MARY.

Mary,  entra dans la maison suivie de Macha. Un soleil doux caressait sa joue.

Elle poussa un soupir de satisfaction en regardant autour d’elle..

Enfin, tout était fini, et la maison ressemblait à un bijou, Macha avait accompli le petit miracle de traduire parfaitement ses goûts. Des tissus liberty ornaient tous les rideaux et les couvre-lits, des berlingots roses et mauves  parsemaient le canapé.

Elle lui en était profondément reconnaissante, aussi étaient-elles  devenues très amies. Mary avait invité Macha à séjourner quelques jours avec elle pour mettre en route la maison.

Mary venait de  transférer la maison bleue des Hampton, laissée à l’abandon, à une société anonyme.

Ce  n’était pas  la plus grande,  mais certainement, maintenant  la plus cosy, et aussi la plus féminine de tout ce coin de Long Island.

 

  Elle jouxtait la grande maison des Mac Cowley, la plus en vue de tout le quartier, et la plus célèbre aussi. Le sénateur Mac Cowley recevait énormément, tout le gratin New-yorkais se pressait pour y être invité,  les artistes les plus renommés aimaient y venir pour des cachets princiers. Être invité un soir chez les  Mac Cawley, était signe de consécration, un passeport pour la notoriété.

Les lendemains les domestiques vidaient des camionnées de Dom Perignon.

 

  Après avoir défait sa dernière valise, Mary enfila une jupe longue, et se dirigea vers la porte des Mac Cowley, où elle sonna. Une grande femme brune, élégante et sophistiquée, d’une quarantaine d’années, lui ouvrit en souriant.

 

« Je me présente, je suis votre nouvelle voisine, » dit Mary. Mary Brown »

« Entrez,  J’avais hâte de vous  rencontrer » répondit la grande brune. En lui tendant la main  «  Enchantée, moi, c’est Hélèn. »

 

  Hélèn l’invita à boire une tasse de thé, elles papotèrent,  principalement sur l’agencement  délicieux de la maison de Mary et Helen la complimenta sur son goût,

«j’ai suivi vos travaux de bout en bout, vous avez accompli un travail remarquable, pour transformer cette vieille bicoque.»

  Un léger silence suivit à l’évocation de la vieille bicoque, et Mary répondit

 «Oh! c’est Mâcha qui a tout fait, elle a un goût exquis. Il y en avait vraiment besoin après toutes ces années d’abandon.. »

 

  Hélèn, pour finir,  lui annonça qu’elle organisait une grande fête le samedi,  pour l’anniversaire de son mari: « 60 ans ça compte. Tout de même! Le sénateur  a l’intention de bientôt se présenter aux élections présidentielle, déclara fièrement Hélène, c’est un homme remarquable et je l’adore. »

 

  Elle invita  Mary à y venir, avec Macha, précisant en plaisantant qu’ainsi, elle n’aurait pas besoin d’appeler la police si elle faisait trop de bruit. Mary remercia avec détachement et prit congé. Hélèn ferma la porte en maugréant:

« Quelle mijaurée. je l’invite à une des soirées où l’on se bat pour venir et elle accepte avec indifférence, Mais  pour qui se prend-elle, mademoiselle,  Je l’écraserai comme une puce »

  Mary retourna dan

sa « bonbonnière ». Elle contempla à nouveau son ravissant intérieur, songeant à quel point le temps où elle était dans cet orphelinat, sans maison à elle, sans nulle part où aller, lui semblait désormais lointain. D’un revers de main, elle chassa ce mauvais souvenir. et s’efforça plutôt de se rappeler aussi des jours heureux de son enfance, lorsqu’elle jouait sur la plage avec son père et d’autres enfants. Elle revoyait Jimmy le fils de l’aubergiste « peau rouge »  ce  garçon maladroit, qui lui tirait les cheveux et lui promettait de l’épouser plus tard.

Mais d’autres souvenirs encore,  et plus douloureux l’assaillirent en même temps. Elle revit sa mère hurlant de désespoir, son père avec une valise à la main, et cette longue silhouette brune tout de blanc vêtue qui l’attendait dans une voiture avec  un regard  de pierre.

 

Peu après, elle se rappela les journaux accusant son père, la vente de la maison de Riverside Park, puis la perte de sa mère et la fin de son enfance dans un orphelinat.

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