"Avant de passer l'arme à gauche,
Avant que la faux ne me fauche.
Tel jour, telle heure, en telle année.
Sans fric, sans papier, sans notaire.
Je te laisse ici l'inventaire,
De ce que j'ai mis de côté.
Mes collections de livres et de papiers,
Un casque Playmobil de pompier.
Mon bâton, un bracelet, ainsi que ma Bible.
Un jeu de fléchettes assorti d'une cible.
Il y a aussi quinze balles de ping pong blanches.
Cette raquette avec laquelle je prenais ma revanche.
Une batterie entière ainsi que trois jeux de baguettes.
Mon portable, mes écouteurs avec les oreillettes.
Je te livre aussi cette frêle lettre cachetée
Qu'un jour j'avais sauvagement déchiquetée.
Ma collection complète de jeux vidéos.
Mes diplômes, mon recueil d'idéaux.
Pingu, fidèle compagnon des premières heures.
Un écran noir cassé et un ordinateur.
L'ensemble de mes dessins ratés,
Les généalogies de ces hommes plus ou moins athées.
Ma veste en cuir, ma montre Edifice.
Mes personnages de SWTOR, sans les maléfices.
Un bureau et un lit de cent quarante.
De la peine et une douleur latente.
Je te laisse aussi une très vieille règle,
Je l'ai depuis le CM2, elle a la couleur du seigle.
Un T-shirt d'un groupe de métal,
Un métronome, pas tout à fait banal.
Avant de passer l'arme à gauche,
Avant que la faux ne me fauche.
Tel jour, telle heure, en telle année.
Sans fric, sans papier, sans notaire.
Il est bien maigre l'inventaire,
De ce que j'ai mis de côté.
J'aurais tant aimé sentir encore ton parfum suave,
Jouer avec tes cheveux, sans faire le zouave.
Je voudrais tant t'embrasser, te dire combien je t'aime,
Car à mes yeux tu es telle une gemme.
Je sais que tout cela ne forme que peu de choses,
Mais c'est là tout ce que je te propose.
Pardonne moi de ne pas t'avoir écrit en prose,
C'était un impératif que j'ose.
Désormais, sous son ombre je repose.