Jeune garçon, il n’aimait pas le soleil.
Encore aujourd’hui, il se souvient de son regard sur sa peau sous la lumière crue du dehors, de son dégoût pour cette infinité de petits défauts gluants et luisants, des peaux mortes accrochées follement à la base des poils de son avant-bras, de ses ongles, hideux moignons qu’il rongeait pour leur sculpter une forme dont la perfection minérale était inatteignable, de son visage au grain épais et aux boutons douloureux qui pointaient sous sa chair comme les doigts d’un bourreau intérieur. Les moindres détails organiques étaient ainsi livrés sans recours au tribunal de l’angoisse, passés sous la lentille du monocle incandescent.
Il avait l’impression d’être un écoeurant tas de cellules dont la décomposition s’accélérait à la chaleur des rayons du soleil, que la vie elle-même n’était qu’une prolifération anarchique, cancéreuse et vouée au pourrissement dans les tièdes effluves de la putréfaction. Le surgissement d’une conscience au milieu de ce chaos de viandes ne pouvait être dû qu’à la tragique erreur du hasard, noire ironie qui faisait de ces frères humains les compagnons d’un magma sanglant charriant des chevelures et des espoirs rancis qui glougloutaient au-dessous.
Alors il se calfeutrait dans l’ombre, persiennes closes, et se roulait dans les ténèbres.
L’été ne passait pas sur lui.
Sur le carrelage d’une chambre vide, dans une maison de location, il lisait des histoires dont les personnages, qui se dessinaient dans son esprit, avaient les traits purs d’une esquisse. Sa soeur venait le chercher pour qu’il joue avec elle mais il ne voulait pas la suivre. Une fois, elle s’était fâchée et lui avait demandé :
« Tu ne vas quand même pas passer toutes tes journées enfermé avec ton bouquin ? »
Il en avait pleuré de rage. Il avait le sentiment d’être aux abois, poursuivi par un suffoquement permanent de l’existence en lui et, en même temps, enfermé dans une arène où les regards des spectateurs et celui du ciel cyclopéen ne lui offraient pas de répit. Pas plus qu’au taureau qui traîne son agonie jusqu’à s’allonger près des planches entourant le sable du monde, là où l’ombre dépose une nouvelle robe noire et fraîche sur ses plaies sanglantes.
Même dans ses lectures, il cherchait les lieux souterrains, secrets, à l’abri du jour et de ses grouillements. Il se réfugiait dans la grotte de l’île mystérieuse ou dans les cabines du Nautilus, dans ces endroits où la lumière naturelle ne passait pas. Il suivait les pas des Fremen dans les profondeurs des sietchs, et ceux de la communauté de l’Anneau à travers les ruines de la Moria.
Quelque part dans les tréfonds de ces terres de papier, il y avait un monde où les silhouettes se découpaient avec la netteté d’un profil Renaissance. Il y avait un monde où de pâles clartés faisaient sur la joue d’un jeune homme un parfait dégradé que ne souillaient pas les imperfections du vivant. Exhumés des pages par un esprit qui ne voulait pas regarder le siècle avec des yeux mortels, ces personnages et ces histoires étaient strictement bornés par les mots.
La mort y survenait avec les affres circonscrites à ce que ces phrases, lues dans une semi-obscurité, voulaient bien en dire. Même le désordre le plus complet y était limité par ce que la représentation était capable de transcrire. C’était un chaos organisé, saisissable. Tout comme dans la sculpture du Bernin : le corps de Daphné a beau devenir une espèce de tumeur végétale, chaque feuille y est nettement dessinée, on peut toutes les compter, on distingue parfaitement les doigts devenir les tiges : le ciseau du Bernin a dompté la métamorphose et ce qu’elle peut avoir de terrifiant devient la marque d’une maîtrise exceptionnellement sensible de l’art.
Pour des raisons similaires, il aimait la lumière des cathédrales.
Ce n’était plus le soleil et ses brûlures, c’étaient toutes les stations de la Passion du Christ projetées soudain sur un sol de pierre, dans un flou de couleurs, de poussière et d’air aux parfums minéraux. C’était le monde extérieur, avec ses rayons implacables, transfiguré par les vitraux, le monde qui prenait le sens que lui donnait la grisaille déposée sur le bleu du cobalt et le rouge du manganèse. Ainsi, le soleil n’était plus le soleil, il devenait la forme et la teinte de nos songes, tableaux de lumière et de silence.
La vie s’écoulait donc, comme une rivière dans une nuit d’été.
Un matin de septembre, pourtant, quand le froid et la blancheur matinale attisaient les mille petites douleurs qui parcourent les visages humains, alors qu’il attendait l’ouverture de son établissement scolaire, il vit apparaître une silhouette qui s’avançait dans la brume avec une démarche et une aura presque surnaturelles. C’était une jeune fille en robe longue, noire, à col tailleur. Son visage, d’autant plus tranchant qu’il avait l’air fermé à toute tentative de dialogue, semblait avoir été posé sur un arrière-plan d’une blancheur laiteuse. L’espace d’une fraction de seconde, malgré tout très perturbante, il eut le sentiment de voir la Femme en robe noire de Modigliani.
L’impression ne dura qu’un instant et la jeune fille, comme ravalée par la réalité, perdit, dans un sourire qui la rattacha à la vie, sa dimension mystique.
Toutefois, elle eut sur lui les répercussions d’un choc majeur, lui revenant à l’esprit pendant la journée par vagues impérieuses, sans aucun lien avec ce qu’il était en train de faire.
Cela n’avait pourtant rien à voir avec un coup de foudre, il ne ressentait strictement rien pour cette apparition. Du moins pas des sentiments d’ordre privé. C’était une émotion qui ressemblait à un déchirement de la réalité dont l’onde s’était propagée jusqu’à lui. Il cherchait un moyen de mieux transposer cette vision et ses conséquences en mots.
A la fin de la journée, il rentra chez lui à pied. Le chemin du retour enjambait la Seine sur un pont construit dans les années soixante. Le paysage industriel était éclairé par un soleil encore vif de fin d’après-midi. Les bâtiments en acier ondulé réverbéraient la chaleur dans un halo fiévreux et un désordre de couleurs dont l’artificialité contrastait avec les herbes éparses, morceaux de nature résiduelle qui faisaient l’effet d’un crâne chauve aux touffes clairsemées. Plissant les yeux, il avait l’étrange sentiment que la peau de son front présentait les mêmes stigmates de développement monstrueux et sclérosé, cheveux collés sur un sol fumant aux empreintes douloureuses et aux relents de sueur recuite.
Un tressaillement le figea, comme un coup de crayon noir à travers son champ de vision. Il s’arrêta et s’accouda au garde-fou. En un instant, les plaques de couleur qui lui avaient paru si péniblement agencées prirent les aspects transparents d’une aquarelle, les herbes misérables se muèrent en tapis de vert sauge garnis de traits effilés, le soleil lui-même, diffusa ses rayons dans l’eau du ciel comme le thé répand son arôme doré dans une tasse à l’émail bleuté.
Selon l’endroit où il disposait son visage, son regard encadrait le paysage différemment, plaçant la courbure du fleuve à l’endroit où les proportions de chaque élément lui semblaient les plus équilibrées.
Et ce fut un tableau de Signac qui sortit de la gangue des premières apparences. Il le vit, non comme une projection de son esprit, mais comme partie prenante de la réalité. Il était là, devant lui depuis tant d’années, il suffisait de le regarder. Il comprenait enfin que les ors du monde n’étaient que la rencontre entre les rayons solaires qui frappaient la surface des choses et ses yeux de chair, ses yeux qui déchiffraient ces rayons avec tout l’orchestre des émotions humaines.
Ce fut comme une épiphanie.
Il comprenait aussi que le monde n’était pas seulement cette réalité rutilante et obscène, cette réalité qui transpirait la putrescence catalysée par la chaleur et la lumière.
Il porta ses yeux sur ses deux mains plongées dans le soleil. Le fleuve y déployait ses méandres de sang par-dessus les ponts suspendus des tendons. Le monde s’y arrondissait comme une tortue à cinq pattes sur la carapace de laquelle poussaient des algues noires. L’astre brûlant y coulait ses eaux tranchantes au bord des rives mobiles de l’ombre.
Soudain, c’était lui qui devenait le soleil, c’était lui le centre autour duquel se déployait l’univers sensible et auquel les couleurs, les sons et même les mots, pouvaient prêter leur force.
Alors, il poursuivit ce léger arc de cercle que dessinait la courbure du pont, imaginant le dessin que formaient ses pas au-dessus des eaux. Le vent avait asséché son front, ses cheveux battaient l’air comme le lin sous l’haleine tiède du printemps. Ses vêtements ne collaient plus à son corps mais l’enveloppaient d’une fraîche étreinte et les pans de sa veste claquaient derrière lui comme les voiles d’un navire errant.
Il savait qu’il retournait vers la surface la plus opaque, la plus dure qui soit. Mais ses yeux flamboyaient avec la vivacité d’une étoile naissante aux confins de l’univers, d’un soleil ancien dont la lumière aurait mis tant d’années à nous parvenir, qu’on n’aurait pas su tout de suite qu’il existait.
Adieu, petit garçon aux yeux de Lune. Tu ne voulais pas de soleil sur ta peau et c’est toi qui auras fait rentrer le soleil dans ta maison de ténèbres.
Super nouvelle dont les descriptions et l'attention porter à la sonorité et aux sens m'ont vraiment plu. Je n'ai rien à rajouter par rapport aux autres commentaires, juste que j'ai beaucoup aimé :)
Merci pour cette lecture
Brrr… j’ai eu du mal à me remettre de tes descriptions ! Les mots sont acérés et impitoyables, j’en était étourdie ! C’est un beau texte… en fait, c’est presque plus de la poésie qu’une nouvelle. J’essaie de réfléchir à l’histoire mais sans cesse ce sont les mots qui prennent toute la place, les métaphores explosives, hyperboliques… C’est du costaud !!! 🤭
Bravo pour cette participation au concours et à bientôt sur PA !
Ce texte est vraiment très impressionnant. L'infinité d'images que tu développes juste pour refléter l'état d'esprit du narrateur sur le moment, entre le marasme, la révélation et la libération. Libération de lui même finalement, et de sa vision défectueuse et étriquée qu'il a du monde. Moche et limité pour ceux qui ne peuvent/veulent pas le voir tel qu'il leur serait profitable.
Tu retranscrits à merveille le malaise de l'adolescence, mais adolescence du littéraire, de celui qui se retranche dans son monde pour ne pas avoir à vivre dans celui qu'il ne peut/veut pas contrôler; dans celui où il ne se sent pas à sa place.
"établissement scolaire", ça veut dire tellement de chose, ce terme, mis à la place de "collègue" ou de "lycée". On sent sa déconnexion avec l'extérieur et les autres enfants de son âge. Un esprit éthéré mais calfeutré dans un corps en proie aux métamorphoses.
Ce que j'ai préféré par dessus tout, c'était la décomposition et l'état de pourriture que le gosse ressent pour son corps; il y a un tel volcan d'émotion chez lui que ça en est palpable. Il vit caché, en silence, alors qu'il hurle en son fort intérieur.
Tu m'as fait découvrir Le Bernin et Paul Signac, l'un pour son travail de la pierre d'une incroyable précision et l'autre pour son travail sur le pointillé et son aquarelle (surtout pour le pointillé, qui me fait penser à Monet).
Merci encore pour toutes ces belles découvertes, des tiennes et des autres.
Je te souhaite beaucoup de bonheur.
J'ai lu ton texte avec plaisir, mais j'en ressors pas sûre d'avoir tout compris ! Au début, je pensais que le gamin était une charogne et que le soleil le pourrissait. Je m'étais dit qu'à la fin, quelqu'un allait le découvrir tout dégueu. J'ai donc été surprise quand il s'est levé et est sorti de la chambre !
Il se promène et tout lui rappelle des tableaux, y compris la jeune fille - mon préféré de Modigliani est la femme à la cravate (j'ai même reproduit la toile, une fois, lors de mes temps perdus).
J'ai l'impression qu'à la fin, il a une sorte d'illumination, comme la naissance d'un nouveau tableau sous ses yeux. Je suppose que c'est un peintre.
J'ai pas très bien compris le lien avec le thème (pas de soleil) - est-ce que le peintre préférait s'en tenir aux livres, aux tableaux, plus académiques et qu'à la fin, il réalise qu'il peut en fait peindre la vraie vie ?
(je parie que je suis à côté de la plaque !)
C'est un texte très poétique, plein de références dont la majorité me parlent. J'ai dû néanmoins m'accrocher un peu pour lire, sans doute dû au moment de la journée, contexte de lecture, et donc cette longue introspection m'a parfois un peu perdue. Mais je reconnais que c'est très joliment écrit. En tout cas, un récit qui termine bien comme ça, ça fait du bien aussi !
Je fus bien heureux de retrouver dans tes lignes la poésie. Ta plume est un vrai plaisir de forme, de formes et de fond : forme où l’on sent plus qu’une grande culture, une sincère et sensible passion littéraire ; formes parce que j’ai trouvé tes images belles et efficaces ; fond parce que tu poses la question du regard, fondamental dans notre rapport à la beauté.
Je te soutiens dans ton choix des références artistiques. Évidemment, l’inefficacité est totale dès que le lecteur ignore l’œuvre citée, mais ce texte comporte aussi bon nombre de métaphores qui font que, comme tu dis, il se tiendra malgré tout. De plus, il fonctionne alors un peu comme un texte à tiroir, que le passionné, le patient, le curieux pourront prendre la peine d’ouvrir pour découvrir autant d’autres mondes, les mondes magnifiques de ces œuvres. Créer des liens entre les arts, inviter ainsi à la découverte guidée, cela se défend, pardi !
Je corrobore, un peu, les commentaires témoignant d’une confusion possible entre l’érudition de l’ado et celle de l’auteur, mais un peu seulement car, pour moi, cette érudition n’est pas incompatible avec l’âge du personnage (exemple tout trouvé dans les commentaires : Rimbaud).
Dans ces commentaires tu évoques la possibilité de retravailler ce texte si bien né. Du coup, je me permets d’ajouter des critiques à but constructif et des idées, bien sûr toutes personnelles et qu’actuelles :
En évoquant d’avantage l’érudition du jeune, dans sa présentation, on pourrait, je pense, éviter, simplement, la gêne ressentie par certains.
Une difficulté réside peut-être dans le décalage temporel entre le motif du changement «la Femme en robe noire » et le changement lui-même « coup de crayon noir » et ce malgré : « …les répercussions d’un choc majeur, lui revenant à l’esprit pendant la journée par vagues impérieuses ». Je verrais éventuellement un développement du détail décisif : « la jeune fille, comme ravalée par la réalité, perdit, dans un sourire qui la rattacha à la vie, sa dimension mystique. » à partir duquel il pourrait être passionnant de décrire une évolution progressive du regard pour finir en apothéose au « tableau de Signac »… ?
Quoi qu’il en soit, grand merci à toi, je vais de ce pas te lire ailleurs, puisque tu as déjà bien publié.
Quelques remarques au fil de ma lecture :
« aux boutons douloureux qui pointaient sous sa chair comme les doigts d’un bourreau intérieur » -> ouille pour l’image...
« Il avait l’impression d’être un écœurant tas de cellules dont la décomposition s’accélérait à la chaleur des rayons du soleil » -> on est dans le sympathique je vois x)
« Il suivait les pas des Fremen dans les profondeurs des sietchs, et ceux de la communauté de l’Anneau à travers les ruines de la Moria. » -> un petit ❤️ pour les références :p
« Exhumés des pages par un esprit qui ne voulait pas regarder le siècle avec des yeux mortels » -> intéressante approche de la littérature !
« le ciseau du Bernin a dompté la métamorphose et ce qu’elle peut avoir de terrifiant devient la marque d’une maîtrise exceptionnellement sensible de l’art » -> Ça aussi c’est intéressant, cette idée de par l’art dompter l’indicible, l’inconnu, et la peur qu’il entraîne.
« Ainsi, le soleil n’était plus le soleil, il devenait la forme et la teinte de nos songes, tableaux de lumière et de silence. » -> c’est beau !
« le soleil lui-même, diffusa ses rayons dans l’eau du ciel comme le thé répand son arôme doré dans une tasse à l’émail bleuté » -> jolie image, et dans tout ce passage j’adore le glissement d’une émotion à l’autre, qui dicte le ton de la description, du dégoût à l’enchantement !
« L’astre brûlant y coulait ses eaux tranchantes au bord des rives mobiles de l’ombre » -> ces mains qui se font monde, j’aime beaucoup <3
Wah, mais j’avais déjà lu quelques uns de tes poèmes pendant les HOs, mais je découvre ta plume dans un genre plus narratif ici, et j’adore !
Tes descriptions sont prenantes, viscérales et répugnantes quand elles doivent l’être, puis si belles quand la vision du monde du protagoniste change. J’aime vraiment beaucoup l’association de l’art à cette vision, au départ via les livres comme une échappatoire, un moyen de rendre les choses digérables, acceptables, bornées, et aussi plus parfaites et lisses que ne l’est la réalité – et, ensuite, comme une nouvelle façon de regarder le monde, via l’art pictural notamment. Parce que c’est bien ce qu’est l’art, au fond : un vecteur de compréhension du monde, une collection de nouveaux verres et de nouvelles lentilles à travers lequel l’aborder, le rejeter, l’admirer, le comprendre.
Toutes les références me parlent, des romans aux tableaux que tu cites, et j’ai beaucoup aimé cette image du paysage qui soudain se « calle » en quelque chose d’artistique, de plus qu’un assemblage d’éléments, en quelque chose de transcendant.
Et bonne utilisation du « pas de soleil » en thème sous-jacent ; merci du partage !!
Sur la transcendance, ça me fait penser au texte d'Ursula Le Guin tiens, "un message à propos des messages" :
"But [...] it is a grave error to teach or review them as mere vehicles for ideas, not seeing them as works of art. Art frees us; and the art of words can take us beyond anything we can say in words."
(mais c'est une grave erreur de présenter ces livres comme un simple vecteur d'un message, et de ne pas les voir comme des œuvres d'art. L'art nous libère ; et l'art des mots peut nous amener plus loin que tout ce qu'on peut dire avec des mots -- traduction à l'arrache x))
et ❤ pour tes gentils mots
J'ai beaucoup aimé ce texte, notamment parce que ta plume crée des "tableaux" très saisissants. Tout le début, avec les magmas de chair et les plaies sanguinolentes, il y a une vraie sensation de contact sans en faire trop. Et puis le contenu de ta nouvelle est en adéquation avec ton titre : l'esprit du personnage qui retrace tout son rapport à la vie sous la perspective de la lumière, qui préfère s'en séparer par un obstacle et qui la déforme, comme les vitraux (j'ai beaucoup aimé ce passage par ailleurs), jusqu'à ce qu'il ait cette épiphanie qui lui fait comprendre qu'il est le centre-le Soleil- de son propre monde, et qu'il peut lui aussi regarder les choses et y donner sa propre touche, et qu'il fait partie du monde lui aussi, cessant d'en être simple spectateur. En tout cas, c'est comme ça que j'ai compris ton histoire !
C'était un beau texte et une belle plume, merci ! :)
Un bien joli texte !
Alors, bien sûr, je ne suis pas certaine d'avoir compris ce que tu voulais dire (je n'ai d'ailleurs pas toutes les références), mais à vrai dire, je considère que ce genre de texte peut être interprété comme on le souhaite et ce n'est pas grave si ce n'est pas ce que l'auteur imaginait (j'espère que ça ne te dérange pas !).
Pour moi, c'est la belle histoire d'un garçon qui pense que la beauté n'existe qu'à quelques endroits très précis, et notamment à travers l'art.
Or, il réalise subitement que pas du tout, que ce soleil qu'il ne croyait capable que de révéler ce qu'il déteste de plus en lui est également capable de révéler une beauté fugace, artistique, chez les autres, mais également en lui-même.
Merci pour le partage et bravo pour ce texte ! :)
Eh bien, je me lance pour commenter ton texte, mais je n'ai aucune des références donc c'est avec ma grande inculture que je débarque ici. Ceci dit j'ai compris quand même l'histoire et la signification (la dernière phrase explicite tout ce qu'il faut retenir), mais je pense être passée pas mal à côté de sa portée ! C'est dommage parce que j'aime beaucoup Modigliani, mais le reste... m'est inconnu totalement ! Donc je commente en profane totale.
Et pour le titre ? ça vient d'une référence ou je suis passée à côté d'un truc ?
Sur le fond, du coup, j'aime beaucoup les histoires de transformations intérieures, ici c'est fondé sur une accumulation de modifications de perceptions pour sortir d'un état "noir c'est noir" à une lumière interne qui nous permet de poser un regard différent sur les choses. C'est très beau d'avoir commencé par décrire ce que son intérieur faisait à sa silhouette et à ce qu'il dégageait à l'extérieur pour montrer qu'ensuite son apparence est modifiée par ce changement intérieur.
Je suis heureux de lire cette plume stylisée, elles font partie de celles qui inspirent et laissent à penser qu'on peut toujours écrire mieux. Dans l'absolu les styles riches me rebutent parfois (j'imagine alors un adolescent, cheveux mi-long à côté de ruines romantiques déclamer le texte, un carnet à la main et la pluie sur la figure), mais ici tu as réussi à me garder du bon côté, celui où la poésie reste douce, et les figures de style pas trop pédantes.
Côté histoire, je ne suis pas sûr d'avoir compris ce qui amène l'épiphanie du personnage, est ce la fille rencontrée est ce rien d'autre qu'une belle journée ? J'ai l'impression que tu voulais nous le dire mais que je ne l'ai pas entendu.
Sinon la culture de l'adolescent me parait immense, comme s'il s'abreuvait d'art. Peut-être (j'ai vu ce que tu avais répondu à Seol), mieux nous faire comprendre que sa découverte est progressive, ou rendre les références plus floues, pourrait aider. En effet, une référence flou donnera moins cette impression de connaissance érudite.
Merci pour le partage de ce beau texte bien équilibré, et à bientôt !
Je découvre ta plume avec cette nouvelle et je suis vraiment impressionnée, c'est très beau !
j'ai adoré tout le début qui m'a beaucoup parlé, cette introspection adolescente où on peut s'observer avec une espère de dégoût dans les moindres détails, et la fuite qu'on peut avoir dans la fiction (en tout cas c'est ce que j'ai compris). Le tout écrit de façon à la fois poétique, parfois crue et toujours ciselé !
J'avoue avoir été moins fan de toutes les références. C'est très subjectif mais ça m'a un peu fait sortir du récit : je me suis demandée quel adolescent pouvait avoir une telle culture, aussi pointue et variée. j'ai trouvé que ça faisait un décalage entre le début, où on peut découvrir des angoisses adolescentes assez "commune" chez finalement quelqu'un qui aurait, selon moi, des connaissances dépassant celles d'un enfant de cet âge. Après c'est peut-être juste moi.
Donc j'ai bien aimé le traitement du sujet au début, que j'ai trouvé vraiment parlant et original, mais également le développement, la découverte de l'art, du regard qu'on peut avoir sur le monde et de ce "soleil intérieur" qui permet d'ouvrir un monde de sensation et des expressions du monde.
Merci pour cette lecture !
Comme d'habitude, j'aime beaucoup, non plus que cela évidement, ça me parle et me touche au coeur. C'est très beau, mais une fois n'est pas coutume, tes phrases magnifiques sont presque estompées par ton message, qui lui est franchement sublime. C'est très simple, très tendre, ravissant. J'aime le regard phénoménologique que le jeune garçon porte sur lui-même, ce regard qui génère un terrible paradoxe, parce que son dégoût est aussi viscéral et furieux que la somme de ce qu'il constate ne l'est pas. J'aime tout autant la transformation qui s'opère en lui et l'oeil neuf qu'il porte sur le monde à la fin du texte. Quelle belle épopée introspective (c'est court, pour une épopée, mais le chamboulement est tel que je pense qu'il mérite ce titre) !
Je vais être tatillonne : "Pas plus qu’au taureau qui traîne son agonie jusqu’à s’allonger près des planches entourant le sable du monde, là où l’ombre dépose une nouvelle robe noire et fraîche sur ses plaies sanglantes." Où est la proposition principale, M. Genêt ? (je rigole, patapé s'il te plaît, je suis moins forte en français que toi)
J'adore cette expression, "ravalée par la réalité", qui résonne comme une clef de lecture pour moi - il y a tellement à dire dessus que je pourrais en faire un paragraphe de commentaire. Je ne veux pas t'ennuyer, mais si jamais tu veux, je peux développer :)
Bon, t'as compris, j'aime bien.
Quelle claque introspective ! Me voilà subjugué par ta belle transition dépeinte à coup de poésie si lyrique. D'abord le garçon terrifié par ce soleil, ce renvoi cruel de l'image de son propre corps. Puis, ce refuge ombral, dans les livres, avant d'apprivoiser cette lumière au nom de l'art.
Et là, somptueusement, la muse arrive. Ce soleil se transforme en révélation esthétique, une beauté pure qui fait rentrer le monde extérieur dans son regard intérieur.
Chapeau bas !
La réalité n'est pas si impure lorsqu'elle se révèle à la sensibilité de l'art. Cette lumière qui s'avère pour lui source d'affirmation fut la véritable beauté de ton écrit.
Merci à toi d'avoir crée ce porteur de lumière et pour cette délicieuse lecture !
Une très très belle découverte pour ma part !
En voici un lecteur et un contemplateur intense du monde de l'art ! Le personnage est étonnant, déroutant, mais on se laisse emporter lorsqu'il passe d'un dégoût extrême pour les phanères et les fluides humains à l'idée libératrice qu'il peut transsubstantier le monde dans la matière picturale et artistique.
Au passage, tu as fait une bien belle description de l'oeuvre du Bernin ;)
Quel riche moment lecture, j'ai beaucoup aimé.
Le pouvoir de l'esprit, cette capacité qu'on peut trouver en nous de tout changer rien qu'en adaptant notre angle de vue, notre filtre. Mais tu amènes tout cela de façon bien plus poétique ^^
Je l'imagine déjà futur grand peintre.
Je suis grandement fan de tes références littéraires ^^
Et, c'est comique, la dernière mercredi à la mode de Tim Burton a supplanté La femme en robe noire (que j'ai été voir ensuite sur Google - elles n'auront que le noir en commun).
Merci pour ce partage :)
Au plaisir de venir de relire ^^
Je faisais référence aux livres (Dune, Seigneur des anneaux...). Et ensuite au peintre ^^
C'est gai les références dans un texte ^^
Je n'ai pas tout compris de l'histoire, je crois ! J'ai cru comprendre que c'était un ado, refermé sur lui même, prenant le soleil comme ennemis car il montre ses défauts. A la mention de cathédrale et que l'histoire se déroulait à Paris, je me suis demandée si tu avais fais une référence au Bossu de Notre Dame, encore plus avec la belle femme qu'il rencontre. Je me suis même demandé s'il avait la maladie des enfants de la lune, et qu'il ne pouvait pas aller au soleil sous risque de brûlure, pustules et dégradation grave de la peau.
Puis la fin lui donne un air de changement de point de vue.
Il réalise que depuis tout ce temps c'est sa propre vision qui le rendait laid et pas le soleil, et qu'en se voyant comme beau, comme, le soleil, il peut ainsi changer son point de vue et rendre ce qui le rendait hideux, en quelque chose de réconfortant.
En espérant qu'il continue à rayonner par la suite :)
Tu nous fais vivre une belle transformation. Le soleil d'abord craint puis comme catharsis d'une révélation profonde. Les yeux de ton personnage finissent par flamber d'une vérité qu'il n'osait pas voir : il est la lumière, lui aussi peut briller. De la peur du vivant à une union complète avec ce qui l'entoure. Ton message est beau, bienveillant et ta plume - exigeante, raffinée, imagée - m'a bercée tout du long.
J'ai apprécié ton basculement, il n'y a pas d'évènement brutal, tout repose sur un changement de perception. Une épiphanie. Il est au bon endroit, au bon moment et tout s'éclaire.
Merci pour cette proposition lumineuse ! J'ai vraiment beaucoup aimé ma lecture 🤗
Quelle jolie plume, je suis déjà acquis (Gammes poétiques <3 Le grand chat bleu <3 ...tout ça tout ça).
Ici, j'ai trouvé ta nouvelle efficace. Les descriptions sont particulièrement soignées, très organiques. Crues et sombres au début, douces et lumineuses à la fin. Une jolie évolution stylistique qui sert le récit.
Bravo.
Artichaut
Merci pour ton commentaire ! Je vais vite aller faire un tour sur ta participation ! Soyons honnête, je ne suis pas un grand faiseur d'histoire, si bien que je raconte des choses très simples. En revanche, on va dire que j'ai plus un côté "styliste", pour utiliser une expression célinienne. Je suis très content que ça t'ait plu. Merci encore !
J'ai vu deux choses dans ton histoire. D'abord la métamorphose de la chrysalide qui vit renfermée dans son cocon où elle voit tout en sombre et en noir et blanc et vit dans un monde fantasy/Science fiction, et un jour sort et découvre la vie réelle en couleur. Ensuite le côté esthétique de ce monde où soudain évolue le héros. La femme en noir qui marche est une très belle apparition. Tout prend forme et couleur, on a le sentiment d'une initiation. Juste une image peut-être qui m'a surprise, je ne vois pas trop Signac dans cet esthétisme pour décrire la Seine. Peut-être que je me trompe, j'aurais mis un Monet qui savait si bien faire vibrer l'eau et l'air. Merci pour cette lecture.