Les Etoiles la nuit

 

Il s'éveilla enfin, alors que le Soleil menaçait de tomber. De sa bouche sortirent les notes les plus pures. Tandis que le ciel prenait une teinte rougeâtre et que le grand astre se gonflait de la chaleur de la journée mourante, sa voix se fit plus profonde, plus grave.

Il modula son chant, et avec les aigus arrivèrent des raies vertes, pâles imitations des aurores boréales qu'il avait admiré dans le grand Nord avec elle. Il chanta le rose et le orange qui se mêlèrent aux nuages. Par de douces trilles, il appela le vent qui nettoya le ciel. La Lune presque pleine semblait vibrer d'une vie propre. Une voix fluette rejoignit la sienne en parfait contrepoint : elle s'était levée, comme toutes les nuits, juste au bon moment. Ensemble, ils chantèrent aux étoiles, et tout doucement, les constellations s'éveillèrent dans la nuit. On pouvait voir le Centaure bander son arc d'une main sûre, et les rugissements du Lion faisaient frémir l'âme. De leurs accords en tierce naquirent des vols entiers d'étoiles filantes, comme une pluie de lumière dans cette nuit d'été. Le ciel frissonnait, et l'air résonnait de leur chant. Bientôt arrivèrent les premières lueurs de l'aube, embrasant la nuit d'irisations dorées. Alors ils se turent et l'espace entier s'emplit de leur silence.