L’ombre et la lumière

Lena et Zamba allaient au ciné vendredi soir pour voir la rediffusion de Nosferatu. J’adorais ce film, Youcef ne l’a jamais vu. Alors Lena proposa qu’on y aille tous les 4. Youcef hésitait, il n’est pas trop film d’horreur et ça fait un peu bizarre de sortir avec un couple. Lena le taquinait : « Tu as peur de te retrouver dans le noir avec Stella? » Il se redressa mal à l’aise « Non..., non, c’est pas ça… », puis avec un sourire « J’ai peur qu’elle ronfle ».

C’est vrai que c’est peut-être bizarre en réalité de sortir avec un couple qui va passer sans aucun doute le film à se bécoter…Néanmoins, j’adore ce film et je suis contente que Youcef puisse le découvrir. Et puis notre relation est plus apaisée, nous sommes amis, rien de plus. 

Lena s’est mise sur son 31 ce qui contraste avec ma tenue t-shirt jean basket. Youcef arrive un peu en retard, il a l’air un peu fermé. Nous nous installons dans la salle sombre. Lena et Zamba s’entrelacent. Je regarde Youcef en lui faisant un signe silencieux que ça donne envie de vomir. Il me faut oui de la tête sans me rendre mon sourire. Il est vraiment bizarre.

Je lui murmure que c’est un vieux film muet qui est sorti en 1922. Il ne me répond que part un « Hum » un peu distant. Je me retourne alors plus franchement pour le regarder. Il a les bras croisés et les sourcils froncés. « Youcef » Il ne réagit pas. « Youcef? » « … » alors j’ai pris son visage et je l’ai tourné vers le mien. Il m’a regardé surpris. 

« Tu fais quoi là? »

« J'essaye d’attirer ton attention, qu’est-ce qu’il y a? Ça a pas l’air d’aller? »

« Rien »

« Youcef? »

« Stella, arrête de me toucher ! » s’agaça-t-il en enlevant ma main de son menton.

« Ok… pardon…je.. ». Je m’enfonçais dans mon siège, les mains entre les cuisses, gênée.

Le film commençait. Je décidais qu’il n’allait pas gâcher mon plaisir, c’était l’un de mes films préféré et ce n’est un pas couple obsédé et un bougon qui allait me perturber. Je jetais des coups d’œil vers lui de temps à autre, il semblait se détendre un peu.

A un moment, je voulus lui parler et il a du avoir la même idée car nous nous sommes retrouvés nez à nez à quelques centimètres de distance. L’espace d’une demi seconde, j’eu très envie de l’embrasser. Il retourna la tête et se repositionna sur son siège en se raclant la gorge. Je m’enveloppais instinctivement dans mes bras. Je sentis qu’il me regardais, trouvant sûrement étrange ce geste. Cette partie du film me terrifiait quand j’étais gamine. « Stella » murmura-t-il. Je tournais la tête vers lui au moment où il mis son bras autour de mes épaules et m’attira vers lui.

Je me blottis volontiers sur sa poitrine. Je sentais son cœur battre et sa respiration. Je sentais son odeur. Ma main se mit à lui caresser le torse. Il posait alors sa main sur celle-ci pour la stopper. Mais le contact de ses doigts était un nouveau champ d’exploration sensuelle. Le film n’existait plus vraiment. Je levais la tête pour regarder son visage concentré sur l’écran. Enfin pas si concentré puisqu’il finit par baisser les yeux vers moi.

« Stella…c’est pas une bonne idée ». Non, ce n’était pas une bonne idée du tout. Je me redressais un peu pour lui faire face, sa main glissa de mes épaules à ma taille en m’attirant légèrement. Je leva la main sur sa barbe naissante et j’effleurais le pourtour de ses lèvres.

« Stella.. »

« J'en ai très envie » murmurais-je dans un souffle. Il ne bougea pas quand je me suis avancée et que j’ai effleuré ses lèvres. C’était comme un soulagement, j’avais la sensation d’avoir attendu ce moment bien trop longtemps. Alors je l’embrassa de nouveau avec plus de fougue. Il tempérait mon ardeur en me repoussant doucement.

« Stella..arrête... »

J’avais envie de lui, très envie. Alors je fis ce que je ne me serais jamais crue capable de faire. Je descendis la main contre son ventre vers son pubis.  Il ôta ma main immédiatement et me regarda avec un regard assassin. J’avais dépassé les bornes clairement. Il s’est levé et est parti.

Je mis quelques centièmes de seconde à comprendre...Merdum, non ! Quelle conne! Je me levais pour le suivre. Il marchait vite furax.

« Youcef » criais-je après lui. Il se retourna et s’arrêta pour attendre que je le rejoigne.

« Tu m’fais quoi là? Tu as perdu la tête?!! »

« Je suis désolée, je ne sais pas ce qu’il m’a pris, je n’aurais pas du. Pardonne moi s’il te plaît? »

« Va te faire voir ! Je ne suis pas ton jouet Stella! D’accord ! Trouve quelqu’un d’autre à manipuler ! »

Je ne savais pas quoi dire. J’étais effondrée à l’intérieur. Je t’aime pauvre con ! Je ne peux pas me passer de toi. J’ai besoin de sentir ta peau contre la mienne. Et oui j’en envie de faire l’amour avec toi. C’est pas un crime !

La pluie c’était mise à tomber. Nous restâmes là à nous regarder furieux. Un passant me bouscula et je tomba en avant. Il me rattrapa et me releva avant de faire un pas en arrière.

« Je suis désolée » murmurais-je.

« Tu ne peux pas jouer avec moi comme ça Stella, j’ai des sentiments » « Moi aussi ! ». Il se figea et me regarda comme si j’avais soudain parlé turc.

« Qu’est-ce que tu as dis? »

« Moi aussi, j’ai des sentiments pour toi » lui ai-je crié en le poussant. « et ils étaient là bien avant que tu ne daignes me regarder » « alors je te trouve bien gonflé de me parler de manipulation ».

Il est resté immobile à me dévisager, bouche bée. C’est alors qu’il m’a pris la main et m’a tiré dans une ruelle où il m’a poussé contre le mur et il m’a embrassé avec fougue. Il collait son corps au mien et j’eu la sensation de me dissoudre en lui. Il me souleva alors écartant mes jambes pour se glisser entre elles. Pressant son sexe contre le mien. Il émit alors un grognement alors qu’une sensation de chaleur et de manque m’envahissait. « J’ai envie de toi » murmurais-je a son oreille tandis qu’il m’embrassait le cou. Il se mit alors à me morde l’épaule très fort puis doucement tout en s’immobilisant et en me reposant doucement par terre. « Pas ici » bredouilla-t-il d’une voix rauque. « Pas comme ça ». Sa main remonta de ma cuisse et vint caresser mon sein avant de remonter sur mon cou. Il m’embrassa de nouveau. La pluie continuait de tomber mais peu importe, j’étais brûlante et lui aussi.

« Fais chier » grommela-t-il en s’éloignant du mur sur lequel je restais adossée, pantelante. Je réussi difficilement à dire « On peut aller chez moi… ». Il me fit non de la tête. « Ce n’est pas une bonne idée Stella... » Je ne comprenais pas, c’était maintenant que mon corps avait besoin de le sentir contre moi. Il vit ma déception et son regard se fit brûlant.

« Je te ferais l’amour, Stella, je te… ». Il s’interrompit et je lu dans ses yeux une dangereuse promesse.

Il recula et leva la tête, offrant son beau visage à la pluie froide avec une grande inspiration.

« Pas maintenant » « Je te raccompagne chez toi » dit-il en me tendant la main que je pris.

Nous marchâmes ainsi trempés et débraillés, main dans la main. Ma mère m’attendait inquiète sous le porche de l’immeuble. Lena avait du l’appeler. Je voulus enlever ma main de celle de Youcef mais il l’a garda fermement dans la sienne. Maman a compris et a souris à Youcef. Il a pris congés et m’a embrassé sur les lèvres en me disant au revoir. Maman essaya de cacher son sourire mais il restait bloqué sur ses lèvres.

Je la regarda « quoi? ». « Rien ma chérie,  rien, il est vraiment bien ce Youcef » 

Fin.