Je me revois enfant en train de courir dans la forêt en face de chez moi, je ne devais pas avoir plus de huit ans. J’étais en train de courir après mon ami, essayant de le rattraper pour gagner la partie de chat à laquelle on jouait, slalomant entre les arbres, les rayons du soleil de l’été filtrant à travers les feuilles, nous procurant une température douce, mélangée avec l’humidité de l’herbe. Alors que je le rattrapais, pouvant presque toucher son t-shirt volant derrière lui, je me revois tomber, tête la première dans l’herbe, n’ayant pas vue la racine qui se trouvait cachée sous un coussin de mousse. Je me revois me relever, prêt à repartir dans le jeu, mais m’arrête dans ma marche en le voyant, lui. Je me souviens parfaitement de ce moment, figé comme une sculpture dans la pierre. Il se trouvait là, devant mon ami, l’homme de l’ombre, sa silhouette noire imposante dominant de plus de deux mètres mon ami, son corps enveloppé de ce brouillard noir qui le suit où qu’il aille, et ses yeux bleu, anormalement grand, transperçant l’entièreté de nos êtres en un regard. Il se tenait là, droit, et ni moi ni mon ami n’avons réagis, nous étions tétanisés par la peur, une peur que j’ai ressentit à chacune des fois où je l’ai revu, peu importe l’âge, sa simple vue vous fait ressentir cette peur primaire, violente, transperçante, comme un couteau qui traverserai chaque centimètre de votre corps. Nous étions là, immobile, l’homme nous fixant, pendant plusieurs secondes, l’atmosphère joyeuse qui se dégageait quelques secondes auparavant avait était remplacé par une sensation lourde, pesante, me donnant du mal à respirer. Après ce qui me parus des heures, il leva le bras, très lentement, dévoilant petit à petit son bras totalement noir, fin, de la peau tombant de ce qui semblait être de la chair, je ne savais pas ce qu’il était, mais je savais à ce moment qu’il n’était pas humain. Alors que son bras arrivait au-dessus de la tête de mon ami, il la posa dans ses cheveux, et les secondes qui suivirent me traumatisèrent à vie. Mon ami tourna lentement sa tête vers moi, il pleurait de grosses larmes, me suppliant dans son regard de venir l’aider, mais je ne pouvais bouger, mon corps refusant les ordres que je lui donnais, tandis que j’essayais de me battre de toutes mes forces contre mon propre corps, je regardais une dernière fois mon ami, je vis son visage commencer à se désagréger, avant de se transformer en ce brouillard noir, qui se dirigea tout seul dans la même masse de brouillard qui entourait l’homme. S’en suivis le corps tout entier de mon ami, ainsi que ses vêtements, après une dizaine de secondes il ne restait plus rien, la seule chose qui rappelait son existence étant les deux petit cercles d’herbe écrasée qui révélait que quelqu’un s’était trouvé là. C’est à cet instant que mon corps à réagis d’instinct, se levant et courant aussi vite qu’il le put le plus loin possible de l’homme de l’ombre. Après une course effrénée à travers le bois, je me retrouver dans mon village natal, en panique, m’évanouissant sur le sol en terre battue, au milieu de la route. Après mon réveil, j’ai parlé de ce qui s’était passé, mais personne ne me crut, non seulement personne ne connaissait l’existence de l’homme de l’ombre, mais en plus, personne ne se souvenait de mon ami, ma mère ne se souvenais pas de l’avoir accueillis pendant des années, presque chaque weekend, ses parents ne se souvenait pas n’avoir jamais eu un fils, sa sœur d’avoir un frère. Toutes les photos dans lesquelles il apparaissait étaient maintenant vide de sa présence, les dessins qu’il à fait, disparus, sa chambre, transformée en un sellier, seul moi me souvenait de lui. J’ai, au fils des années, émis plusieurs hypothèse, mais la plus probable est que l’homme de l’hombre se nourrit des personnes qu’il infecte, prenant littéralement leurs existences, ainsi que l’existence qu’ils laissent à travers les souvenirs et les objets. Je pense que le fait de voir l’effacement protège celui qui le voit de son effet, et que c’est pour cela que je me souviens de lui, bien que je ne sois pas immunisé. Au fils des ans, j’ai commencé à l’oublier, lui et les autres que j’ai vus se faire prendre, j’ai d’abord oublié leurs noms, avant d’oublié plusieurs souvenirs d’eux jusqu’à ce que le seul qu’il reste, à chaque fois, soit celui du moment de leurs disparitions. Après plusieurs années, j’ai réussi à me reconstruire, à refaire ma vie, j’avais une femme aimante, et une fille magnifique, et puis, un jour, en rentrant chez moi, il était là, dans le salon, l’homme de l’ombre, ma femme et ma fille dans chacune de ses mains, disparaissant toutes deux pour rejoindre son épais brouillard noir, la sensation de peur me paralysant à nouveau. Ce jour-là, j’ai cru qu’il allait me prendre aussi, il à avancé vers moi, mais ne s’est pas arrêté, alors que je me tournais pour essayer de comprendre ce qu’il était, il avait disparu. C’est à ce moment que j’ai commencé à effectuer des recherches sur lui, mais ne parvenais à ne rien trouvé. Alors que je me faisais de nouvelles relations, que j’avais un groupe d’amis avec qui j’arrivais à sourire, il vint à nouveau, les prenant tous un par un sous mes yeux, sans jamais me toucher, me laissant seul et traumatisé comme à chaque fois. Pour donner suite à cette troisième rencontre, j’ai décidé de ne plus nouer de relation, je me suis noyé dans la drogue, non pas pour effacer ma peine, mais pour rester éveillé le plus possible et comprendre ce qu’il est. Après plusieurs années de recherches, j’ai rencontré une femme qui avait elle aussi eu à faire à l’homme de l’ombre, et qui me donna plus de détails sur lui, à commencer par son nom, Alkamar. Son nom vient d’une ancienne langue parlé par les dieux, qui se traduit par « la créature de l’oubli », son existence serait due à un ancien artéfact, qui aurait transformé un homme en cette créature monstrueuse, se nourrissant de l’existence des autres créatures pour vivre. Peu après cette rencontre, elle fut elle aussi emporté par Alkamar, devant mes yeux, encore une fois. J’ai passé les décennies qui suivirent à vivre en nomade, traversant le monde, cherchant à tout prix à éviter tout contact avec les humains. Je suis maintenant vieux, ma barbe blanche et mon crâne chauve me montrant les effets du temps, en train d’écrire ces lignes, pour vous avertir, et vous donner les informations que j’ai pu trouver. Alkamar ne cherche pas à se nourrir de l’existence des autres, mais de ceux qui connaissent son existence, je me souviens maintenant de ce que j’avais oublié, et je comprends tout. La veille de la disparition de mon ami, il m’avait parlé d’une légende d’un homme vêtu de noir, venant effacer de la réalité les méchants enfants. Bien que la fin soit fausse, il faut croire que cela lui à suffit pour prendre mon ami. Quelques jours avant que ma femme et ma fille ne disparaisse, je leurs avais raconté cette légende, comme on en raconte aux enfants pour qu’ils ne fassent pas de bêtises. D’où je m’en souvenais, je n’en sait rien. Je me souviens vaguement avoir raconté ces deux rencontre à mon groupe d’amis, sous l’emprise de l’alcool, quelques heures avant qu’ils soient emportés. Je suis désolé de devoir vous condamné vous aussi à ce sort, mais si je ne le fait pas, c’est moi qu’il viendra prendre, je peux le voir à travers ma fenêtre, me regardant de ses yeux bleus, mais je ne me laisserai pas effacé, et c’est pour cela que j’écris ces lignes, tant que j’écris, il existe en dehors de mon seul être, et n’a donc aucune raison de punir celui qui diffuse son existence, c’est pour cela qu’il ne m’a jamais pris, il sais que je suis faible, et que je finirai toujours par raconter ce qu’il est, mais ce qu’il ne sais pas, c’est que j’ai un beau feu de cheminé juste derrière moi, et que j’ai ingéré une dose de drogue suffisante pour tuer n’importe quel homme, dont je ressent déjà les effets. A la fin de la rédaction de ces mots, je jetterai ces feuilles dans le feu, et m’effondrerai, mort, condamnant l’homme de l’ombre à l’errance et à la mort lui aussi, par ce que jamais plus personne ne connaîtra son existante, le condamnant à mourir de faim, seul, tout comme moi. Si par malheur mon plan échoue et que vous lisez ces lignes, détruisez ces feuilles, et ne raconter jamais son existence, sous aucun prétexte. Pardonnez moi de vous condamnez à cela, j’espère que vous comprendrez.