C’est la nuit dehors, la pleine nuit.
Un épais brouillard s’est installé dans le village, il nappe les routes, les rues et les champs. Les chats et autres êtres de la nuit s’y faufilent, leur ombres se dessinent au travers. De loin, on pourrait s’y méprendre et croire que ce sont des spectres. Les gens, eux, dorment. Ils ne se soucient pas de ce qu’il se passe à l’extérieur, ils ont raison. Demain ils iront au travail. Les enfants iront à l’école, avec plus ou moins de réticence.
Martin Vazil, un gamin de huit ans, dort aussi.
Pourtant il vient de se lever de son lit. Il dort toujours, mais il est debout. Il se met à marcher, ouvre la porte de sa chambre et descend les escaliers. Arrivé devant la porte d’entrée de la maison, Martin se saisit des clefs sur la serrure et la déverrouille. Il dort toujours.
La porte ouverte, une brise fraîche d’automne vient cueillir le garçonnet. Un frisson le parcours, il ne se réveille pas. Il sort sans se retourner, laissant la porte ouverte derrière lui.
La maison des Vazil se trouve face à un champ qui débouche sur une forêt. Martin s’y dirige. Ses pas semblent instinctifs bien qu’il soit inconscient. Ses pieds nus touchent le sol glacé mais cela ne le dérange pas. Il ne sent rien.
Un chat assis sur le muret d’un voisin le regarde et s’interroge sur cet étranger dans la nuit. Quelque part, dans une ruelle, les phares d’une voiture s’allument ; cette lumière est la seule à fendre les gouttelettes suspendues dans l’air.
Arrivé à la lisière de la forêt, Martin ne s’arrête pas. Il s’engouffre dans l’immensité des ténèbres. Il dort.
À travers la brume, derrière les arbres et les rochers, tout un monde observe l’intrus qui déambule. Perchée au sommet d’un vieux chêne, une chouette effraie se met à hululer. Quelque chose se faufile entre les jambes du garçon, un mulot, une souris, peu importe ; il ne s’arrête pas. La marche n’est plus très longue, elle arrive bientôt à son terme.
Au cœur du bois, là où l’obscurité règne, il y a un terrier. Un tout petit trou caché derrière quelques herbes folles, à l’abris des regards indiscrets. Ce qui s’est installé et terré ici n’appartient pas à la population locale. Chacun évite de s’y approcher de trop près. Quelque chose là-dedans est pourri, mauvais. Il s’en dégage une odeur vicieuse ; une odeur de maladie et de souffrance.
Les pas de Martin l’y conduisent.
L’intérieur est sombre, froid et lugubre. L’enfant avance dans un couloir étroit et humide. Il glisse plusieurs fois sur le sol vaseux et tapit d’insectes grouillants. Éveillé, il aurait sans doute détalé à la vue de cette odieuse compagnie. Mais Martin dort profondément. Peut-être même qu’il est en train de rêver.
La chose l’attend dans l’impasse de son repaire, encore chétive et faible mais affamée.
L’enfant arrive et lui fait face. Il ne le sait pas. Il dort toujours.
La chose le regarde.
L’enfant se tient immobile.
Alors la chose s’approche de lui jusqu’à ce que sa bouche ne soit plus qu’à quelque millimètres de sa chair. Elle lâche son emprise sur Martin et celui-ci se réveille lorsque des crocs puissants se plantent dans sa gorge.
Son cri déchire la nuit mais personne ne l’entend.
L'angoisse pointe son nez, dès le premier chapitre. Les répétitions, comme "il dort" martelent le récit comme un mantra, ajout
J'ai rien à redire, à part peut-être que tu répètes un poil trop que le garçon dort (?) Je ne sais pas, je chipote un peu sûrement, mais c'est histoire d'avoir une critique à faire ! Parce qu'en dehors de ça, tu m'as bien fait accrocher, ton écriture n'est ni lourde, ni prétentieuse, et tu disperses suffisamment de mystère pour créer une bonne intrigue !
Je n'ai qu'une petite remarque, c'est sur la toute première phrase : "C’est la nuit dehors, la pleine nuit." J'ai eu un sentiment de répétition, peut-être noter simplement "C'est la pleine nuit dehors." appuie déjà sur le fait qu'on est profondément dans l'obscurité et fonctionne tout aussi bien ? :)
Ce n'est pas important mais j'ai tiqué dessus ^^
En tout cas je vais lire la suite avec plaisir. (et même dans la foulée je pense)
Je trouve toujours ça difficile de commencer un chapitre, surtout un premier chapitre, mais ton premier paragraphe réussi bien à planter le décor pour moi.
De même, la description du terrier marche bien ; elle est courte, mais suffit à faire monter la tension.
J'ai noté juste deux petites coquilles :
- derrière-lui n'a pas besoin de tiret
- chaire ne prend pas de e dans ce contexte
Et sinon, juste le début (des enfants + un monstre) ça me fait penser à Ça de Stephen King, mais c'est aussi que je l'ai lu il y a peu ^^
Hâte de lire la suite !
Oui, il est indéniable que Stephen King plane autour du récit, mais j'essaie de m'en détacher le plus possible.
J'ai lu ton texte devant la télé et malgré ça j'ai réussi à trouver ton récit effrayant.
On entre facilement dans l’univers, l’ambiance. C’est plein de petits détails et j’aime bien ça.
J’ai apprécié ta description du chat, qui donne un autre point de vue à la scène. Ça assure la position d’observateur du lecteur, je trouve. (Je ne sais pas si c’est très clair, pardon).
Quand tu décris la première vision du trou, j’ai commencé à flipper. Et la description de l’intérieur du terrier est juste nikel.
Ton style d'écriture est fluide et agréable à lire.
Ton texte est aéré, mais pas trop, juste ce qu’il faut pour que la lecture soit agréable et légère.
Franchement, pour un premier chapitre, je n’ai rien à redire, si ce n’est t’encourager à continuer.
Même ton choix de couverture, je le trouve justement choisi.
Désolée, j’ai pas de critique constructive à te faire, mais ça viendra peut-être à ton deuxième chapitre.