J'étais assise près de Lui sur un banc.
Nous étions dans un parc plutôt fréquenté.
Comme d'habitude, il fumait, comme déconnecté d'un monde auquel il refusait d'appartenir.
Comme d'habitude, j'angoissais, le monde n'étant plus constitué que de mon étouffante réalité.
Soudain, une vision me traversa l'esprit.
Il aurait pu s'agir d'une simple projection de mes angoisses, mais la scène s'averra plus hallucinée que jamais.
Tout d'abord, le sol sous nos pieds se mit progressivement à disparaitre, si bien que nous furent bientôt en lévitation.
Ensuite, ce fut au tour du paysage de me jouer des tours, l'horizon devenant de plus en plus flou jusqu'à nous laisser dans l'obscurité la plus totale.
Ne demeuraient en lumière que le banc et nos deux corps, séparés par une barrière de fumée démesurément importante qui émanait de sa cigarette.
Un vertige m'envahit le cœur, et peut-être ressentit-il la même chose car nous nous attrapèrent mutuellement la main, comme pour se rassurer du fait que nous ne pouvions pas tomber.
Mais la sensation de tenir sa main s'estompait, elle aussi.
Alors comme ça, Lui aussi allait me quitter maintenant ?
Je ne pouvais l'envisager, serrant sa main aussi fort que possible, peut-être trop même, car tout son corps finit par se réduire en cendres sous mes yeux emplis de larmes.
J'étais seule maintenant, assise à côté d'un tas de cendres qui n'allait surement pas tarder à s'envoler.
Ma vue se brouilla sous les pleurs, jusqu'à ce que j'essuie ma dernière larme et que réapparaisse enfin le sol, mon ami et le paysage du parc, avec ses joggeurs, ses chiens et ses enfants.
-Est-ce que ça va ? me demanda-t-il.
-Oui, répondis-je.
Et nous nous prirent dans les bras.