L'imposture

C'est l'ivresse, il paraît, dans les nuits bordelaises ;
Du rouge médocain quand vient le coup du soir.
La zone est fréquentée par d'immondes soiffards,
Une horde zombie que la liqueur apaise.

Ils verront de la nuit le vide de leur bière
Et n'apercevront pas que dans le creux du ciel
Une étoile a brillé, ou pour lui, ou pour elle,
Car leur monde est fermé à l'espace d'un verre.

Nous qui buvons du vin, modérant sans effort,
Le contrecoup certain d'un flacon d'alcool fort,
Nous jugeons bien souvent les buveurs de ce rang.

Je crois qu'on se préfère observer leurs malheurs,
Et qu'ainsi, par défaut, on s'en fait les auteurs,
Nous dont les yeux sont soûls de l'ivresse des gens.

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Elena
Posté le 26/06/2022
Je viens de découvrir ce recueil, et je l'apprécie beaucoup ! Ce poème est mon préféré. Il est très judicieux, je trouve, de lier allusions littéraires à la vie contemporaine, tout en utilisant une versification vieille de plusieurs siècles. Le sonnet mériterait davantage d'être exploité, même de nos jours...
Merci pour ce partage, et bonne continuation !
Adrien Vermeil
Posté le 27/06/2022
Je suis totalement d'accord avec vous sur la question du sonnet. J'adore la contrainte que cette forme suppose, et la dichotomie qu'impose le fait d'écrire sur des enjeux modernes d'une manière un peu archaïque. Le sonnet a, plus que jamais, de l'avenir... Merci pour votre commentaire qui m'encourage à continuer dans cette voie. Bien à vous !
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