Marceline

 

Je suis riche et célèbre dans ma contrée et pourtant tous me fuient.

Quelle belle bande d’hypocrites! Ils sont bien content de trouver la Marceline quant ils en ont besoin. 

Tiens on sonne à la porte, mon rendez-vous est à l’heure. Une pauvre petite fille de 16 ans sanglotante accompagnée de sa mère. Elles ont vendu le peu d’objets de valeur qu’elles possédaient pour me payer. Le ruine plutôt que le déshonneur. 

- Cesse de pleurer, lui ordonne sa mère.

La matrone est sèche comme un coup de trique, se tiens bien droite dans une attitude qu’elle veux digne. Elle est pétrie de honte à l’idée de se retrouver ici. Ce n’est pas l’éducation qu’elle a donné à sa fille ! 

Le petite jure que c’était un viol mais personne ne l’a croit et de toute façon quelle importance que c’en soit un ou non. 

Ça commence à se voir, la grossesse est avancée. Le travail sera plus difficile. 

La gamine a voulu fuir avec son enfant, elle le sens vivre dans ses entrailles et elle l’aime. Elle veux le garder. Mais sans argent, seule… Elle s’est dégonflée et est bien vite retournée chez ses parents. Il l’a frappèrent si fort et surtout dans le ventre mais le fœtus s’est accroché. 

Le père de l’enfant est un moins que rien, hors de question d’organiser un mariage avec cet individu. Plus d’autre moyen que d’aller voir la faiseuse d’anges. 

Je me fait payer d’avance, la mère sort la liasse de billet de son vieux sac à main. Je range l’argent dans un tiroir que je ferme à clef. 

Tout est déjà prêt à la cuisine, l’eau chaude, les serviettes et les aiguilles. J’y fait entrer la petite effrayée. Je lui demande de retirer ses sous-vêtements et de s’installer sur la table. 

Elle serre les jambes. 

- Écarte les jambes ! T’as bien été capable de les ouvrir pour tous nous plonger dans la honte ! 

Elle s’exécute. La suite est une souffrance indicible, elle crie, se débat, je demande à la mère de la tenir. Le travail est difficile dans ces conditions, il l’est toujours avec des filles si jeunes. 

J’ai fini par l’avoir ce fœtus, il commençait déjà à être formé. Ça va puer dans le poêle quand je vais m’en débarrasser.

La fille a perdu beaucoup de sang, elle tiens à peine sur ses jambes. Je préconise une bonne semaine de repos avant qu’elle ne soit remise sur pied. 

Je suis tranquillement installée dans la cuisine avec un bon café. Cet avortement m’a épuisée. Demain encore un autre, une mère de famille nombreuse qui n’en veux pas un de plus. Ça sera plus facile, ça l’est toujours quand la mère ne veux pas de son enfant. 

 

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Taranee
Posté le 18/09/2022
Bonjour !
J'ai beaucoup aimé ce texte. Très prenant, on peut y voir plusieurs aspects de la condition des femmes au 20ème siècle. D'abord avec Marceline, qui pratique illégalement l'avortement (si j'ai bien compris), qui dégoute les villageois, puis avec cette jeune fille, qui s'est fait violer et enceinter hors mariage, "détruisant" ainsi "l'honneur" de sa famille. De plus, le fait qu'elle veuille garder le bébé, à l'encontre de l'avis de ses parents, montre que les femmes n'étaient pas libres de leurs choix.
Bravo pour cette histoire !
Marlee2212
Posté le 13/08/2022
Hey !
Je t'avoue je suis tombée sur ton texte un peu par hasard, mais je ne regrette pas. Je l'ai trouvé particulièrement poignant, notamment par le thème et les termes employés que tu as très bien retranscrits dans ton récit.
S'agit-il d'une simple nouvelle ou d'une histoire qui va poursuivre son court ?
Laurette Follot
Posté le 14/08/2022
Merci Marlee pour ton commentaire! Il s’agit d’une nouvelle, je ne pense pas continuer de développer cette histoire.
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