Depuis les larmes à la colline, Julie a revu Hugo. À présent, elle sait qui veut d'elle : lui. Curieusement, ça la rend heureuse. Hugo est son soleil. Son coeur tangue, ses pensées se bousculent, un petit sourire timide pointe de bout de son nez. Elle l'a trouvé ! Enfin. Sa lumière au bout du tunnel. Un tunnel sombre, noir comme la nuit. Elle ne sera plus seule maintenant. Ses idées noires sont chassées par d'autres, plus lumineuses : aller le retrouver encore une fois.
Arrivée en bas de la cage d'escalier, elle pousse la lourde porte d’entrée du bâtiment. Libre. Julie relève la tête. Il est là. Il l'attendait. Jaune. Elle ne résiste plus à l'envie de s'approcher. D'être en contact avec lui. Il la prend dans ses bras. Elle respire son parfum à plein poumons. Il sent bon. C'est décidé, c'est sa nouvelle bouffée d'oxygène. Main dans la main, ils avancent.
- Je vais te montrer un autre endroit. ferme les yeux.
Julie peut-elle fermer les yeux sans crainte ? Lui faire confiance aveuglément ? Peu importe. Elle ne veut pas savoir, elle se sent bien et c'est l'essentiel. Il ne peut rien lui arriver, elle est protégée. Lentement, ses paupières se ferment. Elle le suit. Même sans rien voir, elle la sent. Cette chaleur lumineuse, jaune. Quelqu'un passe, non loin. Bleu. Peur. Ou angoisse, peut-être ? Elle ne connaît que trop bien cette couleur. Il y en a de plus en plus, dans la foule. C'est ça, aussi, qui lui fait peur, à Julie. L'angoisse. Celle qui la prend toute entière lors des moments de doute. La main de Julie serre celle d'Hugo un peu plus fort. Ne pas lâcher. Les sons se font moins fréquents. Ils s'arrêtent.
- Tu peux ouvrir les yeux.
Hugo sourit. Devant eux, une grande maison habitée par le lierre et la végétation. Pas noire, ça non. Ni grise : Verte. C'est beau, le vert. Celui des feuilles et du printemps. Le renouveau. Julie est encore un peu réticente à cette couleur. Ce qu'elle préfère, c'est le jaune. Sa passion est pour Hugo.
- On entre ?
Elle hoche la tête. Avec lui, elle entrerait partout.
- Tu as perdu ta langue ?
- Non.
C'est juste qu'elle n'aime pas parler, Julie. Pas si c'est pour dire des choses inutiles. Elle aime le temps. Ne pas parler, pour elle, c'est apprécier les secondes et le silence.
Ils entrent ensemble par une porte délabrée. Le sol craque sous leurs pas, mais cela ne fait rien. Ils sont vivants. Et liés, aussi, par une force qu'ils ne soupçonnaient pas. C'est curieux toutes ces sensations qui viennent les habiter quand ils se retrouvent. Le vent frémit entre les murs de lierre, ils vont toujours plus loin, s'aventurant dans chaque recoin. Un petit frisson parcourt Julie. Le garçon lui jette un regard amusé.
- Cap de me rattraper ?
Hugo se met à courir, sa main s'échappe de celle de Julie. C'est pas grave, elle va courir elle aussi, pour pouvoir la tenir à nouveau entre ses paumes. La lueur d'Hugo se déplace avec ses pas, éclaire les murs comme une aura resplendissante. Comme une bougie qu'on promène dans l'obscurité. Il va bien trop vite. Puis soudain, elle trébuche. Son genou se blesse sur le sol, elle a mal. Elle l'appelle, mais il court trop vite. Il est parti sans elle. Seule, dans le noir. Le noir du vert, ou le vert du noir, elle ne sait plus trop. Elle sait juste que c'est terriblement douloureux. Le silence dure une éternité, elle se met à le détester. Puis la lumière revient.
- Hugo !
- Julie ? Qu'est-ce qu'il se passe ? Tu es blessée ?
- Bien sûr que je le suis ! J'ai mal, je n'aurais pas dû te suivre ! Chaque fois c'est pareil, je me lance, et mes ailes se brisent. Je ne veux pas que ça se produise avec toi.
Ça y est. le mal est sorti, une tempête de mots qui s'abat glacialement. Julie plaque ses mains sur sa bouche. Elle en a trop dit. Jaune se ternit.
- Non, écoute, je...
- Tu en as dit assez. Je ne veux pas de tes excuses, le mal est fait.
Hugo est blessé.
Lueur. Disparaît. Au fond du tunnel.
Mais tu ne peux pas nous laisser sur cette impression! On veut avoir la suite !
La suite arrive bientôt, promis : je me suis engagée à être plus régulière dans la publication (environ une fois par semaine :)
Merci à toi pour ta patience et ton commentaire (ainsi que ta lecture),
Bonne suite !
Fy