L'Héritier

Notes de l’auteur : Cette nouvelle à été écrite dans le cadre d'un concours sur le thème "héritage" et n'a pas été retenue. C'est également la toute première ébauche de mon roman en cours. C'est avec elle que j'ai jeté mes premières idées sur le papier, et je m'aperçois en la lisant que beaucoup de choses ont changé depuis.
J'aimerais retravailler cette nouvelle afin de l'intégrer un jour à un recueil. Je sais qu'elle est un peu maladroite par endroits.
Bonne lecture à vous, et merci pour votre temps précieux.

TW : scènes de violence, sang.

 

 

Arrivés aux abords d’une rivière capricieuse, les neuf mercenaires montaient leur campement de fortune dans un silence de plomb. Les tentes de tissu ne tardèrent pas à jaillir du sol et bientôt, les premiers crépitements des flammes se firent entendre, annonçant la promesse d’un repas réconfortant. Pourtant les visages restaient fanés par le désarroi et les dos voûtés par la fatigue. Sous le vent glacial du soir naissant, ces guerriers à la peau brune pesaient en sourdine le danger de la mission confiée en urgence par le roi de Sendre, dans une région encore mal connue de leur vaste territoire. Une mission grassement payée qu’il aurait été mal avisé de refuser.

 

Depuis près de dix jours, le prince héritier du trône avait disparu dans les brumes des Monts Onyriques où vivait jadis le peuple des rêves, laissant le royaume orphelin. Escorté de quatre guerriers sendrins, il s’était lancé en direction des ruines d’un vieux temple, persuadé d’y dénicher les richesses cachées d’une culture oubliée. Dans l’ivresse de l’aventure, le prince avait cependant négligé les dangers de ces terres jalousement gardées par les daïchis, de grands esprits sauvages semblables à des chimères serpentines. Ces créatures fantastiques, tantôt plumes, fourrure ou écailles, tantôt crocs, bec ou museau, rôdaient comme des fantômes dans l’obscurité des sylves montagnardes. À peine avaient-ils foulé les premières dalles du temple que les quatre guerriers furent massacrés par la fureur d’une chimère et le prince, pourtant bon combattant, fut porté disparu. Seul un survivant avait pu regagner le village le plus proche pour raconter son histoire. Un jeune Onyri, descendant direct du peuple des rêves qui avait fait office de guide dans cette expédition mortelle. Arraché de justesse à la colère des villageois qui le considéraient comme un traître, il avait intégré la troupe de mercenaires et les conduisait à présent sur les traces du prince héritier. Mais pour l’heure, la cohabitation demeurait parfois difficile entre les guerriers sendrins et cet étrange garçon.

 

— Comment qu’il s’appelle, déjà, l’écureuil ? demanda une voix rauque tapie sous une épaisse peau de mouton.

— Blunéïva… Enfonce-toi ça dans les oreilles parce que je ne vais pas te le chanter toute la nuit.

Sous l’éclat tremblotant du feu, les mercenaires épiaient la silhouette menue de l’Onyri dont le capuchon replié dévoilait des oreilles effilées comme celles d’un chat. Ils observaient ses doigts fins s’affairer avec soin au pétrissage d’un obscur mélange d’épices et de sève de pin, dont il était seul à connaître les secrets. Il semblait si différent d’eux, jusque dans son apparence fragile héritée de ses ancêtres. 

— Ce nom-là, je l’retiens pas, c’est pas ma faute. Pis j’trouve que ça sonne comme un nom d’michetonneuse.

 

Blunéïva n’avait pas courbé l’échine sous le poids des bavardages. Il connaissait la méfiance naturelle des Sendrins à son égard et ne pouvait leur en tenir rigueur au vu du contexte. Quelques heures plus tôt, le groupe avait perdu deux de ses hommes, déchirés comme du papier par les griffes tranchantes d’un daïchi. Il était rare d’en rencontrer si près des frontières, pourtant l’Onyri avait reconnu l’éclat bleuté de la chimère filer entre les ombres végétales. Il avait reconnu son corps hérissé et ses crocs recourbés. Une gueule de renard immense, plus rageuse qu’affamée, qui avait serré jusqu’à briser les os des guerriers. Un frisson glacé secoua les épaules de l’Onyri. Ce daïchi furieux était le même que celui qui avait massacré l’escorte du prince. Se pourrait-il que la créature eût suivi sa trace jusqu’ici ? La réflexion pouvait paraitre absurde mais croiser deux fois la route du même daïchi était une coïncidence troublante. Blunéïva songea aux légendes aussi merveilleuses qu’effrayantes qui entouraient l’histoire de son peuple, ces créateurs de rêve disait-on, autrefois chevaucheurs de chimères. Aujourd’hui, on les croyait encore capables d’enfanter des monstres et de rendre fous les esprits les plus braves. Des rumeurs effroyables qui avaient de quoi rendre nerveux les Sendrins qu’il côtoyait. Tandis qu’il se redressait, son petit bol toujours en main, Blunéïva distingua dans la pénombre le contour massif d’Aodh, le chef sendrin qui lui avait accordé une place au sein de sa troupe. Les regards des deux hommes s’accrochèrent un bref un instant, entendus et respectueux.

 

Aodh appréciait la discrétion de l’Onyri et son implication dans la recherche du prince. Encore secoué par cette tragique aventure, Blunéïva avait accepté sans sourciller d’accompagner les mercenaires dans leur mission. Mais Aodh n’était pas dupe ; il savait très bien que l’Onyri n’avait pas eu le choix. Accablé par les soupçons qui pesaient sur lui, ce dernier aurait probablement fini égorgé sur la place du village. La situation désespérée du jeune homme avait permis à Aodh de négocier ses services pour un pécule dérisoire. Une offre un peu vicieuse, certes, mais tout le monde y trouvait son compte. Aussi, la volonté de Blunéïva ne semblait pas totalement contrainte par les circonstances. Malgré la peur qui le tenaillait, il vibrait à chacun de ses pas sur la terre de ses ancêtres. Le chef comprenait l’émotion de l’Onyri au contact de ses origines. Redouté pour les pouvoirs obscurs qu’on lui prêtait, son peuple fut jadis chassé des Monts Onyriques pour empêcher la transmission de ses rituels dangereux. De nombreuses familles furent séparées ou égorgées, leurs clans furent brisés par la force et leurs traditions, encore interdites dans la plupart des comtés de Sendre, se perdirent dans l’oubli. Aodh imaginait sans mal les belles paroles qu’avait dû employer le prince pour toucher le cœur de Blunéïva. Il imaginait très bien la promesse qu’il avait pu lui faire, du haut de toute sa majesté. La promesse d’unir enfin leurs deux héritages, celui des sendrins bâti sur le sang, et celui des Onyris, dépouillé par le temps.

 

Blunéïva se dirigea vers la tente la plus éloignée. Il entra d’un pas feutré sous la toile épaisse où suintait une odeur âcre de fièvre et de sang. L’atmosphère du lieu, alourdie par la moiteur acide de l’air pesait déjà sur les épaules de l’Onyri. À la lueur tremblotante d’une lanterne, il devina le corps allongé d’un Sendrin, enveloppé de couvertures. Un rescapé des griffes acérées de la chimère dont le souffle sifflotant lâchait sous les toiles un sombre présage de mort. À ses côtés, un compagnon répondant au nom de Caïlan nettoyait d’un air fatigué les instruments dont il s’était servi pour recoudre les chairs labourées. Les yeux cernés de l’homme à terre se levèrent péniblement au son du tintement des bracelets de Blunéïva et se posèrent sur le bol qu’il tenait dans ses mains.

— Garde ton poison, l’écureuil ! Je n’ai que faire de tes mixtures de sorcière ! Les flèches des Sêpres ne m’ont pas terrassé durant la bataille de Rosa, ce n’est pas une bête sauvage qui aura raison de moi aujourd’hui…

La voix rauque se noya dans les miasmes et s’étouffa dans la gorge du blessé. Sous ces paroles aigres, Blunéïva perçut l’ombre d’une terreur profonde dévorer le regard du Sendrin.

— Lorcàn, cesse de grogner. Le gamin t’apporte son aide.

Les yeux perçants de Caïlan se posèrent avec bienveillance sur l’Onyri qui attendait son approbation pour approcher l’homme affaibli. Lorcàn avait soupiré de désarroi quand Blunéïva s’était agenouillé près de lui.

— Ne craignez rien. Il s’agit d’un baume de sève aux vertus calmantes. Si ce remède ne fait guère de miracle sur des plaies aussi profondes, il aura l’avantage de soulager la douleur et son parfum calmera votre esprit.

La voix de l’Onyri s’était faite douce et sans reproche, anéantissant le peu d’ardeur qu’il restait encore dans le sang de Lorcàn. Ce dernier observa les mains de Blunéiva desserrer les bandes de tissu qui couvraient son bras et la naissance de son cou. Il laissa les yeux clairs de l’Onyri parcourir les lacérations suintantes dont les plus profondes avaient été grossièrement recousues pour éviter le vomissement des chairs. Le Sendrin serra la mâchoire quand le pinceau enduisit les plaies d’une crème moelleuse et parfumée. À mesure qu’une fraîcheur douce se diffusait dans ses membres meurtris, Lorcàn sentit sa colère capituler. Dans sa torpeur fiévreuse, il contempla les traits concentrés du jeune homme, les mèches de cheveux blonds qui coulaient au creux de sa nuque et se remémora la douceur des femmes de Vernanta. Ces gamines aux yeux clairs, comme lui, aux oreilles pointues et au corps fragile, offertes aux guerriers dans les bordels du vieux port. Il se souvint aussi des lynchages fréquents malgré les interdits auxquels il s’était livré sur les écureuils trop zélés qui se rassemblaient en ville dans l’espoir insensé d’y faire commerce. Ces souvenirs amers rejaillirent du fond de sa mémoire et il sentit un monter en lui une émotion vibrante.

— Je te demande pardon, petit… Pour toi, pour les tiens…

Blunéïva releva des yeux interrogateurs sur le Sendrin qui fixait le vide.

— Leurs cris… Je m’en souviens comme s’ils n’avaient jamais cessé… C’était chose fréquente quand on s’échinait dans la milice… Les rossées aléatoires, les humiliations publiques, et parfois pire… Je me souviens qu’une fois, on en avait attaché un comme toi au pilori sur la place de Velta, complètement à poil, comme ça. On l’a laissé crever de froid devant ses mômes... Ça a pris presque deux jours et personne n’a rien dit… Ça n’avait pas d’importance… Et puis les filles… les filles… C’est leurs cris à elles que je n’oublie pas. Ils cognent en permanence dans mon crâne… je ne supporte plus… Je t’en prie petit, pardonne-moi ! Ne me laisse pas crever comme ça…

Lorcàn avait saisi la main qui le soignait, serrant pour réclamer le pardon. Secoué d’un violent frisson, l’Onyri rendit brièvement l’étreinte et murmura un « Vous êtes pardonné » troublé, avant de filer comme une ombre sous les yeux désolés de Caïlan.

 

***

 

Les images floues se mélangeaient à la douleur. Une chaleur moite étouffait la chair et écrasait la poitrine. Le souffle d’air se faisait ténu, un ruisseau obstrué qui peinait à couler au fond de la gorge. Et la souffrance, aigüe, fouineuse et lancinante comme un museau qui remue la terre, comme des griffes innombrables enchâssées dans les muscles. Les yeux fiévreux se tournèrent vers le corps endormi tout à côté, l’homme écouta la respiration lente de celui qui n’aurait pas dû baisser sa garde. Dormant avec la confiance des conquérants assis sur le trône. Intrus ! Agresseurs ! Égorge-le ! Égorge-les tous ! Et la main glissait déjà sur le manche de l’épée reposant près de la couche. Les jambes s’étaient dépliées, campant sur leurs os brisés, tordues et chancelantes. Alors le bras désarticulé avait lourdement abattu la lame sur la gorge déployée qui ronflait sur la paillasse. L’homme endormi avait subitement happé l’air dans un râle étranglé, les yeux écarquillés comme des billes. Une main fébrile s’était portée à la gorge ouverte et l’autre battait l’air pour repousser l’agresseur. Le bras meurtrier s’arma de nouveau, instinctif, mécanique, pour rabattre le fer sur le corps affolé et trancha dans la poitrine, fendit le visage, réitéra jusqu’à déchirer ses bandages. Il frappa jusqu’à réduire le dormeur en bouillie de chair, jusqu’à ne plus sentir ses propres os se briser sous les coups. Il n’y avait plus que colère, plus que terreur et violence.

 

Blunéïva se réveilla dans un souffle, le cœur bondissant à lui crever la poitrine, et le corps trempé de sueur froide. Ce cauchemar oppressant de réalisme cognait encore trop fort dans son crâne et troublait sa conscience. L’Onyri repoussa les lourdes couvertures et inspira profondément l’air glacial pour calmer les tremblements sourds qui résonnaient dans ses os. Il lui sembla même sentir le goût du sang dans sa bouche tant ses mâchoires s’étaient crispées sous la tension. Quand le bourdonnement de ses oreilles s’atténua, il entendit les cris à l’extérieur. Il réalisa qu’il faisait toujours nuit noire et que les couches près de lui étaient vides. Pris d’un nouvel assaut d’angoisse, Blunéïva enfila des vêtements à la hâte et s’élança pieds nus malgré le froid, son poignard serré entre ses doigts. Au dehors, il vit la tente du blessé entourée d’hommes tout juste sortis du sommeil mais tendus, la lame au clair. Des cris déchirants sortaient de la tente et bientôt Lorcàn apparut, l’épée pendant à son côté et le torse entièrement couvert de sang noir. L’Onyri comprit sur-le-champ que Caïlan était mort et qu’il avait observé toute la scène par les yeux de Lorcàn dans ce qu’il croyait n’être qu’un cauchemar. Bien que titubant, le guerrier blessé était pris d’une rage aveugle. Il semblait possédé, les yeux à demi révulsés et la bouche ensanglantée crachant des hurlements abjects. Il frappait fort sur ses compagnons et son arme mordit plusieurs fois leur chair. Les sommations des mercenaires cessèrent vite et les lames se retournèrent contre lui, entaillant les jambes brisées et les flancs. Blunéïva resta figé, enlisé dans la sidération. Le spectacle qu’il voyait lui glaçait le sang plus sûrement que le vent des montagnes. Soudain un sifflement retentit et une flèche se ficha dans le crâne de Lorcàn, comme si elle eut transpercé une motte de beurre tendre. Le guerrier chancela à peine avant de s’écrouler lourdement sous les yeux effarés de ses compagnons. Aodh abaissa son arc, résigné, tandis qu’un silence de plomb retombait sur les épaules de chacun.

— C’est par ses maléfices que Lorcàn a perdu l’esprit !

La voix braillarde d’un guerrier s’était élevée en direction de l’Onyri qui n’avait pas bougé. Duane, un grand diable au visage buriné, dardait sur le guide un regard chargé de mépris.

— Ce sorcier lui concocte un remède mystique et voilà qu’en pleine nuit, Lorcàn devient fou !

Duane avait levé une lame menaçante vers l’Onyri qui l’écarta sèchement d’un coup de dague, le regard devenu noir.

— Assez de ces croyances de mégère ! tonna le chef avec fermeté. Si Lorcàn a perdu l’esprit, c’est que la fièvre l’a pris ! Nul besoin d’y chercher un quelconque sortilège ! Les meilleurs guerriers succombent depuis toujours aux affres du combat sans l’intervention d’aucun démon. Si je ne vous savais pas si aguerris, je penserais que c’est vous que la fièvre fait délirer !

— Avec ce traître dans nos rangs, tu nous conduis à la mort, grogna le guerrier entêté.

— Nous avons une mission à honorer. Une mission commandée par le roi lui-même pour nous porter au secours du prince, et celle-ci nous mène là où seul l’Onyri sait aller. Je ne compte pas rompre mes engagements sur des suppositions de bonnes femmes ! Si le cœur vous fait défaut, partez comme les lâches que vous êtes ! Mais par la suite, ne croisez plus jamais ma route !

L’intervention du chef coupa court aux élans belliqueux et les menaces retombèrent comme un soufflet. Cependant les regards restèrent suspicieux, dévisageant l’étranger qui les défiait, pieds nus dans le froid. Frémissant sous la brise, les cheveux encore emmêlés par le sommeil, l’Onyri semblait si frêle face aux guerriers robustes dressés devant lui. Pourtant, sous la menace, une énergie presque animale émanait de tout son être, attisant toujours plus la méfiance des mercenaires. Aussi, la perte brutale de quatre de leurs compagnons faisait planer une tension palpable chez les Sendrins qui, pour beaucoup, ne trouvaient de réponses que par la présence de leur nouvelle recrue. Cependant, le chef n’avait qu’une parole et celle-ci était claire : l’Onyri bénéficierait de la protection de la troupe jusqu’au terme de la mission, au même titre que n’importe quel autre membre. Alors les hommes continrent leurs nerfs et s’attelèrent en silence à la besogne. Ils enveloppèrent les cadavres ensanglantés dans leur paillasse et, après une cérémonie discrète, les abandonnèrent à distance du camp. Les morts devraient reposer sur place, comme les deux autres avant eux, le groupe ne pouvant s’encombrer de corps à transporter.

 

***

 

Au petit matin, les mercenaires avaient ouvert les yeux sur une étrange impression de gueule de bois, tandis que les premiers chants d’oiseaux retentissaient dans l’air glacé d’un ciel encore noir. Un fin voile de givre recouvrait les pousses d’herbe et l’humidité tombant sur le vallon se faisait pénétrante. Enveloppé dans une couverture, Blunéïva observait les Sendrins s’extirper péniblement d’un sommeil douloureux. Prudent à l’égard de la défiance dont il faisait l’objet une fois de plus, l’Onyri n’avait pas fermé l’œil durant les maigres heures qu’il restait à dormir, préférant se tenir à l’écart des hommes, loin du confort des tentes où il était facile de se faire surprendre pendant la nuit. Il s’était tenu prêt à reprendre la route, s’affairant au feu matinal près duquel il se réchauffait, sous l’œil attentif de la sentinelle en charge cette nuit-là.

 

La cohorte avait repris la marche, la mine quelque peu froissée, douteuse pour la plupart, envers ce gringalet des montagnes brumeuses, cet écureuil chétif aux yeux sauvages qui leur servait de guide. Ils se lançaient à nouveau au travers d’une nature gigantesque, sur les traces du prince disparu. Au fil des pas qui les menaient plus haut sur les crêtes des Monts Onyriques, le doute collectif céda la place à la contemplation des pics escarpés émergeant d’une mer de nuages. Cette ambiance vaporeuse, percée par la lumière crue du petit matin, dévoilait la magie des lieux et donnait tout son sens aux origines du peuple de Blunéïva. Un spectacle mystique et naturel qui forçait le respect. Un doigt affolé se pointa soudain vers les brumes tournoyantes, à flanc de montagne :

— Une chimère, là ! Je la vois !

Les Sendrins défouraillèrent sans attendre, le corps tendu vers l’immensité nébuleuse où serpentait une silhouette à peine visible. Un corps blanc, immense et filiforme, flotta doucement dans le brouillard avant de disparaître comme un mirage contre le versant de la montagne. Aodh s’approcha du jeune guide en pleine admiration pour lui réclamer d’un regard une confirmation.

— S’il s’agit bien d’un daïchi, vous n’avez rien à craindre. On dit des esprits blancs qu’ils ont acquis la sagesse et qu’ils demeurent pacifiques, énonça Blunéïva comme happé par le rêve.

— Les « on dit » ne sont plus suffisants, Onyri. Ces créatures ont déjà massacré l’escorte du prince et quatre de mes hommes.

— Tout va bien, je vous l’assure. 

Les yeux de Blunéïva s’étaient faits plus sûrs et brillants. Il ne doutait pas de ses paroles.

 

La troupe poursuivit l’expédition des heures durant, à la recherche de toute trace pouvant les mener sur la piste du prince. Bientôt, les hommes virent se dresser au-devant d’eux les trois montagnes bleues, majestueuses et légendaires, dont les bas flancs se hérissaient de petites tours sculptées, témoignage de l’ancienne civilisation onyrique. Bien que rompus aux voyages dans les diverses contrées du Royaume de Sendre, les guerriers ralentirent le pas sous le poids de l’émerveillement, et peut-être aussi, du potentiel de richesse que tous ces vestiges à l’abandon représentaient. Comme la première fois qu’il avait contemplé les monts bleus, Blunéïva se sentit frissonner de la tête aux pieds. Ces immenses montagnes devaient leur teinte surnaturelle à l’étrange végétation qui poussait sur les versants. On y trouvait des plantes et même quelques arbres aux feuilles bleutées qui se mélangeaient aux brouillards givrants.

 

Les mercenaires arrivèrent aux pieds de la Montagne Mère, la plus grande des trois, contre laquelle avait été construit le temple. Ils commencèrent à gravir péniblement les marches taillées dans la roche qui grimpaient jusqu’au lieu sacré. Malgré leur consistance solide et leur lourd équipement, les guerriers se gelaient les os. Au déclin de cette journée de marche, ils sentaient peser la fatigue sur leurs épaules et la plupart aspiraient au retour prochain dans le tumulte familier de la ville. Cependant, la rêverie s’écroula vite lorsqu’une odeur infecte de charogne assaillit les narines de toute la troupe. Une odeur de vieille mort, humide et pourrissante. En contre bas, ils aperçurent le corps d’un homme en décomposition, les os brisés sur les rochers. Blunéïva confirma aux Sendrins qu’il s’agissait bien de l’un des hommes du prince. Alors ils poursuivirent l’ascension, les mains serrées sur les manches de leurs armes et la nuque raide. Par moments, des branches cassées et des traces de lutte féroce jalonnaient leur périple.

 

Enfin, le groupe de mercenaires arriva sur un large perron de pierres taillées et usées par le temps. Au-devant d’eux, contre la paroi rocheuse, se dressait les colonnades ornées du vieux temple, fier malgré les pousses qui se faufilaient entre les pierres, telles des veinures végétales. Sur le sol, un autre corps putréfié reposait dans une posture désarticulée. Celui d’un guerrier. Mais nulle trace du prince. Au milieu du large perron souillé, une grande statue d’Eli, déesse fertile du panthéon onyrique, se dressait avec noblesse face à l’immensité du paysage montagneux. Malgré le tableau sordide du massacre qui avait eu lieu, Blunéïva sentit son cœur battre plus fort alors qu’il admirait la statue de la divinité. Comme le voulait l’ancienne tradition, le corps nu de la déesse avait été recouvert de vêtements et de parures, aujourd’hui rongés par le temps, qui symbolisaient l’été, probablement la dernière saison que les ancêtres avaient pu honorer en ces lieux.

 

Un bruit métallique attira l’attention de l’Onyri sur les mercenaires, en train de ramasser des bijoux de cuivre et d’or qui jonchaient le sol. Probablement des trésors volés que le prince et ses hommes avaient égarés durant l’attaque de la chimère. Blunéïva sentit une vive colère piquer ses veines lorsqu’il vit les doigts avides s’emparer du large collier de cuivre et pierres qui ornait le torse d’Eli.

— Cette statue et les bijoux qu’elle porte sont sacrés ! Toutes ces parures appartiennent au temple !

— Et ce temple est en ruine, répondit Duane avec un sourire sardonique.

L’Onyri se retourna vers Aodh, tremblant sous le coup d’une détresse sincère.

— Je vous en prie…

Le chef Sendrin soupira lourdement, ses propres mains chargées de bracelets précieux. Les richesses de ce lieu mystique offraient à ses hommes une récompense méritée, mais il devait bien s’astreindre à quelque compromis s’il souhaitait préserver la coopération de leur guide pour le trajet de retour.

— Laissez cela ! somma-t-il finalement à l’attention de ses hommes. Ne prenez que les bijoux tombés au sol.

 

Blunéïva souffla de soulagement autant que de désespoir tandis qu’il regardait les mercenaires glaner les joyaux dispersés. Il ne pouvait leur interdire de s’approprier quelques trésors et devait déjà s’estimer heureux qu’on ne pillât pas la statue d’Eli. Mais alors que ses yeux troublés rencontraient un vêtement déchiré sur le sol, un étrange malaise le saisit à la gorge. Il reconnaissait ce tissu tâché de sang. Ces fibres rouges, ces motifs dorés… Lorsque ses doigts saisirent l’étoffe, il revit en mémoire le jeune prince campé sur le perron, l’épée brandie et le flanc blessé. Il revit la silhouette du daïchi se dresser devant lui, menaçante, sa fourrure hérissée de bleu et la mâchoire béante, telle une gueule de loup aux dents trop longues. Il revit les yeux de la créature, limpides mais noyés de haine. Des yeux troublants… Les bourdonnements reprirent dans les oreilles de l’Onyri tandis que le souvenir de cette rage dévorante lui montait au crâne. Le souvenir de cette gueule qui se refermait sur le prince.

 

Un cri déchirant arracha Blunéïva à son rêve éveillé. Il se retourna juste à temps pour voir le corps ensanglanté d’un Sendrin projeté sur le sol où s’éparpillèrent les bijoux qu’il venait de ramasser. D’un geste réflexe, l’Onyri sortit le poignard de sa ceinture et s’approcha furtivement des bruits de lutte qui parvenaient jusqu’à lui. Lorsqu’il reconnut la silhouette carnassière sur le point de lacérer les mercenaires en déroute, son cœur se glaça d’effroi. La même créature, féroce et brutale, agile et rapide comme un serpent. Il se ressaisit en un éclair, persuadé qu’il ne pouvait laisser une telle folie œuvrer sans réagir. Il tenta de se faufiler sur le côté du daïchi pour le frapper par surprise, sa seule chance étant d’arriver au corps à corps. Mais la bête était vive et ses mouvements incessants. Esquivant habilement les griffes qui fauchaient les alentours, Blunéïva sentait les éclaboussures du sang chaud des Sendrins taveler par moments son visage. Leurs cris jusqu’alors déchirants s’affaiblissaient de plus en plus. Il parvint à agripper la fourrure vers l’encolure et se hissa sur le dos du daïchi, le poignard serré entre ses dents. À ce contact bouillant de fureur, il se raidit comme si la foudre l’avait traversé. Ainsi juché sur la bête, Blunéïva fut saisi par un sentiment familier, entêtant, presque fusionnel, comme si le cœur farouche qui battait sous lui faisait écho dans tout son être. Le hurlement d’un Sendrin à l’agonie sous les griffes meurtrières le tira de son trouble. Alors qu’il relâchait une main pour saisir son arme et frapper sans réfléchir, le daïchi s’ébroua violemment et projeta l’Onyri sur le sol. Étourdi par la violence du choc, le jeune homme se redressa difficilement sur ses jambes, le poignard toujours serré entre ses doigts. Il n’entendait plus aucun cri de Sendrin, il ne distinguait plus aucune silhouette familière encore debout, sinon celle de la créature féroce qui lui faisait face.

 

Blunéïva se figea sous le regard glaçant du daïchi, les muscles pétrifiés par un curieux mélange de terreur et de fascination. Le souffle coincé dans sa gorge, il contempla le corps longiligne à la peau bleutée, tantôt parsemé d'écailles, tantôt de fourrure. Un monstre aussi beau qu'effroyable, une chimère serpentine au museau de renard, aux bois de chevreuil et aux crocs presque aussi longs que le poignard qui tremblait dans sa main. Mais alors qu’il recherchait en lui le courage d’attaquer, il réalisa que les yeux braqués de la créature s’étaient soudainement adoucis, comme si sa présence les avait apaisés. En les observant mieux, Blunéïva fut troublé par une étrange familiarité, comme un reflet un peu flou dans un miroir. Ces grands yeux clairs qui le fixaient avec curiosité lui rappelaient les siens. Frissonnant d’émotion, l’Onyri abaissa son arme et fit un pas timide en direction du daïchi. Il voulut tendre une main fébrile vers la créature qui se montrait à présent parfaitement calme, intimement persuadé qu’elle ne lui ferait aucun mal. Mais avant qu’il n’eût pu la toucher, celle-ci poussa un feulement effroyable. Une flèche sendrine venait d’atteindre son flanc et son corps chimérique s’évapora soudain comme un nuage de fumée. Au même instant, Blunéïva vit un éclair blanc passer devant ses yeux et lui déchirer le crâne. Il tomba à genoux dans un hurlement de douleur intérieure, les mains serrées sur ses tempes, avant de sentir une poigne de fer le saisir violemment par la nuque. Il se figea instinctivement lorsqu'il sentit le contact froid d'une lame glisser sur sa gorge et reconnut la voix rauque de Duane lui cracher à l’oreille :

— Je savais que c’était toi, l’écureuil ! Depuis le début, j’étais sûr que ce monstre obéissait à tes ordres ! On ne m’a pas écouté mais je savais que tu nous mènerais à la mort, comme tu y as mené le prince et ses hommes. Et maintenant, sale tisseur de mirage, je m’en vais mettre un terme à ta folie ! Mais avant de crever, sache une chose : en tuant le prince, tu as condamné tous les tiens.

Glacé par le choc de ces paroles, l’Onyri resta paralysé sous l’étreinte du guerrier.

— Duane !

Aodh s’était approché, l’épée serrée dans sa main sanguinolente, la cuisse ouverte par les crocs acérés de la chimère. Duane se campa dans une posture de défiance et pressa un peu plus sa lame sur la gorge de Blunéïva.

— Je te l’avais dit ! Cet avorton est un traître ! Mais tu n’as rien voulu entendre !

— Si tu le tues, comment repartirons-nous d’ici ?

— Si je ne le tue pas, nous ne repartirons jamais !

Aodh fit glisser son regard sur l’Onyri qui avait levé sur lui des yeux aussi brûlants que tourmentés. Il avait peine à croire que ce garçon si frêle et si humble pût être à l’origine du massacre du prince et de toute son escorte. Ce garçon aux traits fins et sages, pourtant tachés du sang des siens.

— Tu ne m’as pas écouté, avait repris Duane avec fureur. C’est ta propre folie qui nous a tous menés à la mort !

 

L’épée du guerrier s’était pointée rageusement vers le chef qui maintenait son regard sombre vers lui. Les corps se raidirent, prêts à l’attaque. Soudain, Duane hurla de douleur tandis que la lame du poignard de Blunéïva perça sa cuisse. Profitant de la réaction du Sendrin, l’Onyri se déroba de son emprise. Alors qu’il esquivait de justesse une riposte mortelle, il eut tout juste le temps d’entendre à ses oreilles sifflantes le grondement du daïchi retentir. Les crocs affutés de l’animal se plantèrent dans la gorge de Duane dont le cri fut noyé par le sang. Il entendit le choc des corps qui se percutaient et les bruits de chute qui résonnaient dans le sol. Mais son crâne cognait si fort qu’un voile noir couvrit sa vue et brouilla les sons. L’Onyri aveuglé par une douleur sourde se recroquevilla sur le sol. Il attendit quelques secondes sans doute, mais des secondes distendues par une angoisse diffuse, dans un silence soudain et lourd. Il sentit bientôt une chaleur irradiante l’envelopper doucement, apaisant les vagues de frissons qui l’assaillaient de toutes parts. Il rouvrit des yeux craintifs et troublés de fatigue. Autour de lui s’enroulait comme un rempart le corps étiré de la créature, soulevé par une respiration devenue calme.

 

Appuyé contre son ventre, Blunéïva se laissa un instant bercer par le souffle de son daïchi et posa une main sur la peau tiède. Il était si réel, si vivant… Les paroles de la vieille Ama lui revinrent en mémoire, lorsqu’elle disait de lui enfant qu’il possédait le don des anciens, les créateurs de rêves, ceux capables d’incarner leur âme dans un esprit sauvage et redoutable. Il n’avait jamais vraiment cru à ces paroles jusqu’à aujourd’hui. La main du jeune homme rencontra la blessure laissée par la flèche de Duane et le daïchi frémit. Des esprits redoutables mais aussi vulnérables…

 

Blunéïva se redressa sur ses jambes encore flageolantes et constata avec effarement le carnage qui s’étendait à ses pieds. La créature avait tout emporté, guidée par la fureur qui battait dans le cœur de l’Onyri depuis trop longtemps. Le feu d’une terreur profonde portée par des générations persécutées qui s’était éveillée au contact des terres sacrées. Au milieu des corps, il reconnut celui d’Aodh, appuyé contre un socle de pierre, le torse déchiré par les crocs. Il s’approcha du chef dont le souffle était faible et le regard lointain. Lorsque ses yeux brumeux agrippèrent péniblement ceux de l’Onyri, sa bouche débordante de sang s’ouvrit dans un râle :

— … Toi… qui a tué notre prince…

Les yeux embués de larmes brûlantes, Blunéïva acquiesça sans un mot. Aodh soupira de désespoir, comprenant dans ses derniers élans de lucidité l’issue tragique qui se profilait désormais pour le peuple des rêves. Il n’avait rien soupçonné malgré l’expérience, il n’avait pas voulu croire à l’héritage merveilleux que les légendes prêtaient aux Onyris et tous ses hommes avaient perdu la vie par son aveuglement. Dans son champ de vision troublé, il vit approcher le daïchi, chimère magnifique dont les yeux rappelaient tant ceux du jeune guide. Partagé entre la crainte et la fascination, il leva péniblement une main vers la créature et toucha son museau moucheté de sang. L’Onyri le regarda faire en silence, caressant doucement la fourrure de sa créature.

— … Conscience… que la mort du prince… signifie…  la guerre pour toi et les tiens ?

— Je sais… souffla Blunéïva en s’agenouillant devant le guerrier. Mais cette fois, nous serons prêts.

— … tu es sûr ?

L’Onyri esquissa un sourire triste qui trahissait sa frayeur profonde mais au fond de ses yeux brillait une farouche détermination. Aodh acquiesça, résigné. Son souffle se troubla et sa bouche devenue pâle se mit à murmurer des sons inintelligibles à l’oreille du jeune homme. Ce dernier comprit lorsque les doigts tremblants du chef désignèrent l’arme qu’il tenait encore dans sa main. Alors Blunéïva accrocha le regard vitreux du guerrier et lorsqu’il reçut l’approbation qu’il attendait, plongea la lame d’un geste sec en plein cœur pour éteindre les tourments de la mort à l’ouvrage. Quand il sentit toutes les tensions du corps d’Aodh se relâcher définitivement, Blunéïva étouffa dans sa manche un sanglot brûlant tandis que le museau du daïchi fouinait doucement dans ses longs cheveux blonds. L’Onyri posa son front contre lui en signe de tendresse et se releva. Laissant derrière lui la débâcle de la troupe toute entière, il eut un regard pour la statue d’Eli, toujours intacte et fièrement dressée face au territoire onyrique. Cette vision apaisante renforça le cœur de Blunéïva qui sécha ses dernières larmes. Il contempla ce royaume oublié dont il était désormais l’héritier. En ce jour, il en était persuadé, la vieille terreur qui avait maintenu son peuple enchainé venait de s’éteindre pour laisser place à la colère. Une colère nouvelle pour les créateurs de rêves dont les intentions s’étaient toujours montrées pacifiques. Blunéïva sentit son daïchi allongé près de lui chercher le contact de sa main. Caressant la tête de la créature, il perçut au creux de son ventre que plusieurs des siens s’éveillaient déjà à cet appel vibrant, il ressentit dans la chair ce lien fort qui les unissait entre eux comme une toile invisible. Il en était sûr à présent, cette fois, ils seraient prêts. Ensemble, ils reprendraient possession de leurs terres et raviveraient la mémoire souillée des anciens.

 

L’Onyri prit une grande inspiration et empoigna les bois qui ceignaient la tête du daïchi pour se hisser sur son dos. Sans un mot prononcé, sans un geste apparent, la créature se redressa docilement et plongea dans l’immensité, se laissant planer au gré des désirs de son maître.

 

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C.R Le Calvez
Posté le 08/03/2021
J’ai été scotchée sur place! Merci pour cette nouvelle qui bien que tragique est magnifiée par ton style!

Tes descriptions nous entraînent très loin aux cotés de tes personnages, on imagine très bien les décors et on peut facilement ressentir la tension palpable dans certaines scènes ! Bravo!

J’avoue que je n’aurais jamais imaginé ce qui se tramait entre la chimère et ce jeune guide mystérieux !

Merci pour cette nouvelle, hâte de lire tes autres récits !!
Kenelia
Posté le 01/11/2020
Face à une injustice qui nous touche, on a beau dire que c'est comme ça, qu'on ne peut rien y faire si on veut s'en sortir et survivre, ça n'empêche pas la rage et la colère de tapir, juste là.
J'ai beaucoup aimé la relation de Blunéïva et de Aodt. Sa manière de ne pas le haïr alors même que son prince et ses compagnons sont morts par sa faute. Alors même que Aodt lui-même se meurt !
Très jolie nouvelle, merci beaucoup. J'ai vraiment hâte d'en lire plus sur cet univers !
Le Chat d'Oz
Posté le 04/03/2021
Salut Kenelia ! Je commence par m'excuser du temps que j'ai mis pour te répondre ! J'ai délaissé le site un moment après une longue période sans écrire, et je rattrape honteusement mon retard.
Merci beaucoup pour ton retour ! Il m'a fait bien plaisir, surtout après tout ce temps. Je suis ravie que cet univers t'aie plu. Il continue de grandir au chaud dans mes fichiers, et je m'apprête à poster une autre nouvelle. Encore merci à toi.
MariKy
Posté le 28/08/2020
Alors, je vais faire un mauvais jeu de mot, mais j'ai trouvé cette nouvelle onirique :) J'imagine des montagnes embrumées, un décor à la Ghibli (façon Princesse Mononoke !). J'aime beaucoup le concept de ce peuple créateurs de rêve en lien avec des chimères. Tu as su poser ton univers en quelques paragraphes, on est vite embarqué dans le voyage.
Côté structure, j'ai relu deux fois la fin car j'avais du mal à comprendre ce qui se passait entre Blunéïva et le daïchi. Je n'arrivais pas à savoir si Blunéiva savait déjà que le Prince était mort avant d'arriver, si c'était lui qui l'avait volontairement tué par l'intermédiaire du daïchi. Mais si j'ai bien compris, il ne se rend compte qu'après coup du lien avec la créature ? (bon, c'est peut-être moi qui suis fatiguée, hein !)
En tout cas, je serai ravie de continuer la lecture sous forme de roman si tu choisis de la publier sur PA !
Le Chat d'Oz
Posté le 29/08/2020
Oh non, je ne crois pas que tu sois si fatiguée. il y a effectivement des zones de flou dans cette nouvelle, et c'est pour ça que ton commentaire est important.
En fait, dans l'idée initiale, c'est Blunéiva lui-même le meurtrier du prince, par le biais du daïchi. Sauf qu'il n'en garde pas le souvenir. Du moins pas avant de revenir sur les lieux. En fait, j'ai voulu symboliser une sorte d'éveil, comme une prise de conscience de ce qu'il est vraiment et de ses origines. Mais c'est maladroit, fouilli.
Je te remercie beaucoup pour ton commentaire. Ravie de voir que malgré le flou, tu aies apprécié vta lecture.
Ah oui, et je suis très contente que tu fasses référence à Princesse Mononoke, étant donné que je suis très inspirée par Ghibli, et plus particulièrement par ce film.
Cherry
Posté le 27/08/2020
Salut Ophélie ! Cette nouvelle est vraiment prometteuse, et à la fin j'ai presque été déçue de ne pas pouvoir suivre la suite des aventures de Blunéïva :) j'aime bien l'univers que tu as créé. Il est riche et vivant et je me suis très bien imaginé les montagnes bleus.
Toutefois, j'avais un peu de mal avec certaines scènes, notamment le rêve de Blunéïva. J'ai trouvé l'action un peu rapide et d'un point de vue qui ne permet pas au lecteur de comprendre la situation.
"le peuple des rêves" "les créateurs des rêves" j'ai trouvé ça tellement poétique ! et même le daïchi blanc qui volait dans la mer de nuages c'était une scène magnifique ;) du coup tu vas en faire un roman ou une nouvelle retravaillée ?
A très bientôt sur PA ! Cherry
Le Chat d'Oz
Posté le 28/08/2020
Merci beaucoup pour ton commentaire !
Je ne suis pas étonnée que la scène du rêve t'est gênée. Lorsque j'évoquais les maladresses, je pensais notamment à elle. Et sens bien que ce passage doit être revu.
Mais je suis ravie que l'essentiel ait pu te transporter un peu.
Concernant mes projets, le roman qui découle de cette nouvelle est déjà en cours. J'ai remanié beaucoup de choses mais l'essence demeure.
Quant à cette nouvelle, je ne sais pas encore exactement ce que je vais en faire. Mais j'aimerais bien la publier quelque part, selon l'accueil qu'elle reçoit ici.
Merci encore ! Et à bientôt. ;)
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