Libre

Libre. Un mot, cinq lettres, une infinité de possibilités. Te voilà désormais libérée. Libérée de ce fardeau trop lourd à porter qui pesait sur tes frêles épaules depuis tant d’années. Libérée de cette promesse de toujours revenir. Libérée du lien à ce port d’attache qu’est ta ville natale. Te voilà désormais libre. Libre de partir, libre de rester, libre de vivre. 

Cette boule au ventre qui t’empêchait de décrocher de ton enfance s’est évanouie avec son départ. Il t’aura fallu deux pertes. Deux pertes en deux mois et deux jours pour accepter de respirer à plein poumon. Deux mois et deux jours pour enfin t’autoriser à vivre. 

Malgré toi, ces chaînes qui t’emprisonnaient et te rassuraient à la fois ont été rompues. Tu les aimais ces chaînes. Elles animaient ta vie, rythmaient tes voyages, cadençaient tes journées. Aujourd’hui, sans elles, tu es perdue. Tu te retrouves face à des choix que tu ne t’étais pas autorisé à imaginer jusqu’alors. Libérée de ces entraves, tu te sens légère. Tu pourrais t’envoler.

Mais cette possibilité t’angoisse, te ronge de l’intérieur, t’empêche de dormir. Ce Nouveau Monde t’effraie et serre ton cœur au point que ton existence en devient plus pénible. À force d’avoir vécu entravée, tu ne sais plus comment faire. Alors qu’avant tu vivais, aujourd’hui tu te débats pour essayer de survivre. Jusqu’au jour où, enfin, ton cœur surmontera cette épreuve et acceptera cette liberté comme un cadeau et plus comme un fardeau.