avait choisi. Bientôt tout serait si déréglé qu’ils seraient noyés ou ensevelis sous les glaciers et les mers de lave. Elle savait que la fin était proche mais elle ne voulait pas de cette fin-là. Non, Rabaccarh n’avait aucune envie de s’endormir pendant plusieurs centaines d’années avant d’être réveillée à nouveau par le souffle d’un des leurs. C’était trop de risques à courir. Et s’ils périssaient tous ? Et s’il fallait attendre des millénaires ? Elle avait déjà vécu bien des ères mais ce qu’elle voulait c’était laisser sa trace sur l’une d’elles, maîtriser le flot de l’histoire et acquérir le statut de Dragon Sacré. Elle était trop près du but pour s’éteindre ici.
La lande était carbonisée aussi loin que l’on pouvait voir, les eaux avaient monté et les volcans partout s’étaient réveillés. Les hommes, cachés sous terre, attendaient aussi la fin, sauf l’un d’entre eux. Elle s’appelait Shreya et avait tout juste cinq ans. Elle savait mais elle ne voulait pas y croire, alors elle se racontait des histoires, avec plusieurs fins possibles, où tout le monde était joyeux et où les hommes et les dragons vivaient en paix. Dans l’une de ces histoires les dragons devenaient tout petits, aussi petits que les hommes, et tous se comprenaient. Shreya jouait avec ses dragons de bois et ses petits soldats de plomb. L’un des dragons était perché sur la plus haute tour d’un château et les hommes lui lançaient toutes sortes de projectiles tandis que celui-ci crachait le feu et remuait sa queue puissante pour les éloigner et protéger l’œuf sur lequel il était assis.
L’air était devenu irrespirable dans les sous-sols. Les hommes fuyaient par toutes les issues possible. Au milieu du jour, Shreya s’échappa d’une des galeries située à une centaine de pieds en dessous du château de Noune. Elle fuyait la mort, quand elle se retrouva face à face avec son plus grand représentant. Elle s’arrêta, stupéfaite. Elle pouvait sentir la vapeur sortant des narines de ce dragon gigantesque, dont la queue, qu’elle avait prise pour un mur sur lequel elle était appuyée, pouvait la réduire en miettes à tout mouvement. Rabaccarh se pencha sur Shreya qui ne bougea pas d’un poil : elle ne pouvait pas, elle était pétrifiée. Rabaccarh dit à l’enfant : « Dans la cour de ce château, il y a un œuf ; ce dragon, c’est le tien. Prends-en soin car je ne serai plus là pour m’occuper de lui ». Shreya avait du mal à comprendre mais fut poussée par la queue de Rabaccarh vers la grille du château. Elle aperçut entre les pattes de Rabaccarh un œuf étincelant, presqu’aussi grand qu’elle. Elle ne comprenait pas ce qu’il se passait mais elle ne pouvait s’empêcher de s’avancer vers cette bulle solide et irradiant une lumière turquoise avec une envie irrépressible de la toucher. « Pose ta main et il sera tien », poursuivit Rabaccarh. Envahie par une vague d’énergie apaisante, Shreya s’avança fixement vers l’œuf et, dans un dernier souffle de dragons, posa ses cinq petits doigts sur la coquille lumineuse.
Rabaccarh s’éveilla au milieu de ce rêve qui se terminait toujours de la même façon, dans un abîme. Ce vide mémoriel que même ses sens subtils ne pouvaient combler la frustrait jusqu’à l’angoisse. Au moment où la main de Shreya avait touché l’œuf, les dragons partout s’étaient immobilisés, pétrifiés, et Shreya avait changé pour toujours l’Ordre d’Avant. Rendus fossiles de la main innocente de leur ennemi juré, leur renaissance dépendrait aussi de cet être désormais « Maîtresse de dragons ». Mais Rabaccarh avait tout prévu.
Shreya était issue d’une longue lignée d’alchimistes. Rabaccarh le savait car elle aussi était une élue de l’Ordre des Dragons et avait hérité de dons spéciaux, dont la télépathie, qu’elle était capable d’exercer avec les siens comme avec tous ceux du règne vivant ; ce don prenait des formes différentes à chaque fois et, avec Shreya, elle avait dialogué dans le monde des rêves et de l’imaginaire. Elle lui avait soufflé son destin et Shreya avait répondu à l’appel. Cela faisait maintenant des centaines de milliers d’années que ce jour avait eu lieu mais, chaque nuit, Rabaccarh s’efforçait de ne pas oublier.
La Nuit d’Avant, après que les eaux eurent monté, balayant les dragons de pierre dans les rivières, torrents et marées, Shreya ordonna à Dharma, son nouveau compagnon adoptif, de souffler sa flamme violette au lieu de celle qui brûle, pour repousser les eaux et redonner la vie. Alors la transformation s’était opérée ; lentement, la pierre s’était désintégrée et, lentement, elle était devenue poussière de vie et tout s’était rééquilibré, goutte à goutte, sous les mers et dans le vent, pendant des milliers d’années. Les dragons d’Avant, flottant dans le plancton et dans la brise allaient bientôt devenir les nouveaux maîtres du temps. Dharma, lui, s’éteignit avec Shreya quelques décennies après le Jour d’Avant. Grâce à Shreya, il vécut un temps caché dans les galeries de l’inlandsis des mers du Sud mais, seul, un dragon ne peut survivre longtemps ; alors quand Shreya s’était éteinte au terme d’une vie passée à protéger son secret, il s’était endormi lui aussi pour les siècles des siècles. Ensemble, Shreya et Rabaccarh avaient rêvé le futur des dragons, ensemble elles les avaient rendu infimes et tout-puissants. Ensemble elles avaient repeuplé les mondes. Mais les hommes étaient allés trop loin, ils avaient abusé de leurs pouvoirs, pillé les ressources de la planète, laissant s’échapper tout le carbone des sols fertiles dans l’atmosphère. Comme avant les dragons avaient surchauffé la Terre, les hommes la conduisaient droit au gouffre. Les glaces des mers du Sud avaient fondu depuis bien longtemps et le corps de Dharma était maintenant presqu’à découvert. Bientôt, l’un de ses descendants, frêle libellule sauvée des eaux par le vent, le réveillerait de son souffle et, par le sien, l’Ordre d’Avant serait rétabli. Se laissant lentement bercer par le courant, Rabaccarh savourait ses retrouvailles et sa vengeance à venir.
Pendant ce temps, Cornelius préparait son coup d’État. Il en avait assez de la patience timide de Rabaccarh et ne comprenait pas l’importance qu’elle donnait aux hommes en favorisant l’idée d’un dialogue avec eux. Il était d’un naturel plus radical et se disait que tout pouvait revenir à la normale à force de tsunamis et d’animation sismique ; depuis quand les dragons se souciaient-ils de dommages collatéraux ? Mais les hommes étaient allés si loin que même ces recours-là étaient devenus dangereux pour eux, ceux-là même aux commandes de l’équilibre climatique. Cornelius avait un autre plan en tête mais celui-ci impliquait d’enfreindre une loi fondamentale de l’Ordre des Dragons : ramener à la vie celui-là même qui avait failli causer l’extinction complète des dragons, son frère et seul ami, Prius. Le corps pétrifié de ce dragon immense avait coulé au plus profond des océans dans une fosse géante à l’abri des courants soufflés par ses anciens disciples. La loi du Nouvel Ordre précisait bien que ce dragon-là ne devait jamais être réanimé. Mais Cornelius en avait décidé autrement et pendant que tout le royaume était occupé à réguler, compenser, équilibrer, harmoniser, il s’était laissé porter lentement jusqu’à l’embouchure de la cavité abyssale dans laquelle il se laissa tomber, telle une plume emportée par la force gravitationnelle et qui se balance de droite à gauche vers le sol. Cornelius avait atteint son but et, de son souffle, il allait bientôt réveiller celui qui rétablirait leur règne. Il n’aurait qu’à ménager les humeurs de Prius, se disait-il, pour que sa domination n’ait pas les mêmes conséquences dévastatrices que précédemment.
Au moment-même où Cornelius se mit à souffler vers l’abysse le tonnerre gronda et, au-dessus de nos têtes, un dragon plana. Son corps noir avec des reflets verdâtres brillait dans les rayons du soleil qui filtraient à travers des nuages lourds. Il était magnifique. Dharma vivait.
Se propulsant des profondeurs obscures à une vitesse vertigineuse et faisant trembler la croûte océanique Prius s’éleva comme une flèche hors de l’eau, faisant rouler les tsunamis à des centaines de kilomètres à la ronde. A l’ombre d’un grand banian, un enfant jouait. Dans la terre il dessinait la légende des dragons que ses parents et ses grands-parents avant lui avaient apprise. Dans un vacarme assourdissant la tige feuillue qu’il tenait dans sa main gauche vint s’écraser contre le galet qui fusait vers le ciel dans sa main droite. Le choc fut si grand que la terre trembla. Père et fils avaient été pulvérisés dans une collision mortelle et l’Ordre des Dragons s’acheva ici car, de monstres sacrés, il n’en restait plus. C’était là la légende que Shreya avait placée dans les rêves des siens. C’était aussi le secret qu’elle avait réussi à cacher des sens affûtés de Rabaccarh.
Sous le grand banian, l’enfant poursuivait l’aventure car, dans le néant, l’Ordre d’Avant et celui d’Après étaient désormais dangereusement alignés.
J'ai bien aimé ta nouvelle, très complète, très transporteuse, avec un côté cyclique assez tragique, cycle qui semble s'interrompre à la fin, ou du moins annonce une interruption, mais malheureuse, du cycle.
Cependant, je me demande si ta nouvelle n'est pas trop dense pour le format nouvelle. Ta cosmologie m'a parut très complète, et les intrigues de dragons pour le pouvoir m'ont paru de trop, au niveau de la densité des informations. J'ai plus eu la sensation d'avoir ici un genre de préquel à un roman, qu'une nouvelle en elle-même.
Mais bravo pour toute cette créativité et l'articulation de toutes ces idées. Je n'ai pas eu l'impression de lire une encyclopédie, ce qui peut être un écueil quand on crée un monde, donc bravo.
Plein de bisous !
Désolée pour ma réponse tardive. Et merci beaucoup pour tes commentaires. Ils me font chaud au coeur et me sont très utiles pour la suite.
Ce fut une très belle aventure pour moi aussi de créer ce monde. J'ai également découvert un aspect de moi-même que je ne connaissais pas vu que je n'écris pas habituellement sur des thèmes "fantastiques" . Mais cette trouvaille m'emplit de joie!
J'ai conscience que l'histoire en l'état demande clarification et développement mais je suis vraiment heureuse de l'avoir envoyée, qu'elle ait été sélectionnée et de l'accueil qu'elle a reçu. C'est beaucoup de bonheur!:)
Merci énormément donc pour ta lecture et tes commentaires très constructifs. Ils sont chaudement appréciés!:)
Merci pour cette belle plume au service d’un voyage dans un univers captivant!
J’ai en effet beaucoup apprécié ton écriture qui met en place des belles descriptions et un récit dans lequel j’ai été vite embarquée. J’ai aussi adoré l’idée des hippocampes comme descendants des dragons et tout particulièrement le fait qu’il y en ait des pro- et des anti-Hommes. J’ai vu ainsi plusieurs clins d’œil à l’univers de Harry Potter, je ne sais pas si c’était voulu?!
Vers le milieu de ma lecture, j’ai ensuite été un peu perdue: je ne savais plus ce qui appartenait au passé, au présent ou au futur; j’étais confuse entre ce qui se déroulait dans l’air ou sur terre et dans l’eau; et je n’ai pas bien compris la chute. En somme, c’était peut-être un peu dense pour une nouvelle... Mais cela n’enlève rien à la qualité de ta plume et de tes idées!
Désolée pour cette réponse tardive. J'apprécie beaucoup tes commentaires et je suis contente que l'idée t'ait plue.
Je n'ai pas consciemment pensé à l'univers d'Harry Potter en écrivant l'histoire mais je confesse la possibilité de toute déformation "prosétionnelle":)
Je pense qu'en effet j'ai voulu explorer plusieurs pistes et me suis laissée porter par une écriture plutôt expérimentale qui demande maintenant un bon débroussaillement et plus de développement.
Tes commentaires m'aident beaucoup dans cette optique.
Un grand merci donc de m'avoir accordé un peu de ton temps. C'est très apprécié.
Quel beau texte, imagé, bien construit et bien écrit ! Les dragons qui deviennent des hippocampes et qui sont responsables de l’écosystème de la Terre entière : quelle merveilleuse idée ! Je ne suis pas sûre d’avoir bien compris la chute : est-ce que l’enfant doit continuer à dessiner, mimer, raconter la légende en jouant pour maîtriser les évènements et empêcher un basculement vers l’Ordre d’Avant ? Le monde aurait bien besoin d’une autre puissance, sage celle-là, qui ne commettrait ni les abus des dragons, ni ceux des hommes. On peut toujours rêver… :-)
Peut-être que la liste qui suit pourrait te suggérer le contraire, mais j’aime beaucoup ta plume.
Coquilles et remarques :
— ce qui viendra après. Pourtant, ce n’est pas l’étendue de leur savoir [Il semble qu’il y a deux espaces avant « Pourtant ».]
— ce n’est pas l’étendue de leur savoir qui fait toute leur puissance mais ce qu’ils ne veulent pas que l’on sache [J’ajouterais une virgule avant « mais ».]
— Qu’avons-nous à faire des hommes après tout ! / mais dois-je vous rappeler que nous avons bien changé depuis et que, ma foi, l’impermanence est notre plus grand salut. [Je mettrais une virgule avant « après tout » et un point d’interrogation après « salut ».]
— Ce n’est pas là ce que nous remettons en question mon cher Cornelius. [Virgule avant « mon cher Cornelius ».]
— A l’attaque de Cornelius, sable, algues et autres sédiments s’élevèrent [À / Tu ne peux pas mettre « et autres sédiments » parce que le sable et les algues ne sont pas des sédiments. À défaut de trouver un nom générique, je te propose d’enlever « autres ».]
— Cornelius, lui, avait en mémoire les termes du contrat que Rabaccahr avait passés avec ceux qu’il haïssait [avait passé ; c’est le contrat qu’elle a passé]
— La voix claire de Rabaccahr trancha dans la clameur et la tut [et la fit taire ; « la tut » voudrait dire qu’elle n’en parle pas]
— Nous n’avons rien perdu Cornelius [Virgule avant « Cornelius ».]
— Le Conseil se clôtura sur ces mots car l’agitation qu’il avait provoquée [On ne clôture pas un Conseil, mais on le clôt. Comme « (se) clore » est un verbe défectif qui n’a pas de passé simple, je te propose de ruser : « Le Conseil fut clos sur ces mots ». / Virgule avant « car ». / Concernant le verbe « clôturer », voir ici : http://www.academie-francaise.fr/cloturer-la-seance]
— la planète toute entière et son équilibre climatique [tout entière ; ici, « tout » a valeur d’adverbe]
— A ce moment très ordinaire où les marées avancent et se retirent d’un bout à l’autre de la planète et où la lune se cache ici pour mieux s’offrir là-bas [À / Comme il y a plusieurs fois « et » dans cette phrase, je te propose simplement de l’enlever avant « où la lune se cache ».]
— ils allaient bientôt être emportés dans des profondeurs [Il y a déjà qui les « emportèrent » un peu plus haut ; « ils allaient bientôt être entraînés », peut-être ?]
— D’une ingéniosité de maître ils avaient construit souterrains, tunnels, galeries et autres citadelles indétectables à l’œil de dragon. [Virgule après « maître ». / Tu ne peux pas mettre « et autres citadelles » parce que les souterrains, les tunnels et les galeries ne sont pas des citadelles ; je propose « souterrains, tunnels, galeries, citadelles, et autres ouvrages ». Tu peux aussi te contenter d’enlever « autres ».]
— A cette époque-là, les sens des dragons n’étaient pas aussi développés qu’aujourd’hui [À / Il y a déjà « À cette époque-là » un peu plus haut ; « En ce temps-là », peut-être ?]
— ils ne rataient rien de ce qui se présentait à découvert [« rataient » détonne dans le style ambiant ; je propose « manquaient »]
— et en mouvement sous leur nez mais ça n’allait pas plus loin [Virgule avant « mais ».]
— par ceux-là même qui lui prêtaient allégeance [ceux-là mêmes]
— ce qui en faisait le plus dangereux des leaders [Dommage d’employer un mot anglais ; meneur, chef, dirigeant, souverain ?]
— Et s’il faudrait attendre des millénaires ? [s’il fallait]
— c’était laisser sa trace sur l’une d’elle [l’une d’elles]
— les eaux avaient monté et les volcans partout s’étaient réveillés [étaient montées]
— Dans l’une de ces histoires les dragons devenaient tout petits [Virgule après « histoires ».]
— et tous se comprenaient. Shreya jouait avec ses dragons [Il semble qu’il y a deux espaces avant « Shreya ».]
— Les hommes fuyaient par toutes les issues possible [possibles]
— Shreya s’échappa d’une des galeries située à une centaine de pieds en dessous [situées (si les galeries sont toutes situées à cette profondeur) ; autrement, il faut mettre une virgule avant « située »]
— Elle s’arrêta stupéfaite. [Virgule avant « stupéfaite ».]
— un œuf étincelant, presqu’aussi grand qu’elle [presque aussi ; « presque » ne s’élide pas, sauf dans « presqu’île »]
— Shreya s’avança fixement vers l’œuf [« s’avança fixement » est antinomique ; je te propose de reformuler]
— Ce vide mémoriel que même ses sens subtils ne pouvaient combler la frustraient jusqu’à l’angoisse [la frustrait ; c’est le vide mémoriel qui la frustre]
— La Nuit d’Avant, après que les eaux eurent monté [furent montées]
— Alors la transformation s’était opérée ; lentement, la pierre s’était désintégrée et, lentement, elle était devenue poussière de vie et tout s’était rééquilibré, goutte à goutte, sous les mers et dans le vent, pendant des milliers d’années. [Cette phrase est longue et elle contient beaucoup de « et ». Je te propose de mettre un point après « s’était opérée » et un point-virgule entre « poussière de vie » et « tout s’était rééquilibré ».]
— Les dragons d’Avant, flottant dans le plancton et dans la brise allaient bientôt devenir les nouveaux maîtres du temps. [Il faudrait placer « flottant dans le plancton et dans la brise » entre deux virgules.]
— Ensemble, Shreya et Rabaccarh avaient rêvé le futur des dragons, ensemble elles les avaient rendu infimes et tout-puissants. [Je dirais « l’avenir » / les avaient rendus]
— et le corps de Dharma était maintenant presqu’à découvert [ presque à découvert ; « presque » ne s’élide pas, sauf dans « presqu’île »]
— ceux-là même aux commandes de l’équilibre climatique [Faut-il comprendre « ceux-là mêmes » (avec un « s ») ou « même aux commandes » ?]
— Cornelius avait un autre plan en tête mais celui-ci impliquait [Virgule avant « mais ».]
— Mais Cornelius en avait décidé autrement et pendant que tout le royaume était occupé à réguler, compenser, équilibrer, harmoniser, il s’était laissé porter lentement jusqu’à l’embouchure de la cavité abyssale dans laquelle il se laissa tomber, telle une plume emportée par la force gravitationnelle et qui se balance de droite à gauche vers le sol. [Il faudrait ajouter une virgule avant « pendant que ». / Cette phrase est vraiment très longue, même un peu trop à mon humble avis.]
— Au moment-même où Cornelius se mit à souffler vers l’abysse le tonnerre gronda [Au moment même (sans trait d’union) / virgule après « l’abysse ».]
— faisant trembler la croûte océanique Prius s’éleva [Virgule avant « Prius ».]
— Dans un vacarme assourdissant la tige feuillue qu’il tenait dans sa main gauche [Virgule avant « la tige ».]
Concernant les accents sur les majuscules (ici, ça concerne la préposition « À »), voici un lien intéressant : https://www.projet-voltaire.fr/culture-generale/accent-majuscules-capitales/.
Désolée pour ma réponse tardive mais je voulais te dire un grand merci du fond du coeur d'avoir pris le temps de lire cette nouvelle avec autant de minutie et pour tes commentaires très précis.
J'ai bien conscience que cette histoire peut être davantage développée mais je suis contente de l'avoir partagée et que l'idée créative t'ait plu.
En ce qui concerne la chute, je pense que je me débattais intérieurement entre plusieurs options et une nouvelle voix un peu surréaliste en effet à travers celle de l'enfant. Ce qui en est ressorti à l'époque est un tantinet confus je le reconnais.
Je pense que je vais y retourner et retravailler l'histoire pour approfondir et développer certaines idées. Donc en tous cas, merci pour tes commentaires, ils sont très appréciés.
J'adore cette idée que le souffle des dragons soit désormais à l'origine des courants marins !
D'une façon générale, le récit est très intéressant, mais peut-être un peu trop touffu pour une nouvelle car j'étais parfois perdue entre les divers dragons.
Sinon Rabaccarh tu dis à un moment qu'elle veut se venger mais elle avait l'air plutôt calme, donc je comprends pas ?
"Et s’il faudrait attendre des millénaires" : je pense que c'est "fallait" au lieu de "faudrait"
En tous les cas, bravo, car c'est un sacré monde que tu as créé là ! Tu pourrais en tirer une histoire plus longue je pense sans soucis :)
Désolée pour ma réponse tardive et merci beaucoup pour ton commentaire. Oui, je pense retravailler l'histoire à un moment donné mais je suis contente de l'avoir postée malgré tout et que l'idée t'ait plu.
Oui, Rabaccarh enceinte était peut-être pas trop "dans le mood" à l'époque mais c'était aussi parce qu'elle était consciente que Prius les menait droit à la catastrophe et qu'elle ne pourrait pas l'en empêcher. Ce qui ne veut pas dire qu'elle a passé un contrat avec les hommes de gaieté de coeur ou qu'elle n'a pas de colère, contre les hommes, ou contre Prius pour ce qu'il s'est produit. Elle s'est sentie plutôt forcée de prendre les choses en main, subtilement, en secret parce que tout était déjà fichu quand Prius a pété les plombs.
J'ai imaginé quelqu'un rongé par sa propre colère intérieure; à un moment il y a tellement de colère que tu ne sais plus d'où ça vient ni pourquoi, tu sais juste que tu es en colère 😂
Mais je vois déjà qu'il y a en effet matière à développer, donc MERCI:) pour ça et pour le reste;)
Sincèrement, je pense que dans sa complexité, ton récit est celui qui m'a le plus marqué, avec ceux d'Altin, Soah et Melowyn. La structure à tiroir du récit, les implication passé/présent, le fait que ces dragons sont finalement à l'origine de la tectonique des plaques (du moins c'est comme ça que je le comprends xD) et des gros bouleversements écologiques de la planète, en font presque l'esquisse d'un roman plus qu'une nouvelle, et pour ça, chapeau !
Merci de l'avoir proposé à l'AT !
Non, ce n'est pas tricher et je te remercie beaucoup pour ton commentaire, ça m'aide à avancer. Contente que l'idée t'ait plu!:)
Oui, l'idée est superbe, le texte très bien écrit, mais cet énorme flashback m'a alourdi la lecture, dû au temps employé certes, mais pas que, car du coup on s'éloigne de l'action et du "présent". Pareil pour la chute, j'avoue ne pas avoir tout saisi.
Mais voilà, idée et plume magnifiques, ça c'est incontestable !
A+
Quelle plume ! La syntaxe, le vocabulaire et le rythme sont tellement maîtrisés ! Et ceux, sans en faire trop : juste de quoi se mettre au service de l'histoire, sans devenir prépondérants. Les phrases sont musicales, ça coule tout seul et c'est riche. Un régal !
Quant à l'histoire, j'ai trouvé assez génial l'intervention des dragons sur la géologie et l'écologie de notre planète. Et les dragons de l'ordre d'Avant que tu campes, géants et fascinants, c'est bien simple : on les voit ! On les voit en train de tout ravager et de laisser le chaos sur la terre. On sent aussi très bien leur puissance (et à quel point ils en sont conscients) à travers le dialogue de la première partie.
Bon, j'avoue que je ne suis pas sûre d'avoir compris la chute, par contre. J'ai cru saisir que Dharma et Prius s'entretuaient dans leur duel juste après leur renaissance, mais du coup, je ne suis pas sûre d'avoir compris la dernière phrase. Mais ça ne m'a pas tellement gênée, car j'ai beaucoup apprécié le reste du texte, tant le fond que la forme.
Finalement, j'ai une seule remarque, mais elle est très subjective : je trouve un peu dommage que tout le texte soit au plus-que-parfait. Certes, c'est logique puisque ce que tu racontes est antérieur à la scène d'introduction, mais c'est un temps qui met le lecteur à distance puisqu'il sert à narrer des évènements déjà produits, au lieu de les faire vivre au lecteur. Quand le flashback est aussi long par rapport au point de départ choisi, est-ce qu'il ne vaut pas mieux l'introduire par une indication explicite (genre "Plusieurs millénaires auparavant,...") et reprendre le passé simple/imparfait (c'est à dire le présent dans un récit au passé, contrairement au plus-que parfait qui est le passé dans un récit au passé), pour immerger le lecteur ?
Je ne sais pas si je suis claire dans mes explications, dans ce cas, dis le moi, j'essaierai d'être plus précise. Je sais que tout le monde n'est sans doute pas aussi sensible que moi au plus-que-parfait, mais c'est quand même un temps un peu "piège", en général.
Ceci dit, c'est vraiment du pinaillage, parce que j'ai trouvé ton texte très abouti et je l'ai lu avec beaucoup de plaisir.
A+