Elv m’avait envoyé une avalanche de messages pour me convier à un événement de la plus haute importance. Plus encore que nos relevés sur la flore de Varna, une planète nouvellement découverte et proche de la terre en taille, en atmosphère et en gravité. Elle aussi était recouverte en majorité d’eau liquide.
Dans le but de pouvoir un jour y vivre, nous avions été envoyés sur place. Pour le moment, nous devions juste analyser ce que nous trouvions pour nous faire une idée des végétaux et algues marines existants. En gros, on créait le catalogue des espèces.
Il nous fallait aussi déterminer si des créatures d’intelligences supérieures vivaient là. Jusque-là, nous m’avions observé que des animaux qui détallaient en nous apercevant. Mais cela importait peu. Nous finirions par tout connaître.
Après avoir passé une tenue plus détendue que la combinaison que nous utilisions pour le travail, je rejoignis la terrasse qui avait été aménagée sur notre lieu de vie. L’habitation dans laquelle nous logions, était en bordure de falaise. De là, nous disposions d’une vue à couper le souffle. C’était un véritable paradis. Pas de pollution, pas de bruit, juste un tête à tête avec la nature.
Le message de mon ami m’avait pris au dépourvu. Le bip sonore qui annonçait son arrivée me fit sursauter. Curieuse, j’avais jeté un coup d’œil sur ma tablette pliable. Une invitation. Les autres suivirent au rythme d’un par heure. À la fin, je décidais de le retrouver où il voulait juste pour qu’il arrête de m’envoyer des petits mots.
À la tombée de la nuit, j’avais récupéré une moto-gliss pour le rejoindre au croisement des coordonnées GPS qu’il m’avait fourni. La balade en forêt me fit du bien. Je profitais du vent dans mes cheveux et sur mon visage. Seulement, le véhicule poursuivit son chemin en longeant la côte. Rapidement, je me sentis désorientée, ne reconnaissant plus rien de ce qui m’entourait.
La moto m’entraîna jusqu’à une petite crique de sable doré. Surprise, je mis pied à terre. Mes doigts s’emparèrent des minuscules grains de silices. Douces et fines, les particules m’échappaient en pluie de paillettes.
– Bienvenue, belle jeune femme.
Je ne pus m’empêcher de secouer la tête en entendant la tirade d’Elv. C’était bien lui de raconter ce genre de bêtises. Sa main se tendit vers moi, et je la saisis pour me rapprocher.
– Le spectacle va bientôt commencer, me murmura-t-il à l’oreille.
– Quel spectacle ?
Il me fit un clin d’œil complice suivi d’un index posé sur ses lèvres. Le message était clair, il fallait que je taise et que je lui fasse confiance. Après tout, la température était clémente malgré le fait que la nuit soit tombée. Une brise légère me caressait délicatement le visage. Un air chargé en iode arrivait à mes narines me rappelant la proximité avec l’océan.
Nous n’avions pas de lampe, mais le gilet que j’avais passé avant de prendre la moto-gliss s’illuminait de couleur bleutée me fournissant assez de lumière pour ne pas trébucher sur un caillou. Ainsi, il m’était possible d’apercevoir le visage souriant d’Elv. Il préparait quelque chose, mais j’ignorais quoi.
Brusquement, des lumières furent visibles sur l’étendue d’eau. Je retins mon souffle, alors que mes pas me conduisaient vers la source de ces lueurs. Bleutée, rosée, violacée… Les couleurs éclatantes s’imprimaient sur mes rétines. Le spectacle me laissa bouche bée.
– Qu’est-ce que…
– Des sortes de méduses. Elles sont phosphorescentes. Tous les soirs, elles reproduisent le même rituel. Je les ai observés de loin et j’avoue ne pas m’en lasser. Du coup, je me suis dit que cela serait une bonne idée de te convier à leur rencontre.
Sa sollicitude me touchait.
– Quoi de mieux qu’aujourd’hui pour cette invitation ?
Les yeux fixaient sur les méduses qui tournoyaient dans l’eau salée, je me contentais de répéter ses derniers mots sans comprendre.
– Est-on un jour spécial ?
Il soupira.
– Tu es vraiment fâchée avec le calendrier, toi. Sur Terre, on serait le quatorze février.
Je ne répondis pas.
– Joyeuse Saint-Valentin, Elie.
Un sourire se dessina sur mon visage. Cet homme était le plus romantique que je connaissais.
– Joyeuse Saint-Valentin, Elv !