L'oeil et l'esprit

Jeune garçon, il n’aimait pas le soleil.

Encore aujourd’hui, il se souvient de son regard sur sa peau sous la lumière crue du dehors, de son dégoût pour cette infinité de petits défauts gluants et luisants, des peaux mortes accrochées follement à la base des poils de son avant-bras, de ses ongles, hideux moignons qu’il rongeait pour leur sculpter une forme dont la perfection minérale était inatteignable, de son visage au grain épais et aux boutons douloureux qui pointaient sous sa chair comme les doigts d’un bourreau intérieur. Les moindres détails organiques étaient ainsi livrés sans recours au tribunal de l’angoisse, passés sous la lentille du monocle incandescent.

Il avait l’impression d’être un écoeurant tas de cellules dont la décomposition s’accélérait à la chaleur des rayons du soleil, que la vie elle-même n’était qu’une prolifération anarchique, cancéreuse et vouée au pourrissement dans les tièdes effluves de la putréfaction. Le surgissement d’une conscience au milieu de ce chaos de viandes ne pouvait être dû qu’à la tragique erreur du hasard, noire ironie qui faisait de ces frères humains les compagnons d’un magma sanglant charriant des chevelures et des espoirs rancis qui glougloutaient au-dessous.

Alors il se calfeutrait dans l’ombre, persiennes closes, et se roulait dans les ténèbres.

L’été ne passait pas sur lui.

Sur le carrelage d’une chambre vide, dans une maison de location, il lisait des histoires dont les personnages, qui se dessinaient dans son esprit, avaient les traits purs d’une esquisse. Sa soeur venait le chercher pour qu’il joue avec elle mais il ne voulait pas la suivre. Une fois, elle s’était fâchée et lui avait demandé :

« Tu ne vas quand même pas passer toutes tes journées enfermé avec ton bouquin ? »

Il en avait pleuré de rage. Il avait le sentiment d’être aux abois, poursuivi par un suffoquement permanent de l’existence en lui et, en même temps, enfermé dans une arène où les regards des spectateurs et celui du ciel cyclopéen ne lui offraient pas de répit. Pas plus qu’au taureau qui traîne son agonie jusqu’à s’allonger près des planches entourant le sable du monde, là où l’ombre dépose une nouvelle robe noire et fraîche sur ses plaies sanglantes.

Même dans ses lectures, il cherchait les lieux souterrains, secrets, à l’abri du jour et de ses grouillements. Il se réfugiait dans la grotte de l’île mystérieuse ou dans les cabines du Nautilus, dans ces endroits où la lumière naturelle ne passait pas. Il suivait les pas des Fremen dans les profondeurs des sietchs, et ceux de la communauté de l’Anneau à travers les ruines de la Moria.

Quelque part dans les tréfonds de ces terres de papier, il y avait un monde où les silhouettes se découpaient avec la netteté d’un profil Renaissance. Il y avait un monde où de pâles clartés faisaient sur la joue d’un jeune homme un parfait dégradé que ne souillaient pas les imperfections du vivant. Exhumés des pages par un esprit qui ne voulait pas regarder le siècle avec des yeux mortels, ces personnages et ces histoires étaient strictement bornés par les mots.

La mort y survenait avec les affres circonscrites à ce que ces phrases, lues dans une semi-obscurité, voulaient bien en dire. Même le désordre le plus complet y était limité par ce que la représentation était capable de transcrire. C’était un chaos organisé, saisissable. Tout comme dans la sculpture du Bernin : le corps de Daphné a beau devenir une espèce de tumeur végétale, chaque feuille y est nettement dessinée, on peut toutes les compter, on distingue parfaitement les doigts devenir les tiges : le ciseau du Bernin a dompté la métamorphose et ce qu’elle peut avoir de terrifiant devient la marque d’une maîtrise exceptionnellement sensible de l’art.

Pour des raisons similaires, il aimait la lumière des cathédrales.

Ce n’était plus le soleil et ses brûlures, c’étaient toutes les stations de la Passion du Christ projetées soudain sur un sol de pierre, dans un flou de couleurs, de poussière et d’air aux parfums minéraux. C’était le monde extérieur, avec ses rayons implacables, transfiguré par les vitraux, le monde qui prenait le sens que lui donnait la grisaille déposée sur le bleu du cobalt et le rouge du manganèse. Ainsi, le soleil n’était plus le soleil, il devenait la forme et la teinte de nos songes, tableaux de lumière et de silence.

La vie s’écoulait donc, comme une rivière dans une nuit d’été.

Un matin de septembre, pourtant, quand le froid et la blancheur matinale attisaient les mille petites douleurs qui parcourent les visages humains, alors qu’il attendait l’ouverture de son établissement scolaire, il vit apparaître une silhouette qui s’avançait dans la brume avec une démarche et une aura presque surnaturelles. C’était une jeune fille en robe longue, noire, à col tailleur. Son visage, d’autant plus tranchant qu’il avait l’air fermé à toute tentative de dialogue, semblait avoir été posé sur un arrière-plan d’une blancheur laiteuse. L’espace d’une fraction de seconde, malgré tout très perturbante, il eut le sentiment de voir la Femme en robe noire de Modigliani.

L’impression ne dura qu’un instant et la jeune fille, comme ravalée par la réalité, perdit, dans un sourire qui la rattacha à la vie, sa dimension mystique.

Toutefois, elle eut sur lui les répercussions d’un choc majeur, lui revenant à l’esprit pendant la journée par vagues impérieuses, sans aucun lien avec ce qu’il était en train de faire.

Cela n’avait pourtant rien à voir avec un coup de foudre, il ne ressentait strictement rien pour cette apparition. Du moins pas des sentiments d’ordre privé. C’était une émotion qui ressemblait à un déchirement de la réalité dont l’onde s’était propagée jusqu’à lui. Il cherchait un moyen de mieux transposer cette vision et ses conséquences en mots.

A la fin de la journée, il rentra chez lui à pied. Le chemin du retour enjambait la Seine sur un pont construit dans les années soixante. Le paysage industriel était éclairé par un soleil encore vif de fin d’après-midi. Les bâtiments en acier ondulé réverbéraient la chaleur dans un halo fiévreux et un désordre de couleurs dont l’artificialité contrastait avec les herbes éparses, morceaux de nature résiduelle qui faisaient l’effet d’un crâne chauve aux touffes clairsemées. Plissant les yeux, il avait l’étrange sentiment que la peau de son front présentait les mêmes stigmates de développement monstrueux et sclérosé, cheveux collés sur un sol fumant aux empreintes douloureuses et aux relents de sueur recuite.

Un tressaillement le figea, comme un coup de crayon noir à travers son champ de vision. Il s’arrêta et s’accouda au garde-fou. En un instant, les plaques de couleur qui lui avaient paru si péniblement agencées prirent les aspects transparents d’une aquarelle, les herbes misérables se muèrent en tapis de vert sauge garnis de traits effilés, le soleil lui-même, diffusa ses rayons dans l’eau du ciel comme le thé répand son arôme doré dans une tasse à l’émail bleuté.

Selon l’endroit où il disposait son visage, son regard encadrait le paysage différemment, plaçant la courbure du fleuve à l’endroit où les proportions de chaque élément lui semblaient les plus équilibrées.

Et ce fut un tableau de Signac qui sortit de la gangue des premières apparences. Il le vit, non comme une projection de son esprit, mais comme partie prenante de la réalité. Il était là, devant lui depuis tant d’années, il suffisait de le regarder. Il comprenait enfin que les ors du monde n’étaient que la rencontre entre les rayons solaires qui frappaient la surface des choses et ses yeux de chair, ses yeux qui déchiffraient ces rayons avec tout l’orchestre des émotions humaines.

Ce fut comme une épiphanie.

Il comprenait aussi que le monde n’était pas seulement cette réalité rutilante et obscène, cette réalité qui transpirait la putrescence catalysée par la chaleur et la lumière.

Il porta ses yeux sur ses deux mains plongées dans le soleil. Le fleuve y déployait ses méandres de sang par-dessus les ponts suspendus des tendons. Le monde s’y arrondissait comme une tortue à cinq pattes sur la carapace de laquelle poussaient des algues noires. L’astre brûlant y coulait ses eaux tranchantes au bord des rives mobiles de l’ombre.

Soudain, c’était lui qui devenait le soleil, c’était lui le centre autour duquel se déployait l’univers sensible et auquel les couleurs, les sons et même les mots, pouvaient prêter leur force.

Alors, il poursuivit ce léger arc de cercle que dessinait la courbure du pont, imaginant le dessin que formaient ses pas au-dessus des eaux. Le vent avait asséché son front, ses cheveux battaient l’air comme le lin sous l’haleine tiède du printemps. Ses vêtements ne collaient plus à son corps mais l’enveloppaient d’une fraîche étreinte et les pans de sa veste claquaient derrière lui comme les voiles d’un navire errant.

Il savait qu’il retournait vers la surface la plus opaque, la plus dure qui soit. Mais ses yeux flamboyaient avec la vivacité d’une étoile naissante aux confins de l’univers, d’un soleil ancien dont la lumière aurait mis tant d’années à nous parvenir, qu’on n’aurait pas su tout de suite qu’il existait.

Adieu, petit garçon aux yeux de Lune. Tu ne voulais pas de soleil sur ta peau et c’est toi qui auras fait rentrer le soleil dans ta maison de ténèbres.

Vous devez être connecté pour laisser un commentaire.
Will Maïlaw
Posté le 27/07/2025
Salut Paul,
Super nouvelle dont les descriptions et l'attention porter à la sonorité et aux sens m'ont vraiment plu. Je n'ai rien à rajouter par rapport aux autres commentaires, juste que j'ai beaucoup aimé :)

Merci pour cette lecture
Solamades
Posté le 27/07/2025
Salut Paul !
Brrr… j’ai eu du mal à me remettre de tes descriptions ! Les mots sont acérés et impitoyables, j’en était étourdie ! C’est un beau texte… en fait, c’est presque plus de la poésie qu’une nouvelle. J’essaie de réfléchir à l’histoire mais sans cesse ce sont les mots qui prennent toute la place, les métaphores explosives, hyperboliques… C’est du costaud !!! 🤭
Bravo pour cette participation au concours et à bientôt sur PA !
Erwel.le
Posté le 26/07/2025
Merci pour cette histoire. Je trouve que tu as fait de ce thème une nouvelle simple dans son scénario mais éminemment poétique. Je découvre aussi avec un grand plaisir ton écriture.
Kieren
Posté le 26/07/2025
Bonjour Paul,

Ce texte est vraiment très impressionnant. L'infinité d'images que tu développes juste pour refléter l'état d'esprit du narrateur sur le moment, entre le marasme, la révélation et la libération. Libération de lui même finalement, et de sa vision défectueuse et étriquée qu'il a du monde. Moche et limité pour ceux qui ne peuvent/veulent pas le voir tel qu'il leur serait profitable.

Tu retranscrits à merveille le malaise de l'adolescence, mais adolescence du littéraire, de celui qui se retranche dans son monde pour ne pas avoir à vivre dans celui qu'il ne peut/veut pas contrôler; dans celui où il ne se sent pas à sa place.

"établissement scolaire", ça veut dire tellement de chose, ce terme, mis à la place de "collègue" ou de "lycée". On sent sa déconnexion avec l'extérieur et les autres enfants de son âge. Un esprit éthéré mais calfeutré dans un corps en proie aux métamorphoses.

Ce que j'ai préféré par dessus tout, c'était la décomposition et l'état de pourriture que le gosse ressent pour son corps; il y a un tel volcan d'émotion chez lui que ça en est palpable. Il vit caché, en silence, alors qu'il hurle en son fort intérieur.

Tu m'as fait découvrir Le Bernin et Paul Signac, l'un pour son travail de la pierre d'une incroyable précision et l'autre pour son travail sur le pointillé et son aquarelle (surtout pour le pointillé, qui me fait penser à Monet).

Merci encore pour toutes ces belles découvertes, des tiennes et des autres.

Je te souhaite beaucoup de bonheur.
Peridotite
Posté le 24/07/2025
Coucou,

J'ai lu ton texte avec plaisir, mais j'en ressors pas sûre d'avoir tout compris ! Au début, je pensais que le gamin était une charogne et que le soleil le pourrissait. Je m'étais dit qu'à la fin, quelqu'un allait le découvrir tout dégueu. J'ai donc été surprise quand il s'est levé et est sorti de la chambre !

Il se promène et tout lui rappelle des tableaux, y compris la jeune fille - mon préféré de Modigliani est la femme à la cravate (j'ai même reproduit la toile, une fois, lors de mes temps perdus).

J'ai l'impression qu'à la fin, il a une sorte d'illumination, comme la naissance d'un nouveau tableau sous ses yeux. Je suppose que c'est un peintre.

J'ai pas très bien compris le lien avec le thème (pas de soleil) - est-ce que le peintre préférait s'en tenir aux livres, aux tableaux, plus académiques et qu'à la fin, il réalise qu'il peut en fait peindre la vraie vie ?

(je parie que je suis à côté de la plaque !)
RoseDL
Posté le 22/07/2025
Salut,
C'est un texte très poétique, plein de références dont la majorité me parlent. J'ai dû néanmoins m'accrocher un peu pour lire, sans doute dû au moment de la journée, contexte de lecture, et donc cette longue introspection m'a parfois un peu perdue. Mais je reconnais que c'est très joliment écrit. En tout cas, un récit qui termine bien comme ça, ça fait du bien aussi !
Monbeau
Posté le 20/07/2025
Bonjour Paul,

Je fus bien heureux de retrouver dans tes lignes la poésie. Ta plume est un vrai plaisir de forme, de formes et de fond : forme où l’on sent plus qu’une grande culture, une sincère et sensible passion littéraire ; formes parce que j’ai trouvé tes images belles et efficaces ; fond parce que tu poses la question du regard, fondamental dans notre rapport à la beauté.
Je te soutiens dans ton choix des références artistiques. Évidemment, l’inefficacité est totale dès que le lecteur ignore l’œuvre citée, mais ce texte comporte aussi bon nombre de métaphores qui font que, comme tu dis, il se tiendra malgré tout. De plus, il fonctionne alors un peu comme un texte à tiroir, que le passionné, le patient, le curieux pourront prendre la peine d’ouvrir pour découvrir autant d’autres mondes, les mondes magnifiques de ces œuvres. Créer des liens entre les arts, inviter ainsi à la découverte guidée, cela se défend, pardi !
Je corrobore, un peu, les commentaires témoignant d’une confusion possible entre l’érudition de l’ado et celle de l’auteur, mais un peu seulement car, pour moi, cette érudition n’est pas incompatible avec l’âge du personnage (exemple tout trouvé dans les commentaires : Rimbaud).
Dans ces commentaires tu évoques la possibilité de retravailler ce texte si bien né. Du coup, je me permets d’ajouter des critiques à but constructif et des idées, bien sûr toutes personnelles et qu’actuelles :
En évoquant d’avantage l’érudition du jeune, dans sa présentation, on pourrait, je pense, éviter, simplement, la gêne ressentie par certains.
Une difficulté réside peut-être dans le décalage temporel entre le motif du changement «la Femme en robe noire » et le changement lui-même « coup de crayon noir » et ce malgré : « …les répercussions d’un choc majeur, lui revenant à l’esprit pendant la journée par vagues impérieuses ». Je verrais éventuellement un développement du détail décisif : « la jeune fille, comme ravalée par la réalité, perdit, dans un sourire qui la rattacha à la vie, sa dimension mystique. » à partir duquel il pourrait être passionnant de décrire une évolution progressive du regard pour finir en apothéose au « tableau de Signac »… ?
Quoi qu’il en soit, grand merci à toi, je vais de ce pas te lire ailleurs, puisque tu as déjà bien publié.
Paul Genêt
Posté le 20/07/2025
Bonsoir Monbeau et merci pour ton commentaire. C'est une bonne idée de caractériser davantage le personnage pour rendre l'étendue de sa culture moins surprenante. Je vais y songer ! Je constate que tu as été gêné, comme Raza me semble-t-il, par cette illumination en deux temps pour ainsi dire ! C'est une excellente suggestion que de trouver un moyen de mieux lier ces deux moments. C'est une piste que je suivrai au moment de la réécriture. Merci encore !
Rimeko
Posté le 19/07/2025
Coucou Paul !
Quelques remarques au fil de ma lecture :
« aux boutons douloureux qui pointaient sous sa chair comme les doigts d’un bourreau intérieur » -> ouille pour l’image...
« Il avait l’impression d’être un écœurant tas de cellules dont la décomposition s’accélérait à la chaleur des rayons du soleil » -> on est dans le sympathique je vois x)
« Il suivait les pas des Fremen dans les profondeurs des sietchs, et ceux de la communauté de l’Anneau à travers les ruines de la Moria. » -> un petit ❤️ pour les références :p
« Exhumés des pages par un esprit qui ne voulait pas regarder le siècle avec des yeux mortels » -> intéressante approche de la littérature !
« le ciseau du Bernin a dompté la métamorphose et ce qu’elle peut avoir de terrifiant devient la marque d’une maîtrise exceptionnellement sensible de l’art » -> Ça aussi c’est intéressant, cette idée de par l’art dompter l’indicible, l’inconnu, et la peur qu’il entraîne.
« Ainsi, le soleil n’était plus le soleil, il devenait la forme et la teinte de nos songes, tableaux de lumière et de silence. » -> c’est beau !
« le soleil lui-même, diffusa ses rayons dans l’eau du ciel comme le thé répand son arôme doré dans une tasse à l’émail bleuté » -> jolie image, et dans tout ce passage j’adore le glissement d’une émotion à l’autre, qui dicte le ton de la description, du dégoût à l’enchantement !
« L’astre brûlant y coulait ses eaux tranchantes au bord des rives mobiles de l’ombre » -> ces mains qui se font monde, j’aime beaucoup <3

Wah, mais j’avais déjà lu quelques uns de tes poèmes pendant les HOs, mais je découvre ta plume dans un genre plus narratif ici, et j’adore !
Tes descriptions sont prenantes, viscérales et répugnantes quand elles doivent l’être, puis si belles quand la vision du monde du protagoniste change. J’aime vraiment beaucoup l’association de l’art à cette vision, au départ via les livres comme une échappatoire, un moyen de rendre les choses digérables, acceptables, bornées, et aussi plus parfaites et lisses que ne l’est la réalité – et, ensuite, comme une nouvelle façon de regarder le monde, via l’art pictural notamment. Parce que c’est bien ce qu’est l’art, au fond : un vecteur de compréhension du monde, une collection de nouveaux verres et de nouvelles lentilles à travers lequel l’aborder, le rejeter, l’admirer, le comprendre.
Toutes les références me parlent, des romans aux tableaux que tu cites, et j’ai beaucoup aimé cette image du paysage qui soudain se « calle » en quelque chose d’artistique, de plus qu’un assemblage d’éléments, en quelque chose de transcendant.
Et bonne utilisation du « pas de soleil » en thème sous-jacent ; merci du partage !!
Paul Genêt
Posté le 20/07/2025
Salut Rimeko et merci pour ton commentaire qui a commencé par me faire rire quand tu écris "on est dans le sympathique je vois" ! Merci aussi pour ta précision, le temps que tu prends pour ce texte et pour les autres. Je vais t'avouer une chose : j'ai une grande admiration pour ton investissement et pour ton jugement pondéré et réfléchi. C'est toujours intéressant de lire tes remarques. Je lis que tu t'es arrêté sur ce que je dis du Bernin. Je crois que c'est René Girard qui parle à propos de l'art baroque de la "prolifération cancéreuse de la représentation". Je le cite parce que c'est vraiment cette idée qui m'a inspiré ce passage : que l'art saisit, en quelque sorte, le désordre du monde et, partant, nous permet de l'appréhender. J'adhère d'ailleurs totalement à ce que tu dis de l'art quand tu parles de "lentilles" à travers lesquelles on peut voir les choses autrement. Enfin, tu emploies le terme "transcendant" à propos de l'art et ça correspond tellement à la manière dont je considère l'art ! Je ne crois pas à un être transcendant mais aux gestes qui nous transcendent. Bref, merci mille fois pour ton commentaire qui, je le répète, me fait très plaisir !
Rimeko
Posté le 21/07/2025
Ah c'est sûr qu'on peut voir de la prolifération cancéreuse dans le baroque... hihi. Je plaisante, mais y a certaines églises dégoulinantes de marbre où effectivement le "beau" rime avec le "trop" dans une surenchère un peu trop... organique...

Sur la transcendance, ça me fait penser au texte d'Ursula Le Guin tiens, "un message à propos des messages" :
"But [...] it is a grave error to teach or review them as mere vehicles for ideas, not seeing them as works of art. Art frees us; and the art of words can take us beyond anything we can say in words."
(mais c'est une grave erreur de présenter ces livres comme un simple vecteur d'un message, et de ne pas les voir comme des œuvres d'art. L'art nous libère ; et l'art des mots peut nous amener plus loin que tout ce qu'on peut dire avec des mots -- traduction à l'arrache x))

et ❤ pour tes gentils mots
Bleiz
Posté le 19/07/2025
Salut Paul,

J'ai beaucoup aimé ce texte, notamment parce que ta plume crée des "tableaux" très saisissants. Tout le début, avec les magmas de chair et les plaies sanguinolentes, il y a une vraie sensation de contact sans en faire trop. Et puis le contenu de ta nouvelle est en adéquation avec ton titre : l'esprit du personnage qui retrace tout son rapport à la vie sous la perspective de la lumière, qui préfère s'en séparer par un obstacle et qui la déforme, comme les vitraux (j'ai beaucoup aimé ce passage par ailleurs), jusqu'à ce qu'il ait cette épiphanie qui lui fait comprendre qu'il est le centre-le Soleil- de son propre monde, et qu'il peut lui aussi regarder les choses et y donner sa propre touche, et qu'il fait partie du monde lui aussi, cessant d'en être simple spectateur. En tout cas, c'est comme ça que j'ai compris ton histoire !

C'était un beau texte et une belle plume, merci ! :)
Paul Genêt
Posté le 20/07/2025
Bonjour Bleiz, merci beaucoup pour ton commentaire. J'aime ta façon de parler de ce texte, j'y retrouve ce que je voulais y mettre donc, forcément, ça me fait plaisir ! Le centre / le Soleil, oui, c'est tout à fait ça : c'est le regard humain qui construit le monde qu'on observe et pas seulement le monde qui impacte nos sens. Cette idée m'est venue d'un cours de philo que j'ai suivi en khâgne. Mon prof nous avait donné cet exemple de quelqu'un qui regarde la Seine sur un pont parisien et qui s'exclame : "Regarde, c'est un Turner !" C'est quelque chose qui m'a marqué.
Chris Falcoz
Posté le 17/07/2025
Bonjour,
Un bien joli texte !
Alors, bien sûr, je ne suis pas certaine d'avoir compris ce que tu voulais dire (je n'ai d'ailleurs pas toutes les références), mais à vrai dire, je considère que ce genre de texte peut être interprété comme on le souhaite et ce n'est pas grave si ce n'est pas ce que l'auteur imaginait (j'espère que ça ne te dérange pas !).
Pour moi, c'est la belle histoire d'un garçon qui pense que la beauté n'existe qu'à quelques endroits très précis, et notamment à travers l'art.
Or, il réalise subitement que pas du tout, que ce soleil qu'il ne croyait capable que de révéler ce qu'il déteste de plus en lui est également capable de révéler une beauté fugace, artistique, chez les autres, mais également en lui-même.
Merci pour le partage et bravo pour ce texte ! :)
Paul Genêt
Posté le 18/07/2025
Bonjour Chris Falcoz ! Merci pour ton commentaire. De manière générale, une fois qu'il est écrit, un texte échappe toujours à son auteur, c'est le jeu ! Comme je le disais à une autre Plume, il me semble inutile de connaître les références pour comprendre le texte. Ce qui compte, c'est de comprendre que l'art lui révèle le monde. A très bientôt sur PA !
MarieZM
Posté le 15/07/2025
Bonsoir Paul !
Eh bien, je me lance pour commenter ton texte, mais je n'ai aucune des références donc c'est avec ma grande inculture que je débarque ici. Ceci dit j'ai compris quand même l'histoire et la signification (la dernière phrase explicite tout ce qu'il faut retenir), mais je pense être passée pas mal à côté de sa portée ! C'est dommage parce que j'aime beaucoup Modigliani, mais le reste... m'est inconnu totalement ! Donc je commente en profane totale.

Et pour le titre ? ça vient d'une référence ou je suis passée à côté d'un truc ?

Sur le fond, du coup, j'aime beaucoup les histoires de transformations intérieures, ici c'est fondé sur une accumulation de modifications de perceptions pour sortir d'un état "noir c'est noir" à une lumière interne qui nous permet de poser un regard différent sur les choses. C'est très beau d'avoir commencé par décrire ce que son intérieur faisait à sa silhouette et à ce qu'il dégageait à l'extérieur pour montrer qu'ensuite son apparence est modifiée par ce changement intérieur.
MarieZM
Posté le 15/07/2025
(ah et du coup c'est la première fois que je te lis en prose, héhé)
Paul Genêt
Posté le 16/07/2025
Bonjour MarieZM, merci pour ton commentaire ! Alors autant je comprends les remarques de Raza et Seol qui signalent une sorte d'incohérence entre l'immensité de la culture du narrateur et son âge, autant je serais désolé de donner l'impression d'un certain hermétisme lié à une démarche élitiste dans cette nouvelle. Ce n'est pas du tout ma démarche ni mon propos : je m'explique. A mon avis, il n'est pas nécessaire d'avoir les références dont je parle pour comprendre ce texte, sauf, éventuellement, celle du titre. En effet, il fait référence à un ouvrage de Merleau-Ponty que cette nouvelle tente d'illustrer en quelque sorte. Et encore, je l'ai écrite dans la perspective qu'elle se suffise à elle-même, sans qu'il soit nécessaire de connaître la pensée de Merleau-Ponty pour la comprendre. Pour tout le reste, références picturales ou littéraires, ce sont seulement des évocations. Elles servent à montrer que le narrateur a besoin de l'art, soit pour fuir, soit pour se confronter au monde. Ce ne sont pas les références en elles-mêmes qui comptent : c'est la relation qu'entretient le narrateur avec elles. De manière plus générale, dans la pratique de l'écriture, j'envisage la culture comme un substrat, un matériau au même titre que les mots. Le but n'est pas de faire ce qu'on appelle aujourd'hui du name-dropping mais de me servir de ce qui constitue pour moi un univers intérieur pour fabriquer quelque chose. De la même manière, quand je lis, j'aime découvrir l'univers culturel de l'auteur et me l'approprier. La lecture et l'écriture, à mon sens, ce sont des tremplins culturels.
Raza
Posté le 13/07/2025
Bonjour Paul !
Je suis heureux de lire cette plume stylisée, elles font partie de celles qui inspirent et laissent à penser qu'on peut toujours écrire mieux. Dans l'absolu les styles riches me rebutent parfois (j'imagine alors un adolescent, cheveux mi-long à côté de ruines romantiques déclamer le texte, un carnet à la main et la pluie sur la figure), mais ici tu as réussi à me garder du bon côté, celui où la poésie reste douce, et les figures de style pas trop pédantes.
Côté histoire, je ne suis pas sûr d'avoir compris ce qui amène l'épiphanie du personnage, est ce la fille rencontrée est ce rien d'autre qu'une belle journée ? J'ai l'impression que tu voulais nous le dire mais que je ne l'ai pas entendu.
Sinon la culture de l'adolescent me parait immense, comme s'il s'abreuvait d'art. Peut-être (j'ai vu ce que tu avais répondu à Seol), mieux nous faire comprendre que sa découverte est progressive, ou rendre les références plus floues, pourrait aider. En effet, une référence flou donnera moins cette impression de connaissance érudite.
Merci pour le partage de ce beau texte bien équilibré, et à bientôt !
Paul Genêt
Posté le 13/07/2025
Salut Raza, merci pour ton commentaire ! Curieusement, je suis un peu comme toi, je n'aime pas les styles surchargés. Enfin, disons plutôt que je suis plus exigeant avec les auteurs qui écrivent ainsi. Plus le style "se voit", plus il faut réussir à montrer que ce qu'on écrit rend ces ornements nécessaires. Bref, pour répondre à ta question, ce qui amène l'épiphanie, c'est précisément l'enrichissement du regard du personnage par l'art ou, pour être plus précis, la rencontre entre un regard cultivé et un phénomène, au sens philosophique du terme. Chez mon personnage, ce qui aurait dû se passer de façon progressive survient brutalement parce que sa vision du monde est morbide et qu'il aura fallu que la beauté s'impose à lui pour qu'il l'accepte. C'est donc bien la vision fugitive d'un tableau dans l'image de la jeune fille qui ouvre les possibles dans le regard du personnage. La scène sur le pont ne fait que confirmer quelque chose qui s'est d'abord produit de façon fugace. Encore merci pour tes remarques !
Seol
Posté le 13/07/2025
Salut Paul,

Je découvre ta plume avec cette nouvelle et je suis vraiment impressionnée, c'est très beau !
j'ai adoré tout le début qui m'a beaucoup parlé, cette introspection adolescente où on peut s'observer avec une espère de dégoût dans les moindres détails, et la fuite qu'on peut avoir dans la fiction (en tout cas c'est ce que j'ai compris). Le tout écrit de façon à la fois poétique, parfois crue et toujours ciselé !
J'avoue avoir été moins fan de toutes les références. C'est très subjectif mais ça m'a un peu fait sortir du récit : je me suis demandée quel adolescent pouvait avoir une telle culture, aussi pointue et variée. j'ai trouvé que ça faisait un décalage entre le début, où on peut découvrir des angoisses adolescentes assez "commune" chez finalement quelqu'un qui aurait, selon moi, des connaissances dépassant celles d'un enfant de cet âge. Après c'est peut-être juste moi.
Donc j'ai bien aimé le traitement du sujet au début, que j'ai trouvé vraiment parlant et original, mais également le développement, la découverte de l'art, du regard qu'on peut avoir sur le monde et de ce "soleil intérieur" qui permet d'ouvrir un monde de sensation et des expressions du monde.
Merci pour cette lecture !
Paul Genêt
Posté le 13/07/2025
Coucou Seol ! C'est sympa de venir lire ma nouvelle ! Je suis content que l'écriture t'ait plu. Pour les références, je comprends ta réserve. Je crois avoir trouvé un moyen de désamorcer cette impression chez le lecteur en contextualisant les découvertes artistiques du narrateur de manière à faire comprendre qu'elles ne sont pas le reflet d'une culture encyclopédique mais qu'elles témoignent de rencontres ponctuelles avec des oeuvres précises qui l'ont frappé à un moment spécifique. Enfin je peux le faire une fois ou deux. Plus ça risque de sentir le procédé. Mais en même temps, j'ai besoin des références sinon ma nouvelle s'écroule. Bref, je vais y réfléchir. Merci pour ta remarque !
Seol
Posté le 18/07/2025
C'est sûrement une bonne idée, qui montre également la démarche dans laquelle s'inscrit avec le narrateur et, en y pensant rétrospectivement, qui amène aussi à sa "découverte" à la fin
Chablaj
Posté le 12/07/2025
Coucou Paul !

Comme d'habitude, j'aime beaucoup, non plus que cela évidement, ça me parle et me touche au coeur. C'est très beau, mais une fois n'est pas coutume, tes phrases magnifiques sont presque estompées par ton message, qui lui est franchement sublime. C'est très simple, très tendre, ravissant. J'aime le regard phénoménologique que le jeune garçon porte sur lui-même, ce regard qui génère un terrible paradoxe, parce que son dégoût est aussi viscéral et furieux que la somme de ce qu'il constate ne l'est pas. J'aime tout autant la transformation qui s'opère en lui et l'oeil neuf qu'il porte sur le monde à la fin du texte. Quelle belle épopée introspective (c'est court, pour une épopée, mais le chamboulement est tel que je pense qu'il mérite ce titre) !

Je vais être tatillonne : "Pas plus qu’au taureau qui traîne son agonie jusqu’à s’allonger près des planches entourant le sable du monde, là où l’ombre dépose une nouvelle robe noire et fraîche sur ses plaies sanglantes." Où est la proposition principale, M. Genêt ? (je rigole, patapé s'il te plaît, je suis moins forte en français que toi)

J'adore cette expression, "ravalée par la réalité", qui résonne comme une clef de lecture pour moi - il y a tellement à dire dessus que je pourrais en faire un paragraphe de commentaire. Je ne veux pas t'ennuyer, mais si jamais tu veux, je peux développer :)

Bon, t'as compris, j'aime bien.
Paul Genêt
Posté le 13/07/2025
Salut Chablaj ! Merci beaucoup pour ton commentaire si enthousiaste ! Concernant la phrase qui te fait tiquer : la principale est sous-entendue. [Les regards des spectateurs et le ciel cyclopéens ne lui offraient pas plus de répit] qu'au taureau, etc. La proximité avec la phrase précédente devrait permettre au lecteur de l'avoir en tête. C'est une tournure plutôt orale mais elle n'est pas fautive en soi ! Cela dit, je note que ça te gêne. Je vais voir ce que je peux faire au moment de la réécriture. Et enfin, je serais curieux de lire ton commentaire sur "ravalée par la réalité" ! A bientôt sur PA !
Paloma Chataig
Posté le 11/07/2025
Bonjour Paul, ce texte est magnifique, très poétique, on se croirait dans une chanson des Beatles, une rêverie dans laquelle on se laisse volontiers couler avec le personnage. Je ne suis pas certaine d’avoir tout compris néanmoins, certaines phrases, bien que magnifiques, étant peut être un peu longue pour moi. Merci pour le partage !
Paul Genêt
Posté le 13/07/2025
Bonjour Paloma. Merci pour ton commentaire élogieux. J'essaierai de faire attention à la longueur des phrases pour rester lisible dans mes prochains textes ! A bientôt sur PA.
Syanelys
Posté le 10/07/2025
Coucou Paul !

Quelle claque introspective ! Me voilà subjugué par ta belle transition dépeinte à coup de poésie si lyrique. D'abord le garçon terrifié par ce soleil, ce renvoi cruel de l'image de son propre corps. Puis, ce refuge ombral, dans les livres, avant d'apprivoiser cette lumière au nom de l'art.

Et là, somptueusement, la muse arrive. Ce soleil se transforme en révélation esthétique, une beauté pure qui fait rentrer le monde extérieur dans son regard intérieur.

Chapeau bas !

La réalité n'est pas si impure lorsqu'elle se révèle à la sensibilité de l'art. Cette lumière qui s'avère pour lui source d'affirmation fut la véritable beauté de ton écrit.

Merci à toi d'avoir crée ce porteur de lumière et pour cette délicieuse lecture !

Une très très belle découverte pour ma part !
Paul Genêt
Posté le 11/07/2025
Bonjour Syanelys. Merci beaucoup pour ce commentaire enthousiaste et si bien écrit. C'est vrai que la poésie est mon genre de prédilection,. J'ai dû, disons, m'adapter, pour écrire ce texte, tout en gardant mes vieux réflexes. Chassez le naturel... C'est aussi la première fois que je tente d'illustrer quelque chose qui relève d'abord de la pensée, en l'occurrence, de la phénoménologie. C'était une expérience intéressante ! A bientôt sur PA !
Grande_Roberte
Posté le 09/07/2025
Coucou Paul,
En voici un lecteur et un contemplateur intense du monde de l'art ! Le personnage est étonnant, déroutant, mais on se laisse emporter lorsqu'il passe d'un dégoût extrême pour les phanères et les fluides humains à l'idée libératrice qu'il peut transsubstantier le monde dans la matière picturale et artistique.
Au passage, tu as fait une bien belle description de l'oeuvre du Bernin ;)
Paul Genêt
Posté le 11/07/2025
Bonjour Grande_Roberte. Je ne pensais pas que mon personnage serait déroutant mais je comprends qu'il puisse l'être parce que son regard est trop analytique. Il est comme celui qui regarde un tableau pointilliste de tout près sans jamais prendre du recul. On pourrait dire qu'il ne sait pas voir. Ah ! Et le baroque est un courant que j'affectionne tout particulièrement !
Lily D.
Posté le 08/07/2025
Ôla,

Quel riche moment lecture, j'ai beaucoup aimé.
Le pouvoir de l'esprit, cette capacité qu'on peut trouver en nous de tout changer rien qu'en adaptant notre angle de vue, notre filtre. Mais tu amènes tout cela de façon bien plus poétique ^^
Je l'imagine déjà futur grand peintre.

Je suis grandement fan de tes références littéraires ^^
Et, c'est comique, la dernière mercredi à la mode de Tim Burton a supplanté La femme en robe noire (que j'ai été voir ensuite sur Google - elles n'auront que le noir en commun).

Merci pour ce partage :)
Au plaisir de venir de relire ^^
Paul Genêt
Posté le 11/07/2025
Bonjour Lily D. ! Merci pour ta lecture et ton commentaire. Je n'ai pas vraiment envisagé l'avenir de mon personnage mais pourquoi pas peintre, effectivement. Tu parles de mes références littéraires ou picturales dans ton commentaire ? Parce qu'après tu évoques La femme en robe noire. Mais il est vrai qu'il y a quelques easter eggs pour les lecteurs de Rimbaud et Baudelaire ! A bientôt sur PA !
Lily D.
Posté le 11/07/2025
Ah oui pour Rimbaud ^^ Je me rappelle mal Baudelaire. Rimbaud est plus ancré suite à une expo qui m'avait marquée (mais ça date tout cela).

Je faisais référence aux livres (Dune, Seigneur des anneaux...). Et ensuite au peintre ^^

C'est gai les références dans un texte ^^
Camice
Posté le 08/07/2025
Hello Paul !
Je n'ai pas tout compris de l'histoire, je crois ! J'ai cru comprendre que c'était un ado, refermé sur lui même, prenant le soleil comme ennemis car il montre ses défauts. A la mention de cathédrale et que l'histoire se déroulait à Paris, je me suis demandée si tu avais fais une référence au Bossu de Notre Dame, encore plus avec la belle femme qu'il rencontre. Je me suis même demandé s'il avait la maladie des enfants de la lune, et qu'il ne pouvait pas aller au soleil sous risque de brûlure, pustules et dégradation grave de la peau.
Puis la fin lui donne un air de changement de point de vue.
Il réalise que depuis tout ce temps c'est sa propre vision qui le rendait laid et pas le soleil, et qu'en se voyant comme beau, comme, le soleil, il peut ainsi changer son point de vue et rendre ce qui le rendait hideux, en quelque chose de réconfortant.

En espérant qu'il continue à rayonner par la suite :)
Paul Genêt
Posté le 08/07/2025
Salut Camice. Il me semble que tu as compris l'essentiel quand je lis ton résumé ! En revanche, tu as probablement déduit de la mention de la lumière des cathédrales que l'histoire se passait à Paris car je n'ai pas situé celle-ci dans un endroit précis. Dans ma tête, elle se passe bien quelque part mais je ne l'ai pas écrit. Pour la deuxième partie, disons que le personnage se rend compte du fait que la réalité n'est pas seulement laide. En gros, il comprend que le regard humain construit le monde qu'il observe et que, par conséquent, celui-ci contient toute la multiplicité des regards que l'on peut poser sur lui. Je ne sais pas si je suis clair... En tout cas, merci pour ton commentaire et bonne lecture des autres nouvelles !
RedFuryFox
Posté le 07/07/2025
Hello Paul,

Tu nous fais vivre une belle transformation. Le soleil d'abord craint puis comme catharsis d'une révélation profonde. Les yeux de ton personnage finissent par flamber d'une vérité qu'il n'osait pas voir : il est la lumière, lui aussi peut briller. De la peur du vivant à une union complète avec ce qui l'entoure. Ton message est beau, bienveillant et ta plume - exigeante, raffinée, imagée - m'a bercée tout du long.

J'ai apprécié ton basculement, il n'y a pas d'évènement brutal, tout repose sur un changement de perception. Une épiphanie. Il est au bon endroit, au bon moment et tout s'éclaire.
Merci pour cette proposition lumineuse ! J'ai vraiment beaucoup aimé ma lecture 🤗
Paul Genêt
Posté le 08/07/2025
Bonjour RedFuryFox et merci pour ton passage par ici. Je suis très touché par tes mots élogieux et délicats. Et content d'être parvenu à partager l'expérience de mon personnage avec toi ! A bientôt sur PA !
Artichaut
Posté le 07/07/2025
Hello Paul,

Quelle jolie plume, je suis déjà acquis (Gammes poétiques <3 Le grand chat bleu <3 ...tout ça tout ça).

Ici, j'ai trouvé ta nouvelle efficace. Les descriptions sont particulièrement soignées, très organiques. Crues et sombres au début, douces et lumineuses à la fin. Une jolie évolution stylistique qui sert le récit.

Bravo.
Artichaut
Paul Genêt
Posté le 07/07/2025
Salut Artichaut,

Merci pour ton commentaire ! Je vais vite aller faire un tour sur ta participation ! Soyons honnête, je ne suis pas un grand faiseur d'histoire, si bien que je raconte des choses très simples. En revanche, on va dire que j'ai plus un côté "styliste", pour utiliser une expression célinienne. Je suis très content que ça t'ait plu. Merci encore !
Belisade
Posté le 04/07/2025
Bonjour Paul Genët,
J'ai vu deux choses dans ton histoire. D'abord la métamorphose de la chrysalide qui vit renfermée dans son cocon où elle voit tout en sombre et en noir et blanc et vit dans un monde fantasy/Science fiction, et un jour sort et découvre la vie réelle en couleur. Ensuite le côté esthétique de ce monde où soudain évolue le héros. La femme en noir qui marche est une très belle apparition. Tout prend forme et couleur, on a le sentiment d'une initiation. Juste une image peut-être qui m'a surprise, je ne vois pas trop Signac dans cet esthétisme pour décrire la Seine. Peut-être que je me trompe, j'aurais mis un Monet qui savait si bien faire vibrer l'eau et l'air. Merci pour cette lecture.
Paul Genêt
Posté le 05/07/2025
Bonjour Belisade. Merci pour ton commentaire. Il y a pourtant bien des tableaux de Signac qui ne sont pas pointillistes et qui représentent la Seine industrielle mais, je te l’accorde, ce n’est pas ce à quoi on pense immédiatement à l’évocation du nom de Signac. Le truc c’est que ce texte est le fruit de la restructuration de souvenirs. Ce tableau fait partie de ces souvenirs et, pour des raisons sans doute contestables, je ne peux pas l’évacuer. Question d’authenticité, de fidélité à un certain vécu. Quoi qu’il en soit, je souscris à l’ensemble de tes remarques. Il y a aussi une dimension phénoménologique dans la révélation qui touche le narrateur. L’objectif était de parvenir à incarner cette idée.
Erioux
Posté le 03/07/2025
Waa, c'est glauque et cool! ton écriture est très bonne, j'aime particulièrement la recherche d'ombre, même dans ses lectures. C,est très bien pensé. Un jeune adolescent qui ne s'aime pas et qui tout d'un coup s'éveille à la beauté. J'aime beaucoup comment tu l'as apporté. Merci pour ce texte.
Paul Genêt
Posté le 04/07/2025
Bonjour Erioux. Merci pour ton message. Tu résumes plutôt bien l'ensemble. Le texte m'a été inspiré par la lecture du livre de Merleau-Ponty qui porte le même titre que ma nouvelle.
Erioux
Posté le 04/07/2025
Tu as l’air d’un grand lecteur, tu as de belle référence. De mon côté, je ne lit pas assez. 1 ou 2 livres par année en moyenne. Ça me manque un peu quelques fois;) si tu as le temps de jeter un œil à mes production va serait bien. L’avis des lecteurs en série est assez important je trouve. Bonne lecture!
Vous lisez