Le silence des astres

Par Bleiz
Notes de l’auteur : TW : changement climatique, brève description de souffrance d'une enfant

Inspiré par la canicule et l'inaction politique. Bonne lecture

Tapie dans les ombres, écoutant attentivement les gouttes rouler sur les parois du tunnel, Luz attendait. Sous un voile de mariée rapiécé, recousu par ses soins, la gamine souriait avec un enthousiasme à peine contenu.

C’était l’été. Oui, la nouvelle saison commençait, et Luz était déterminée à ramener le Soleil.

Elle avait lu tout ce qu’il y avait à savoir le sujet. Cette boule de gaz, brillante et chaude, si proche des hommes et en même temps si loin, qui avait été perdue il y a de cela des années. Les histoires où les héros montaient dans les chars d’Hélios, se sacrifiaient pour leur peuple, et finissaient invariablement par sauver le monde. Luz en rêvait depuis toujours, et pour cause : elle était née pour ça.

Et tant pis si sa sœur disait que le soleil n’existait pas ! Ses parents le lui avaient confirmé, à elle, parce qu’elle était une grande fille désormais et qu’à dix ans, elle avait le droit de savoir la vérité. Or la vérité était tellement triste, horrible, insupportable, qu’il fallait qu’elle la répare. Luz devait changer le cours de l’Histoire. Elle s’était préparée pour l’occasion : elle avait récupéré des vieux vêtements à sa mère, d’autres de la réserve où elle n’était pas censée aller. Là, parmi les trésors des siècles passés, elle avait trouvé une longue robe blanche, en dentelle, des lunettes de soleil – le mot contenait à lui tout seul sa destinée – et des chaussures de plage en plastique bleu. Oui, les lunettes étaient ébréchées, la robe jaunie par le temps, et les méduses abimées. Quant à son maquillage, peut-être bien qu’elle l’avait volé – non, emprunté – à la jeune femme qui vivait dans le souterrain d’à côté. Mais ça n’avait pas d’importance : elle se sentait tour à tour Iphigénie, Antigone, Jeanne d’Arc ! Sa tenue n’était là que pour réaffirmer son rôle.

Les doigts serrés autour d’un bouquet de fausses fleurs, elle inspira profondément et commença à marcher. Il fallait que ce soit lent, solennel. Ce n’est pas tous les jours qu’on sauve le monde.

Oui, Luz savait tout ce qu’il y avait à savoir sur le soleil. Elle pouvait réciter dans l’ordre toutes les dates précédant le Grand Effondrement : quand les animaux avaient commencé à mourir les uns après les autres, que les campagnes n’avaient plus vibré du froufrou des insectes parce qu’ils avaient disparu sans protester sous des nuages de fertilisants, quand la chaleur du Soleil était devenue trop forte pour les hommes et qu’ils s’étaient réfugiés sous la terre, dans les grottes, dans les bunkers. Sa maîtresse leur avait bien expliqué que sa génération était particulière, la première à naître dans l’obscurité. Mais si ses camarades semblaient indifférents, voire s’enorgueillir de cette particularité, Luz avait compris d’instinct que le monde extérieur était celui fait pour elle.

Le dehors et sa chaleur n’attendaient qu’elle ; elle répondrait à leur appel. 

Elle avait préparé ce jour avec toute la prudence qu’une telle opération demandait. Elle avait attendu que ses parents partent négocier leur vivres du jour avec le chef de camp – une sombre histoire de « calories » et de « rationnement ». Puis elle avait suggéré à sa sœur qu’elle aille jouer avec leurs voisines, sans elle, parce que Luz voulait finir son livre et qu’elle les rejoindrait plus tard. Évidemment, elle avait sauté sur l’occasion. Luz ne lui en voulait pas : au contraire, elle l’avait regardé partir avec l’orgueil joyeux de ceux sur le point de réussir quelque chose de grand. Sa sœur n’allait pas s’en remettre, quand elle reviendrait victorieuse !

Mais maintenant qu’elle se trouvait si près du but, elle hésitait. La pente remontait doucement d’abord, puis devenait de plus en plus abrupte. Elle n’était jamais allée aussi loin auparavant, et certainement pas seule. Les signes sur les murs commençaient à lui faire peur : plein de croix rouges, de mots dans des langues qu’elle ne comprenait pas, ponctués de points d’exclamation toujours plus grands et plus nombreux.

Luz secoua la tête et, relevant la tête dans un geste d’une noblesse dédaigneuse, reprit sa route. Elle serait la nouvelle Perséphone, ramenant avec elle la lumière, la douce chaleur d’un astre ami. Grâce à elle, les plantes repousseraient – et pas dans des bacs sous des lampes violettes, dans de l’herbe, de leur propre volonté ! Il y en aurait de toutes les couleurs ! Et Luz irait dans un champ, un vrai, comme ceux des livres, où le ciel était bleu et impossible à toucher, pas comme les plafonds où ses parents avaient dessiné des oiseaux et des nuages. Bon sang, les nuages ! Luz avait envie de trépigner d’excitation en y pensant. La pluie qu’ils lui apporteraient ! Surtout, surtout, il n’y aurait pas de mur. Les prairies vertes et grasses, piquées de violettes et de pâquerettes, ses préférées, s’étendraient à l’infini. Ce serait le véritable Été, et le monde redeviendrait comme il l’avait été du temps de ses grands-parents. Ou de ses parents ? Luz n’était plus sûre.

Enfin, elle arriva au bout du tunnel. Elle pouvait être fière : elle n’avait pas cédé à la peur, elle était allée jusqu’au bout du chemin. Les héroïnes de ses histoires préférées auraient été fières d’elle, aussi ! Luz se rengorgea à cette idée. Bientôt, elle serait l’une d’entre elles.

Deux portes métalliques, brillantes, paraissaient l’attendre. Elle se risqua à les toucher du doigt. C’était frais et il n’y avait aucune trace dessus. C’était étrange, oui, elle pouvait se l’admettre, d’avoir mis un ascenseur ici. Il semblait avoir été glissé dans la roche noire et suintante comme la pièce d’un puzzle différent dans une image sinon complète. Mais l’étrange est chose commune dans les romans, aussi Luz ne s’attarda pas sur la question et appuya sur le bouton. Il ouvrit sa porte avec un son de cloche. Luz y jeta un œil avant d’oublier toute prudence : elle sauta à pieds joints dans l’ascenseur. Elle se risqua même à faire une petite danse : elle y était presque ! Elle allait aller dehors, voir le monde… récupérer le Soleil ! Peut-être que les autres viendraient la rejoindre quand ils comprendraient où elle était passée. Sinon, elle trouverait un moyen de ramener le Soleil dans les tunnels. Quoi qu’il arrive, sa vie allait changer.

—Où souhaitez-vous aller ? demanda une voix désincarnée.

—Dehors ! s’exclama Luz. 

La voix ne lui répondit pas. Toutefois, la machine se mit en branle : avec un grincement de fin du monde, l’ascenseur se mit à grimper. Luz inspira profondément, réajusta son voile, vérifia son reflet dans la paroi. Elle était prête. Comme si l’univers était d’accord avec elle, l’ascenseur s’arrêta. Les portes s’ouvrirent avec un chuintement. Luz fit volte-face.

Le souffle d’air chaud qui s’engouffra dans la machine lui coupa le souffle.

Alors Luz ouvrit les yeux et vit le monde que ses parents lui avaient laissé.

Où étaient le vert, le rose, le violet et le blanc que les films et les photos lui avaient promis ? Elle ne voyait qu’une étendue de terre marron rougeâtre, craquelé, qui disparaissait sous une couche de sable jaune. Même la mer qu’elle avait écouté rugir depuis le tunnel semblait brûlante : ses vagues furieuses se jetaient, bouillonnantes, sur la plage. L’air au-dessus de l’eau vibrait comme du gaz. Surtout, le Soleil brûlait comme une flamme, la dardait de son œil écarlate. Il était si rouge, sa couleur si vive et violente qu’il lui faisait penser à une plaie ouverte. Bouche bée, Luz réajusta machinalement les lunettes de soleil sur son nez. Ce simple mouvement laissa une fine couche de transpiration sur son visage.

—Je ne suis pas une bougie, murmura-t-elle pour se donner du courage. Il ne va rien m’arriver.

De lourdes gouttes de sueur roulaient dans son dos. Elle se balança d’un pied sur l’autre, encore hésitante. Son mouvement faisait grincer le vieux plastique de ses méduses. Non, réalisa-t-elle en fronçant les sourcils, ce n’était pas ça : leur semelle commençait à coller au sol de l’élévateur. Luz souleva un pied et vit avec stupeur la bouillie bleue pailletée se détacher avec un bruit de succion. Perdant l’équilibre, le hasard la poussa dans les bras du destin : elle fit quelques pas en avant pour ne pas tomber, et sortit de la machine sous l’œil rouge du ciel.

Luz avait raison : les êtres humains ne sont pas faits de cire. Pourtant, et à sa grande surprise, elle découvrit qu’ils pouvaient fondre.

La morsure du Soleil se fit immédiatement sentir. Luz poussa un hurlement et immédiatement, plaqua ses mains sur ses épaules. Le bouquet de fausses fleurs roula au sol. La peau de ses mains, pauvre bouclier, se mit aussitôt à rougir. Luz hoqueta, les verres de ses lunettes de soleil pleines de larmes qu’elle ne pouvait pas essuyer. Elle se frotta les bras, le cou, les jambes : rien à faire, le Soleil était partout à la fois et elle ne pouvait lui échapper. Tremblante, à l’agonie, Luz ne parvenait pourtant pas à bouger. Elle avait retrouvé le Soleil, elle avait accompli ce qu’elle s’était promis, alors pourquoi ? Qu’était-il en train de lui arriver ? 

Enfin la douleur eut raison de son hésitation. Elle recula en trébuchant, se retourna, tenta de courir vers l’ascenseur qui refermait doucement ses portes. Elle ne put l’atteindre : Luz tomba dans un cri. Le silence retomba. On n’entendit plus que le grésillement de la terre brûlante et le souffle chaud du vent. Peut-être, l’écho du cri de Luz retentit-il encore faiblement, quelques minutes, quelques heures. Pour sûr, on hurla sous la terre et on cria son nom. 

Il n’y a que les astres qui meurent sans faire de bruit.

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Will Maïlaw
Posté le 27/07/2025
Bonjour Bleiz,

Une des premières nouvelles que j'ai lu du concours et je profite de mon dernier tour d'horizon pour enfin lâcher un commentaire :), surtout que c'est l'histoire qui m'a le plus marqué.

Que dire à part que j'ai adoré la détester :D ! C'est le genre de texte comme pour "la horde du contrevent " où tu sens la fin arrivé, tu vois tous les indices funestes, tu vois l'inéluctable. Et pourtant tu espères, tu ne veux pas que ça finisse comme ça.

Et puis arrive le drame, et tu chiales. En plus comme j'ai une petite fille c'est encore plus atroce T_T. Donc oui mon petit cœur t'en veux. Faire mourir une enfant, un grand tabou. Monstre !

Blague à part, une montée en tension comme je les aimes. Une mise en scène de l'enfance, de l'innocence très très bien construite. Pour rendre la fin d'autant plus tragique (Une de mes notes de lectures : "Il y a pas un foutu adulte pour surveiller cette ascenseur !").

Merci pour cette très bonne lecture, je ne sais pas si je lirais le reste de tes histoires si elles sont toutes comme ça ;D.
Bleiz
Posté le 05/08/2025
Bonjour Will,

Merci pour ton commentaire ! Ravie que tu l'aies détesté xD En tant qu'auteure, c'est un beau compliment !

J'ai essayé de faire grimper la tension tout en montrant que la fin était écrite d'avance, je suis contente que tu l'aies ressenti ! Quant aux adultes, leur présence aurait rendu ma nouvelle beaucoup plus longue x)

Merci à toi et rassure-toi, la plupart de mes histoires sont plus réjouissantes (pour l'instant...) !

À bientôt :)
Paloma Chataig
Posté le 22/07/2025
Bonjour Bleiz, cette fable est glaçante. Tu nous balades gentiment, j’ai vraiment cru que Luz, de part son prénom arriverait à réaliser son objectif… C’est un récit terrifiant mais bien mené. Merci 🙏
Bleiz
Posté le 23/07/2025
Salut Paloma,

Contente de t'avoir glacé le sang malgré la chaleur ambiante ! Merci d'avoir pris le temps de lire et de commenter :)

À bientôt !
Kieren
Posté le 21/07/2025
Re Bleiz,

Elle est très bien ton histoire, le décalage entre l'innocence et le désespoir. Cela me fait penser à la saga "Fallout".

Finalement, Luz a l'apanage de ses héroïnes, elle se sacrifie pour nous, lecteurs.

La tension monte très bien, il n'y a pas d'erreur que j'ai pu noter.

Ce que j'apprécie particulièrement, c'est le costume que se choisit Luz pour son baptème du feu : on sent vraiment que c'est une enfant, le choix n'est pas si anodin que ça. Les méduses, j'en ai porté que dans ma jeunesse, je ne sais même pas si les enfants en porte encore aujourd'hui.

Ce texte me fait penser à "Les filles mortes" de Mansfield. TYA, une chanson française, si tu es curieuse.

Ce que je ressens de ce texte, c'est un drame où le lecteur comprend tout ce qui se passe, tout ce qui va se passer, mais raconté par un enfant qui lui ne connait le monde que par les livres qu'elle a lu. Un peu comme nous, enfant, qui nous disions que nous sauverons le monde lorsque nous serions grand.

Au final, on essaye de le sauver ici, faute de mieux.

Merci pour ce texte.

Porte toi bien.
Bleiz
Posté le 22/07/2025
Salut Kieren,

Merci pour ton commentaire et ton passage sur cette histoire ! Je suis allée écouter Les filles mortes, je ne connaissais pas du tout. Effectivement, je vois ce qui les lie :)
Je crois que les enfants portent encore des méduses aujourd'hui. C'est tellement pratique !
Comme tu dis, on veut sauver le monde étant enfant, puis grandissant on voit les obstacles. L'avantage d'être jeune, c'est d'avoir l'audace pour soi ; en tant qu'adulte, j'aimerais parfois retrouver ce courage insolent. Disons que Luz est pour moi un rappel à l'action.

À bientôt, et porte toi bien !
Kieren
Posté le 23/07/2025
Elle est une lumière qui n'est pas encore née, mais qui nous guide déjà.
C'est étrange que nous la connaissons déjà si bien, Luz.

Porte toi bien.
RoseDL
Posté le 19/07/2025
Hello,

Eh bien, ça je ne m'y attendais pas ! C'est cruel pour ton lectorat ! J'espérais qu'elle tombe dans l'ascenseur, pas qu'elle agonise des heures dehors !

Mais sinon, ils ne sont pas plus protégés que ça tes ascenseurs ? A commande vocale en plus ? En mode "Alexa, grille-moi steuplait", "Oui bien sûr, je vous emmène dans un micro-ondes géant".

Bref, tu l'auras compris, j'ai bien aimé ton texte, tout le développement on sait que ça ne peut pas bien finir, mais on lit jusqu'au bout et on se fait surprendre quand même.
Bleiz
Posté le 20/07/2025
Salut Rose,

Comme toujours et comme tout bon écrivain, sache que ton choc me ravit !
Tu m'as fait rire avec ton "Alexa, grille-moi steuplait" x') les ascenseurs sont un point de contention pour beaucoup, mais la vérité est que je n'y ai pas plus pensé que ça ! Ils montent, ils descendent, ils fonctionnent tant bien que mal et surtout ils sont au service de l'histoire x)
Contente que malgré la chute soudaine (de Luz lol) tu aies apprécié ce texte !

À bientôt :)
Gnucki
Posté le 18/07/2025
Salut Bleiz !

Je comprends mieux pourquoi tu disais que nos deux nouvelles avaient des points communs ! Vu ce que tu m'avais dit, je me doutais un peu de la fin. Snif. :_(
C'est une nouvelle intense avec un enjeu bien concret et puissant.
Le vecteur de Luz pour nous faire vivre cette histoire est très efficace. J'ai brulé avec elle. Ton style m'a bien fait ressentir l'enfer de la surface.
S'il y avait une petite chose à améliorer pour moi, c'est rajouter un peu de description sur le lieu où elle débarque avec l'ascenseur. On a l'impression que la cage d'ascenseur arrive au milieu d'une plage.
Autre petit point, peut-être. C'est probablement très personnel, mais j'ai eu la sensation qu'elle connaissait déjà l'extérieur, qu'elle n'était pas surpris par la lumière, par la mer, ... Je ne sais pas si je suis très clair. N'hésite pas à me dire.

Une nouvelle qui marque, en tout cas ! Merci pour la lecture !
Bleiz
Posté le 18/07/2025
Salut Gnucki,

Merci pour ton commentaire ! Et en effet, j'envisageais que l'ascenseur débarque au-milieu d'une plage, pas d'erreur là-dessus x) C'est pas super cohérent avec l'idée même d'un ascenseur, je pourrais en effet préciser qu'une fausse caverne s'ouvre en deux et là elle arrive sur la plage.
Pour ce qui est du lien entre Luz et l'extérieur, elle le connait via les photos, les vidéos, les souvenirs de ses parents, tous les éléments que j'ai laissé trainer au fil de son escapade. J'espère que c'est un peu plus clair, et que ce n'est pas trop incohérent :)

À bientôt !
Chris Falcoz
Posté le 14/07/2025
Bonjour,
Oh là là, cette nouvelle est horrible ! Et la fin évidente tout du long la rende encore plus difficile à lire.
J'ai pourtant espéré que ça ne se terminerait pas comme ça, vu que tu n'avais pas mis le TW "mort d'un enfant", mais malheureusement, pas de pirouette finale.
Merci pour le partage.
Bleiz
Posté le 15/07/2025
Salut Chris,

Ton horreur fait ma joie ! C'était le but ! Je n'ai pas mis ce TW parce que ce n'était pas une mort graphique, donc je me disais que ça passerait... J'espère que ça n'a pas été trop choquant quand même.

Merci à toi pour ta lecture, à bientôt !
Em Sharm
Posté le 12/07/2025
Coucou Bleiz,

Quelle claque cette nouvelle, je n'étais clairement pas prête !

Je suis encore sous le choc de la fin à l'instant où j'écris ce commentaire aha.

Je partageais l'enthousiasme de Luz et son envie de ramener le soleil, jusqu'à ce que je comprenne que cela allait provoquer sa propre chute (beaux indices que les personnages historiques et mythologiques cités). Cet espoir naïf est brûlé vif et pourtant, la dernière phrase est si belle 💗​

Je trouve que tu as proposé une interprétation glaçante, mais très réaliste du thème de ce concours, bravo !!

Em 🌸​
Bleiz
Posté le 13/07/2025
Salut Em,

Merci pour ta lecture, je suis contente qu'elle t'ait plu ! Le choc est volontaire, ça me fait plaisir de voir que petit à petit j'arrive à traumatiser les plumes x)

Merci et à bientôt !
Rimeko
Posté le 12/07/2025
Hello Bleiz !
Quelques remarques au fil de ma lecture :
« Sous un voile de mariée rapiécé, recousu par ses soins, la gamine souriait avec un enthousiasme à peine contenu. » -> J’adore le détail du voile de mariée, ça pose vraiment une ambiance au-delà de seulement cette gamine qui attend dans l’ombre.
« Les histoires où les héros montaient dans les chars d’Hélios, se sacrifiaient pour leur peuple, et finissaient invariablement par sauver le monde. » -> Le fait qu’il n’y ait pas de verbe principal m’a perturbé’e, j’ai dû relire le paragraphe pour comprendre comment cette phrase s’y insérait.
« Or la vérité était tellement triste, horrible, insupportable, qu’il fallait qu’elle la répare. » -> Oh, bébou... c’est pas à toi de faire ça...
« Le dehors et sa chaleur n’attendaient qu’elle ; elle répondrait à leur appel. » -> Du coup le Soleil existe, mais l’humanité se terre sous... terre, à cause du changement climatique ? et on ment aux enfants les plus jeunes pour qu’ils ne soient pas tentés d’aller voir trop tôt, c’est ça ?
« Elle avait préparé ce jour avec toute la prudence qu’une telle opération demandait. » -> haha, j’aime bien l’absence enfantine de réel bon sens ^^
« au contraire, elle l’avait regardé(e) partir »
« Et Luz irait dans un champ, un vrai, comme ceux des livres, où le ciel était bleu et impossible à toucher, pas comme les plafonds où ses parents avaient dessiné des oiseaux et des nuages. » -> Snif. Les descriptions de ce monde souterrain, en opposition à celui des livres / films d’avant... ça marche très bien.
« Alors Luz ouvrit les yeux et vit le monde que ses parents lui avaient laissé. » -> mes yeux ont juste accroché un bout du paragraphe précédent, et déjà je sens la déception... :’))
« Même la mer qu’elle avait écouté(e) rugir »
« Perdant l’équilibre, le hasard la poussa dans les bras du destin » -> rupture syntaxique (« perdant » se rapportant à Luz, alors que le sujet de la proposition principale c’est « le hasard »)
« Il n’y a que les astres qui meurent sans faire de bruit. » -> Ouille ! Mais non ! (je ne peux m’empêcher de me demander si c’est aussi un peu l’écho de... eh bien, on en entend plus parler quand les effets actuels du réchauffement climatique touchent les humains, et sinon des espèces et d’autres choses meurent silencieusement... mais je sur-interprète peut-être ^^)

Eh bien, je me suis rappelée un peu trop tard la discussion sur le Discord à propos de la sandale fondue... En tous cas, je comprends mieux de quoi vous parliez maintenant :’))
Elle est horrible (dans le bon sens du terme) cette nouvelle ! Et c’est d’autant plus souligné par l’innocence et l’enthousiasme très enfantin de Luz, et en même temps on perçoit la gravité de ce qui est décrit à demi-mot — que ce soit ce changement climatique apocalyptique ou la réalité bien triste de leur refuge souterrain.
On se doute que ça va finir comme ça, vu les indices que tu nous donnes sur ce monde, mais je me suis quand même retrouvée à partager un peu l’enthousiasme de Luz, et à espérer mieux pour elle...

Vraiment, l’image de cette gamine se prenant pour les héroïnes d’antan (je ne peux m’empêcher de noter que tu as choisi que des héroïnes tragiques, d’ailleurs...) avec son maquillage volé, sa robe de mariée fanée, ses vieilles méduse qui n’auront jamais pu revoir l’eau... et dehors, le monde détruit, celui que « ses parents lui avaient laissé » et qu’on est peut-être bien parti pour léguer aussi à nos descendants, tiens... Le contraste, je me répète, mais c’est vraiment ce qui donne toute la force à ta nouvelle à mon sens. Toute la force symbolique de tes descriptions, etc, permet vraiment d’avoir cet impact même sur un texte court à la chute « attendue ».
Merci du partage, même si, euh, snif :’))
Bleiz
Posté le 13/07/2025
Salut Rimeko,

Déjà, merci pour ton commentaire détaillé ! C'est trop cool d'avoir un retour pareil !

Pour ce qui est de la phrase finale, SI C'EST EXACTEMENT ÇA !!! La mort silencieuse des plantes, des insectes etc., on n'y fait attention que quand ça finit par impacter les humains - et souvent c'est trop tard. D'où ma phrase finale, même si elle est un peu éloignée de ces sujets là pour rester dans le thème (et avoir un effet choc).

La méduse fondue, toujours la méduse x) Et les héroïnes tragiques, toutes avec un lien plus ou moins proche du sort de Luz : Iphigénie sacrifiée pour les siens, Jeanne d'Arc brûlée vive, Perséphone forcée à vivre sous terre dans l'obscurité, Antigone qui meurt alors qu'elle sait que ça ne changera fondamentalement rien mais qui se sent malgré tout le devoir de le faire.

Navrée pour la tristesse, même si c'était le but, et encore merci pour ton retour !
Edouard PArle
Posté le 08/07/2025
Coucou Bleiz !
Simple, efficace, percutant. Une très bonne chute, annoncée et logique au vu du thème, des références mythologiques... Elle choque tout de même au vu du courage naïf et du jeune âge de ta narratrice. La fin est assez glaçante (lol), avec une très bonne phrase de conclusion. Mourir sans faire de bruit, ça fait très écho aux thématiques que tu soulèves dans ce texte.
Merci pour ce bon moment de lecture !!
Bleiz
Posté le 09/07/2025
Salut Edouard,

Merci ! Vu le peu de mots, j'ai essayé d'être efficace. Je suis contente de voir que ça choque, c'était le but, mais sans en faire trop. Je n'ai pas vu de participation de ta part pour le concours, c'est dommage, mais je suppose que tu te concentres sur "Dans l'ombre des héros", et ça c'est une bonne nouvelle (car j'ai hâte de savoir la suite) :)
À bientôt !
Edouard PArle
Posté le 14/07/2025
J'aurais aimé participer mais pas le temps avec les colos xD
Chablaj
Posté le 08/07/2025
Coucou Bleiz !

Wow, très très fort, terrible, mais vraiment fort comme récit. La simplicité de l'intrigue renforce son pouvoir, c'est brutal, tragique - inéluctable -, ça ne pouvait que se terminer comme ça, et même temps, à travers les yeux de Luz, j'ai quand même été dans l'attente, à travers elle j'ai entrevu une autre issue. Chapeau.

Très fort aussi, d'aborder le thème de cette façon, de nous poser devant le fait accompli. J'ai trouvé ton histoire plus poignante que beaucoup de textes sur le même sujet. Les sandales qui fondent, le détail parfait.

Remarquable (je ne veux pas faire ma prof de français mais c'est vraiment le mot !).
Bleiz
Posté le 08/07/2025
Salut Chablaj,

Merci beaucoup pour ton commentaire ! Je suis contente de voir que le texte t'a touchée. C'était un peu le but, de montrer que l'issue était inéluctable dès le début -entre autres avec les références mythologiques et historiques- mais faire espérer quand même, parce que l'espoir est une bonne chose, nécessaire, mais s'il vient trop tard et n'est pas suivi d'actions, alors il n'a pas de sens.
Les méduses qui fondent ont du succès apparemment, contente que ça fonctionne ! Encore merci pour ton retour :)
RedFuryFox
Posté le 07/07/2025
Hello Bleiz,

Je ne suis pas ressortie indemne de ta nouvelle. Ces petites chaussures bleues fondues, ces cris glaçants qui résonnent trop longtemps dans ce dehors bouillonnant… et d'autres cris, en écho, étouffés sous terre. Tout m’a serré le cœur.
Et puis cette phrase finale : Il n’y a que les astres qui meurent sans faire de bruit. Cruelle et magnifique à la fois.
C'est un message d'alerte que tu hurles avec cette histoire, un message qui dit "on y est, regardez ce que l'on laisse à nos enfants". Et tout ça est sublimé par ta plume que j'ai particulièrement aimé : c'est vif, fluide, juste. J'ai aimé tes images, la logique enfantine de Luz, sa manière de se rêver héros antique et tous les symboles (la robe, les lunettes, le bouquet) qui renforce la fin tragique.
Luz est si innocente, si déterminée. Et cette sincérité rend sa chute d'autant plus douloureuse.
Bravo pour ce texte fort qui m'a bouleversée !
Bleiz
Posté le 08/07/2025
Salut RedFuryFox,

Navrée pour les dommages psychologiques, mais c'était l'objectif x) Il se passe tellement de choses en ce moment en lien avec le réchauffement climatique, qui paraissent parfois anodines voire sans lien (chatGPT et autres IA) ou juste passées sous silence (retour des néonicotinoïdes, détricote environnemental à l'UE) que quand j'ai vu le thème, je ne pouvais pas parler d'autre chose.

Merci beaucoup pour ton retour !
Raza
Posté le 07/07/2025
Bonjour!
Eh bien, tu m'as bien eu avec tes TW! "brève description de souffrance d'une enfant" ?!
En vrai je trouve que parfois les TW spoulent trop, là, ils m'ont mené en bateau ^^
Ambiance très "fallout", et un bien belnusage de l'ironie dramatique (même si je ne m'attendais pas à ce que "souffrance" = mort, je n'imaginaisbpad qu'elle reviendrait intacte.
...
Merci pour le partage, à bientôt !
Bleiz
Posté le 07/07/2025
Salut Raza,

Disons que je ne voulais pas spoiler, et en même temps il fallait bien avertir ! Et puis elle ne souffre pas longtemps dans le texte, donc le TW me semble correct x) Dis-moi si tu penses que je devrais modifier le TW.

Merci à toi pour ton commentaire, à bientôt !
Helhest
Posté le 27/06/2025
Bonjour, comment vas-tu ?

Cette lecture m'a laissé un arrière goût amère ; Luz est d'une innocence candide et sa naïveté n'a d'égale que son tempérament solaire. C'était finalement elle, le soleil des tunnels.

J'ai beaucoup apprécié les références mythologiques que tu as glissé ci et là dans ton texte. J'ai aussi bien aimé la plume que tu emploies ; elle m'a permise de m'attacher à Luz en l'espace de peu de mots.

La lecture est fluide et même si je m'attendais à une chute... Celle-ci a été plus violente que ce que j'imaginais. Et c'est une excellente surprise, de fait.

Honnêtement, je n'ai pas relevé de coquilles. Ou en tout cas, ça ne m'a absolument pas marqué.

Ce texte m'a donné envie de découvrir tes autres histoires, j'ai hâte de te lire à nouveau.
Bonne journée, bonne soirée. Prends soin de toi. ✩
Bleiz
Posté le 28/06/2025
Salut Hellhest, ça va et toi ?

Aussi terrible que ça puisse paraître, tant mieux si l'histoire t'a laissé un arrière-goût désagréable : c'était le but ! Faire peur est malheureusement la dernière arme de notre combat contre le changement climatique, et peut-être l'une des plus efficaces. Autrement, ravie que ce texte t'ait plu !

Au plaisir de te recroiser dans mes histoires ou dans les tiennes :)
Plume Eclectic
Posté le 27/06/2025
Bonjour,

une nouvelle à la chute pour le moins glaciale (sans mauvais jeu de mots), dont la cruauté est renforcée par l'innocence et la naïveté de la petite Luz.

J'ai apprécié les multiples références culturelles et mythologiques distillées à propos et de manière fluide tout au long du récit.

Je dois avouer que les premiers paragraphes m'ont fait croire que le soleil s'était éteint ("Ramener le soleil", "le soleil perdu") avant de réaliser qu'il brillait toujours (plus que jamais, même) et qu'il s'agissait pour Luz de faire descendre l'astre dans les tunnels.

J'ai relevé une répétition dans la phrase "Luz secoua la tête et, relevant la tête", à part cela j'ai trouvé le style plaisant à lire.

Le sort funeste de l'humanité que tu décris dans ton texte m'a fait penser à la série belge "Into the night", dans laquelle le soleil devient meurtrier et oblige les survivants à se réfugier dans un bunker, je ne sais pas si tu l'as regardée.

Merci pour ce moment de lecture, et bonne chance pour le concours de l'été :)
Bleiz
Posté le 28/06/2025
Salut Plume Eclectic (quel nom amusant),

Je suis contente de voir que la chute fonctionne, le but était vraiment de marquer les esprits. Merci pour la répétition, je vais la corriger ! Et non je ne connais pas cette série, mais ça me donne bien envie d'y jeter un oeil :)

Merci encore pour ton commentaire et à bientôt !
Syanelys
Posté le 27/06/2025
Hey Bleiz,

Magnifique rai de lumière que représente Luz, la première enfant née dans l'obscurité. Que de belles références mythologiques en adages des temps anciens pour un joli contraste des héros de jadis face aux zéros d'aujourd'hui.

J'ai beaucoup aimé découvrir ce mode au travers de ses yeux d'enfant. Sa vie de fleur qui ne peut s'épanouir, cette volonté de sauver un mode abandonné.

Quant à la chute, la vraie comme celle attendue, que de cruauté ! Que de réalité dénuée de sentiment !

Luz, un message éclairé pour dissiper les ombres du déni climatique ?

Merci pour ta lecture, sublimée par ta Plume qui me touche toujours autant.

Bravo !
Bleiz
Posté le 27/06/2025
Salut Syanelys,

Oui, la référence aux figures féminines historiques - qui meurent de manière pas dissimilaire à Luz, en vérité - était quelque chose que je voulais absolument placer ! Et bien que je doute que cette histoire puisse changer quoi que ce soit, sil elle permet au moins à une plume de rediriger son regard sur l'actualité, alors j'aurais atteint mon but.
Merci à toi pour ton commentaire, c'est toujours un plaisir d'avoir tes retours :)

À bientôt !
Belisade
Posté le 26/06/2025
Bonjour Bleiz,
Wow ! le pire c'est que ce n'est peut-être pas qu'une utopie ... ton histoire pourrait presque se passer sur Mars, la planète rouge. Mais n'allons-nous pas tout droit vers une Terre brûlante où il ne fera plus bon vivre ? Pauvre petite Luz, quel destin tragique pour celle qui porte le nom de la lumière, et pourtant tant de bonne volonté pour refaire le monde. J'ai beaucoup aimé les lunettes de soleil et surtour les méduses. Merci pour cette lecture.
Bleiz
Posté le 27/06/2025
Salut Belisade,

Oui, on n'est pas "si" loin que ça de la réalité, même si je dramatise les évènements dans cette histoire. On s'en rapproche, en tout cas. Merci à toi pour ton retour :)
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