Je vous donne ma féminité,
Je vous l'offre.
Où est le bonheur que vous êtes censés nous apporter?
Où est l'opulence, la lésure, la promesse d'un refuge ?
Puisque vous l'avez dénaturée jusqu'à en sculpter des chaînes
Je vous la rends, car
Ma féminité n'est pas une peau qui me colle
Un sexe qui m'assigne,
Une vérité immuable qui me diminue
Ma féminité est grandiose et rugissante,
Elle me hurle : "je ne peux être
contenue"
dans leur regards, dans leurs paroles, dans leurs gestes
Ma féminité est un monstre
rugissant d'avoir été laissé affamée trop longtemps
Mais elle se prends en horreur
Lorsqu'elle voit
Les meurtres, les agressions et les atteintes,
La haine, la peur et l'orgueil
Baissez vos épées et rangez votre haine,
Car s'il faut que je m'ampute pour survivre,
Je vous rends ma féminité
Les nombreux enjambements reflètent, j'imagine, l'impossible contenance de cette force (ou de cette malédiction ?).
Le vers libre et l'absence de rimes conviennent tout au fait au sujet. Je vois qu'il n'y a qu'un seul point dans le poème et je me demandais pourquoi tu n'avais pas décidé d'abandonner toute ponctuation pour filer cette représentation formelle de la liberté et du surgissement incontrôlable.