Lune rose

Par Rachael

Pourquoi avait-il donc choisi de tout lui dire, après quinze ans de silence ? Quinze ans et quatre enfants. Certains secrets sont faits pour demeurer cachés à tout jamais...

Muirme était sortie, en proie à cette angoisse qui ne la lâchait plus ; cette angoisse qui se ravivait à la nuit tombée, et prenait des proportions extraordinaires, déraisonnables, la privant de sommeil et la poussant à arpenter les rues du village, à marcher comme ce soir vers la falaise, à la lueur des lunes. L'amenant à se rapprocher de la maison bâtie dans la roche.

- Cela n'a pas l'importance que tu y attaches, avait-il dit.

Pas d'importance ? Ce long silence était bien la preuve du contraire. Son mari était un monstre, voilà la seule vérité. Un monstre capable de connaître les émotions des autres, de lire dans leurs esprits, et même de les tuer, d'une pensée plus tranchante...

Frissonnante, elle prit l'étroit sentier derrière l'auberge. Le village céda la place à une végétation de buissons et d'arbres rabougris, qui lui cachaient sa destination. Les deux lunes rivalisaient ce soir pour illuminer de leur teinte unique le chemin à peine esquissé entre les buissons.

Plus loin, la roche et de petites plantes, insérées dans les creux remplis de terre, redeviendraient maîtresses du terrain, jusqu'à la cassure finale, le grand vide de plus de trois cent mètres. De son point de vue, Muirme observerait la villa imposante et extravagante, encastrée dans la roche, ses yeux suivant la courbure de la falaise jusqu'à atteindre les fenêtres éclairées d'une lueur douce. Il y avait toujours des fenêtres éclairées, mais pas les siennes. Elle l'imaginerait, là-bas, dans le salon plongé dans l'obscurité, contemplant les montagnes lointaines à la clarté des lunes. Ensuite, elle se pencherait, comme les autres soirs, jusqu'à regarder les minuscules toits du hameau tout en bas. Le vent qui remontait la pente lui fouetterait le visage ; elle reculerait, prise de vertige, et courrait vers les premières habitations, regagnant la sécurité, la maison où elle s'était réfugiée depuis deux mois. Là, elle examinerait longtemps le berceau où dormait le petit dernier, ouvrirait les portes des chambres pour vérifier le sommeil des trois plus grands.

Mais même cela ne calmait plus la bête qui palpitait dans sa poitrine. Qui pouvait lui dire ce que ses enfants deviendraient à l'adolescence ? C'était une loterie, le jeu du grand bazar génétique, qui déciderait s'ils resteraient normaux, humains, ou s'ils devraient faire partie de ceux qui doivent se dissimuler, et lutter pour contrôler cette monstruosité tapie dans leur esprit. Comment ne pas sombrer dans la folie, quand on entend sans aucune censure les pensées de chacun, sans moyen d'y mettre fin, comme un voyageur égaré dans une auberge bondée, saturée d'annonces et de cris ? Mais le voyageur, lui peut s'échapper, claquer la porte... Était-ce cela qui les attendait ?

Muirme ce soir-là, s'assit au bord de la falaise, les pieds pendant dans le vide. La conjonction des deux lunes éclairait le paysage d'une lueur teintée de rose et d'argent, qui faisait ressortir les sommets lointains saupoudrés de neige. Il avait plu la veille et là-haut, la première neige de la saison avait marqué de blanc un territoire qu'elle ne lâcherait plus avant le printemps prochain.

Pourquoi le monde était-il si beau cette nuit ? Inconsciemment presque, elle tourna les yeux vers la maison. Aucune lueur ne filtrait. Tant mieux. Elle aurait eu l'impression d'être épiée... Elle se pencha un peu, les mains sur les genoux. Elle était venue là, comme les autres soirs, pour des raisons multiples ; besoin de réfléchir, de se mesurer aux éléments, de leur dire sa détermination. Non, Muirme n'était pas du style à renoncer, à abandonner, à faire le pas de trop, qui ferait basculer son corps vers les rochers affleurants, tout en bas. Elle ne le ferait pas parce qu'il s'en fichait ! Depuis leur confrontation, il n'avait pas cherché une seule fois à la contacter, à la voir. Certes, c'est ce qu'elle lui avait demandé, ou plutôt jeté au visage, mais quand même...

La jeune femme se mit debout, rassérénée. Certaines pensées ont un pouvoir de guérison. « Je peux vivre sans toi » ; voilà ce qu'elle venait penser ici, en défiant la villa tapie dans la falaise. Elle tourna la tête vers elle, les yeux étrécis, comme pour bien s'enfoncer cette idée dans le crâne. À cet instant, une brusque rafale se leva, comme si la villa, prenant ombrage de ce défi, réagissait à sa manière. Muirme poussa un cri, chercha à se stabiliser en écartant les jambes, mais son pied se posa dans le vide. Elle bascula, tête la première, vers la lune reflétée sur les roches lisses et brillantes.

« Je n'avais jamais remarqué que la lune avait une bouche, et deux yeux » pensa-t-elle. « C'est la lune qui m'a fait tomber, la lune cherche à me dévorer ». Elle rit devant l'absurdité de sa propre hypothèse, et ferma les yeux pour ne plus voir la grande lune rose. Chuter de trois cents mètres, c'était une expérience intéressante... et unique. Une expérience de dilatation du temps et des sensations, où chaque seconde comptait pour cent. Mais quand même, elle mettait bien longtemps à arriver en bas.

Muirme ouvrit les yeux. Elle se trouvait au milieu de la paroi, de nouveau orientée dans le sens habituel, la tête vers le haut, les pieds vers le bas. Elle ne tombait plus, mais s'élevait doucement, si bien qu'il lui fallut un temps infini pour reprendre pied sur la falaise. Malgré les évènements ahurissants des dernières minutes, la jeune femme n'avait pas peur, et l'angoisse s'était envolée.

- Tu ne croyais quand même pas que j'allais laisser la lune te dévorer ? fit la voix de Finian, derrière son dos.

Il ne la touchait pas, mais se tenait près d'elle, à quelques centimètres à peine ; elle aurait pu jurer sentir la chaleur de son corps.

- Je... c'était un accident, précisa-t-elle.

- Mhm, alors la grande lune n'est pas coupable ?

Muirme se retourna. Tout en lui était solaire. Ses cheveux blonds, son regard bleu, presque violet sous les lunes, son sourire charmeur.

- Je ne sais pas, fit-elle sérieusement.

Elle le regarda, intimidée. Comment effacer les paroles de haine d'il y a deux mois ?

- J'ai oublié, répondit-il.

Oui, bien sûr, il n'allait plus jouer la comédie maintenant. Peut-on vivre avec quelqu'un qui « entend » vos pensées ?

- Il y a entendre et écouter, Muirme. On peut fixer des règles.

Elle acquiesça, la gorge sèche, les jambes tremblantes. Son corps prenait soudain la mesure du passage dans le vide. Quelques secondes de plus, et elle aurait été une petite flaque sur le rocher, que le soleil aurait cuit le lendemain matin. Elle se sentit la tête légère ; comprit qu'elle allait perdre connaissance.

- Oui, on peut... fit-elle avant de se laisser aller dans ses bras.

Finian la porta et la ramena vers les enfants. Cette nuit, et les suivantes, il resterait près d'eux.

Il se demanda quand même combien de temps elle mettrait pour s'apercevoir que pour quelqu'un qui pouvait jouer avec la gravité, comme il l'avait fait, créer une bourrasque de vent n'était qu'un jeu d'enfant...

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UnePasseMiroir
Posté le 06/11/2019
J'arrive un peu à la ramasse sur ce texte, mais vu que c'était Halloween y'a pas longtemps, je me suis dis que ça marchait quand même ! X)
J'ai bien aimé l'atmosphère de cette histoire, sombre, mystérieuse et un peu flippante sur la fin... je me disais bien que cette chute n'était pas tout à fait anodine... La pauvre femme, ça doit pas être facile pour être d'avoir un mari tel que Finian, mais paradoxalement, je ressens une certaine sympathie pour ce-dernier ! Cherche pas, j'aime bien les personnages vicieux et "méchants"...
Bref, j'ai très sincèrement apprécié ce texte ! Merci !
PS : la couverture est super belle...
Rachael
Posté le 06/11/2019
Décidément, tu ressuscites les vieux textes... et ça m'a fait plaisir de le relire ! Le thème était halloween, mais je crains que ce texte ne fasse pas très peur, c'est un truc pour lequel je ne suis pas très douée...
Sunny
Posté le 27/10/2013
Haha, je suis totalement sous le charme de Finian ! xD Voyou !
Et sinon, j'aime beaucoup cette nouvelle. Une nouvelle d'Halloween qui reste effrayante comme il convient, mais qui réussit également à être mignonne et drôle, c'est une jolie performance.
Merci donc pour cette très bonne participation, et ce moment de lecture plus que sympa ^^ 
Rachael
Posté le 27/10/2013
Merci beaucoup de ce commentaire silversun ! 
Oui, moi les grosses frayeurs, je ne sais pas faire, alors j'ai plutôt cherché l'angoisse, et la chute qui laisse la place au doute...
C'est pour cela que pour Finian, chacun s'est fait sa propre idée, et c'est très bien comme ça !
hmm (raclement de gorge gêné), je n'ai pas encore compris comment on mettait des étoiles aux textes qu'on commente. C'est expliqué quelque part ?
Seja Administratrice
Posté le 08/11/2013
Eh bien, je découvre enfin ta plume. Et c'est une très chouette découverte :))
Elle est toute jolie, ta scène baignée par les rayons lunaires. Pas vraiment terrifiante ni rien, mais très visuelle. J'avais l'impression d'apercevoir les rayons rosés se perdre dans les falaises. Pour l'histoire, j'ai cru comprendre que ça faisait partie de ton roman, c'est ça ? Si c'est le cas, c'est tant mieux, je me disais justement que cet univers avait un énorme potentiel. D'autant plus que la dernière phrase donne carrément envie d'en savoir plus :P
Merci pour cette petite promenade :)) 
Rachael
Posté le 08/11/2013
Hello Sej,
Ben, non, ça fait pas trop peur.... Je n'ai pas encore réussi à développer sérieusement ce côté "horrifique" chez moi ;)
Oui, c'est un "spin off" comme on dit chez les englishes, de mon histoire principale, avec quelques petites modifications...
Merci pour ton passage ! 
Nascana
Posté le 30/10/2013
Je me doutais bien que c'était pas innocent, la chute. Pauvre femme, elle ne peut pas imaginer ce qu'est son maris. Elle doit être perdue et se retrouve à retourner avec lui. 
C'est triste ce qui lui arrive.
Nascana 
Rachael
Posté le 30/10/2013
Merci pour ton commentaire, Nascana. 
Triste, je ne sais pas, parce qu'il existe quand même des sentiments très forts entre eux... 
Jamreo
Posté le 30/10/2013
Ouh le méchant Finian ! La fin me laisse avec un petit goût étrange, c'est sadique mais on n'arrive pas non plus trop à lui en "vouloir" tellement il avait l'air doux avant (ou alors, ça le rend carrément plus flippant si on y réfléchit).
J'ai beaucoup aimé ta nouvelle, même si je n'ai pas trop compris le rôle de la lune >< (excuse-moi, j'ai lu il y a quelques jours donc c'est peut-être pour ça).  En tout cas, ton Finian a un charisme fou, mais c'est assez malsain aussi. je me demande ce qu'il va se passer ensuite pour Muirme... 
Bravo Rachael ^^
Rachael
Posté le 30/10/2013
Ah, la lune : elle éclaire toute la scène, elle donne une atmosphère, et fait s'exprimer les états d'âmes de l'héroine, mais elle ne joue pas de rôle plus actif.
Merci pour ton commentaire Jamreo ! 
Shaoran
Posté le 30/10/2013
 Coucou Rachael, 
Ca fait un moment que je me dis qu'il faudra que je jette un coup d'oeil à ce que tu écris et ce concours a été l'occasion de découvrir ta plume et franchement je ne suis pas déçue. J'aime beaucoup ton style, même si j'avoue avoir eu un tout petit peu de mal au début à cerner ton héroine, à savoir si c'était elle ou une autre. 'fin j'étais un peu perdue, mais ça s'est vite estompé. 
Ensuite, j'ai lu des petits morceaux de commentaires après ma lecture, et contrairement aux autres, j'adore la fin. 'fin pas que les autres aient pas aimé, je veux dire je la vois pas comme eux en fait. Je trouve pas la dernière phrase inquiétante mais plutôt "rassurante". Je trouve qu'elle donne une dimension humaine à ce mari inquiétant. Quand on sait qu'il connait ses pensées, et accessoirement qu'il est près de la falaise à ce moment là, cela veut dire qu'il ne l'a jamais quittée, même s'il ne se montrait pas. Ca me donne l'impression qu'il l'aime vraiment et attend le moment opportun pour le lui faire comprendre. Partant du principe qu'il connait ses émotions, venir à elle trop tôt ne lui aurait pas permis de faire passer son message, d'autant qu'avec ses pouvoirs, il savait qu'elle ne serait pas en danger, donc on ne peut pas dire qu'il soit malveillant. Après avec un tel pouvoir, je veux bien comprendre qu'il n'ait rien dit. La question que je me pose simplement c'est comme Mi... (euh ton héroine dont je ne suis plus sûre du nom), pourquoi il a parlé maintenant ? 
Si j'ai bien compris c'est en rapport avec ton roman principal... il va vraiment falloir que j'aille jeter un coup d'oeil parce que j'ai beaucoup aimé 
Voili voilou 
Bravo et à peluche 
Sushi^^ 
Rachael
Posté le 30/10/2013
Merci de ton commentaire, Sushi !
La fin, j'ai voulu justement la laisser assez ouverte, avec cette dernière phrase, chacun peut se faire "son film",et imaginer Finian en "gentil" ou "méchant". C'est un peu le bon côté des nouvelles, on n'a pas à tout expliquer comme dans un roman. Je n'explique pas non plus pourquoi il parle au bout de si longtemps, parce que ça aurait été trop compliqué ici, et ça ne fait pas partie des préoccupations de Muirme (parce qu'elle, elle sait pourquoi).
Pour le début, tu es la seconde à me le dire,alors, il faudra surement que j'aille revoir ça après la fin du concours... 
Tu seras la bienvenue dans les Héritiers, si tu trouves le temps d'y passer !
 
BeuldesBois
Posté le 28/10/2013
Coucou Rachael !<br /><br />Hooo, j'allais dire "enfin une nouvelle qui se finit bien !" mais je n'avais pas encore lu ta toute dernière phrase à ce moment là xD Bigre ! Certes il a sauvé sa femme... Mais quand on s'assure qu'elle tombera dans le vide, juste avant, ça ressemble à un jeu vachement dangereux x'D. Un brin manipulateur. Et ça fait peur, les gens manipulateurs. Le reste de leur vie de famille pourrait très bien se passer comme elle pourrait carrément mal tourner. Et on le saura pas ! On peut juste s'inquiéter. Je trouve ça vachement réussit comme chute.<br /><br />J'aime beaucoup Muirme, elle m'a fait une très forte impression en peu de lignes. Il y a des moments où je la trouve très singulière et d'autres où je me retrouve tout à fait en elle. Un mélange qui marche vachement bien.<br />Quant à ton style, halala, il est si joli. J'y étais, moi, sur cette falaise. (J'avoue qu'en plus avec la tempête dans le nord ces derniers temps, le vent, j'ai pas besoin de l'imaginer pour l'entendre xD.)
Rachael
Posté le 28/10/2013
Ah, mais, c'est Halloween, quand même, ça ne pouvait pas finir complètement bien ! Il faut garder le frisson de l'inquiétude... (*_*)
Oui, Miurne, je la vois avec une forte personnalité, parce que même si elle ne savait pas tout, il est clair qu'elle n'a pas choisi un mec banal... (manipulateur, ça c'est sûr, mais peut-être amoureux, aussi...)
Merci beaucoup Beul pour tes compliments et ce gentil commentaire :)
 
Luna
Posté le 26/10/2013
Coucou Rachael :)<br />
<br />
Ça fait un sacré bout de temps que j'ai envie de me plonger dans Les Héritiers Célestes et ta nouvelle ne fait que me conforter encore plus dans cette idée !<br />
<br />
J'aime l'atmosphère générale de ton récit qui nous transporte au plus profond des pensées de Miurme, un peu à la manière de Finian finalement ?! Sur le coup, je me demandais ce qui allait lui arriver d'horrible et en fin de compte, je crois que le pire reste peut-être à venir... c'est assez angoissant en fait XD<br />
<br />
Bon mon commentaire n'est pas très constructif, mais j'ai beaucoup aimé ta plume très riche, mais pas lourde au contraire. Tu as un style très abouti je trouve mais qui reste très facilement accessible.<br />
<br />
Bref, merci pour ce petit instant littéraire et à très bientôt sur Les Héritiers Célestes ;)
Rachael
Posté le 26/10/2013
Et oui,tu as raison: l'écrivain plonge dans les pensées de ses personnages comme les télépathes dans les pensées d'autrui. Intéressant, je n'avais jamais pensé à cela de cette façon... 
Merci pour ton commentaire et tes compliments ! Tant mieux si tu as trouvé cela angoissant, je me suis demandé si ce n'était pas un peu trop "gentil" considérant le contexte "halloweenesque"... 
A bientôt, quand tu veux, dans Les Héritiers Célestes. Et Aaron, ça avance ?
 
Mimi
Posté le 25/10/2013
Salut Rachael !
Je viens de lire ta nouvelle… Je l'ai trouvée très originale. Ce n'est pas du tout ce à quoi je m'attendais, ça fait tellement de bien d'être surprise comme ça ! La Lune, on peut vraiment en parler de mille manières différentes et ça donne de très belles choses.
Ta nouvelle en est une. Déjà, j'ai adoré l'atmosphère. J'adore ce genre d'atmosphère nocturne, avec une héroïne seule et ses petits rituels. Et comme j'aime la Lune aussi, beaucoup, eh bien je m'y suis sentie comme chez moi… Je ne saurais pas dire ce que j'ai préféré dans ton histoire (d'ailleurs, je la trouve parfaite pour une nouvelle écrite en moins d'une semaine ! :O je suis très impressionnée…). J'ai bien aimé aussi l'histoire en second plan qui trouve sa résolution à la fin, le retournement de situation (c'est le cas de le dire^^) quand Mùirme chute dans le vide et est rattrapée in extremis par Finian. Bref, tu l'auras compris j'imagine, j'ai été littéralement transportée ! (et je crois bien que je vais donner une seconde lecture à ton joli récit !)
Merci pour ce bon moment !
Mimi. 
Rachael
Posté le 25/10/2013
Merci beaucoup Mimi ! Je te dirais bien de ne pas relire, c'est à la seconde lecture qu'on voit les défauts... :)
Moi aussi, la lune, les balades nocturnes, j'aime bien, ou même les paysages de montagnes sous la lune...
 
Elka
Posté le 24/10/2013
Oh la chute est excellente, je l'avais pas sentie venir ! Bien trouvée, c'est glauquignon (entre le glauque et le mignon "xD)
Une nouvelle toute mélancolique avec non pas une lune, mais deux <3 Le décor est très beau ; on se visualise parfaitement les falaises, les lumières dans la nuit, la double lueur des lunes. Vraiment très joli !
J'aime ton monde esquissé où certains sont rejetés car dangereux (attendre 4 enfants pour le dire n'empêche, je l'aurais très mal pris aussi !). Finian a l'air très fort (sans éléments de comparaison, forcément) et je souhaite à Muirme des enfants qui vivent leurs pouvoirs aussi "bien" que leur papa.
Oui ton histoire est touchante est bien écrite, on souhaite que la situation s'arrange et on est soulagée de le lire à la fin (jusqu'à la chute qui laisse quand même entrevoir un Finian pas si "gentil jusqu'au bout des ongles" que ça !)
Une belle nouvelle d'Hallooween, bravo à toi ! <3
Rachael
Posté le 24/10/2013
Merci pour ton commentaire Elka ! Je suis contente que la nouvelle te plaise, même si elle est Glauquignonne (mouahahah , j'aime bien ! ). C'est vrai qu'elle n'empêchera personne de dormir !!
 
 
Cricri Administratrice
Posté le 23/10/2013
C'est en survolant les autres commentaires (après avoir lu, évidemment !) que j'ai cru comprendre que cette nouvelle prenait ses racines dans ton roman. Eh bien, ça donne envie de le découvrir, dis donc ! Pourtant, ça aurait très bien pu être un texte indépendant : il n'est pas besoin d'avoir lu ton roman pour comprendre l'enjeu latent ici (une femme qui a découvert que son mari avait des pouvoirs psychiques phénoménaux, qui le voit comme un monstre tout en continuant visiblement de l'aimer, qui a apparemment surtout souffert de ce non-dit et de la façon dont il ne se bat pas pour reconquérir sa confiance et enfin qui s'inquiète de la répercussion que ce pouvoir aura sur leurs enfants).
La chute - dans tous les sens du terme, lol - nous dévoile une facette proprement machiavélique de cet étrange mari. Le fait est qu'il a mis un terme aux questionnements tourmentés de sa femme et qu'il semble l'avoir reconquise.
Le style est de très belle qualité ! C'est élégant, visuel, fluide, romantique !
La lune est bien présente ici (en double exemplaire, même), mais je n'ai pas compris si son rôle était purement décoratif ou si, vraiment, elle aurait pu contribuer à faire chuter Miurme. Bon, on sait à la fin que ce n'est pas cela, mais est-ce que ça aurait pu être la lune (comme une sorte d'entité pensante) ou est-ce que c'était une façon de parler de la part du mari ?
Si l'atmosphère est mystérieuse, elle n'est pas inquiétante à proprement parler : les craintes de la femme par rapport au pouvoir du mari sont des peurs qui lui appartiennent, qui s'inscrivent dans sa vie personnelle. On peut compatir à son tourment, dans la mesure où elle s'est sentie blessée et qu'elle rejette son mari à cause d'une confiance brisée, mais on n'a pas peur à proprement parler. La chute elle-même est présentée de façon si poétique, si ralentie, si "douce" que je n'ai pas eu plus peur que Miurme elle-même.
Au final, je pense que ce qui m'a donné le plus la chair de poule, c'est la dernière phrase du récit, qui présente le mari sous un jour parfaitement inquiétant (enfin moi, je l'ai trouvé inquiétant ce personnage, peut-être que ça ressort différemment dans le roman ^^).
En tout cas, je maintiens que ça donne rudement envie de lire ton histoire ! :-D
Rachael
Posté le 23/10/2013
Mhm, oui, tu m'as totalement percée à jour, Cristal : la lune, ou plutôt les lunes, ont un rôle un peu "décoratif", dans le sens où elles n'ont pas de rôle actif, mais contribuent seulement à renforcer l'angoisse que ressent Miurme, par le décalage entre son univers intérieur chaotique et l'harmonie des lunes conjuguées (enfin c'était l'idée, hein, je ne dis pas que ca transparait forcément dans le texte...). 
Et sur l'histoire, tu as tout compris sur l'état d'esprit de Muirne : son désarroi, sa confiance blessée, son inquiétude pour ses enfants, tout ça, tout ça... et aussi la souffrance devant la constatation que son mari ne semble pas chercher à la reconquérir. Il y a aussi un élément que je voulais faire passer, mais je ne sais pas si j'ai réussi : je voulais, en amenant Muirme vers la falaise, que le lecteur s'inquiète d'un possible suicide, et que cela crée une certaine tension.
La dernière phrase du récit, c'est la partie la plus "halloweenesque" : Jusqu'où peut-il aller pour la garder ? Est-ce que par hasard, il ne serait pas un peu un monstre quand même ? 
Au lecteur de se faire sa propre idée... 
Tu es la bienvenue quand tu veux chez les Héritiers célestes ;)
(l'univers de cette nouvelle est en effet dérivé de celui des héritiers, mais c'est quand même très différent, dans les héritiers, le héros est un enfant, et personne ne tombe de la falaise ! jusqu'ici, niarf, niarf...) 
Merci d'avoir pris la peine de me faire un commentaire aussi détaillé, qui me fait penser que je ne suis pas totalement passée à côté de ce que je voulais transmettre au lecteur (-_-) 
 
Diogene
Posté le 23/10/2013
Bravo Rachael, <br />
<br />
C'est le premier texte que je lis de toi et tu m'as fait voyagé. Si j'en trouve le temps, j'irai lire les héritiers célestes dont je viens de voir que tes personnages venaient de là.
Rachael
Posté le 23/10/2013
Hello Diogène !
Merci de ton commentaire ! Oui en effet, ce n'est pas partout qu'on a deux lunes ^^. 
Les personnages ont un rapport avec les héritiers, mais cela reste assez différent, puisque le héros principal est un enfant, et jusqu'ici, personne n'est tombé de la falaise :)
Tu viens quand tu veux voir les Héritiers célestes ;)  
Sati
Posté le 23/10/2013
Ton texte est super étrange !
Je ne sais pas si Muirme est issue d'une autre histoire et que tu l'as prise, elle et son univers pour raconter cette aventure d'Halloween, mais si ce n'est pas le cas, je trouve que sa caractérisation manque de précision. Ce n'est pas gênant pour suivre ce qui se passe, mais c'est très perturbant pour comprendre ses motivations et un minimum de sa psychologie, voire de ses antécédents. En fait, ça n'encourage pas des masses à compatir à sa situation, le fait de ne pas savoir grand chose comme ça.
J'ai eu du mal à comprendre ce qui se passait. Oui en gros, elle se balade, tout en explorant ses doutes du quotidien ? mais en dehors de ça, on ne sait ni à quoi elle ressemble, on manque d'éléments sur son passé... Si ce personnage provient d'une histoire de ton cru, tout s'explique par contre.
Le coup de la lune rose, c'était assez poétique j'ai trouvé ! J'aime bien découvrir la façon dont ce thème est géré d'une nouvelle à l'autre. Là c'est original =)
Secret'Spleen
Rachael
Posté le 23/10/2013
Merci de ton retour Secret'Spleen.
Je n'ai pas voulu caractériser Muirme ni physiquement ni autrement. Et on ne connait pas non plus l'univers dans lequel elle évolue, si ce n'est qu'il y a deux lunes, et un village en haut d'une falaise... (oui c'est un univers qui existe dans d'autre écrits, mais cela n'a pas d'importance ici).
Ce qui m'intéressait, c'est la situation dans laquelle elle se trouve, et qui est à la fois étrange et universelle (d'où l'absence de caractérisation), c'est à dire qu'elle s'aperçoit après quinze ans de vie avec un homme que celui-ci est un parfait inconnu pour elle, qu'il lui est irrémédiablement étranger. Donc oui, elle a quelques doutes et angoisses ^^ 
Dommage si ce n'est pas bien passé à la lecture, la nouvelle c'est une première pour moi, j'ai peut-être mal dosé...
Sierra
Posté le 23/10/2013
Bonjour Rachael !
C'est la première fois que je te lis et ta nouvelle me convainc avec encore plus de force qu'il faut que je vienne lire tes romans ! J'ai beaucoup aimé ton écriture, très poétique et porteuse d'images évocatrices. Les mots que tu emploies sont toujours les bons, tout ton texte est très harmonieux, il n'y aucune fausse note. J'ai bien aimé l'introspection dans l'esprit de Muirme, ses idées sont claires, intéressantes, et c'est une jolie leçon de vie que tu nous offres à travers ses pensées. La présence de ces deux lunes reste très mystérieuse, leur rôle est énigmatique et c'est plutôt plaisant de ne pas avoir de réelle explication à leur sujet. Je n'ai pas éprouvé de grands frissons, mais j'ai bien aimé la tension produite par la fin du texte. Ton personnage masculin me laisse un arrière-goût étrange, c'est lui qui incarne toute la véritable angoisse je crois.
J'ai passé un très bon moment à te lire, ça m'a beaucoup intriguée sur ce que tu écris d'autre. Je reviendrai sans faute :) 
Rachael
Posté le 23/10/2013
Merci Sierra ! La nouvelle, c'est une première pour moi, alors je suis contente qu'elle t'ait plu. C'est sûr, elle ne fait pas très peur, c'est un truc dont je me sens totalement incapable... J'ai plutôt essayé de diffuser une certaine angoisse, liée à ce personnage qui n'apparaît qu'à la fin, et qui nous offre un "happy end" en demi-teinte. 
Tu viens quand tu veux lire le reste ;)
 
Beatrix
Posté le 23/10/2013
Tu as une écriture très riche et très belle, j'aime bien la façon dont tu parviens à faire passer le trouble bien compréhensible de Muirne, ses états d'âme à fleur de peau. On ne vient même à se poser la question : "Comment moi j'aurais réagi à une telle révélation ?"
Finian se pose en personnage un peu ambigu - pour le moins : d'un côté, on comprend pourquoi il a attendu si longtemps pour tout avouer s'il riquait ce genre de réaction... de l'autre, on lui en veut de ne pas avoir été franc depuis le début. D'un côté, il est vraiement manipulateur, mais de l'autre, comme on ditr, aux grand maux... Il est terriblement présent dès le début à travers les pensées de Muirne, on devine leur lien très fort malgré tout.
Puis la lune est bien là... Une présence omniprésente, effrayante, cela donne un côté bien mystérieux au tout...
Encore bravo pour ce très beau texte. 
Rachael
Posté le 23/10/2013
Salut Beatrix,
Qu'est-ce que j'ai fichu ? J'étais absolument certaine d'avoir répondu à ton commentaire... (d'ailleurs je réponds TOUJOURS dans l'ordre des commentaires). Ca a dû se perdre dans les limbes d'internet. 
Alors, tu aurais réagi comment ? ( à une telle révélation ?)
Oui, le lien est très fort entre eux, et c'est pour cette raison qu'elle ne peut penser à rien d'autre finalement, dès que le jour tombe, et que les occupations de la journée sont terminées (avec quatre enfants, on imagine les journées bien remplies). Et lui, eh bien, oui, il est ambigu, et chacun peut d'ailleurs se faire sa propre idée à la fin... J'ai préféré laisser ouverte l'interprétation. 
Merci pour ces compliments sur l'écriture, j'aime aussi beaucoup la tienne, dont j'avais eu un aperçu dans les enfants du ciel (à quand la suite ?). 
 
EryBlack
Posté le 23/10/2013
Vindieu, Rachael, mais c'est une sorte de hors-série des Héritiers Célestes que tu nous proposes là !! La villa du Nazhgar, et le Nazhgar lui-même ! Oh là làààà *-*
J'ai trouvé ça vraiment passionnant du coup, j'aurais aimé en lire encore plus ! J'aime bien la fin aussi. Il a créé cette rafale de vent pour pouvoir mieux la sauver après, non ? Pour reprendre le contact ? C'est l'impression que ça me fait en tout cas, et je trouve ça vraiment beau :)
En plus t'as réussi à bien coller au thème, avec ces deux lunes ^^ Bon après, le texte se démarque complètement de l'ambiance halloweenesque, mais il est hyper original puisqu'il se passe dans ton monde, et toujours aussi bien écrit... je suis conquise ^^
Une petite question : d'où vient le prénom de Muirme ? Et celui de Finian aussi ? C'est juste parce qu'ils sonnent bien ou c'est le fruit de longues et pénibles recherches ? ^^ Ils sont très chouettes en tout cas, ces deux personnages... J'ai envie que l'histoire continuuuue >.< 
Rachael
Posté le 23/10/2013
Meuh oui !! C'est complètement ça. T'es la première à l'avoir vu.
Super Eryyyy ! Un bonus **** (et toute ma considération...)
Ca me démangeait depuis un moment d'écrire cet épisode où la femme du nazgar découvre la vérité, et comment ils s'en sortent après. Alors, j'ai juste changé les noms (faut pas spoiler) et essayé de faire passer le contexte sans rien expliquer ou presque...
Oui, tu as tout compris, il crée la rafale pour la sauver et la reconquérir... c'est plutôt romantique finalement et pas très "halloweenesque", ce qui me fait rire, parce qu'en règle générale, je me sens plus proche de Tim Burton que de Lamartine...
Les prénoms, je les ai trouvés cette nuit entre 0h30 et 01h00... Ils sont contruits à partir de prénoms irlandais (zut, je dévoile mes sources...)
L'histoire ne continue pas ici, mais ne t'inquiète pas, on  reparlera du nazgar dans les Héritiers...
aranck
Posté le 23/10/2013
Hello Rachael, 
Alors tu as craqué aussi pour Halloween ! Ça change la tête, ce qui ne fait pas de mal parfois !
Ton texte est fort sympathique et tes desciptions des paysages toujours aussi fines et nuancées, je crois que c'est d'ailleurs ce qui fait l'une de tes particularités.
Je n'avais pas saisi tout de suite qui était qui, et j'avoue que la chute m'a surprise ainsi que la dernière phrase, très belle.
Je ne peux pas non plus m'empêcher de penser comme Finian... Mais je peux comprendre l'inquiétude de la jeune femme devant ces bizarreries... Je n'ai pas eu peur, mais par contre j'ai bien ressenti l'angoisse de Muirme, ses hésitations, son questionnement. je retrouve également ta plume, plus mûre d'ailleurs dans ce texte, mais c'est normal, les héros sont aussi beaucoup plus âgés. 
Félicitations donc ! 
Rachael
Posté le 23/10/2013
Merci Aranck !
Ben oui, ça m'a démangé hier matin, j'ai une idée qui s'est pointée, alors que je n'avais vraiment pas l'intention de participer. Comme quoi, il faut laisser la place à l'improvisation quelquefois.
Ca m'a changé des Héritiers. Enfin, pas tant que ça dans le fond, mais sur la forme c'est sûr. C'est amusant d'écrire avec des contraintes sur le fond et la forme.
Mûre ma plume... Mhm, je ne sais pas trop si je dois prendre ça pour un compliment. Desproges n'a-t-il pas dit "l'âge mûr est celui qui précède l'âge pourri " :P
MDR 
Rimeko
Posté le 23/10/2013
Oh ! une sacré chute, dans les deux sens du terme...
 
Il n'y a peut-être pas de sang et de morts, mais l'angoisse fait parfois mieux... Elle est géniale ton histoire !
Rachael
Posté le 23/10/2013
Merci Rimeko ! C'est très gentil ce que tu me dis.  
C'est ce sentiment d'angoisse que je cherchais à créer, d'impuissance par rapport aux évènements qui parsèment notre vie. Tant mieux si "ça marche". 
Dans les histoires courtes, le plus dur c'est la chute... j'ai trouvé que l'idée de la chute "pour de vrai",  c'était un clin d'oeil rigolo...