Jack Conrad était dans les airs lorsqu'il informa la station qu'il était en train de voler. C'était son expression. Il ne faisait qu'un avec son avion.
La vue depuis le cockpit était magique. Il volait maintenant près des côtes d'Afrique du Nord. À l'horizon, le soleil allait se coucher. Il était d'une couleur orangée. Comme un monument ou un musée, le soleil fermaient ses portes à l'horaire promis. Jack Conrad n'a pas payé pour voir ce chef-d'œuvre, il ne faisait que vivre et voler. En plus d'admirer les feux rougeoyants de l'astre du jour, il en ressentait sa douce brûlure sur son visage, sa nuque et ses mains. Il avait un sourire sur les lèvres, car beaucoup trop de monde passe à côté de cette fermeture. Un jour, un ami aviateur lui a dit que le coucher du soleil était toujours identique alors il préférait regarder ses manettes. Jack n'avait rien dit, il aimait choisir ses combats comme les sujets de débats. Pour lui, aucun coucher de soleil n'était le même, selon lui, c'était à nous de déceler les petites nuances. Lorsqu'il volait, il avait l'impression de ne pas avoir d'autres choix que de le contempler, car il était le seul individu le plus éloigné de la terre et le plus proche du soleil. Ne pas le regarder signifiait pour Jack Conrad de mettre un interdit sur toute la beauté que le monde avait à offrir.
La nuit commençait à tomber. Les courriers de l’aéropostal se trouvait dans le sac derrière lui. Il avait avec lui plusieurs enveloppes vierges. La nuit, il ne pouvait se permettre de s’endormir, alors il lisait les lettres dans le sac pour s'occuper. Si Antoine de Saint-Exupéry le savait , Jack Conrad était sûr d'être viré de l'aréopostal.
Tout en surveillant son altitude et en sirotant son lait de brebis, il lisait une à une les lettres d’hommes et de femmes dont les visages lui était masqué. Il ouvrait à chaque voyage 10 lettres pas plus, car la bêtise devait avoir une fin. Les 9 lettres étaient banales. La dernière était une lettre d’amour.
En la découvrant, il en oublia qu’il volait dans la nuit. Cette lettre reliait deux individus séparés par la mer. Il sentit une montée de chaleur dans sa poitrine. Ce qu’il avait entre les mains n’était pas une simple feuille, mais un cœur. Il le sentait battre, Jack Conrad se sentit mal. Il avait ouvert l’enveloppe qui était le coffre et son coupe papier était le double secret des clefs. Il remit les 10 courriers dans ses enveloppes vierges.
Il se promit à l’avenir de plus lire les courriers, mais de juste les guider, et de leur faire parcourir toute la beauté de ce monde qui sépare et unie les cœurs de ceux que l’on aime. Tel le griffon, il était le protecteur de ses trésors que personne ne peut acheter.