Les premiers souvenirs

 

« Il faut savoir d’où l’on vient pour savoir où l’on va …. »

                                                                Fernand BRAUDEL

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

PROLOGUE

 

 

25 Décembre 2013. C’est fini, il est parti. Il s’est éteint le jour de NOEL, après avoir passé sa dernière journée dans sa famille, à l’heure où il aurait dû regagner le domicile qui était dorénavant le sien, la maison de retraite voisine, dans la voiture qui devait le raccompagner , son cœur a laché..  Subitement, sans douleur, il est parti, usé par la vie. Près de sa famille, dans son village de toujours, il est parti.. pour toujours.

 

 

 

 

C’est fini, je n’ai plus de parents,

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

CHAPITRE 1 : LES PREMIERS SOUVENIRS

 

Du plus loin que je me souvienne, ils devaient avoir la trentaine. Elle, jolie femme brune, toujours en mouvement, entre la ferme où il y avait à faire toujours, et la maison où elle se plaisait dans les casseroles et la cuisine à mitonner ses plats . Lui, jeune homme moins nerveux , plus cérébral qui assurait la gestion de sa ferme et le suivi financier des affaires. Je les trouvais complémentaires : l’un était plutôt la tête et l’autre les jambes !

 

Ils s’étaient mariés en 1965 : ils n’avaient pas eu de mal à se rencontrer , le frère de papa était marié avec la sœur de maman ! Eux-mêmes s’étaient rencontrés car les parents de l’un avaient du terrain à côté des parents de l’autre ! Dans le monde agricole, c’était souvent ainsi.

 

Michelle quitta donc son village natal, pour venir s’installer sur les terres où était né Clément

 

Le changement  fut difficile .

 

Tout d’abord , elle dût quitter sa famille à 21 ans, laissant sa maison d’enfance où elle avait déjà beaucoup travaillé : elle avait quitté l’école à 12ans ½ pour s’occuper de la ferme, elle était la dernière de la fratrie et quand les ainés s’étaient mariés, il y avait besoin de bras à la maison. Son père était tombé malade progressivement et sa mère buvait. Elle avait dû gérer les choses au mieux jusqu’à ce que son père ne se lève plus et qu’elle doive s’occuper de tous les soins incombant à cette situation y compris sa toilette ce qui ne devait pas être simple s’agissant de son propre père . Elle le laissera à sa mère, pas solide non plus. Elle nous en parlera souvent dans sa vie . Il mourra quelques mois plus tard.

L’arrivée dans la famille de papa ne fut pas évidente non plus . Non pas que le métier lui parut difficile. Le travail ne lui faisait pas peur.Elle venait du monde agricole comme lui et chez papa, ils étaient plutôt plus moderne que chez elle. Par contre , ils étaient plus nombreux. Il  y avait quasiment tous les jours, le beau père et la belle mère, qui  ayant pris leur retraite au bourg venaient  donner un coup de main à la ferme . Et puis, le frère de papa, qui ne s’était pas marié, était devenu employé chez eux . Cela était une nouvelle vie pour maman, au milieu de son mari, son beau frère et ses beaux parents avec tous les jours du monde à nourrir.

 

Cela dit, après un temps d’adaptation à sa nouvelle vie, les choses se mirent en place et après que ses deux parents furent morts, la mort de sa mère suivit de quelques années celle de son père, plus jamais maman ne voulut retourner sur les lieux de son enfance, la douleur du passé ayant laissé des traces indélébiles…

 

1967 : je nais, 1971 : ma sœur naît

 

J’imagine que l’arrivée des enfants dans cette famille jusque là composée uniquement d’adultes a du chambouler la vie des habitants rodés à leur vie de labeur !

J’imagine aussi que ma grand-mère qui elle avait eu 4 garçons a dû être chamboulée par l’arrivée de deux filles successivement ! J’imagine aussi que nous avons eu la chance d’être très entourées  dans notre enfance par des adultes

Bizarrement, je me souviens très bien de ma grand-mère à cette époque de ma petite enfance et beaucoup moins de mes parents ? Ca alors ?

Je me souviens très bien qu’elle venait me chercher à la sortie de l’école les soirs où elle était restée chez elle dans la journée, elle n’habitait pas loin. Elle me faisait un goûter : café au lait et tartine avec du chocolat émietté dessus : que c’était bon ! Elle me faisait ensuite réciter mes leçons : poésie … Je me souviens très bien avoir appris avec elle : le corbeau et le renard qu’elle connaissait très bien ! Papa venait me chercher plus tard après le travail à la ferme et nous rentrions alors.

Ma mère ne conduisait pas. Elle n’avait jamais voulu apprendre et les années passant elle avait peur.

C’est donc papa qui faisait le « taxi » un peu pour tout le monde : nous emmener à l’école, aller chercher  les courses à l’épicerie et les marchandises nécessaires à la ferme, emmener et ramener ses parents par la même occasion

J’ai peu de souvenirs de mon grand-père qui est mort quand j’avais 7 ans : un gros bonhomme fort et qui avait un franc parler : mais ma mère l’appréciait beaucoup , elle en a toujours dit beaucoup de bien , d’après elle c’était un homme qui avait un grand souci d’équité. Dès qu’elle est arrivée à la rouelle , je pense qu’il l’a prise sous son aile et l’a toujours protégée et respectée.

 

Avec ma sœur, nous avons grandi au milieu de notre famille, choyées par tous, au milieu des grands espaces que nous aimions. Nous menions une vie simple mais pleine d’amour : notre mère était toujours soucieuse pour nous, elle n’aimait pas nous savoir malades ou inquiètes de quoi que ce soit.

 Elle était généreuse mais sans excès, et notre père nous enseignait souvent la valeur des choses. Son autorité était naturelle : un simple regard et nous savions que c’était non et qu’il ne fallait pas y revenir. Nous n’avons jamais manqué de rien , mais nous n’étions pas une famille ou l’on faisait beaucoup la fête ni ne recevions beaucoup de félicitations. C’était le travail d’abord. Je n’ai pas souvenir que nos parents nous aidaient dans notre travail scolaire : cela ne nous a pas empêché de réussir à décrocher des diplômes mais par notre seul travail et notre seule motivation.

Cela dit, ils étaient eux-mêmes occupés à faire prospérer leur ferme et comme tout le monde à gagner au mieux leur vie . Mon père était financier dans l’âme et a su faire prospérer son argent et évoluer avec son temps. Ma mère le suivait dans ses idées et avait confiance.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Vous devez être connecté pour laisser un commentaire.
Vous lisez