L'oisillon

Par Elf

L’oisillon soudain

roula hors du doux nid

roula sur quelques centimètres

roula sur le bois rugueux,

Son si petit corps tourna

Ses si petites pattes papillonnèrent

Son si douillet duvet rose fut barbouillé.

 

Il se releva hébété,

avec une moitié de paupière encore fermée

avec ses ailes repliées,

Il ne vit même pas le cri muet de sa mère

A peine regarda-t-il autour de lui,

Il s’élança sur la branche

avec la démarche gauche de ses pattes malhabiles,

Il cavala par-dessus les craquelures et rebondit sur les bosses

son bec incurvé ne s’ouvrait pas

une fêlure de soleil naviguait dans ses yeux sonnés

Il caracolait

Il ne s’arrêtait pas

Ses deux minuscules ailes se déployaient

blanches, immaculées, scintillantes

Elles rappelaient celles des anges.

 

Il trottait sur la branche

avec une pureté innocente

une indicible et candide folie

jusqu’à la pointe

jusqu’au vide

Hors d’atteinte

 

L’oisillon quittait son nid et son arbre

il quittait tout ce qu’il avait à peine connu

il ne ressentait que le ciel bleu

Et son bec s’entrouvrit

pour chuchoter une respiration.

 

Ses plumes bruissèrent

L’oisillon s’éleva dans l’azur

il toucha les nuages

il suivit les arcs-en-ciel

il vola si haut et si loin

qu’il ne fut plus qu’un point dans l’éther

Ses fragiles ailes tinrent bon

jusqu’à ce qu’il atteigne l’ouate de la nuit

Là-bas, il s’est illuminé, il scintille

Il est devenu étoile.

 

Ne t’inquiète pas, si tu lèves les yeux, tu verras la blancheur rayonnante de ton oisillon. Et si tu poses ta main, juste là, sur ton cœur, tu sentiras comme un écho à ton pouls battre ses ailes.

Vous devez être connecté pour laisser un commentaire.
Vous lisez