Mon boulot est assez simple – en théorie – et certains vous diront que c’est une plutôt bonne situation. Enfin, même si je pense qu’il n’y ait pas de bonnes ou de mauvaises situations, mais ça, c’est une autre histoire.
Vous vous attendez probablement à ce que je vous dise que je travaille dans un pauvre bureau de merde où je réponds à des appels et rédige des rapports dénués de sens. Rien de tout ça.
Je travaille dans la rue. Non, ce n'est pas du tout ce vous croyez. Je ne suis pas déguisée en sandwich devant un stupide fast-food. En réalité, je travaille pour un de ses stupides restaurants de riche et je m'occupe de garer leurs voitures parce qu'ils ont suffisamment d'argent à jeter par la fenêtre pour payer un voiturier. Au moins, ça me fait gagner de l'argent – presque – simplement.
Comme d'habitude, je croise les mêmes connards. Comme toujours, des tas de gens bien connus dans notre chère San Francisco, mais dont je me fiche éperdument. Et pourtant, j'ai appris leurs habitudes au cours des mois, plus à contrecœur qu'autre chose.
Ce soir-là, assez tôt, Stan Black – chanteur d'un célèbre groupe de rock – débarque avec sa femme. Celle-ci fait toujours la gueule et n'importe qui peut lire dans ses yeux à quel point il a peur de la perdre, à quel point il l'aime et qu'il sait que ce n'est pas réciproque. Bientôt, nous aurions probablement droit à un nouvel album où il traitera de long en large sa rupture avec elle et il y a de grandes chances pour que je l'écoute en boucle. Après tout, son groupe est plutôt bon, ce serait triste de devoir me priver de leurs musiques.
Puis il y a encore Cole Triaghan – homme d'affaires et à femmes – avec une nouvelle compagne, encore une autre. Néanmoins, ça n'a pas l'air d'être une prostituée cette fois-ci, à moins qu'il soit prêt à nous faire un remake de Pretty Woman. En tout cas, je vois bien à son regard que cette petite rousse lui fait de l'effet.
Je suis devenue une experte pour observer les autres petit à petit, contrairement à ce que mon boss peut croire. C'est quelque chose qui m'occupe bien quand personne ne me confie sa voiture.
Au début, j'étais incapable d'analyser les gens et je me laissais emporter par mes émotions, mon angoisse prenant alors le dessus à chaque fois. Puis au cours de mon expérience, j'ai appris à stabiliser mon humeur et petit à petit j'ai pu remarquer quelques détails. Alors, chaque détail mis bout à bout me permettait de dresser un portrait de chacun.
Parfois, sans même avoir connaissance de telle ou telle célébrité, j'étais devenue capable d'en déduire une grande partie de sa vie. À tel point qu'avec mon collègue Ayden, c'en était devenu un jeu. On se retrouvait régulièrement pendant les pauses et il pointait aléatoirement un client du doigt en me demandant de lui sortir toutes les informations que je pouvais déduire de son comportement, de son apparence ou de ses dires. Ensuite, il vérifiait mes propos via leur page Wikipédia – ou un quelconque site de presse à scandale. À chaque fois, il était impressionné par ma justesse et comme toujours, ça flattait un peu mon ego.
J'ai appris à déceler toutes les habitudes des clients et même s'ils ne me voyaient qu'à peine – ou encore, même s'ils savaient à peine que j'existais, ils savent tout de même que je suis indispensable uniquement à cause de mon savoir. Je les connais et c'était tout ce qui les importe. Après tout, ils ne vivent que par le regard des autres et dans l'admiration, alors pourquoi ça devrait en être différent avec la voiturière de leur restaurant de luxe préféré ?
Et j'ai appris au cours de ma – courte – carrière que les habitudes ne sont pas que pour les clients. Il y a une personne en particulier dont j'ai dû apprendre à cerner plus ou moins contre mon gré : mon patron. Au début, je me laissais faire lorsqu'il venait me faire des reproches, mais petit à petit, je me suis endurcie et j'ai pu poser mes limites, ou du moins un semblant de limites, ne voulant pas me faire virer aussi simplement.
Mon patron se ramène, l'air furieux, probablement pour discuter avec moi. Enfin, si tant est qu'on puisse discuter avec lui. Généralement, il se met à hurler pour prouver qu'il a raison, étant incapable d'enchaîner les arguments cohérents. Si vous avez à lui parler, je vous conseille vraiment de trouver une excuse pour l'éviter au plus vite.
— Daphne, que t'ai-je dit sur ta couleur de cheveux ? me hurle-t-il, les sourcils plus que jamais froncés.
Il est bien vrai qu'il y a quelques jours, en apercevant ma nouvelle couleur de cheveux, il ne l'avait pas vraiment apprécié et m'avait sommé d'en changer immédiatement. Bien évidemment, il en est hors de question que je l'écoute. Personne ne me donne des ordres, encore moins sur ma couleur de cheveux.
— Attaché en chignon, personne ne le remarque ! tenté-je de me défendre simplement.
Il grogne. Mes cheveux sont juste violines – rien de grave – et, qui plus est, attachés, personne n'y fait attention. D'ailleurs, je n'ai jamais eu la moindre remarque à ce sujet depuis que je travaille ici. Malheureusement, j'ai un boss complètement con et coincé, ça ne peut que mal se passer avec ce genre de personnes.
— Daphne ! Ceci est inacceptable ! Je veux que cette couleur disparaisse rapidement !
Il ne me laisse pas le temps de répliquer et s'en va.
Gros con.
En fin de compte, peut-être que pour ce soir, je suis la fille qui se trouve au bon moment au bon endroit – ou qu'une bonne âme ait bien voulu m'aider. Sous mes yeux ébahis, un prospectus tombe sous mes yeux.
Envie de vous débarrasser de quelqu'un ?
Ravynne Diablo a tout ce qu'il vous faut dans son antre démoniaque !
Élixir d'amour, rituel vaudou...
Faites-vous plaizzz !!!!!
Cette annonce m'a l'air bien ridicule, mais si elle est arrivée pile à ce moment, c'est peut-être un signe du destin, je ferais mieux de l'écouter.
Et puis cette annonce est vachement drôle quand même !
C'est d'ailleurs, l'image qui m'a poussé à écrire l'histoire dans un premier temps :')
Merci ^3^
J'ai tenté quelques trucs dans cette histoire et j'avais peur que ce soit moins spontanée que d'autres histoires que j'avais pu écrire dans le même genre ^^
J’aime bien comment l’héroïne observe tout ce qu’il y a autour d’elle, et ce qu’on apprend sur elle en même temps. ;)
La suite va être tout aussi... particulière haha :')
Pour une fois, je suis allée jusqu'au bout dans le "show don't tell". Ravie de voir que ça marche plutôt bien :D
Je suis contente que l'héroïne semble sympathique, c'est toujours un truc sur lequel je doute un peu sur cette histoire vu son caractère bien trempé. :')
Sinon, je viens de lire le chapitre 2, et son duo avec Ayden a l'air assez prometteur... Hâte de voir ce que nous réserve la suite.
Mais ça dépend beaucoup du ton de l'histoire :3
Merci ^^
Et encore, ce n'est que le début héhé :D
Non, en vrai, j'sais pas combien de temps j'vais avoir avant que ça coupe mais ce premier chapitre était vraiment très bien. Très drôle, très décalé, Daphne a pas mal de personnalité, bref, j'adhère complètement et ça part dans ma PàL, voilouuuuuuu !
Ce n'est que le début des conneries, ça ne fait que commencer haha :')
J'ai tendance à mettre des titres un peu farfelus pour ce genre d'histoires, alors il y en aura peut-être d'autres petit à petit haha. :')
Bonne lecture o/
Mais que dire de ce petit premier chapitre ? Tu sais déjà que j'aime beaucoup ta plume. Certes, j'ai commencé par la FF, mais là, ça m'a l'air carrément déjanté, frais et les petites notes humouristiques ici et là... Ahaha je ris déjà :') Je serais curieuse d'en découvrir davantage du coup ! Je vais suivre ça de près.
De trèèèès près O_O
Merci <3
En plus, c'est plutôt du fluff, ça change de ma ff haha :')
Du coup je me permets de pinailler : il y a quelques répétitions, dont « sous mes yeux ébahis, un prospectus tombe sous mes yeux », ça m’a fait tiquer mais c’est peut-être un effet de style aussi !
À bientôt !
Et ce n'est que le début haha :')
Je suis ravie de voir qu'elle est attachante, parce que j'ai toujours quelques doutes en écrivant ce genre de personnages. :')
Je vais corriger ça merci ! Ce n'est pas du tout un effet de style, mais une bonne erreur d'inattention haha. :')