Elle faisait face au miroir. Elle observait les stigmates de la veille. Il était rentré tard, et elle l’avait attendu pour aller se coucher. Il sentait l’alcool, les effluves de pastis lui donnaient envie de vomir. Il semblait calme, et alla dans la cuisine pour s’ouvrir une bière. Quand il la rejoignit dans le salon, son regard changea. Quel prétexte allait-il utiliser cette fois-ci ? Est-ce que sa robe était trop courte ? Avait-elle malencontreusement posé son téléphone face cachée ? Il pensait toujours qu’elle manigançait quelque chose : un amant, une dépense inconsidérée, un plan d’évasion pour le quitter. Ce soir-là, il s’attarda sur son cou.
Il lui dit qu’elle avait la trace d’un suçon qui n’était pas là ce matin. Elle se souvenait pourtant très bien que c’était lui qui l’avait embrassée là, aspirant sa peau comme pour l’avaler toute entière.
Elle tenta de le raisonner, lui dit qu’elle n’avait pas quitté la maison depuis plusieurs jours, lui rappela leurs ébats passionnés du mardi soir, où il l’avait prise plus brutalement que d’habitude. Rien n’y faisait, il ne la croyait pas. Il frappa dans le bol rempli de pêches mûres. Au fur et à mesure que ses poings s’enfonçaient dans les fruits, des giclures coloraient les murs. Elle recula, espérant que se défouler sur les pêches lui suffirait.
Quand les fruits furent réduits en bouillie, il s’avança vers elle. Il l’attrapa par le cou, serrant si fort qu’elle sentait le sang quitter ses lèvres. Quand il vit qu’elle ne se débattait pas, il la gifla. Il attendait une réaction. Il espérait une lutte. Mais elle n’était qu’une poupée de chiffon, à sa merci.
Il la frappa au ventre, et elle se plia en deux. Il en profita pour lui asséner un coup de genou au visage. Elle s’écroula. Satisfait, il monta dans la chambre. Elle resta là, ses larmes se mêlant à son sang. Elle avait un goût de fer dans la bouche. Elle ne bougea pas jusqu’à l’aube, fixant le plafond. Puis, à sept heures, elle se releva pour préparer le petit-déjeuner.