Médée Ahumnet

Notes de l’auteur : Cette histoire est un monologue prononcé par Médée qui est une déesse égyptienne. on découvre sa souffrance, sa peine et sa colère envers Jason. ce n'est pas un texte contre la femme : Il s'agit de montrer la colère d'une femme face à sa condition.

Ils n'ont aucune idée de ce que ça fait.

De vivre dans la nuit éternelle. Toujours à se battre pour survivre un jour de plus.

J'ai traversé des océans d'éternité pour plonger dans la nuit éternelle. La seule qui voulait de moi.

 

Quels insultes sont la caresse du vent et la douceur du matin.

Ils étaient mon bonheur. Désormais ils sont mon malheur.

Cruel, vil tel les fauves au pelage étincelants qui me suivent pour leur livrée de chair et leur soif de sang.

Même si leur présence m’insupporte. On frisonne dans la pierre, on se cache lorsque la nuit apparaît. Les bêtes se tuent.

Pourtant on aimerait contempler mon regard briller dans le lointain, ma chair mate et douce. Avant que je m'empare de leurs cœurs ensanglantés.

 

Depuis des millénaires, j'entendais les plaintes d'êtres dont j'ignore le nom.

Je voyais la terre se déchirer, les eaux se déchaîner.

Des géants qui luttent pour un pouvoir dont ils ignorent tout l'étendue.

Le soleil qui caresse cette terre généreuse.

On m'a jeté dans ce monde, né de parents modestes.

Récitant des paroles dont nul ne comprend le sens.

Pour quel motif on essaie de me faire taire ?

Toutes les nuits, cette question ronge mon cœur.

Je sentais cette force qui bouillonne en moi.

Brûlante. Et pourtant insurmontable.

 

Regarde-les. Regarde-les

Ces foules qui se plient devant moi.

Qui me regardent comme une chose sans âme.

Leurs âmes sont si veules. Inutiles. Ils souhaitent tous me lapider par jalousie.

Tous. Enfants, femmes, hommes dans la fleur de l'âge ou vieillards décomposés.

Partant avec un regard méprisant derrière l'épaule.

Qui sait ce qu'ils ont dit aux ténèbres dans les moments les plus amères de la nuit ?

J'apportai la protection pour ces gens.

Je les aimais.

Mais la mémoire des hommes s'envolent comme le sable.

Des promesses vaines.

Que du mensonge et de la peine.

 

J'aime marcher dans les cavernes des morts.

Contempler leur petitesse et leur mépris.

Certains sont des rois, des princes, des intouchables.

Les uns fascistes, les autres communistes.

D'autres des stars.

Des SDF.

Des présidents.

Des titres vidés de substance.

Tout cela m’indiffère désormais.

La mort les unit tous.

 

Je me souviens de cette pierre.

De ses palais de marbre où je l'ai vu, lui

Ce jeune homme blanc. Je me souviens de ce regard de braise.

Aussi ardente que la feu du désert. Aussi étincelant que le diamant.

Dès lors, une sensation parcourt mon corps,

Semblable à la caresse du serpent roi,

Comme un vertige.

Je sens encore la chaleur de corps, de ses mains qui caressent mes seins.

C'était comme une joie sans fin.

Des nuits ardentes, magnifiques.

Malgré tout, on me dévisage encore.

 

Je les vois tous, accroupis comme des bêtes, pleurant la mort de mes enfants que j'ai offert à un chien traître, à l'âme vide.

Dans une terre impie, renié des dieux.

Il ne reste plus rien.

Tout autour de moi, j'entendais des bruissements et des gémissements, les sons étouffés sous des monticules de terre.

Contemple ma moisson immonde.

Mes enfants. Je les entends encore.

Dans l'eau. Dans la terre.

Les gémissements du roi couard et de sa fille qui se décomposent.

De cet époux indigne, blasphémateur.

Je veux que leurs souffrances durent encore.

Que leurs corps ressentent la morsure du froid.

Que la grande Tiamat se réveille et les foudroie de ses flammes noires.

Que ses enfants, les fauves rois, les maudissent.

Que les morts punissent jusqu'à les rendre fou.

 

Souffrance que j'ai transmis à cet amas de créatures faibles et vides.

Ma rage réclame du sang.

Encore. Et pour toujours.

Je revois ma terre natale, ses ruines immortelles, ce sable doux brillant de mille éclat.

Peut-être savaient-elle que je continue à les contempler depuis tant de siècles ?

Les os blanchis de mes enfants et de mon mari qui s'est tordu comme un ver.

Triste. Faible.

 

La noirceur tombe, la peine couvre mon cœur.

Qu'ai-je fait ? (silence)

Elle s'est joué de moi. Depuis que mes yeux ont vu la lumière.

Est-ce donc ainsi ? Est-ce le destin de tout vivant ?

Pourquoi suis-je comme ça ? Je l'ai fait.

Eux et leur bonne foi. Leurs haines et et tromperie …

Qu'ils … Qu'ils soient mille fois maudits. Et ce jusqu'à la fin des temps.

(Elle pose ses mains sur son visage. Elle serre ses mains. Elle hurle)

 

Pourquoi ?

Pourquoi tant de manigances et de cruauté ?

Quel est ce chant qui me broie ?

Ce chant qui me retient et qui me chasse de la terre et la vie bourdonnante ? (pleurs)

Cette main qui me brûle et qui, pourtant, me hait plus que tôt.

Ce bonheur à qui s'aspire depuis mon enfance, mais qui se rit de ma vie, de ma chair noire.

Ce souffle sombre …. Ce souffle sombre …

Que ma voix se répand dans tous les univers. Raconter-le à tout le monde

 

Fin

 

 

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mihaimm
Posté le 12/01/2023
Vraiment touchant. La rage est bien exprimée et on la ressent vraiment. Hélas, ce n'est pas autonome, le lecteur doit être bien connaître de l'histoire de Médée.
Jules NG
Posté le 20/01/2023
Bonjour Mihaimm. Merci pour ton commentaire. C'est vrai qu'il faut connaître l'histoire de Médée.
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