Par un matin d’été
une coccinelle se promenait
sur une toile d’araignée.
Elle évoluait avec légèreté
sans craindre de s’y engluer
car à ses pieds
la belle portait des bottes de poupée.
De petites bottes roses trouvées,
par hasard, sur l’herbe, abandonnées.
La coccinelle les avait essayés
et trouvé que, ma foi, ces bottes lui donnaient
un certain cachet.
Elle ne les avait plus quittées,
allant jusqu’à les garder,
le soir, sous son édredon douillet.
Elle était tout à sa gaieté,
quand soudain, près d’elle,
dans un vrombissement d’ailes,
une grosse mouche vint se poser.
- Attention, vous allez vous coller,
cria la coccinelle horrifiée
qui se détourna pour ne pas assister
au drame qui se jouait.
Mais elle entendit alors la mouche s’écrier:
- Ma chère, que vous êtes joliment chaussée !
Ces bottes, où diable les avez-vous trouvées ?
La coccinelle ouvrit des yeux étonnés
et vit que la mouche portait à ses pieds
de sublimes escarpins dorés.
(Du dernier cri),
pensa-t-elle avec envie.
- Mes bottes, répondit-elle d’un air dégagé,
c’est une folie que je me suis payée ;
la dernière mode cet été.
Malheureusement, je les trouve un peu serrées.
Je vois que vos escarpins en revanche sont un peu usés.
Cela dit, ils iraient bien avec mon collier.
Si vous le voulez, nous pouvons les échanger.
- Ma chère,
C’est une affaire.
J’en serais enchantée !
Et voilà nos deux coquettes qui se déchaussent sans délai.
Mais au moment de procéder
à l’échange des souliers,
HORREUR !
impossible d’avancer !
car toutes deux se sont engluées
sur la toile d’araignée.
Leurs coeurs s’arrêtent.
Elles se regardent, affolées,
car déjà, la toile se met à tanguer
et voilà qu’arrive une grosse, une énorme araignée,
avide de se régaler.
Quand celle-ci aperçoit, dans les mains de son déjeuner,
(Mazette !),
deux paires de chaussures de toute beauté.
- Combien, mesdames, pour ces bottes et ces escarpins dorés ?
La coccinelle saisit cette occasion inespérée:
- C’est que nous y sommes très attachées…
A moins que… Accepteriez-vous de les troquer
contre une bobine de ce sublime fil d’araignée
que nous étions en train d’admirer ?
Ma chère amie, que dites-vous de cette idée ?
La mouche, heureusement, a tout pigé :
- Ce fil à nos pieds, c’est vrai,
me paraît du plus grand intérêt.
Dame araignée,
seriez-vous prêtes à nous l’embobiner ?
Aussitôt dit, aussitôt fait !
L’araignée détricote son filet
et le dépose au pieds
de nos deux coquettes,
libérées.
Puis l’araignée enfile vite fait
ses deux nouvelles paires de souliers.
- Mesdames, j’adore, je suis comblée !
Pour vous remercier,
je vous invite à déjeuner.
Suivez-moi, je vous emmène visiter
mon petit nid douillet.
Mais à peine a-t-elle le dos tourné
que les deux autres, pas si bêtes,
se sont carapatées.